III. QUELS IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT ?
Les impacts des usines de dessalement sur l’environnement marin sont encore mal connus en raison du manque d’études réalisées sur le sujet, comme le signale WWF, même si certains effets sont d’ores et déjà suspectés ou établis. Le dessalement d’eau de mer, gourmand en énergie et à l’origine de rejets polluants, n’est pas une option de développement durable, même si des études à long terme manquent pour évaluer précisément l’impact de ces usines. Il s’agit d’une alternative d’adaptation au changement climatique qui ne devrait être adoptée que lorsque toutes les autres possibilités » durables » ont déjà été exploitées (en particulier l’utilisation rationnelle de l’eau et le recyclage des eaux usées) et qui devrait se limiter à la production d’eau potable pour la consommation humaine. A capacité identique, le recyclage des eaux usées est nettement moins cher que le dessalement d’eau de mer, avec une consommation d’énergie deux fois moins importante. Le procédé de désalinisation doit par ailleurs être amélioré par le développement de nouvelles techniques de traitement utilisant moins de produits chimiques (microfiltration ou nanofiltration).
Lorsque le dessalement est l’unique solution pour alimenter les populations en eau douce, des études scientifiques précises doivent être menées sur site avant implantation de l’usine, pour en limiter les impacts, au risque de détruire les écosystèmes marins locaux.
1. Des procédés énergivores…
Les techniques utilisées pour le dessalement de l’eau sont très consommatrices en énergie, même si la tendance est à la baisse, notamment grâce au développement de l’osmose inverse et d’autres technologies innovantes.
Or, cette énergie est le plus souvent fournie par des combustibles fossiles qui présentent pour l’environnement l’inconvénient d’émettre des polluants atmosphériques, notamment du dioxyde de carbone (CO2), des oxydes de soufre et d’azote et des particules solides.
Il a ainsi été estimé que le système de production espagnol rejetait 680 grammes de CO2 par mètre cube d’eau dessalée (tinyurl.com, 2007), ce qui, pour une production de plusieurs millions de mètres cubes par jour se traduirait par l’émission dans l’atmosphère de plusieurs milliers de tonnes de CO2 par jour. Cette contribution à l’effet de serre est loin d’être négligeable dans le contexte actuel de lutte contre le réchauffement climatique.
2. Des impacts dépendant du lieu de prélèvement d’eau de mer
Si l’eau est prélevée dans des puits côtiers, les effets sur les écosystèmes marins sont réduits non seulement aux captages (pas de conséquences sur la faune et la flore marine), mais aussi aux lieux de rejets. L’eau étant plus pure aux puits côtiers qu’au large (filtration par le sable), elle nécessite en effet moins de traitements chimiques. En revanche, cette option a l’inconvénient de ne pas être adaptable aux usines de grande échelle en raison du faible débit prélevable dans ces puits.
A l’inverse, si l’eau est captée au large, différentes perturbations des écosystèmes marins peuvent être observées, détaillées par la suite. Il faut ajouter à ces effets les impacts liés aux canalisations permettant de conduire l’eau de mer jusqu’à l’usine. Ces structures, enfouies dans le sol, nécessitent une autorisation spéciale par les autorités nationales compétentes (en raison des impacts qu’elles peuvent causer lors de leur implantation et pendant leur utilisation) selon le protocole » Immersion » de la convention de Barcelone.
Outre les membranes d’osmose inverse, l’usine comprend de nombreux équipements, illustrés dans le schéma ci-dessous :
Schéma d'une usine de dessalement d'eau de mer
Usine de dessalement d’eau de mer utilisant la technique de l’osmose inverse – Source : hmf.enseeiht.fr, 2006
Dans cette usine, l’alimentation en eau peut se faire par prise directe (option 1: pompage direct) ou par le biais de puits côtiers (option 2: pompage souterrain). Cette eau subit ensuite des prétraitements ayant pour objectifs de conférer à l’eau de mer les caractéristiques nécessaires au bon fonctionnement des membranes d’osmose inverse (décantation, filtration, acidification, etc.).
Par la suite, des pompes appliquent, sur l’eau de mer, une pression supérieure à 65 bar afin de dessaler cette eau : le phénomène d’osmose inverse décrit précédemment peut alors se produire, par le biais de membranes se présentant généralement sous forme de feuilles fines configurées en spirales.
La saumure (eau ultra-salée) est évacuée comme illustré par l’animation ci-dessous :
Animation sur les rejets de saumure issus du procédé d'osmose inverse, utilisé dans les usines de dessalement
Rejets de saumure issus du procédé d’osmose inverse –
Ecotoxicologie.fr – Licence : Tous droits réservés
L’eau dessalée peut ensuite être reminéralisée, ajustée au pH (on augmente ou on diminue son acidité) ou légèrement chlorée selon l’utilisation que l’on veut en faire (consommation, irrigation etc.). Les membranes sont périodiquement nettoyées grâce à des produits chimiques acides (pour les dépôts de carbonates) et basiques (pour les dépôts biologiques). Les eaux usées, très salées et contenant différents résidus chimiques sont déversées dans la mer, parfois après traitement.
Le dessalement d’eau de mer est donc techniquement au point, de moins en moins onéreux et en pleine expansion. Cependant, il convient de s’interroger sur les impacts de ces usines sur l’environnement et en particulier sur les écosystèmes marins.
3. La collision d’organismes marins contre les tambours tamiseurs
Les dispositifs de prélèvement de l’eau installés par les usines de dessalement ne sont pas sans impacts sur les écosystèmes locaux. En effet, dans le but d’empêcher des débris ou des gros organismes de pénétrer dans le réseau d’eau de l’usine, des tambours tamiseurs (structures de prélèvement) d’un maillage moyen de 5 mm sont placés entre le dispositif d’apport et les pompes d’alimentation.
Des organismes marins tels que des poissons peuvent heurter ces tambours et se blesser (écaillage, troubles de l’orientation etc.). Ces troubles physiques peuvent être à l’origine d’une mortalité accrue due aux maladies et à l’augmentation de la prédation (UNEP, 2008).
4. Introduction d’organismes dans le circuit d’eau
Un des problèmes majeurs associés au captage d’eau est l’aspiration d’organismes marins dans le circuit d’eau. Le maillage de 5 mm des tambours permet d’épargner les organismes de moyenne et grande taille (UNEP, 2008). En revanche, l’entrainement dans le circuit d’eau peut tuer un grand nombre de petits organismes marins tels que le phytoplancton, le zooplancton (petits invertébrés, bactéries etc.) et les alevins, bien que les impacts au niveau des populations n’aient pas été clairement établis (MacHarg, 2008).
Cet effet d’entraînement peut être réduit par une faible vitesse d’aspiration et par une prise d’eau en surface (comme c’est le cas pour de nombreuses grosses usines) ou dans des zones biologiquement peu actives tels que des eaux profondes au large (Lattemann, 2008 ; National Research Council, 2008).
5. Impacts liés aux rejets
Les scientifiques s’accordent sur le fait que les impacts des effluents (=eaux rejetées) issus de ces usines sont principalement dus à la forte concentration en sel et dans une moindre mesure à la présence de produits chimiques (utilisés pour le fonctionnement de l’usine) et à la température potentiellement élevée de ces eaux.
Les rejets des usines de dessalement sont soumis aux réglementations du protocole » Tellurique » de la convention de Barcelone à laquelle ont adhéré de nombreux pays européens côtiers de la méditerranée : France, Espagne, Israël, Egypte, Liban, Lybie, etc. Cette convention prévoit des valeurs limites de rejets pour de nombreux éléments (sels, chlorine, température, etc.) et l’obligation de réaliser une étude d’impact (dossier examinant les conséquences environnementales d’un projet) avant la construction de l’usine.
Trop salé !
La principale caractéristique des eaux rejetées par les usines de dessalement est sa forte salinité. On la qualifie ainsi de saumure (= eau de mer concentrée). Pour les usines à procédé thermique, le taux de conversion de l’eau de mer en eau douce est en moyenne de 10 %, c’est à dire qu’avec 10 L d’eau salée est produit 1 L d’eau pure. Ainsi, la concentration des effluents issus de ces usines est en moyenne 10 % plus concentrée que l’eau d’alimentation (UNEP, 2003). Dans ce procédé, les eaux de rejets sont souvent diluées par deux avec des eaux de refroidissement (eau de mer classique), ce qui donne donc un effluent seulement 5% plus concentré que l’eau de mer naturelle.
Pour les usines à procédé membranaire en revanche, l’eau de rejet est de 30 % à deux fois plus concentrée (UNEP, 2003 ; Elimelech, 2011).
Lorsque la saumure est rejetée sans dilution ni traitement, elle induit une augmentation de la concentration en sel autour de la zone de rejet. Des travaux de recherche ont ainsi montré que les rejets de saumure issus des usines de dessalement du golfe persique augmentaient localement la concentration en sel de 5 à 10 g/L, la concentration moyenne de l’eau de mer dans cette région avoisinant les 45 g/L (Elimelech, 2011).
La forte salinité des eaux de rejets est à l’origine des principaux impacts des usines de dessalement sur les écosystèmes marins. Le rejet de saumure dans la mer aboutit en effet à la formation d’un système stratifié de couches de plus en plus salées en allant vers le fond, ce qui diminue les brassages entre eau de fond et eau de surface. Dans certains cas et en fonction des courants marins locaux, 40 % de la zone environnante est recouverte de sel (UNEP, 2003).
Ce phénomène peut conduire à des modifications du milieu local (voir schémas ci-dessous):
-Anoxie (absence d’oxygène) au niveau des fonds marins : la diminution des brassages associée à la présence d’espèces consommatrices d’oxygène peut conduire à des périodes d’anoxie du fond marin (freixa, 2009)
-Diminution de la lumière : la présence d’eau hypersalée provoque la formation d’un brouillard qui rend difficile le passage de la lumière, affectant ainsi la photosynthèse des espèces marines végétales.
a chauffe !
L’énergie thermique (procédé de distillation) ou l’énergie mécanique (procédé d’osmose inverse) nécessaires au processus de dessalement de l’eau de mer sont à l’origine d’une augmentation de la température de l’eau et donc d’une température élevée de la saumure.
Pour les usines à procédé membranaire, l’augmentation de température entre l’eau de mer et la saumure est relativement faible: une élévation de 0,65°C a été relevée dans les eaux de rejets de l’usine Fujairah aux Emirats arabes unis (UNEP, 2003).
En revanche, pour les usines à procédé thermique, cette élévation de température est bien plus conséquente, de l’ordre de 2,8°C en moyenne (d’après la California Coastal Commission). La température des eaux de rejet peut même être beaucoup plus élevée lorsque la saumure est mélangée aux effluents d’une centrale électrique (centrale qui permet d’alimenter en énergie l’usine de dessalement) avant déversement à la mer, ce qui est fréquent dans les pays du golfe (Dawoud, 2012).
Ces effluents peuvent ainsi modifier la température de l’eau de mer au niveau de la zone de rejet de la saumure, parfois jusqu’à plusieurs degrés, même si les différentes études montrent que cette modification n’est que très locale (UNEP, 2003).
Des rejets de produits chimiques
De nombreux produits chimiques utilisés tout au long du procédé de dessalement de l’eau se retrouvent dans les eaux rejetées par ces usines, comme illustré dans le tableau ci-après.
Produits chimiques potentiellement présents dans les effluents des usines de dessalement : antibactérien, antimousses, antitartre, anticorrosion
Produits chimiques potentiellement présents dans les effluents des usines de dessalement – Ecotoxicologie.fr, d’après les données de Dawoud, 2012 ; Morton, 1996 et UNEP, 2003
La nature des eaux rejetées et les impacts associés dépendent tout d’abord de la qualité de l’eau d’alimentation et de la qualité de l’eau douce souhaitée. Ils varient également en fonction du procédé de dessalement. Ainsi, la technique de l’osmose inverse qui, comme nous l’avons vu, consomme moins d’énergie que la distillation, présente l’inconvénient de rejeter davantage de produits chimiques (plan bleu, 2008). Les principaux produits chimiques rejetés par les installations à osmose inverse sont des antitartres, des coagulants et des produits agressifs de nettoyage (tensioactifs, produits acides ou basiques, agents chélatants des métaux) (Fritzmann, 2007 ; Lattemann, 2008).
Enfin, la nature des eaux rejetées dépend fortement du traitement (=nettoyage) réalisé (ou non) sur ces eaux avant déversement à la mer. Les effluents de l’usine de Barcelone sont par exemple traités par la station d’épuration municipale avant rejet (même si tous les polluants ne sont pas éliminés).
Une étude de Sabine Lattemann (2008) a permis d’estimer les quantités de produits chimiques rejetés dans la mer rouge via les effluents de 21 usines de dessalement dont la capacité totale dépassait 1,5 millions de mètres cubes par jour (dont environ 1,2 millions produits par procédé thermique). D’après ces travaux, bien que les concentrations en polluants soient faibles, le débit de ces usines est tel, qu’environ 2,7 tonnes de chlore, 36 kg de cuivre et 9,5 tonnes de produits antitartres sont rejetés chaque jour à la mer par ces installations !
Les effets de l’augmentation de la salinité et de la température sur les écosystèmes marins
Malgré les nombreuses publications scientifiques discutant des effets potentiels lies à ces rejets, les spécialistes de ce sujet constatent un réel manque de données expérimentales de laboratoires (tests évaluant la toxicité des substances rejetées) et d’études de terrain permettant d’évaluer précisément ces impacts. On ignore ainsi toujours quel niveau de salinité peut être dangereux à long terme pour les organismes marins ! (Elimelech, 2011).
Ces impacts dépendent en outre de la sensibilité des espèces présentes : les récifs coralliens et les mangroves sont ainsi parmi les plus fragiles (Lattemann, 2008).
Récifs coralliens, victimes des rejets des usines de dessalement
Source : joakant de Pixabay
La plupart des organismes peuvent s’adapter à des petites variations de la température et de la salinité, et même tolérer temporairement des conditions extrêmes ; ils ne peuvent en revanche résister à des conditions défavorables permanentes. Le rejet continu d’eaux avec une forte salinité et une température élevée, induisant une diminution de la teneur en oxygène, peut être fatal pour certains organismes et induire un changement durable dans la diversité des espèces et l’abondance de la zone impactée (Dawoud, 2012).
Une étude de Mabrouk (1994) a ainsi mis en évidence une disparition du corail et des organismes plactoniques et une diminution des populations de poissons à proximité du rejet de l’usine de dessalement égyptienne d’Hurghada, en mer rouge. Les récifs coralliens présentent un des milieux les plus riches des mers et océans mais sont en effets très sensibles aux variations des conditions du milieu, telles qu’une augmentation de la température et de la salinité locale de l’eau. Le même phénomène a été observé dans d’autres zones de rejet, comme le long des côtes israèliennes d’Aqabat-eilat (Elimelech, 2011).
D’autres études ont également révélé que ces hausses de températures et de la salinité pouvaient également provoquer une diminution de la diversité et de l’abondance de la macrofaune benthique (= organismes vivant sur le fond).
C’est le cas par exemple dans la zone de rejet de l’usine de dessalement de Dhekelia (Chypre). Avant la mise en service de l’usine, on observait une répartition faunistique équilibrée : 27% de Polychètes (sorte de vers), 27% d’Echinodermes (dont étoiles de mer, oursins, etc.), 26% de Scaphopodes et 20% de Gastéropodes (mollusques). Trois années d’exploitation plus tard, la population de polychètes a explosé (80 % de la faune benthique) alors que les populations des autres groupes d’animaux ont réduit drastiquement (UNEP, 2003).
Cette étude montre par ailleurs que les populations d’algues macroscopiques (que l’on peut observer à l’œil nu) de types Cystoseira barbata ont diminué et que les algues microscopiques ont disparu totalement dans un rayon de 100 mètres autour du rejet.
La néréide (un polychète) dont la population augmente dans la zone de rejet des usines de dessalement
Les polychètes voient leur population explosée dans la zone de rejet de certaines usines de dessalement, aux dépens des autres groupes d’animaux (ici : le néréide) – Source : ecosociosystemes.fr, 2011 – Licence : tous droits réservés
Les herbiers de posidonie, qui représentent un habitat riche où vivent et se reproduisent une grande diversité d’espèces en Méditerranée, sont également très sensibles aux variations de salinité et sont donc menacés par les rejets de saumure. Ces derniers peuvent ainsi induire l’apparition de nécrose des tissus et d’une plus grande chute des feuilles chez la Posidonie de Méditerranée. Les niveaux de salinité affectant ces végétaux sont très variables selon les espèces : la Posidonie de Méditerranée ne tolère que des augmentations de l’ordre de 1mg/L alors que d’autres espèces végétales résistent jusqu’à une augmentation de 20 mg/L (Freixa, 2009).
Des études en mésocosmes (dispositif expérimental reconstituant un milieu en miniature) ont également montré les impacts négatifs d’une augmentation de la salinité sur cette même espèce avec une mortalité de 100% au dessus de 50 mg/L qui pourraient être dus à une toxicité envers les tissus méristémiques (=tissus de type embryonnaire responsable de la croissance) ou à une perturbation du métabolisme carboné (photosynthèse) (Fernandez-Torquemada, 2005). Bien que des efforts soient réalisés pour définir des lieux de rejets éloignés des prairies de posidonies comme par exemple en Espagne à Carboneras, le risque de raréfaction de ce riche écosystème s’accroît avec le développement des usines de dessalement (UNEP, 2003).
Emerson, Lake & Palmer - Budapest, 1992 !
https://www.youtube.com/watch?v=EjBRqqeHLG4
Effets des rejets de produits chimiques sur la faune et la flore marine locale !
Certains des composés chimiques rejetés par les usines de dessalement peuvent avoir des conséquences sur les écosytèmes marins. Par exemple, il a été montré que les produits antitartre rejetés par les usines de dessalement étaient des éléments nutritifs qui stimulaient la productivité primaire. Ces produits peuvent donc induire une prolifération d’algues dans des milieux qui habituellement en comptent peu, comme en mer méditerranée (UNEP, 2003). De même, les produits antisalissure rejetés par ces mêmes usines auraient des effets stérilisants sur certains organismes (UNEP, 2003).
Les rejets de saumure issus des usines d’osmose inverse ne contenant que des traces de certains métaux lourds, la contamination du milieu induite est généralement peu importante et donc sans effet pour la faune et la flore locale (Dawoud, 2012). En revanche, les quantités de métaux lourds rejetés par les usines à distillation sont plus élevée et, pouvant donc affecter les organismes situés dans la zone de rejet, car ils se retrouvent dans les matières en suspension dont se nourrissent les microorganismes planctoniques. On a ainsi observé une augmentation du taux de cadmium dans la crevette Artemia franciscana dans des zones de rejets de saumures (UNEP, 2008). A partir de certains seuils de concentrations, ces matières sont toxiques voire mortelles et peuvent déstabiliser certains échelons du réseau trophique (= chaîne alimentaire) et les équilibres de l’écosystème.
La crevette Artemia franciscana présente des taux de cadmium élevés dans les zones de rejet des usines de dessalement !
La crevette Artemia franciscana présente des taux de cadmium élevés dans les zones de rejet de saumure – Source : Aquaportail, 2014 – Licence : tous droits réservés
La saumure contient également les résidus des produits chimiques ayant servi aux prétraitements, dont certains peuvent entraîner une acidification de l’eau, affectant certains organismes et en particulier les coraux. Le métabisulfite de sodium, utilisé pour la déchloration de l’eau d’alimentation ou en tant que biocide, a également un effet toxique, sur le phytoplancton notamment (Freixa, 2009). Certaines de ces substances sont, en plus, bioaccumulables, et peuvent donc se retrouver très concentrées en haut de la chaîne alimentaire, dans les poissons notamment.
Dessalement de l'eau : l'ONU s'inquiète des risques pour l'environnement
Pour assouvir leurs besoins croissants en eau potable, nombre de pays dépendent de plus en plus largement du dessalement, dont les techniques deviennent de moins en moins coûteuses. Dans un rapport publié ce lundi, l'ONU met en garde sur les risques environnementaux de la saumure ainsi rejetée dans le milieu naturel.
Croissance démographique, réchauffement climatique, industrialisation, développement des classes moyennes : une variété de facteurs explique l'augmentation continue des besoins mondiaux en eau potable. Mais bien que de plus en plus convoitée, la ressource reste inégalement distribuée sur la planète. Aujourd'hui, entre 1,5 et 2 milliards de personnes vivent dans des régions où, du moins pendant une partie de l'année, l'eau douce disponible ne suffit pas face à la demande. Un demi-milliard est même concerné par cette rareté tout le temps, selon l'Organisation des nations unies (ONU).
Depuis les années 60, une solution s'est donc progressivement imposée : le dessalement, notamment de l'eau de mer. Il est aujourd'hui pratiqué dans 15.906 usines répandues dans 177 pays, calcule l'ONU, qui ce lundi 14 janvier publie une recherche visant à mettre à jour les données sur le sujet. Le processus, essentiellement fondé sur la distillation ou l'osmose inverse, devient en effet de moins en moins cher grâce au développement de nouvelles technologies.
Aussi, à son issue, il y a la saumure, à savoir de l'eau chaude très concentrée en sel et autres minéraux. En moyenne, la production d'un litre d'eau potable implique celle de 1,5 litre de saumure - "bien que les valeurs varient considérablement, en fonction de la salinité de l'eau d'alimentation et de la technologie de dessalement utilisée, ainsi que des conditions locales", précise l'étude.
Au niveau mondial, 142 millions de mètres cubes de saumure sont donc rejetés chaque jour par les usines de dessalement : 51,8 milliards de mètres cubes par an, assez pour couvrir la Floride d'une épaisseur de 30,5 centimètres, calculent les chercheurs. En raison d'une large utilisation de l'eau de mer et de technologies de dessalement thermique, la production de 55% de cette saumure est d'ailleurs concentrée en quatre pays : l'Arabie saoudite (22%), les Émirats arabes unis (20.2%), le Koweït (6.6%) et le Qatar (5.8%).
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Salinité et substances chimiques
80% de la saumure étant produite dans un rayon de 10 kilomètres d'un littoral, elle est le plus souvent rejetée en mer, parfois sans dilution ou traitement.
Or, sa « salinité élevée », ainsi que la « réduction des niveaux d'oxygène dissous » dans les eaux réceptrices qui en résulte, « peuvent avoir de profondes répercussions sur les organismes vivant au fond des eaux, ce qui peut se traduire par des effets écologiques observables tout au long de la chaîne alimentaire », s'inquiètent les auteurs de l'étude.
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Ils évoquent également des risques majeurs liés à la présence dans la saumure rejetée de produits chimiques toxiques, utilisés comme agents détartrants et nettoyants dans le processus de dessalement (du cuivre et du chlore notamment).
Une mine de composants chimiques
Tout en reconnaissant « le besoin urgent de rendre les technologies de dessalement moins chères et de les étendre à des pays à faibles revenus » - aujourd'hui deux tiers des usines sont, en effet, situées dans des pays à hauts revenus -, les auteurs de l'étude appellent donc à une « amélioration des stratégies de gestion de la saumure », notamment dans un contexte où le recours au dessalement de l'eau de mer est destiné à encore croître.
Ils soulignent notamment que loin de constituer seulement un déchet, la saumure, dont la gestion « peut représenter jusqu'à 33% des coûts d'une usine » et est « l'un des principaux obstacles » au développement du dessalement, a le potentiel de devenir une ressource. Elle peut notamment être utilisée en aquaculture, « avec une augmentation de la biomasse de poisson de 300% » ou en faisant attention au risque d'une salinisation progressive des terres, pour l'irrigation des plantes tolérantes au sel : notamment l'algue spiruline, largement vendue comme complément alimentaire, ou des arbustes fourragers.
La saumure peut également être une source de production de l'électricité, et est une "mine" de magnésium, gypse, chlorure de sodium, calcium, potassium, chlore, brome, lithium, bore, strontium, rubidium, uranium etc.
Des "perspectives positives et prometteuses"
Bien que « des efforts aient été déployés ces dernières années », les technologies nécessaires, notamment à l'extraction des composants chimiques, « sont toutefois immatures » et donc aujourd'hui « économiquement non compétitives ». Mais « avec l'amélioration constante de la technologie et l'amélioration de l'accessibilité économique, nous entrevoyons des perspectives positives et prometteuses », concluent avec optimisme les chercheurs, qui soulignent :
« Il est nécessaire (...) de transformer un problème environnemental en une opportunité économique. »
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Les capacités de production actuelles atteignent donc les 95 millions de mètres cubes par jour, dont presque la moitié est concentrée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, notamment en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unies et au Koweït. Dans huit pays -Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, Bahreïn, le Koweït, les Maldives, Malte, le Qatar et Singapour -, le dessalement permet même de répondre à l'ensemble des besoins nationaux en eau potable. Dans six autres - les Barbados, le Cap Vert, les Émirats arabes unis, la Guinée équatoriale, Oman et les Seychelles - il en couvre la moitié.
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142 millions de mètres cubes de saumure rejetés chaque jour
Ce caractère de plus en plus incontournable du dessalement d'eau de mer constitue toutefois un danger croissant pour l'environnement, souligne l'étude, menée par des chercheurs canadiens, coréens et néerlandais. Non seulement le processus de dessalement est extrêmement énergivore - bien que de plus en plus souvent alimenté par des énergies renouvelables ou de récupération.
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À SUIVRE ?
TÉMOIGNAGE DU
COMPAGNON TIGNARD YANIS,
LE JUGE DE LA RÉPUBLIQUE DE L'OLIVIER...
MINISTRE DU SECOURISME COMMUN
DE LA RÉPUBLIQUE D’ISRAËL ET DE LA COMMUNAUTÉ PARLEMENTAIRE DE LA PALESTINE,
PN 3286 de la Cour Européenne des droits de la femme, de l'enfant, de l'animal, des plantes et de l'Homme,
ALIAS
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La chouette effraie,
Y'BECCA EN JÉRUSALEM :
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