Le dernier tsar de Russie victime d’un complot des élites
qui allait aboutir à un bouleversement des moeurs !
TAY
Le dernier tsar de Russie victime d’un complot maçonnique?
Histoire
août 07, 2017
Alexeï Timofeïtchev
Alexandre Kerenski, chef du gouvernement provisoire renversé
par les bolcheviks en octobre 1917, divise l'opinion jusqu’à présent.
Il était honni par la gauche comme par la droite, et les monarchistes
l'ont rendu responsable de la mort tragique de la famille royale,
en affirmant qu'il aurait dirigé un complot maçonnique visant
à renverser le tsar Nicolas II. Cette idée est soutenue aujourd'hui
encore par certains historiens contemporains. On fait le point.
Alexandre Kerenski était surtout connu en Russie en tant
que député de la Douma d'État, la chambre basse du Parlement.
Il fit sa déclaration la plus célèbre quelques jours
avant la Révolution de février en 1917 :
« La tâche historique du peuple russe est
maintenant la destruction immédiate du régime médiéval…
Il n'y a qu'une seule façon de combattre ceux qui enfreignent
la loi, c'est leur destruction physique ».
Secrets et mythes des francs-maçons de Russie
Ces mots furent prononcés moins de deux semaines
avant le soulèvement. L'impératrice Alexandra Feodorovna
fut choquée par ses propos et voulait qu'il soit pendu.
Cependant – dans un retournement historique inattendu –
sa vie et celle de sa famille dépendraient bientôt de Kerenski.
Kerenski est entré à la Douma en 1912 en tant que membre
du Parti socialiste révolutionnaire. Une fois devenu député,
Kerenski a rejoint une société maçonnique –
comme c'était le cas pour beaucoup de parlementaires.
Il est devenu secrétaire général du Conseil suprême
du Grand Orient du peuple russe, une loge maçonnique
influente réunissant de nombreuses figures politiques célèbres,
dont la plupart travaillaient à la Douma. À cause de cela –
et de ses déclarations très dures visant le tsar
et l'établissement impérial – Kerenski fut soupçonné
d'être impliqué dans une conspiration maçonnique
visant à renverser la monarchie et tuer ses représentants.
Kerenski et le soulèvement contre le Tsar
Crédit : RIA Novosti
Une conspiration mise en place par les Francs-maçons
en tant que principale force motrice derrière les événements
de février 1917 : ce fut une théorie populaire pour expliquer
l'effondrement de l'ordre impérial. Il existe une longue tradition
de recherche scientifique sur l’influence possible
que les Francs-maçons auraient eue sur la Révolution.
Selon l'historien Piotr Multatuli, Kerenski aurait joué
un rôle de premier plan dans les événements de 1917
en raison de ses liens maçonniques en Russie et à l'étranger.
Au cours de ce fameux mois de février, Kerenski a joué
un grand rôle afin de faire tomber le pouvoir des mains
du tsar et le transmettre à la Douma. Il a également
salué les troupes qui avaient prêté allégeance
au gouvernement. Il était hostile à l'idée de transmettre
le trône russe au frère de Nicolas II, Mikhaïl.
Lire aussi : Dix faits importants concernant l’assassinat de la famille royale
Kerenski était également la seule personne qui avait un pied
dans chacun des camps qui se partageaient le pouvoir
dans la Russie post-tsariste: le Comité temporaire
de la Douma d'État (qui se transformerait en gouvernement)
et le Soviet des députés ouvriers et des délégués
des soldats de Petrograd.
Multatuli soutient que les activités de Kerenski à l'époque
furent fortement influencées par les Francs-maçons
et estime que quand il est devenu ministre de la justice
du gouvernement provisoire (et premier ministre en juillet),
les « frères la truelle » ont soutenu sa position.
Kerenski et l’arrestation de Nicolas II
Crédit : Getty Images
Comme l'affirme Multatuli, Kerenski était l'un des leaders politiques
responsables de la décision d'arrêter le tsar et sa femme suite
au succès du soulèvement de Petrograd, avant de les empêcher
de quitter la Russie. Cependant, cette décision a été prise
sous l'influence des ambassadeurs français et britanniques.
« La décision d'arrêter la famille royale a été prise sous la pression
ou par un ordre direct de l'étranger », a déclaré l'historien en citant
un autre politicien proéminent – Pavel Miloukov – qui soutenait
alors que l'ambassadeur britannique George Buchanan avait
une énorme influence sur Kerenski.
Lire aussi : L'abdication du dernier tsar vue
par ses contemporains
On considère que la Grande-Bretagne ne voulait pas
accepter le tsar sur son territoire en raison
de ses prétendues sympathies envers les Allemands
au milieu de la Première Guerre mondiale. C'est la raison
pour laquelle le diplomate aurait fortement insisté auprès
des nouvelles autorités russes afin qu’elles prennent
en charge le sort du tsar. Kerenski lui-même a déclaré
que Nicolas II était resté dans le pays parce que
la Grande-Bretagne ne voulait pas le recevoir.
Ministre de la Justice, Kerenski a supervisé la situation
de la famille royale à Tsarskoïe Selo de mars à juillet.
Exil du tsar en Sibérie
Nicholas II just avant son assassinat.
Crédit : Global Look Press
Si le rôle de Kerenski dans le renversement
de la monarchie n'est pas clair, on ne peut pas
en dire autant du sort qui attendait le tsar et sa famille.
En juillet, lorsque Kerenski est nommé Premier ministre,
la famille royale est emmenée de Tsarskoïe Selo
dans la ville sibérienne de Tobolsk. Kerenski disait
qu'il était dangereux pour eux de rester si près de Moscou.
Au début du mois de juillet, Petrograd a été prise
d’assaut par des marins et des soldats se révoltant
sous la bannière bolchevique. Le gouvernement réussit
à mater le soulèvement, mais Kerenski était apparemment
convaincu que si le tsar ne s’était pas trouvé en Sibérie,
il aurait été tué en 1917 – au lieu de l'année suivante.
Lire aussi : De la Neva à la Seine, plongée dans l'histoire
de l'immigration russe en France
https://fr.rbth.com/art/culture/2017/07/12/de-la-neva-a-la-seine-plongee-dans-lhistoire-de-limmigration-russe-en-france_801242
Kerenski affirme dans ses mémoires que bien que la décision
de transférer la famille royale ait été prise par le gouvernement,
la ville de Tobolsk a été choisie par ses soins. Selon lui,
l’éloignement de cette ville « permettait ne pas redouter
de quelconques excès ». Au début du mois d'août,
la famille royale a été transférée à Tobolsk et installée
dans la maison de l'ex-gouverneur. Ils y sont restés
jusqu'en 1918, puis ont été emmenés à Ekaterinbourg,
où les Romanov ont été sauvagement assassinés
dans un sous-sol le 17 juillet.
Lire aussi :
Les visages de la révolution russe: qui est qui?
https://fr.rbth.com/art/histoire/2017/03/10/les-visages-de-la-revolution-russe-qui-est-qui_717213
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