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 Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca

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yanis la chouette




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MessageSujet: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 3:53

L’Expédition d’Irlande de 1798 est une tentative d’invasion de l’Irlande pendant la rébellion irlandaise de 1798.

Sommaire

1 Déroulement
2 Chronologie
3 Littérature
4 Ballades
5 Articles connexes
6 Liens externes
7 Bibliographie
8 Notes et références

Déroulement

Après l'échec du débarquement de la baie de Bantry en 1796 (cf.Expédition d'Irlande (1796)) , Theobald Wolfe Tone prend contact avec le gouvernement du Directoire et finit par convaincre les ministres d’organiser une deuxième expédition en Irlande 1.

Le 6 août, une petite escadre de 1 032 hommes formée des frégates Franchise, Médée et Concorde, sous le commandement de André Daniel Savary réussit à quitter Rochefort (Charente-Maritime), et à déjouer la surveillance britannique2.

Le 22 août 17983, environ 1 000 soldats français commandés par le général Humbert débarquent dans le nord-ouest de l'Irlande, à Kilcummin dans le comté de Mayo2. Seulement 200 anglais défendent la ville voisine de Killala lors du combat qui est rapidement remporté par les soldats des grenadiers français commandés par l'adjudant général Jean Sarrazin. Rejoints par 5 000 rebelles irlandais, ils infligent une défaite humiliante aux Anglais à la bataille de Castlebar (dite course de Castlebar pour commémorer la vitesse de la retraite des Anglais).

Ils installent une république éphémère, la république de Connaught, avant d'être finalement battus à la bataille de Ballinamuck, dans le comté de Longford, le 8 septembre 1798. Les troupes françaises qui s'étaient rendues sont rapatriées en France en l'échange de prisonniers de guerre anglais, les rebelles irlandais sont massacrés sur le champ de bataille.

Le 12 octobre 1798, une force française de 3 000 hommes, incluant Theobald Wolfe Tone tente de débarquer dans le comté de Donegal près de Lough Swilly. Ils sont interceptés par une escadre britannique et finalement se rendent après une bataille de trois heures sans avoir touché terre.

En Irlande, l'année 1798 est appelée l'année des Français en raison de cet engagement français.

Theobald Wolfe Tone est reconnu, arrêté et, le 10 novembre, condamné à mort par pendaison. Par égard pour l'uniforme français qu’il porte, il demande à être fusillé, ce qui lui est refusé. Il se tranche la gorge, son agonie dure une semaine.
Chronologie

6 août, départ d'un corps expéditionnaire du général Humbert pour appuyer l'insurrection irlandaise.
22 août, débarquement à Killala.
24 août : victoire du général Humbert contre les Britanniques à Ballina.
27 août : victoire du général Humbert contre les Britanniques à Castelbar.
8 septembre : le corps expéditionnaire français de Humbert en Irlande est encerclé par les Britanniques de Cornwallis à Ballynamuck.
15 septembre : capitulation du corps expéditionnaire français en Irlande.
16 septembre : départ de Brest d'un second corps expéditionnaire français en Irlande.
11 octobre : désastre naval de l'expédition dans la baie de Donegal.

Littérature

Ces événements sont le sujet d'un roman historique de Thomas Flanagan « The Year of the French » : Édité chez MacMillan (1979), Arrow Books (1980), avec une traduction en français « L'année des Français » chez Olivier Orban, (épuisé).

« L'Année des Français » est également le titre de l'adaptation de cette œuvre sous forme d'un feuilleton réalisé conjointement par RTE (la télévision irlandaise) et FR3 (aujourd'hui France 3) et tourné à Killala en 1981.

Un jeu de guerre Irlande 1798 4 est paru en 2009 dans Vae Victis numéro 86 et développe la stratégie des soldats du général Humbert.
Ballades

The Men of the West
The Rising of the Moon - Ballade irlandaise de 1798 en hommage aux troupes françaises du général Humbert.

Articles connexes

Expédition d'Irlande (1796)
Chronologie de l'Irlande
Histoire de l'Irlande
République de Connaught

Liens externes

Le soulèvement de 1798 [archive]
Les soldats perdus de l’armée d’Irlande [archive]
La rébellion de 1798 en Irlande et la contribution de l'armée française [archive]

Bibliographie

Jean Nicolas Chaignieau, Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer, t. 2, Paris, 1818, 568 p. (lire en ligne [archive])
(en) James Gordon, The History of the Rebellion in Ireland in the year 1798, 1813, 421 p. (lire en ligne [archive])
(en) Valerian GRIBAYÈDOFF, The French Invasion of Ireland in '98, 1890, 232 p. (lire en ligne [archive])

Notes et références

↑ L'expédition d'Irlande [archive]
↑ a et b Chaignieau 1818, p. 363
↑ ou le 23 juin selon "Fastes de la légion-d'honneur...Tome 1, 1845" page 59 Gallica [archive]
↑ Irlande 1798 [archive]
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 3:54

The Rising of the Moon
Rebelle avec sa pique

The Rising of the Moon (Le Lever de la lune) est une ballade irlandaise qui raconte une bataille entre les Irlandais Unis et l'armée britannique au cours de la rébellion irlandaise de 1798.
Paroles

Les paroles ont été écrites par John Keegan Casey (1846-1870), le " Fenian Poète ». Elles ont été mises en circulation en 1865. La ballade se réfère à la rébellion de 1798 des Irlandais Unis. L'air d'espoir et d'optimisme associé à la rébellion, en fin de compte condamnée, était destiné à servir d'inspiration pour les rebelles dans leur lutte contre l'occupant anglais.
Rebelles irlandais à la bataille de Killala en 1798.

De multiples variantes des paroles ont été publiées dans les collections de musique folklorique dont une qui se réfère aux soldats français venus lors de l'expedition d'Irlande (1798) .

" Mort aux ennemis et aux traîtres!
Ils arrivent, ils arrivent.
Regarde les myriades de Français
Qui viennent nous libérer.
Prends, prends ton épieu
Bats, rebats du tambour
Ils sont ici, mes amis,
Pour nous sauver.
En avant ! Allez la musique,
Allons, les gars, vive la liberté!
C’est la lune qui se lève.
Mort aux ennemis et aux traîtres!
En avant ! Allez la musique,
Allons, les gars, vive la liberté!
C’est la lune qui se lève.
Ils se sont bien battus pour la pauvre vieille Irlande,
Et leur destin fut fort amer
Ah ! comme la glorieuse année quatre-vingt-dix-huit
Est comblée de fierté, de gloire et de tristesse !
Eh bien, grâce à Dieu, il y a toujours des cœurs ardents
Qui battent chez les hommes valeureux,
Prêts à marcher sur leurs pas
Dès que la lune se lèvera ! "
Articles connexes

Rébellion irlandaise de 1798
Expédition d'Irlande (1798)
République de Connaught
Liste des ballades irlandaises

Liens externes

Paroles [archive]
Musique [archive]
Le soulèvement de 1798 [archive]
Les soldats perdus de l’armée d’Irlande [archive]
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 3:56

La République du Connaught, qui allait de Galway à Sligo (Irlande), fut proclamée le 31 août 1798 à la suite de la bataille de Castlebar.

Sa création a lieu dans le cadre de la rébellion irlandaise de 1798 appuyée par le corps expéditionnaire français de l'expédition d'Irlande de 1798.
Histoire

Le 22 août 1798, le général français Humbert et ses hommes réussirent à s’emparer de la ville de Killala. Le général déclara à la population qu’ils étaient venus dans le but de libérer l’Irlande du joug anglais. Des centaines d’Irlandais unis vinrent se joindre à eux et les aidèrent à préparer les opérations à venir en réquisitionnant des provisions au nom du gouvernement provisoire du Connacht. En apprenant l’arrivée des Français, les commandants anglais Cornwallis et Lake ordonnèrent l’envoi de renforts.

Ne sachant pas si le général Hardy avait accosté et croyant que la meilleure défense était l’attaque, le général Humbert et ses hommes se lancèrent à l’assaut de la position anglaise de Ballina, à quelques kilomètres de Killala. Ils parvinrent, le 27 août, à prendre la ville de Castlebar aux mains des Anglais et à s’emparer d’armes, de munitions et de pièces d’artillerie. Cette victoire impressionnante permettait au général Humbert de contrôler la moitié du comté de Mayo et une importante partie des côtes occidentales de l’Irlande. Des Irlandais unis de tous les comtés continuèrent à venir grossir les rangs de l’armée française.

La République du Connaught est proclamée le 31 août. Le citoyen John Moore de Moorehall est nommé président d’un gouvernement de douze membres chargé d’assurer la subsistance de l’armée franco-irlandaise et de lever huit régiments d’infanterie, chacun de 1 200 hommes, et quatre régiments de cavalerie, chacun de 600 hommes. Mais le général en chef de l’armée d’Irlande doit se rendre à l’évidence : l’impitoyable répression anglaise a fait le vide autour de lui ; les rebelles encore en état de prendre les armes hésitent à se compromettre aux côtés d’alliés si peu nombreux ; tout ce que l’Irlande compte de soldats aguerris, sans compter les renforts acheminés d’Angleterre, font mouvement sur le Mayo pour lui couper la route, l’encercler et l’anéantir.

Après ces premières batailles victorieuses, l’insurrection échoue au terme de la bataille de Ballinamuck, dans le comté de Longford, le 8 septembre 1798 : le général Humbert doit capituler et est fait prisonnier. Deux semaines après leur victoire à Ballinamuck, les Anglais reprirent Killala, laissant plusieurs centaines de rebelles morts. La République du Connacht n'existait plus. John Moore, son président, fit partie de ceux qui furent jugés hâtivement et pendus.
Liens internes

Rébellion irlandaise de 1798
Expédition d'Irlande (1798)
Société des Irlandais unis
Jean Joseph Amable Humbert
John Moore (irlandais)
Bataille de Castlebar
The Rising of the Moon

Liens externes

Le soulèvement de 1798 [archive]
Les soldats perdus de l’armée d’Irlande [archive]

[masquer]
v · m
Histoire de l’Irlande
Préhistoire Préhistoire irlandaise
Moyen Âge Période pré-viking (400-795) · Période viking et pré-normande (795-1169) · Invasion normande (1169-1175) · Seigneurie d'Irlande (1171-1541)
Époque moderne Reconquête Tudor (1541-1603) · Royaume d'Irlande (1541-1651) · Conquête cromwellienne (1649-1653) · Confédération irlandaise (1642-1651) · Protectorate (1653-1659) · Royaume d'Irlande (1659-1801)
XIXe siècle République de Connaught (1798) · Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (1801-1927) · Grande famine (1845-1852)
XXe siècle Insurrection de Pâques (1916) · Guerre d'indépendance (1919-1921) · Guerre civile (1922-1923) · République irlandaise (1919-1922) · État libre d'Irlande (1922-1937) · Conflit nord-irlandais‎ (1968-1998)
Chronologie de l'Irlande · Noms de l'État d'Irlande
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 3:57

John Moore (né en 1763 et mort le 6 décembre 1799) est un homme d'État irlandais.

Le 22 août 1798, lors de la bataille de Castlebar, les forces françaises et les rebelles irlandais sous le commandement du général Humbert l’emportent sur une force de 6 000 Britanniques1. Cette bataille est plus tard surnommé la « course de Castlebar » pour se moquer de la vitesse et la distance que les Anglais parcourent dans leur fuite. Une éphémère République de Connaught est déclaré après la victoire et John Moore, chef de la Société des Irlandais unis devient le président d'une république composée de douze membres2.
Bibliographie
(en) James Gordon, The History of the Rebellion in Ireland in the year 1798, 1813, 421 p. (lire en ligne [archive])
Jean Nicolas Chaignieau, Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer, t. 2, Paris, 1818, 568 p. (lire en ligne [archive])
Pierre Joannon, « Les soldats perdus de l’armée d’Irlande », Revue historique des armées, no 253,‎ 2008, p. 43-54 (lire en ligne [archive])

Création
United irishmen 1.jpg

Au cours des années 1780, quelques membres libéraux du parti patriotique irlandais de la « Protestant Ascendancy », classe dominante anglicane des riches propriétaire irlandais, souhaitèrent favoriser le développement des libertés et accroître les droits des catholiques et des presbytériens qui constituaient la grande majorité de la population irlandaise mais étaient totalement exclus de la vie publique par les Lois Pénales, en vigueur en Irlande depuis 1691. Ce mouvement était dirigé par les Volontaires irlandais et le Parlement irlandais d'Henry Grattan. Bien que ce mouvement ait obtenu des résultats avec le vote de plusieurs lois d'émancipation des catholiques entre 1778 et 1784, il ne fit plus rien jusqu'en 1793. Cela frustrait de nombreux Irlandais qui considéraient la classe dirigeante entièrement aux ordres de la Grande-Bretagne et ne cherchant donc pas à défendre les intérêts irlandais. Quelques Irlandais étaient convaincus que leur Parlement n'accepterait jamais de réforme parlementaire s'il restait sous le contrôle de la classe dirigeante protestante. Toutefois, ce fut un événement extérieur qui changea le cours des choses.

En effet, Thomas Paine et ses droits de l'homme eut un rôle très influent dans la promotion de cet idéal en Irlande. En septembre 1791, l'Irlandais Theobald Wolfe Tone publia "Argument on Behalf of the Catholics of Ireland" (Argument avancé au nom des catholiques d'Irlande) qui maintenait que « les divisions religieuses étaient un outil de l'élite pour ... (monter) une partie de la population contre l'autre et pour rire de la défaite des deux » et prona l'unité entre catholiques, protestants et presbytériens. Tone était extrêmement influent. Tone et son ami Thomas Russell étaient des partisans passionnés des droits des catholiques. Un groupe de neuf presbytériens de Belfast intéressé par la réforme du Parlement irlandais lut la brochure de Tone et aima ses idées. Il invita Tone et Russell à Belfast, où le groupe se réunit le 14 octobre 1791. Lors de cette première réunion, le groupe, qui devait être connu sous le nom d'Irlandais Unis, approuva les trois résolutions suivantes:

Le poids de l'influence anglaise dans le gouvernement de ce pays était trop fort pour obtenir une union cordiale entre tous les peuples d'Irlande, alors qu'un juste équilibre était essentiel à la préservation de nos libertés et au développement de notre commerce
le seul moyen constitutionnel pour compenser cette influence passait par une réforme complète et radicale du Parlement
Cette réforme ne pourrait être juste si elle ne comprenait pas les Irlandais de toutes tendances religieuses

Tous les participants à la première réunion étaient protestants. Deux (Theobald Wolfe Tone et Thomas Russell) étaient anglicans et les autres presbytériens, la plupart engagés dans le commerce du lin à Belfast. Avec Tone et Russell, figuraient William Sinclair, Henry Joy McCracken, Samuel Neilson, Henry Haslett, Gilbert McIlveen, William Simms, Robert Simms, Thomas McCabe et Thomas Pearce.

Le mouvement apporta son soutien au Comité catholique, qui avait lutté pour obtenir le vote des lois d'émancipation catholique par le Parlement, l'abrogation des lois pénales encore en vigueur et la suppression de la loi sur la dîme. Il s'agissait de supprimer l'incapacité juridique sans avoir à approuver le catholicisme lui-même. Comme leurs alliés révolutionnaires français, les Irlandais Unis voulaient déchristianiser leur nouvel état. Leur but était de séparer religion et politique.

Jusqu'en 1792, la société partagea les vues d'Henry Grattan bien qu'elle divergea d'avec lui sur la meilleure méthode à employer pour atteindre ses objectifs. Grattan, suivi par Edmund Burke, estimait que la poursuite progressive de la réforme était la meilleure. Cette réforme était contestée par la majorité protestante d'« Protestant Ascendancy » (élue par quelques milliers d'hommes) et généralement par le vice-roi qui était nommé par le gouvernement de Londres. La Société des Irlandais-Unis proposait un système démocratique avec 300 circonscriptions où tous les hommes adultes seraient électeurs et, inévitablement, une rupture avec Londres.
Développement du mouvement
Drapeau irlandais à la bataille d'Arklow

Dublin suivit rapidement l'exemple de Belfast en créant, le 9 novembre, sa propre section des Irlandais Unis. L'organisation s'associa également à une association catholique secrète - les Defenders - et bon nombre de ses cellules furent exploitées de facto comme des agences des Irlandais Unis. Le mouvement développa rapidement une stratégie de propagation de ses idéaux au moyen de brochures, dépliants, journaux, ballades, enseignements et émissaires itinérants. Le journal de la Société, le Northern Star en particulier fut une réussite à la fois politique et commerciale et eut un large lectorat jusqu'à sa suppression en 1797. Le développement de la société était observé avec une inquiétude croissante par les autorités et le mouvement fut interdit en 1793 après la déclaration de guerre de la France à l'Angleterre.
1793-1797

Après la déclaration de guerre française à l'Angleterre, le mouvement s'enfonça de plus en plus dans la clandestinité au fur et à mesure qu'il devenait déterminé à mener une révolte contre la domination britannique. La direction du parti était divisée entre ceux qui souhaitaient attendre de l'aide française avant d'agir et les éléments plus radicaux qui voulaient aller de l'avant malgré tout. Toutefois, la répression d'une rébellion sanglante éclatée dans le Comté de Leitrim en 1793 fit que la première faction l'emporta et des liens furent noués avec le gouvernement révolutionnaire français avec instruction d'attendre envoyée à l'ensemble des membres de la Société.

Inquiète de cette activité, l'administration de Dublin concéda quelques réformes, accordant le droit de vote aux catholiques, leur permettant de devenir avocats et de s'inscrire au Trinity College de Dublin en 1793. Le fouage, impôt payé par tous les ménages, fut aboli en 1795 et le collège pontifical St-Patrick à Maynooth créé. Toutefois, les catholiques continuaient de rejoindre la Société et de participer à toutes ses activités.

En 1794, William Drennan fut le premier dirigeant à être arrêté et jugé pour sédition lorsque les autorités commencèrent à réagir au développement des Irlandais Unis. En 1795, l'ordre d'Orange fut créé en tant que force militaire auxiliaire pour contrecarrer les Irlandais-Unis sur le terrain et la loyauté de la hiérarchie de l'Église catholique au gouvernement fut confirmée avec l'ouverture du Maynooth College la même année.

Sans en informer les résistants irlandais1, une flotte française achemina 15 000 soldats commandés par le général Hoche en Irlande en 1796 et passa plusieurs jours en vue des côtes de Cork dans la baie de Bantry mais les conditions météorologiques étaient telles qu'ils ne purent débarquer. Le gouvernement britannique répondit à cette tentative d'invasion en arrêtant une grande partie de la direction des Irlandais Unis et en imposant la loi martiale à partir du 2 mars 1797, tentant de briser le mouvement par l'utilisation généralisée de la terreur pendant les recherches d'armes.
La rébellion de 1798
Article détaillé : Rébellion irlandaise de 1798.
Rebelles irlandais à la bataille de Killala en 1798.

Au début de 1798, les membres de la Société (280 000 membres assermentés) étaient sous forte pression, souffrant du régime de terreur imposé par le gouvernement tout en ayant ordre de ne rien faire jusqu'à l'arrivée de l'aide française. En mars 1798, la majeure partie de la direction fut arrêtée et des soulèvements anticipés éclatèrent en Tipperary, mais les dirigeants restants étaient toujours dans l'indécision. Enfin, la pression montant, la date du soulèvement général fut fixée au 23 mai, sans aide française. Toutefois, les renseignements recueillis par le gouvernement auprès de ses informateurs conduisirent à l'arrestation de Lord Edward Fitzgerald et de Samuel Neilson peu avant son déclenchement mais, surtout, firent échouer les opérations prévues à Dublin qui devait être le noyau central de la rébellion.

Des dizaines de milliers de personnes prirent cependant les armes dans les comtés environnants, mais la rébellion souffrit sérieusement d'un manque de direction et fut écrasée avec une extrême brutalité. Les révoltés rencontrèrent peu de victoires, sauf à Wexford où un certain nombre de de civils loyalistes, en grande partie protestants, furent massacrés ce qu'utilisa les ennemis des Irlandais Unis pour soulever le spectre du sectarisme et affaiblir leur mouvement non sectaire.

Le 6 août 1798, une petite escadre pris la mer avec un millier d’hommes à son bord, sous le commandement du général Humbert. Le 27 août 1798, lors de la Bataille de Castlebar, les forces françaises et les rebelles irlandais l’emportèrent sur une force de 6 000 Britanniques dans ce qui fut plus tard surnommé la « course de Castlebar » pour se moquer de la vitesse et la distance que les Anglais parcoururent dans leur fuite. Une éphémère République de Connaught a été déclaré après la victoire et John Moore, chef de la Société des Irlandais unis a été déclaré son président. En octobre, Wolfe Tone lui-même fut fait prisonnier lorsqu'une nouvelle flotte française de soutien, forte de 3 000 hommes, fut interceptée et battue par la Royal Navy près de l'île de Toraigh.

Après sa capture, Wolfe Tone déclara: « Depuis ma plus tendre jeunesse, j'ai considéré le lien entre l'Irlande et la Grande-Bretagne comme la malédiction pour la nation irlandaise et été convaincu que, tant qu'il durerait, ce pays ne serait jamais libre et heureux. Par conséquent, j'ai fait tout ce qu'il m'était possible de faire pour séparer les deux pays ». Après s'être vu refuser la mort en soldat par un peloton d'exécution, Wolfe Tone évita la pendaison en se tranchant la gorge.

La fin de l'insurrection fut suivie par une nouvelle période de répression des Irlandais Unis car l'amnistie générale offerte par Cornwallis excluait expressément les chefs rebelles qui étaient très souvent des Irlandais Unis. Toutefois, la Société réussit à survivre à la fois comme organisation clandestine, en particulier à Dublin, et comme force militaire avec plusieurs bandes rebelles encore actives, bien que très réduites et limitées à quelques comtés.
Articles connexes

Henry Grattan
Bataille de l'île de Toraigh
Histoire de l'Irlande
The Rising of the Moon

Références

↑ Cazotte page 162

Jacques de Cazotte, L'Irlande entre indépendance et révolution, Maisonneuve et Larose, 2005 (ISBN 2706819251)

Liens externes

http://eireann32.free.fr/actualite/sirl_dossier3.ht [archive]
Déclaration du 31 aout 1798 [archive]
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 3:58

Jean Joseph Amable Humbert et " la course de Castlebar ".
Celui que l'Amiral Nelson haïssait, admirait et aimait dans ses manœuvres navales et terrestres.

Regards contemporains

« Le général Humbert n'avait pas d'éducation ; c'était un ancien sergent de l'armée de Louis XVI, mais il était franc, ouvert et les Royalistes n'ont eu qu'à se louer de sa loyauté. »
— Toussaint du Breil de Pontbriand

« De belle taille, en bonne santé vigoureux autant qu’on peut l’être, prompt à décider, non moins prompt à agir, apparemment maître de son art, on le devinait bon officier bien que sa physionomie empêchât de l’aimer en tant qu’homme. L’œil petit et ensommeillé, sans doute parcequ’il était toujours aux aguets, dardait des regards de travers où brillait une étincelle de cruauté : c’était l’œil d’un chat qui s’apprête à bondir sur sa proie. Son éducation et ses manières étaient celles d’une personne issue des plus basses classes de la société, encore qu’il fût capable, à l’instar de la plupart de ses compatriotes, d’adopter, au gré des circonstances, le comportement d’un parfait gentilhomme. D’éducation, il en avait si peu qu’il était à peine capable de signer son nom. Ses passions étaient furieuses et toute sa conduite était empreinte de brutalité et de violence. À l’examen, on s’avisait cependant que cette brutalité était un procédé mis en œuvre dans le seul but d’obtenir par la terreur une prompte obéissance à ses ordres. »
— Joseph Stock, évêque protestant de Killala et Achonry.

Sous la Révolution

Il ne reçoit aucune éducation pendant sa jeunesse et devient marchand de peaux de lapins. Sergent de la Garde Nationale de Lyon à sa création, en juillet 17891, Jean Joseph Amable Humbert s'engage au 13e bataillon de volontaires des Vosges, le 1er avril 1792. Il est capitaine le 11 août 1792, lieutenant-colonel quatre jours plus tard, et général de brigade le 9 avril 1794.

Il fait campagne dans l'Ouest contre les Chouans. Il était à Brûlon et à Sablé, avec le représentant Thirion, en septembre 1793. commande en 1795 la ville de Vitré. Il est aussi à Laval, en 1795, où il noue des relations et négocie avec les royalistes au Siège de Quiberon.

Auparavant il avait entamé des négociations avec les Chouans à la fin de la Terreur. Boishardy lui proposa une rencontre et Humbert se rendit au rendez-vous sans escorte. Boishardy, plus prudent, était venu avec 50 hommes et fut touché par cette marque de confiance. Humbert rencontra ensuite Cormatin et des pourparlers s'engagèrent. Ces mesures furent à l'origine du traité de la Malbilais.

Humbert entretint des rapports presque amicaux avec des officiers chouans comme Boishardy et Boisguy. Respecté par ses adversaires, le colonel chouan Toussaint du Breil de Pontbriand écrivit à son propos : « Les royalistes n'ont eu qu'à se louer de sa loyauté ».

Il est affecté en 1796 à l'armée de Rhin-et-Moselle.

Mais son principal titre de gloire est sa participation à l'expédition d'Irlande. Débarqué à Killala, le 22 août 17982, il remporte la bataille de Castlebar, à la tête d'une force franco-irlandaise de 2 000 soldats, il met en déroute les 6 000 britanniques qui occupaient la ville. Leur fuite si rapide fut plus tard surnommée " la course de Castlebar ".

Il remporte quelques succès avant d'être obligé de se rendre à la bataille de Ballinamuck le 8 septembre. Échangé fin 1798, il est affecté à l'armée du Danube puis à l'armée d'Helvétie.

L'expédition de Saint-Domingue et la liaison avec Pauline Bonaparte

Il est envoyé à la fin de 1801 à Saint-Domingue, lors de l'expédition de Saint-Domingue pour écraser la Révolution haïtienne.

Apprenant qu'il a une intrigue avec sa sœur Pauline Bonaparte, la veuve de Leclerc, chef de l'expédition, Bonaparte le fait rentrer en France et démettre de tous ses titres3.La piraterie et la vie à La Nouvelle-Orléans

Accusé de rapines et de prévarications, « de relations avec des chefs de brigands », etc, il est destitué en janvier 1803 et rejoint la piraterie dans les Caraïbes, aux côtés de Jean Lafitte4 et d'autres réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.

Humbert est autorisé en 1812 à passer au service des États-Unis, où il participe à la Guerre de 1812, en particulier la bataille de La Nouvelle-Orléans, dans l'armée américaine.

Devenu un franc-maçon éminent dans la loge de l'Étoile Polaire à La Nouvelle-Orléans, il combattit par la suite brièvement pendant la Guerre d'indépendance du Mexique au sein de l'armée rebelle mexicaine. De retour à La Nouvelle-Orléans, il y meurt le 3 janvier 1823.

Œuvres, événements et lieux évoquant le général Humbert

C'est particulièrement en référence à l'expédition d'Irlande, et son importance dans l'histoire irlandaise, que la mémoire du général Humbert est conservée.

The Year of the French (nouvelle), est un livre de Thomas Flanagan sur l'arrivée des français en 1798.
The Year of the French (série TV) (L'Année des Français dans sa version en français) est une série télévisée (1982) de Michael Garvey, inspirée du livre de Thomas Flanagan, avec l'acteur Jean-Claude Drouot7 dans le rôle du général Humbert.
Deux bustes du général Humbert, sculptés par Carmel Gallagher, ont été installés en 1988 et 1989 dans un square à Killala suite à des commémorations du débarquement des français de 17988.
Dans la province de Connacht, en Irlande, et particulièrement à Castlebar et Ballina, la mémoire du général Humbert est célébrée dans la culture populaire, comme un pub qui porte son nom, ou un festival de chansons.
Une université d'été portant le nom de Humbert Summer School se tient chaque année en Irlande depuis 1986. Elle aborde des questions politiques et sociales de l'Irlande contemporaine, et accueille un festival de musique traditionnelle irlandaise9.
Un pub irlandais porte son nom à La Rochelle, rue Saint Nicolas.

Articles connexes

Piraterie des années 1800 dans la Caraïbe
L'année des Français

Liens externes

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Déclaration du 31 aout 1798 [archive]

Références

↑ Dictionnaire des Vosgiens célèbres : Jean Joseph Amable Humbert [archive],
↑ ou le 23 juin selon "Fastes de la légion-d'honneur...Tome 1, 1845" page 59 Gallica [archive]
↑ American military leaders: from colonial times to the present, volume 2, par John C. Fredriksen, page 356 (voir page Pauline Bonaparte)
↑ http://www.thelaffitesociety.com/JLaffite15a.html [archive]
↑ Mémoires du colonel de Pontbriand, p.111.
↑ Pierre Joannon, Les soldats perdus de l’armée d’Irlande, revue historique des armées, lire en ligne [archive]
↑ Fiche descriptive de la série sur IMDB : http://www.imdb.com/title/tt0439409/ [archive]
↑ http://www.vanderkrogt.net/statues/object.php?record=ie003&webpage=ST [archive]
↑ http://www.castlebar.ie/TF_Shows/24th-Humbert-Summer-School.shtml [archive]
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La bataille de l'île de Toraigh (ou de Donegal ou de Lough Swilly) est une bataille navale des guerres de la Révolution française qui se déroula le 12 octobre 1798 entre des escadres françaises et britanniques au large de la côte nord-ouest du comté de Donegal en Irlande. Ce fut la dernière action de la rébellion irlandaise de 1798, la bataille de l'île de Toraigh mettant fin aux tentatives de la Marine française de débarquer un nombre substantiel de soldats en Irlande pour soutenir les rebelles.

La Société des Irlandais Unis, dirigée par Theobald Wolfe Tone, avait lancé le soulèvement irlandais contre l'autorité britannique en mai 1798. À la demande des rebelles, une petite armée française commandée par le général Humbert avait débarqué à Killala, mais à la mi-septembre cette force avait été vaincue et la rébellion avait diminué d'intensité. Ignorant tout de la défaite, les Français dépêchèrent des renforts le 16 septembre. Cependant, après avoir échoué à intercepter la première expédition française, la Royal Navy était en alerte pour contrer toute autre tentative : quand l'escadre transportant les renforts quitta Brest, elle fut rapidement repérée. Après une longue poursuite, les Français furent obligés de se battre dans une baie de l'île de Toraigh. Au cours de l'action, les navires français en infériorité numérique tentèrent de fuir mais furent vaincus au coup par coup, les Britanniques capturant quatre d'entre eux et dispersant les autres. Au cours des deux semaines suivantes, des patrouilles de frégates britanniques balayèrent le chemin de retour à Brest et capturèrent trois navires supplémentaires. Sur les dix navires de l'escadre française d'origine, seules deux frégates et une goélette revinrent à Brest sans encombre. Les pertes britanniques furent minimes.

Cette bataille fut la dernière tentative de la Marine française de lancer une invasion sur une partie des Îles britanniques. Elle mit fin aux espoirs des Irlandais Unis d'obtenir un soutien étranger dans leur lutte contre les Britanniques. Après la bataille, Tone fut reconnu à bord du navire-amiral français, capturé et arrêté. Il fut ensuite jugé pour trahison et condamné à être pendu. Il se suicida dans les heures qui précédèrent sa pendaison.

Sommaire

1 Contexte
1.1 Tentatives d'invasion
1.2 La rébellion irlandaise de 1798
2 La mission de Bompart
2.1 La poursuite de Countess
2.2 La poursuite de Warren
3 La bataille de l'île de Toraigh
3.1 La chasse
3.2 Le Melampus et la Résolue
3.3 Fuite de la Loire
3.4 Le Fisgard et l’Immortalité
4 L'escadre de Savary
5 Conséquences
6 Annexes
6.1 Notes et références
6.2 Bibliographie

Contexte
Les côtes de l'île de Toraigh telles que vues en 2005.

Les ennemis de la Grande-Bretagne en Europe continentale savaient depuis longtemps que l'Irlande était un point faible dans les défenses britanniques. Des troupes débarquées y auraient trouvé un objectif stratégique intéressant2, non seulement parce que l'envahisseur aurait pu compter sur le soutien d'une large partie de la population indigène2, mais aussi parce que, au moins initialement, il aurait été confronté à des troupes moins nombreuses et moins fiables que dans le reste des Îles britanniques. En outre, lancer l'armée britannique dans une campagne irlandaise prolongée aurait permis de réduire sa disponibilité sur d'autres théâtres de guerre3. Enfin, les planificateurs français estimaient qu'une invasion réussie de l'Irlande aurait pu constituer une base de départ idéale pour une invasion ultérieure de la Grande-Bretagne4.

La rhétorique de la Révolution française poussa de nombreux Irlandais à se battre pour les mêmes principes de liberté, d'égalité et de fraternité dans leur pays, la liberté dans ce contexte signifiant l'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne5. Avec ces objectifs en tête, un avocat de Dublin, Theobald Wolfe Tone, fonda la Société des Irlandais Unis en 1791. Alliée à la République française, la société fut réprimée par les autorités britanniques et forcée d'entrer dans la clandestinité quand la guerre éclata entre la France et la Grande-Bretagne en 17936. Tone et d'autres membres de sa Société se rendirent secrètement en France pour convaincre la Convention nationale française d'envahir l'Irlande. Ils firent valoir qu'une telle invasion aurait pu compter sur le soutien d'un grand nombre d'Irlandais et, en cas de succès, aurait porté un coup sévère à l'effort de guerre britannique, peut-être même suffisant pour obliger la Grande-Bretagne à rechercher la paix7.
Tentatives d'invasion
Article détaillé : Expédition d'Irlande (1796).

Les différents partis politiques français estimaient difficile d'organiser une opération navale vers l'Irlande. Ils avaient en tête la défaite de la « flotte française de l'Atlantique » lors de la bataille du 13 prairial an II et la désastreuse opération de la campagne du Grand Hiver en 1795. Après la perte de beaucoup de ses meilleurs officiers pendant les purges politiques de la Terreur, ces défaites laissaient une image négative de la Marine française, décourageant toute pensée stratégique aventureuse8. Toutefois, une expédition fut finalement envoyée en Irlande en décembre 1796. L'expédition, dirigée par l'amiral Morard de Galles, se composait de 17 vaisseaux de ligne et 27 bateaux plus petits, et transportait 25 000 hommes9. Au cours de la tempête qui éclata peu après le départ (la campagne avait lieu au pire moment de l'hiver), la frégate La Fraternité, avec à son bord l'amiral et le général en chef, fut séparée du reste de la flotte. Poursuivie par des bâtiments anglais, elle dut pousser assez loin au large, dans l'Atlantique. Quand elle atteignit enfin la baie de Bantry, le point de débarquement prévu, le reste de la flotte et de l'armée, qui n'avait pas osé débarquer, avait repris le chemin de Brest. Pas un seul soldat français n'avait débarqué10 et l'expédition était un désastre total, avec 13 navires perdus et plus de 2 000 hommes noyés8.

L'année suivante, Tone et ses compagnons essayèrent de persuader le gouvernement des Pays-Bas, alors sous occupation française, de préparer leur propre expédition11. Au cours de 1797, la flotte néerlandaise se prépara au voyage et en octobre partit vers Brest, avec l'intention de s'associer à la flotte française et de lancer une seconde tentative d'invasion. La flotte néerlandaise avait pris la mer seulement depuis quelques heures quand elle dut affronter la flotte britannique de la mer du Nord, commandée par l'amiral Adam Duncan. Duncan attaqua immédiatement et, dans la bataille de Camperdown qui suivit, captura ou détruisit une dizaine de navires et dispersa le reste12. La flotte française, pour sa part, ne quitta jamais le port de Brest.
La rébellion irlandaise de 1798
Article détaillé : Rébellion irlandaise de 1798.

Dans l'espoir d'exploiter le soulèvement spontané qui se propageait à travers l'Irlande en mai 1798, le contre-amiral Daniel Savary effectua une troisième tentative qui connut davantage de succès. Il prit le commandement d'une petite escadre de frégates battant trompeusement les couleurs britanniques et, au mois d'août, débarqua 1 150 soldats français commandés par le général Humbert à Killala13. Les Français auraient pu envoyer une force plus importante, mais ils avaient été pris au dépourvu. En effet, il était prévu que la rébellion irlandaise commence avec le débarquement français, mais les services de renseignements britanniques avaient infiltré les Irlandais Unis et arrêté une grande partie de leur direction, déclenchant une révolte précipitée6. Malgré les succès initiaux du soulèvement, son sort était déjà tracé au moment où Humbert arriva, après les défaites successives des armées rebelles devant les troupes britanniques. Les forces de Humbert, rejointes par de nombreux Irlandais Unis, connurent à leur tour quelques succès, mais elles furent incapables de faire face à la supériorité britannique à la bataille de Ballinamuck et durent se rendre le 8 septembre14. Bien que leur petite taille leur ait permis de rejoindre l'Irlande sans être repérées, ni l'escadre de Savary, ni l'armée qu'il conduisait ne furent suffisamment importantes pour avoir un impact significatif sur la campagne15.
La mission de Bompart

Ignorant que Humbert avait capitulé et que la rébellion était vaincue, les Français préparèrent une nouvelle expédition sous le commandement du contre-amiral Jean-Baptiste Bompard16. Trois mille hommes embarquèrent à bord du vaisseau de ligne Hoche, de sept frégates (l’Immortalité, la Romaine, la Loire, l’Embuscade, la Bellone, la Coquille, la Sémillante et la Résolue) et d'une goélette, la Biche, qui quittèrent le port de Brest le 16 septembre17. Toutefois, la Royal Navy, échaudée après avoir laissé passer l'escadre de Savary, se montrait désormais plus vigilante : des patrouilles itinérantes croisaient au large des principaux ports français et aux abords de l'Irlande, tandis que des escadres de cuirassés de la flotte de la Manche naviguaient à proximité, prêtes à intervenir contre toute nouvelle force d'invasion. Le commandant de l'escadre en mer d'Irlande était Sir John Borlase Warren, un officier très expérimenté qui s'était fait un nom lors de raids sur les côtes françaises au début de la guerre18.

L'escadre de Bompart quitta Brest en fin de soirée, dans l'espoir de passer inaperçue des navires britanniques à la faveur des ténèbres. Mais ils mirent trop de temps à sortir de la rade de Brest, et furent repérés à l'aube du 17 septembre par Richard Goodwin Keats à bord du HMS Boadicea. Keats divisa immédiatement ses forces. Il ordonna au HMS Ethalion, commandé par le capitaine George Countess, et au brick HMS Sylph, sous le commandement de John Chambers White, de suivre la force française. Pendant ce temps, Keats lui-même apporta les nouvelles des mouvements français à lord Bridport, amiral de la flotte de la Manche19.
La poursuite de Countess

Bompart se savait suivi par des navires britanniques, mais il continua néanmoins de naviguer vers le nord. Countess le suivait de près et fut rejoint le 18 septembre par le HMS Amelia, commandé par le capitaine Charles Herbert. Initialement au nord du navire français, l’Amelia avait repéré la chasse le jour précédent et profité de la nuit pour passer en silence à travers l'escadre de Bompart20. Le lendemain, Bompart tenta de se débarrasser de ses poursuivants en feignant de se diriger vers Lorient, puis il changea de route à nouveau le jour suivant, se dirigeant vers le sud comme s'il voulait partir vers les Antilles. Cependant, les navires britanniques restaient dans son sillage et, le 20 septembre, n'étaient plus qu'à neuf milles de la flotte de Bompart qui poursuivait sa route au sud-ouest comme s'il faisait voile vers les Amériques. Le HMS Anson, un vaisseau rasé commandée par Philip Charles Durham, rejoignit les forces britanniques le 20 septembre.

Malgré les tentatives de Bompart de dissimuler sa destination, dans la soirée du 23 septembre Countess avait conclu à juste titre que le Français était en route pour l'Irlande. Il envoya le brick Sylphid avertir Sir Warren et d'autres navires britanniques de lui barrer la route21. Deux jours plus tard, le 25 septembre, Bompart fut contraint de faire route vers l'est et de perdre du terrain sur ses poursuivants quand un convoi de navires britanniques remonta vers le nord. Ce convoi était composé de plusieurs Indiamans lourdement armés, protégés par plusieurs frégates et constituait une grave menace pour les navires surchargés de Bompart20. Il tenta ensuite de foncer sur l'escadre de Countess, mais les navires britanniques, plus rapides, se tinrent tout simplement à bonne distance, ne reprenant leur poursuite qu'une fois que les Français eurent repris leur cap initial. Le 29 septembre, Bompart tenta une dernière fois de menacer ses poursuivants, essayant d'engager les frégates britanniques dans un combat avec trois de ses propres navires, dont l'Immortalité et la Loire. Ce plan échoua après que son navire amiral, le Hoche, perdit une partie d'un de ses mâts dans le gros temps et resta en arrière du reste de l'escadre, obligeant les frégates à retourner sous sa protection20.

Ne pouvant s'échapper, Bompart cessa de feindre de faire voile vers les Amériques et prit le cap du nord-ouest. La journée suivante, un fort vent brisa des mats du Hoche et de l’Anson, ce qui ralentit les deux escadres, mais les réparations furent effectuées plus vite sur le Hoche, et les Français furent en mesure de repartir les premiers. La poursuite continua vers le nord pendant les quatre jours suivants jusqu'au 4 octobre. Ce jour-là, un violent orage s'abattit et Bompart réussit à semer Countess dans l'obscurité croissante22. Dans les grands vents, l’Amelia s'écarta de sa route et s'éloigna du reste de la flotte britannique le 7 octobre, tandis que l’Anson subissait de nouveaux dommages en perdant, cette fois, deux mats supérieurs23.

Le 11 octobre, le temps s'éclaircit et, repérant deux voiles au sud, Countess embarqua sur l’Ethalion pour enquêter. Les navires étaient l’Amelia et un navire de ligne de l'escadre de Warren, qui, ayant reçu l'avertissement du Sylph le 23 septembre, faisaient route vers le nord pour tenter d'intercepter les Français24. L'escadre de trois navires de ligne de Warren et la corvette HMS Magnanime avaient été rejointes la veille par deux frégates supplémentaires stationnées à Lough Swilly : le HMS Mélampous, commandé par le capitaine Graham Moore, et le HMS Doris, par Lord Ranelagh. Warren garda le Melampous dans son escadre et envoya le Doris parcourir les côtes irlandaises et avertir les garnisons britanniques de la situation, en particulier dans la région du Donegal où avait eu lieu le débarquement français antérieur23.
La poursuite de Warren

Ayant finalement échappé à ses poursuivants, Bompart se dirigea directement sur Lough Swilly, où devait se dérouler le débarquement25. Ignorant la défaite de la rébellion, il espérait que l'armée d'Humbert opérerait dans la zone de Swilly Lough, comme le prévoyait le projet de campagne avant le départ de France de Humbert26. En arrivant au large de la côte, Bompart chercha un site propice pour débarquer, mais ne put en trouver un avant la nuit du 10 octobre. Il passa la nuit près de l'île de Toraigh, mais fut surpris le lendemain de voir des voiles à l'horizon ; l'escadre de Warren avait été rejointe par les navires de Countess et faisait peser une menace écrasante sur les navires français. Abandonnant tout projet de débarquement, Bompart mena ses navires au vent pour leur donner une marge de manœuvre et offrir à leurs commandants autant d'occasions que possible de s'enfuir à l'approche des Britanniques13.

Tout au long de la journée, l'escadre de Warren leur barra la route au nord-est tandis que Bompart faisait des efforts désespérés pour atteindre la haute mer. Les deux flottes furent gênées par une tempête qui balaya la région peu avant 20 heures. Les parties hautes des trois mats du Hoche cassèrent et la voile du mât de misaine fut déchiquetée, rendant son navire beaucoup plus lent que ceux de ses compatriotes et les obligeant à rester à proximité pour sa défense27. D'autres navires souffrirent aussi de la tempête, comme le navire français Résolue qui eut une sévère voie d'eau et l’HMS Anson qui perdit son mât d'artimon et plusieurs autres mats supérieurs28.
La bataille de l'île de Toraigh
Sir John Borlase Warren
Carte d'Irlande localisant les principaux emplacements de la bataille de l'île de Toraigh.

Dans la nuit, Bompart essaya de leurrer les Anglais en envoyant la goélette la Biche ordonner à la frégate la Résolue, commandée par le capitaine Jean-Pierre Bargeau, de faire accoster son navire et de lancer des fusées éclairantes dans l'espoir de détourner Warren de sa poursuite. Pour des raisons inconnues, cet ordre ne fut pas appliqué, et au matin, Warren était encore derrière Bompart, dont les navires naviguaient désormais sur deux lignes inégales29. Les navires de Warren étaient encore plus dispersés, avec le HMS Robust et le HMS Magnanime à quatre milles nautiques (7,4 km) en arrière des Français et gagnant rapidement du terrain, l’Amelia et le Melampous un peu en retrait et le navire amiral, le HMS Canada avec le HMS Foudroyant à huit milles nautiques (15 km) de l'ennemi. Les autres navires britanniques étaient dispersés à travers cette formation, à part le HMS Anson qui naviguait loin derrière, hors de vue[I].

Réalisant qu'il ne pourrait pas s'échapper et aurait à combattre les Britanniques, Bompart mit son escadre en ordre de bataille et se dirigea vers l'ouest, attendant le signal de l'attaque de Warren30. En raison de la dispersion de son escadre, Warren ne le lança qu'à 7 heures, ordonnant au Robust de se diriger vers les lignes françaises et d'attaquer directement le Hoche31. Le capitaine du Robust, Edward Thornbrough, obéit immédiatement et se dirigea sur les Français, tirant sur les frégates l’Embuscade et la Coquille au passage avant d'arriver sur le Hoche et, à 8 h 50, d'entamer un violent duel rapproché d'artillerie32. Quelques minutes plus tard, la frégate britannique Magnanime entra en action, tirant sur les frégates françaises l’Immortalité, la Loire et le Bellone, restées en arrière et qui avaient empanné pour les tirer de dos28. Les trois autres navires britanniques en action, Ethalion, Melampous et Amelia, tirèrent sur le Hoche isolé avant de poursuivre les frégates françaises qui s'éloignaient vers le sud-ouest33. Le Canada et les autres navires britanniques ignorèrent le Hoche, sauf pour lui tirer quelques coups de feu lointains. Au moment de leur passage, le navire était visiblement une épave, après avoir été touché à plusieurs reprises par les tirs du Robust et du Magnanime. Bompart se rendit finalement à 10 h 50, avec 270 tués ou blessés parmi ses membres d'équipages et passagers30.

L’Embuscade fut le suivant à se rendre, après avoir été fortement endommagé dans les échanges de tir avec le Magnanime et encore plus par des tirs à longue distance pendant la poursuite du Foudroyant. Rattrapé par plusieurs gros navires britanniques, le capitaine de l’Embuscade, Clément LaRoncière préféra se rendre à 12 heures 30 après avoir fait jeter toutes les armes par dessus bord plutôt que de laisser détruire son navire34. Le Magnanime, abimé après son combat avec le Hoche, prit possession de l’Embuscade et continua à suivre lentement derrière le reste de la flotte, tandis que le Robust, qui avait beaucoup souffert de son duel avec le Hoche, restait aux côtés de son adversaire de la veille pour en prendre possession. L'escadre française, suite à la direction du vent, se dirigea par le travers vers les bateaux britanniques épars, à commencer par le Foudroyant armé de 80 canons35. La plupart des frégates françaises étaient capables de distancer ce lourd navire ennemi, mais le Bellone fut moins heureux et un tir du vaisseau britannique fit exploser une caisse de grenades dans la hune d'artimon. Cette explosion déclencha un incendie qui fut finalement maîtrisé, mais obligea le navire à réduire considérablement sa vitesse. Il fut peu après attaqué par le Melampous en combat rapproché et subit d'autres dommages. À proximité, la Coquille abandonna la lutte après avoir été dépassé par le Canada ; Warren ordonna au Magnanime qui suivait lentement d'en prendre possession35.

L’Ethalion poursuivit le Bellone et tira de façon continue pendant deux heures avec ses canons de proue sur le navire français. L’Ethalion était plus rapide que sa proie et il parvint à sa hauteur au cours de l'après-midi, mais ne put pas s'en approcher suffisamment pour lui porter un coup décisif. Il fallut encore deux heures de poursuite pour que le Bellone, vaincu, finisse par se rendre vers 16 h 036. Après le Hoche, le Bellone fut le navire qui subit le plus d'avaries au cours de la bataille. Au sud du conflit, l’Anson se trouva en danger quand les frégates restantes de l'avant-garde française se dirigèrent vers lui en masse. Le commandant du navire, Durham, fut d'abord surpris par leur approche, car il avait été trop loin pour assister au combat et les navires français portaient de fausses enseignes britanniques, mais il réalisa rapidement leur véritable identité et ouvrit le feu sur la Loire à 16 heures36. Le navire rasé britannique, endommagé, était fortement gêné par son incapacité à manœuvrer, et ne put donc rien faire quand les bateaux français firent demi-tour et mirent les voiles, sinon continuer le feu jusqu'à ce qu'ils soient hors de portée. Pendant la soirée, les frégates françaises restantes échappèrent progressivement à leurs poursuivants et disparurent à la nuit tombante, laissant derrière elles quatre navires prisonniers, dont leur navire-amiral37.
La chasse

À la nuit tombante, quelques-uns des navires français restants étaient entrés dans la baie de Donegal, toujours poursuivis par le Canada, le Melampous et le Foudroyant. Les deux forces se croisèrent à plusieurs reprises dans le noir et le Canada faillit être jeté sur le rivage. De retour sur le champ de bataille, Warren ordonna au Robust de tracter le Hoche dans le Lough Swilly. Cet ordre fut ensuite l'objet de critiques, car le Robust était lui-même très délabré et les orages de la semaine précédente n'avaient pas faibli32. Quand la tempête frappa les deux navires, le 13 octobre, le Hoche perdit plusieurs mâts et cassa sa remorque, ne sombrant pas que par les efforts combinés de l'équipage de prise britannique et des prisonniers français38. Finalement, le 15 octobre, arriva le Doris qui prit le Hoche en remorque et les deux navires arrivèrent en Angleterre sans autre incident quelques jours plus tard39. Entre-temps, l’Ethalion avait ramené le Bellone à bon port, et le Magnanime et l’Amelia avaient pris possession respectivement du Coquille et de l’Embuscade38.
Le Melampus et la Résolue

Dans la matinée du 13 octobre, Warren repéra deux frégates françaises quittant la baie de Donegal et se dirigea vers elles, ordonnant à Moore et au Melampus de rester en arrière, à la recherche d'autres navires37. Gêné par des vents contraires, le Melampus parcourut la baie jusque tard dans la nuit et, vers 23 heures 30, fut surpris par l'apparition soudaine de l’Immortalité et de la Résolue près de la Pointe-Saint-Jean. L’Immortalité repéra rapidement le Melampus et s'éloigna, mais le commandant de la Résolue n'avait pas vu le navire britannique et hésita à suivre son compatriote dans l'obscurité40. Dans l'obscurité et la confusion, il prit le Melampus pour l’Immortalité et accosta, ne réalisant son erreur que lorsque le Melampus ouvrit le feu. En raison de la grosse mer, les canons de la Résolue avaient été fixés sur les ponts, de sorte qu'elle ne put riposter qu'avec une poignée de fusils tirant du gaillard d'arrière. Réalisant que son navire était incapable de se défendre, le capitaine de la Résolue se rendit au bout de quelques minutes, après avoir perdu dix hommes et une grande partie de son gréement. Le commandant du Melampus fit monter à bord un équipage de prise et repartit à la poursuite de l’Immortalité40.
Fuite de la Loire

La Loire et la Sémillante s'étaient échappées de la bataille vers Black Sod Bay, où elles espéraient se cacher jusqu'à ce qu'elles aient un passage dégagé vers la France. Toutefois, le 15 octobre au soir, une escadre de frégates britanniques aux ordres de James Newman contourna la pointe sud de la baie, obligeant les navires français à fuir vers le nord41. Toutes voiles dehors, Newman ordonna au HMS Révolutionnaire de se concentrer sur la Sémillante tandis qu'il poursuivait la Loire à bord du HMS Mermaid, accompagné par le brick HMS Kangaroo sous le commandement d'Edward Brace. La Loire et la Sémillante se séparèrent pour diviser leurs poursuivants ; Mermaid et Kangaroo perdirent la trace de la Loire en début de soirée et la Sémillante échappa au Révolutionnaire après la tombée du jour42.

Toutefois, dans la matinée du 16 octobre, Newman repéra la Loire à l'horizon et ordonna immédiatement à ses navires de la poursuivre. La Loire fut plus rapide que la Mermaid dans les vents forts, mais elle fut incapable de distancer le Kangaroo, qui s'engagea directement dans un duel d'artillerie à distance avec une frégate beaucoup plus importante que lui. Le combat fut très déséquilibré et le Kangaroo dut faire marche arrière après avoir subi des dommages dans son gréement41. La Loire avait aussi été endommagée et, à 6 h 45 le lendemain matin, le capitaine Segond réalisa qu'il ne pourrait pas échapper à ses poursuivants. À voilure réduite, il décida d'engager le combat avec la Mermaid, alors le seul poursuivant à sa portée42.

Le combat entre la Mermaid et la Loire commença à 7 h 00 et l'échange de tirs d'artillerie devint serré et violent après une tentative d'abordage de la Mermaid par la Loire déjouée par le timonier du navire britannique. Les deux navires étaient gravement endommagés, la Mermaid frappant plusieurs espars de son adversaire, mais touchée à son tour par les tirs de fusils des soldats à bord de la Loire. À 9 h 15, le navire français perdit un nouvel espar et Newman était déterminé à foncer sur son adversaire. Au moment où il voulut exécuter la manœuvre, un tir de la Loire abattit le mat de misaine de la Mermaid, la rendant ingouvernable et mettant hors-service un certain nombre de ses canons43. Voyant là une occasion de s'échapper, la Loire cessa le combat et s'éloigna, se mettant rapidement à une distance appréciable avant que l'équipage de la Mermaid ne puisse réparer son mât. Des vents violents entravèrent également les efforts de réparation, déchirant plusieurs voiles et espars et provoquant la noyade du charpentier de bord quand il sauta par dessus bord. Au moment où la Mermaid fut prête à reprendre le combat, la Loire s'était échappée42.

Malheureusement pour le capitaine Segond, à l'aube du 18 octobre, le HMS Anson se révéla être à courte distance, faisant difficilement route vers le sud après les dommages subis par ses mâts lors de la bataille du 12 octobre44. Bien que le navire fût presque impossible à gouverner, le capitaine de l’Anson n'était pas décidé à perdre une seconde possibilité de livrer bataille et amena peu à peu son bateau à proximité de la Loire, incapable de s'échapper45. Le Kangaroo accompagnait l’Anson. Il avait récupéré de l'avarie du 16 octobre et était prêt pour de nouveaux combats. À 10 h 30, l’Anson et la Loire commencèrent leurs échanges de tirs, incapables de manœuvrer de manière efficace et ne comptant que sur leur puissance de feu pour détruire l'adversaire. Le Kangaroo s'approcha par l'arrière non protégé de la Loire, tira à plusieurs reprises et immobilisa le navire français42. À midi, la Loire avait perdu son grand mât et, incapable de fuir, son capitaine fut forcé de se rendre. Son bateau fut remorqué jusqu'au port comme sixième prise de la bataille46.
Le Fisgard et l’Immortalité

Les quatre navires restants de la flotte française avaient réussi à échapper aux poursuites et, le 19 octobre, approchaient séparément de Brest, essayant de passer à travers le blocus britannique serré autour du port. Sur la Romaine, le capitaine Mathieu-Charles Bergevin avait tenté de débarquer les troupes à bord de son navire en Irlande le 13 octobre, mais avait été forcé d'abandonner ce plan quand les soldats refusèrent d'être débarqués. Il navigua ensuite vers le sud-ouest, réussit à éviter tout contact avec les forces britanniques, se joignit à la goélette la Biche et arriva à Brest le 23 octobre. Le même jour, après une course-poursuite avec le Révolutionnaire, la Sémillante arriva à Lorient, dernier navire français à rentrer chez lui47.

L’Immortalité se trouvait lui aussi presque en sécurité. Dans la matinée du 20 octobre, son capitaine Jean-François Legrand approchait de Brest lorsque son navire fut repéré par le capitaine Thomas Byam Martin du HMS Fisgard. Le Fisgard, qui faisait partie de l'escadre britannique chargée du blocus de Brest, voulut immédiatement engager le combat. L’Immortalité tenta d'abord de s'enfuir, mais il fut forcé d'affronter le Fisgard, plus rapide que lui, à 11 heures48. Au cours du combat rapproché qui suivit, même si le Fisgard subit de graves dommages, il en provoqua de plus graves et faillit couler son adversaire. L’Immortalité, qui avait perdu un mât et menaçait de couler, se rendit à 15 heures 30. L’Immortalité comptait 115 blessés, parmi lesquels son capitaine, son premier lieutenant et le général Ménage (commandant les 250 soldats à bord), qui périrent tous. Le Fisgard, avec l'aide des autres navires de l'escadre de blocus, ramena le navire ennemi à Plymouth48.
L'escadre de Savary
Le HMS Sirius s'empare des frégates bataves Wilhelmina et Waakzaamheid.

Le haut commandement français n'avait pas été découragé par la destruction de sa force d'invasion et avait préparé et envoya une deuxième escadre de quatre frégates, sous les ordres du contre-amiral Daniel Savary. Cette force, initialement prévue pour soutenir Bompart, devait se charger d'escorter les survivants lors de leur retour vers la France49. Le 27 octobre, Savary apprenant la destruction de l'escadre de Bompart et l'échec de la rébellion irlandaise de la bouche de sympathisants locaux à Killala, fit route immédiatement vers le sud, espérant éviter le même sort. Toutefois, le 28 octobre, il fut repéré par une escadre britannique de trois navires, dont deux navires de la ligne, commandée par le capitaine Sir James Saumarez50. Saumarez se mit immédiatement en chasse et les deux escadres échangèrent de loin des tirs de canon pendant toute la journée. Tard dans la soirée, le navire-amiral de Saumarez, le HMS Caesar, perdit une partie de sa mature par vents forts et le commandement passa à Sir Richard Bickerton à bord du HMS Terrible.

Après un nouveau jour de poursuite, l'après-midi du 29 octobre, Savary divisa son escadre en deux, envoyant deux frégates vers le sud-est et se dirigeant au nord-ouest avec les deux autres. En réponse, Bickerton divisa aussi ses forces, envoyant la frégate HMS Melpomene vers le groupe sud et poursuivant lui-même Savary avec Terrible. Le 30 octobre, les deux navires britanniques étaient à moins de deux milles nautiques (3,7 km) de leurs adversaires et se préparaient au combat quand, à 17 heures, un orage violent éclata sur la région. Savary augmenta son avance en jetant armes, chevaux et matériel par-dessus bord dans le but d'alléger ses navires et d'être mieux adapté aux vents violents51. Les navires britanniques, plus lourds, ne purent suivre la vitesse de leurs adversaires et furent distancés. Lorsque le temps se dégagea, les navires français étaient hors de vue et tous quatre revinrent finalement séparément à Brest, mettant fin à la dernière tentative française d'envahir l'Irlande49.

La Marine de la République batave fit également une tentative avortée pour soutenir la flotte d'invasion française. Elle envoya, le 24 octobre, les petites frégates Wilhelmina et Waakzaamheid vers l'Irlande avec du matériel militaire. Dans les heures qui suivirent leur départ du port, ces deux navires furent interceptés et capturés par la frégate britannique HMS Sirius aux ordres du capitaine Richard King42.
Conséquences
Portrait de Wolfe Tone.

Le retour de Savary au port marqua la fin de la dernière tentative d'une nation continentale de débarquer des troupes en Irlande. Les pertes françaises lors de cette opération avaient été si importantes qu'il devenait irréaliste d'envisager de la répéter. De même, les énormes pertes irlandaises lors de la rébellion, associées aux représailles britanniques contre le peuple irlandais, mit fin à tout espoir de rallumer l'insurrection dans un futur proche30. La perte la plus grave pour les Irlandais Unis fut l'arrestation de Wolfe Tone lui-même. Il fut découvert parmi les prisonniers du Hoche, inculpé de trahison et condamné à mort, mais se suicida avant l'exécution de la sentence52.

En Grande-Bretagne, ces batailles furent considérées comme de grands succès, et tous les combattants eurent droit aux remerciements du Parlement53. De nombreux officiers subalternes furent promus et tous les membres d'équipage reçurent des récompenses financières provenant de la vente des navires capturés. L’Immortalité et la Loire furent achetés et servirent dans la Royal Navy sous leurs propres noms pendant de nombreuses années, alors que le Hoche et l’Embuscade furent rebaptisés respectivement HMS Donegal et HMS Ambuscade. La Coquille devait être également vendue, mais en décembre 1798, une explosion tua 13 personnes et détruisit totalement le navire53. Les deux derniers navires, la Résolue et la Bellone, furent jugés trop vieux et trop endommagés pour prendre du service actif. Elles furent toutefois achetées par la Royal Navy pour payer leurs ravisseurs, la Bellone devint la HMS Proserpine et la Résolue la HMS Resolue. Les deux navires servirent de navires portuaires pendant quelques années avant d'être mis à la casse54. Cinquante ans plus tard, la bataille fut ajoutée aux affrontements reconnus par une barrette attachée à la Naval General Service Medal, remise sur demande à tous les participants britanniques qui étaient encore en vie en 184755.
Annexes
Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Tory Island » (voir la liste des auteurs).

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↑ Brooks 2005, p. 625
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↑ a, b et c Brooks 2005, p. 626
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↑ Manning et Walker 1959, p. 356
↑ (en) London Gazette: no. 20939. pp. 236–245 [archive]. 26 janvier 1849.

Bibliographie

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(en) William Laird Clowes, The Royal Navy, A History from the Earliest Times to 1900, vol. IV, Londres, Chatham Publishing, 1997 (ISBN 978-1-86176-013-5, LCCN 96222611)
(en) Donald R. Come, « French Threat to British Shores, 1793–1798 », Military Affairs, vol. 16, no 4,‎ hiver 1952, p. 174–188
(en) J. E. Cookson, The British Armed Nation, 1793–1815, Oxford, Clarendon, 1997 (ISBN 978-0-19-820658-3, lire en ligne [archive])
(en) Robert Gardiner, Nelson Against Napoleon : From the Nile to Copenhagen, 1798–1801, Londres, Chatham, 1997 (ISBN 978-1-55750-642-9, LCCN 97068138)
(en) James Henderson, The Frigates : An Account of the Lighter Warships of the Napoleonic Wars, 1793–1815, Londres, Leo Cooper, 1994 (1re éd. 1970) (ISBN 978-0-85052-432-1, LCCN 79548908)
(en) Bernard Ireland, Naval Warfare in the Age of Sail : War at Sea, 1756–1815, Londres, Harper Collins, 2000 (ISBN 978-0-00-414522-Cool
(en) William James, The Naval History of Great Britain during the French Revolutionary and Napoleonic Wars, vol. 2 : 1797–1799, Londres, Conway Maritime Press, 2002, 1e éd. (1re éd. 1827) (ISBN 978-0-85177-906-5)
(en) Thomas Davies Manning et Charles Frederick Walker, British Warship Names, Londres, Putnam, 1959 (OCLC 185426987)
(en) Thomas Pakenham, The Year of Liberty : The Story of the Great Irish Rebellion of 1798, Londres, Abacus, 2000 (1re éd. 1997) (ISBN 978-0-349-11252-7)
(en) Geoffrey Regan, Geoffrey Regan's Book of Naval Blunders, Londres, Andre Deutsch, 2001, 2e éd. (ISBN 978-0-233-99978-4, LCCN 2001536004)
(en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, 1998, 1e éd. (ISBN 978-1-85367-276-7, LCCN 97039991)
(en) Nicholas Tracy, The Naval Chronicle : Contemporary Reports of the War at Sea, vol. 1 : 1793–1798, From the Occupation of Toulon to the Battle of the Nile, Londres, Chatham, 1998, poche (ISBN 978-1-86176-091-3)
O. Troude, Batailles navales de la France, vol. 3, Challamel Ainé, 1867
(en) Rif Winfield, British Warships in the Age of Sail 1793-1817 : Design, Construction, Careers and Fates, Barnsley, Seaforth, 2008 (ISBN 978-1-84415-717-4, OCLC 421815211)
(en) (en) London Gazette: no. 15072. pp. 987–990 [archive]. 21 October 1798. Contemporary publication of Sir John Borlase Warren's despatch reporting the victory. [PDF]
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 4:00

La République batave (en néerlandais : Bataafse Republiek ou Bataafsch Gemeenebest), également appelée Batavie, est une République ayant existé entre 1795 et 1806, qui englobait la majeure partie du territoire actuel des Pays-Bas. La Batavie est la première et la plus durable des Républiques sœurs de la France. En théorie indépendante, elle était en réalité sous tutelle française.

Le terme « Batave » fait référence aux Bataves, peuple germain qui s'est révolté contre la tutelle de Rome au Ier siècle. Les Néerlandais éclairés voient dans les Bataves leurs ancêtres et progressivement, Batave tend à désigner les Néerlandais « patriotes » puis devient le gentilé officiel des habitants de la République batave.

Sommaire

1 Fondation
2 Centralisme ou fédéralisme ?
3 Succession
4 Notes et références
5 Bibliographie
6 Voir aussi
7 Lien externe

Fondation
Article détaillé : Révolution batave.
Drapeau et fanion de la République batave

La République batave est l'aboutissement d'un mouvement révolutionnaire entamé dès les années 1780, marqué par les Lumières et la révolution américaine. Les élites urbaines, réunies sous l'appellation de « patriotes », et les régents s'opposent au stathouder, Guillaume V d'Orange-Nassau, qu'ils soupçonnent de vouloir transformer la république des Provinces-Unies en monarchie. Cette révolution batave se déroule en deux temps : une première révolte écrasée en 1787, puis la fuite du stathouder à la suite de l'invasion du pays par les troupes françaises en janvier 1795.

Le 1er février 1793, la Convention française déclare la guerre à l'Angleterre et aux Provinces-Unies. À la fin de décembre 1794 et au début du mois de janvier, les troupes françaises commandées par le général Pichegru traversent les bras gelés de la Meuse et du Rhin. Les comités révolutionnaires se soulèvent dans les grandes villes. Guillaume V est poussé à l'exil en Angleterre le 18 janvier et le même jour, le comité d'Amsterdam prend le contrôle de la municipalité de la ville « au nom de la République batave1. »

Arrivés en libérateurs, les Français se comportent bientôt en occupants et le comité de salut public refuse de reconnaître la nouvelle république tant qu'elle n'aura pas signé avec lui un traité de paix. Les négociations sont tendues entre les envoyés bataves Jacob Blauw et Caspard Meijer et la commission française composée de Merlin de Douai, Reubell et Sieyès, si bien que Reubell et Sieyès sont envoyés à La Haye à la fin du mois d'avril pour négocier directement avec les États généraux bataves. Ces négociations aboutissent au traité de La Haye, signé le 16 mai. Il prévoit une alliance offensive et défensive, la cession de la Flandre zélandaise, Maastricht et Venlo, ainsi que l'entretien d'une armée française de 25 000 hommes et une contribution de 100 millions de florins, somme énorme destinée à renflouer les caisses de la République française2.
Centralisme ou fédéralisme ?

Au sein des États généraux et dans la classe politique batave, les patriotes se divisent sur la question du type de régime à adopter, entre « unitaristes » — partisans d'un État centralisé — et les « fédéralistes » — partisans de légères modifications de l'Union d'Utrecht, considérée comme la constitution des Provinces-Unies. Le parti unitaire, parfois appelé les jacobins, est emmené par des hommes comme Pieter Paulus, Pieter Vreede, Alexander Gogel ou le général Daendels. Ces divisions se traduisent dans la géographie, les provinces de Hollande et Zélande étant pour une constitution unitaire, les provinces de Frise ou de Gueldre étant favorables à une constitution fédérale.

Si ces différences sont dictées par l'idéologie, inspirée par la Révolution française d'une part et par la tradition néerlandaise de l'autre, elles peuvent toutefois être dictées par pragmatisme. L'unité de la république suppose en particulier l'amalgame des dettes des provinces. Or la dette de la Hollande atteint 454 millions de florins, soit 70 % de la dette de l'ensemble des provinces. À titre de comparaison, la dette du Brabant (qui jusque-là n'était pas une province à part entière, de même que Drenthe) est de moins de 2 millions. Les provinces ont donc des intérêts tout à fait différents qui trouvent leur écho dans la question du caractère unitaire ou fédéraliste de la république3.

La première chose est de remplacer les États généraux pour établir une constitution. Là encore, les représentants s'affrontent sur le type d'assemblée à convoquer. Faut-il convoquer de nouveaux États généraux, représentant les provinces, ou faut-il convoquer une Assemblée nationale, représentant l'ensemble des citoyens bataves ? Les discussions traînent en longueur aux États généraux jusqu'au mois de janvier 1796. À cette date, quelques habitants de Leeuwarden, la capitale de la Frise, arrêtent des représentants de la Frise aux États généraux et les remplacent par des représentants unitaristes. Cela suffit à faire basculer la majorité vers la décision de convoquer une Assemblée nationale pour le 1er mars 1796.

La première Assemblée nationale batave est élue dans le courant du mois de février 1796. Composée de 127 députés, elle est à majorité fédéraliste. Ce sont, pour la plupart, des hommes neufs : seuls 34 ont eu une expérience politique avant la révolution batave4. Une commission constitutionnelle est instaurée, là aussi à majorité fédéraliste. Le débat dure jusqu'au mois de décembre 1796. Le 2 décembre, l'assemblée adopte un décret proclamant la « République une et indivisible ». Le projet porte sur une république unitaire mais accordant une large autonomie aux provinces. Le gouvernement est un directoire de sept membres et le corps législatif est bicaméral. Le statu quo est adopté pour la question des dettes. Ce projet ne sera adopté que le 30 mai 1797 par l'Assemblée pour être soumis à un référendum. Projet de compromis ne satisfaisant en définitive personne, il est rejeté par le peuple batave le 8 août 17975.
Le général Daendels.

Une nouvelle assemblée est élue dans la suite de l'annonce du rejet du projet constitutionnel. Elle se réunit pour la première fois le 1er septembre. Trois jours plus tard a lieu à Paris le coup d'État du 18 fructidor an V qui marque un virement à gauche du Directoire en invalidant les élections des députés royalistes. Les unitaristes entendent profiter de ce changement et rentrent en négociations secrètes avec Paul Barras. Pierre Daunou, qui avait déjà participé à l'élaboration de la constitution de l'an III, est chargé de rédiger un projet secret en s'inspirant de celle-ci et du projet rejeté en août. Ce nouveau projet est mis dans les mains du nouvel ambassadeur français à La Haye, Charles-François Delacroix, qui doit le faire adopter par la nouvelle assemblée. 43 députés unitaristes publient le 12 décembre une déclaration dans laquelle ils réclament l'établissement d'un gouvernement populaire responsable devant l'assemblée. Celle-ci est épurée quelques jours après l'arrivée de Delacroix, le 22 janvier 1798. Le général Daendels, avec l'aide du général Joubert fait arrêter 18 députés fédéralistes et pousse les autres à la démission. La cinquantaine de députés restant, emmenés par Pieter Vreede travaille à rédiger une nouvelle constitution, avec pour base la déclaration des 43 ; le projet Daunou est écarté. Le Directoire exécutif est réduit à cinq membres et le corps législatif est divisé en deux chambres, une chambre de discussion et une chambre de délibération. Les dettes sont amalgamées en une dette nationale et les provinces sont supprimées et remplacées par des départements : il s'agit de substituer un sentiment national à un sentiment provincial6.

Ce projet est adopté par référendum le 25 avril. Le gouvernement provisoire se charge de convoquer un nouveau corps législatif, conformément à la nouvelle constitution. Le 4 mai, l'assemblée épurée en janvier décide, poussée par Delacroix qui agit sans ordre de Paris, que les deux tiers de ses membres seront automatiquement réélus7. Le 12 juin, furieux de cet abus de pouvoir, Daendels renverse les hommes du 22 janvier et les remplace par des modérés, parmi lesquels figure Rutger Jan Schimmelpenninck, qui est envoyé à Paris à la fin de l'été comme ambassadeur.
Succession

La République batave est remplacée en 1806 par le royaume de Hollande.
Notes et références

↑ Schama, p. 191
↑ Annie Jourdan, « la république batave et le 18 brumaire », in Annales historiques de la Révolution française, n° 318, octobre-décembre 1999 [archive]
↑ Tom Pfeil, « La hantise de la banqueroute, les finances publiques dans la période franco-batave (1795-1810) » [archive] dans « La Révolution batave, péripétie d’une République-sœur, 1795-1813 », in Annales historiques de la Révolution française, n° 326, octobre-décembre 2001
↑ Schama, p. 247
↑ Par 109 000 voix contre et 28 000 pour, sur un corps électoral de 400 000 citoyens. Arthur Elias, « La néerlandicité de la constitution de 1798 » [archive] dans « La Révolution batave, péripétie d’une République-sœur, 1795-1813 », in Annales historiques de la Révolution française, n° 326, octobre-décembre 2001
↑ Elias, op. cit.
↑ Schama, p. 338

Bibliographie

Wayne Te BRAKE, Regents and Rebels, The Revolutionary World of an Eighteenth-Century Dutch City, Cambridge, Cambridge Mass, 1989, 213 p.
Pieter GEYL, La Révolution batave, 1783 – 1798, Paris, Société des études robespierristes, 1971, 386 p.
Annie JOURDAN et Joep LEERSSEN (eds.), Remous révolutionnaires : République batave, armée française, Actes du colloque de Paris, Amsterdam, Amsterdam University Press, 1996, 258 p.
Annie JOURDAN, La révolution Batave, entre la France et l’Amérique (1795-1806), Presse Universitaire de Rennes, 2008
Louis LEGRAND, La Révolution française en Hollande, Paris, Hachette, 1894, 398 p.
Jean-Bernard MANGER, Recherches sur les relations économiques entre la France et la Hollande pendant la Révolution française (1785-1795), Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, 1923, 170 p.
Simon SCHAMA, Patriots and Liberators, Revolution in the Netherlands, 1780-1813, Londres, Collins, 1977, 744 p.

Articles :
Arthur ELIAS, « La néerlandicité de la constitution de 1798 » [archive] dans « La Révolution batave, péripétie d’une République-sœur, 1795-1813 », in Annales historiques de la Révolution française, n° 326, octobre-décembre 2001, pp. 43-52
Annie JOURDAN, « la république batave et le 18 brumaire » [archive], in Annales historiques de la Révolution française, n° 318, octobre-décembre 1999, pp. 755-772
Annie JOURDAN et Joost ROSENDAAL, « La révolution batave à l’entrée du troisième millénaire : nouveaux problèmes, nouvelles approches, nouveaux objets » [archive], in Annales historiques de la Révolution française, n° 326, octobre/décembre 2001, pp. 1-23
Niek van SAS, « L’impératif patriotique, mutation conceptuelle et conjoncture politique 1795-1813 » [archive], in Annales historiques de la Révolution française, n° 326, octobre/décembre 2001, pp. 25-42

Voir aussi

Révolution française
Pays-Bas
Provinces-Unies
Département des Pays-Bas
Willem Huart

Lien externe

en néerlandais : La constitution (Staatsregeling) de la République batave [archive]
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MessageSujet: Re: Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca   Theobald Wolfe Tone, America What Time is Love et Y'becca EmptyVen 9 Déc à 4:01

La bataille de Castlebar s’est déroulée le 27 août 1798 pendant la rébellion irlandaise de 1798 où une force combinée de 2 000 Français et rebelles irlandais l’emportèrent sur une force de 6 000 Britanniques. Elle faisait suite au débarquement français de l'expédition d'Irlande de 1798.

La bataille fut plus tard surnommée la « course de Castlebar » pour se moquer de la vitesse et la distance que les Anglais parcoururent dans leur fuite.

Sommaire

1 Le débarquement
2 Les préparatifs
3 L’attaque
4 La « course de Castlebar »
5 Jeux
6 Articles connexes
7 Bibliographie
8 Sources

Le débarquement

Les renforts français, attendus depuis longtemps pour aider la rébellion irlandaise arrivèrent le 22 août. Environ 1 100 soldats sous les ordres du général Humbert débarquèrent dans le comté de Mayo. Bien que les forces aient été peu nombreuses, le site isolé avait permis un débarquement sans grande opposition, loin des dizaines de milliers de soldats britanniques concentrés dans l’est dans Leinster, occupés dans des opérations contre les poches de résistance des rebelles. La ville voisine de Killala fut rapidement occupée après une brève résistance par des petits propriétaires locaux. Ballina fut prise à son tour deux jours plus tard, après la déroute d’une force de cavalerie envoyée par la ville pour s’opposer aux républicains. Les volontaires irlandais se joignirent progressivement aux Français surtout après la victoire à Ballina3.

Le Lord lieutenant d'Irlande Cornwallis, demanda d’urgence des renforts d’Angleterre mais toutes les forces disponibles ont été concentrées à Castlebar sous le commandement du général Lake, le vainqueur de la bataille de Vinegar Hill. Les forces britanniques de Castlebar comprenaient 6 000 soldats, une douzaine de pièces d’artillerie et disposaient d’un important approvisionnement.
Les préparatifs

Laissant environ 200 soldats à Killala pour couvrir ses arrières, Humbert prit la tête d’une force combinée d’environ 2 000 Français et Irlandais et marcha le 26 août sur Castlebar. Devinant sans difficulté son objectif, les Anglais s’y fortifièrent, forts de leur avantage numérique et de leur artillerie pour repousser une attaque frontale à partir de la route de Ballina. Cependant, les rebelles irlandais, connaissant bien le terrain, conseillèrent aux Français d’utiliser un autre itinéraire pour se rendre à Castlebar, en passant à l’ouest, par les rives du lac Lough Conn que les Britanniques croyaient infranchissable pour une armée moderne équipée d'artillerie. Quand les avant-postes repérèrent l’ennemi en approche, les Anglais, surpris, durent à la hâte déplacer leur artillerie.
L’attaque

Celle-ci était à peine redéployée quand l’armée franco-irlandaise apparut à proximité de la ville, à environ 6 heures du matin. Les Britanniques ouvrirent le feu. Les Français cependant identifièrent rapidement un défilé offrant une certaine protection, qui faisait face au centre de la ligne d’artillerie. Les grenadiers français et irlandais de l'adjudant général Jean Sarrazin firent face aux canons anglais au centre du dispositif.

L'adjudant général François-Xavier Octavie Fontaine et le capitaine Louis de Crestou, à la tête de 43 hommes du 3e régiment de chasseurs à cheval, prirent à revers les Anglais sur leur flanc gauche, firent mettre bas les armes à un régiment, lui enlevèrent 4 pièces de canon et mirent les canonniers en fuite. La panique gagna alors les rangs britanniques, qui furent mis en déroute.

Quelques soldats des milices de Longford et de Kilkenny coururent pour rejoindre les rebelles et prendre part à la lutte contre leurs anciens alliés. Une unité de cavalerie et l’infanterie régulière britannique essayèrent bien de tenir tête, mais furent rapidement submergées.
La « course de Castlebar »

Dans la déroute des soldats britanniques, des quantités importantes de fusils et d’équipements furent abandonnés, parmi lesquels les bagages personnels du général Lake. Bien que n’étant plus poursuivis un mile ou deux au-delà de Castlebar, les Anglais ne s’arrêtèrent pas avant d’atteindre Tuam, quelques unités se sauvèrent jusqu’à Athlone. La panique était telle que seule l’arrivée de Cornwallis à Athlone stoppa la fuite devant le Shannon. La ballade, "Races of Castlebar", raconte l'épopée des cavaliers français dans les rues de la ville.

Bien que réalisant une victoire spectaculaire, les pertes des Français et des Irlandais furent élevées, environ 150 hommes, tués pour la plupart lors de la canonnade au début de la bataille. Les Anglais ont souffert de plus de 350 pertes dont environ 80 morts et peut-être 150 qui se joignirent aux rebelles. Après la victoire, les milliers de volontaires se sont assemblés pour rejoindre les Français qui ont également envoyé une demande de renforts en France et ont formellement déclaré la République de Connaught.
Jeux

Un jeu de guerre Irlande 17984 est paru en 2009 dans Vae Victis numéro 86 et développe la stratégie des soldats du général Humbert.
Articles connexes

rébellion irlandaise de 1798
Expédition d'Irlande (1798)
Jean Joseph Amable Humbert
François-Xavier Octavie Fontaine
3e régiment de chasseurs à cheval
République de Connaught

Bibliographie

(en) Thomas Packenham, The Year of Liberty : History of the Great Irish Rebellion of 1798, Londres, Abacus, 2000 (1re éd. 1969), 424 p. (ISBN 0-8129-3088-6 et 0349112525)
(en) James Gordon, The History of the Rebellion in Ireland in the year 1798, 1813, 421 p. (lire en ligne [archive])
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Jean Nicolas Chaignieau, Dictionnaire historique des batailles, sièges, et combats de terre et de mer, t. 2, Paris, 1818, 568 p. (lire en ligne [archive])

Sources

↑ Chaignieau 1818, p. 367
↑ Marmion 1855, p. 435
↑ Gordon 1813, p. 285
↑ Irlande 1798 [archive]
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La bataille de La Nouvelle-Orléans, qui eut lieu le 8 janvier 1815 en Louisiane, est la dernière bataille de la guerre anglo-américaine de 1812. Les forces britanniques venues pour saisir le vaste territoire acquis par les États-Unis lors de la vente de la Louisiane sont vaincues par les hommes d'Andrew Jackson futur président des États-Unis. Or le traité de Gand mettant fin à la guerre était signé depuis le 24 décembre 1814 et sera ratifié par le Sénat des États-Unis le 16 février 1815. Une victoire britannique aurait alors pu en changer le contenu. Elle est souvent considérée comme la plus grande victoire terrestre américaine de la guerre, et eut un impact symbolique important pour les États-Unis.

Sommaire
1 Origines et préparatifs
1.1 L'abdication de Napoléon
1.2 La république de Barataria
1.3 La stratégie britannique
1.4 Andrew Jackson, de l'Alabama à La Nouvelle-Orléans
2 Campagne précédant la bataille
2.1 Bataille du Lac Borgne
2.2 Affrontement de la nuit du 23 décembre
3 Bataille du 8 janvier
4 Conséquences et bilan
5 Notes et références
6 Bibliographie
7 Voir aussi
7.1 Articles connexes

Origines et préparatifs
L'abdication de Napoléon[modifier | modifier le code]
Pendant les deux premières années de la guerre de 1812, les Britanniques ont été préoccupés par la guerre contre Napoléon Bonaparte sur le continent européen. Le 6 avril 1814, Napoléon abdique et est exilé à l'île d'Elbe. Un grand nombre de troupes britanniques est alors disponible pour être envoyé en Amérique du Nord, le but étant d'être en position de force pour négocier la paix. Une brigade du major général Robert Ross, entièrement composée de vétérans de l'armée du duc de Wellington, traverse l'Atlantique. Son arrivée est marquée par la bataille de Bladensburg2, puis l'incendie de Washington. Le général Ross est tué lors de la bataille de Baltimore, le général Edward Packenham qui s'était fait remarquer à la bataille de Salamanque3 lorsqu'il servait sous les ordres de Wellington est alors envoyé pour le remplacer4 avec l'aide de plusieurs régiments de la guerre d'Espagne. Il a pour objectif de prendre le contrôle de La Nouvelle-Orléans. La ville située à l'estuaire du Mississippi occupe une position clef et prendre son contrôle paralyserait un axe de communication important du pays. De plus, la Louisiane du fait de son rattachement récent aux territoires des États-Unis a une population composée de très peu de natifs américains. Elle est peu défendue5 et c'est un territoire inhospitalier où règnent riches marchands et brigands dont Jean Joseph Amable Humbert et " la course de Castlebar ".
Celui que l'Amiral Nelson haïssait, admirait et aimait dans ses manœuvres navales et terrestres.


La république de Barataria
Jean Lafitte, représenté par Grace King. Gravure de 1895.

Depuis plusieurs années, la baie de Barataria et les bayous qui l'entourent sont un repaire de pirates dirigés par Jean Lafitte et connu sous le nom de République de Barataria. Leur présence était tolérée au début par une administration américaine timide dans ce territoire récemment acquis mais en 1814 les tensions sont à leur comble avec le gouverneur Claiborne (gouverneur de la Louisiane) qui a mis la tête de Jean Lafitte à prix et fait emprisonner son frère Pierre Lafitte. Claiborne, Washington, ainsi qu'Andrew Jackson souhaitent mettre fin à Barataria. À cet effet arrive mi-août l'USS Carolina6. C'est dans ce contexte que le 3 septembre 18147, le lieutenant colonel Nicolls, commandant des forces anglaises de Floride, entre en contact avec Lafitte par l'intermédiaire du capitaine Lockyer8. Ils lui proposent de servir dans la flotte britannique ainsi qu'une prime de 30 000 dollars9. L'engagement de Lafitte à leurs côtés serait à coup sûr synonyme de victoire, il connaît les bayous et les passes menant à La Nouvelle-Orléans mieux que n'importe quel Américain et possède sous son commandement de nombreux pirates expérimentés qui sont pour la plupart d'anciens soldats de l'armée française, rescapés de Saint-Domingue. Lafitte est un ancien lieutenant de l'armée française et reste loyal à la France dont l'empereur (Napoléon Ier) est alors détenu par les Britanniques. Jean Lafitte ne décline pas l'offre anglaise mais leur demande deux semaines de réflexion. Il fait alors transmettre une lettre pour le gouverneur Claiborne dans laquelle il les informe des desseins britanniques sur La Nouvelle-Orléans. Lafitte promet de ne pas intervenir en faveur des Anglais et demande l'indulgence du gouverneur pour ses anciens crimes sans pour autant prendre une position franche envers les États-Unis. Le 4 septembre, Pierre Lafitte s'évade avec l'aide du messager venu porter la lettre de Jean Lafitte à Jean Blanque, un membre du comité de la direction de la ville. Le lendemain, Blanque rencontre Claiborne et lui remet la lettre mais avec l'évasion de Pierre, ils n'ont plus aucune garantie sur la fidélité de Jean.
Le gouverneur Claiborne décide alors de mettre fin à ce repaire de brigand et programme une attaque contre Lafitte. Le 16 septembre trois barges, six canonnières et deux goélettes, l'USS Carolina et l'USS Seahorse12, sous le commandement du commodore Petterson et du colonel Ross mettent le cap sur l'île de Grande Terre où se trouve le campement pirate fortifié et équipé de plusieurs canons. Lafitte ordonne à ses flibustiers de fuir en laissant tout sur place lorsqu'il s'aperçoit que son adversaire bat pavillon américain. Plusieurs centaines de pirates s'échappent ainsi à travers les marais. Malgré la déception de Claiborne en apprenant la fuite des frères Lafitte, les troupes américaines mettent la main sur les trésors accumulés par les pirates estimés à 500 000 dollars, sur de nombreux canons et capturent 85 pirates11 dont Dominique You13, le demi-frère de Jean Lafitte qui devait sa notoriété à son caractère trempé et à sa tentative pour libérer l'ex-empereur Napoléon Bonaparte.

La stratégie britannique
La flotte britannique organise le blocus de la côte atlantique en attendant des renforts en provenance des Bermudes. Du mois d'août à octobre 1814, elle harcèle constamment les navires américains à proximité de la baie de Chesapeake. Une fois la saison des ouragans terminées en novembre, la flotte met le cap sur la mer des Caraïbes et s'installe dans la baie Negril en Jamaïque14, avant de lever l'ancre au mois de décembre en direction de La Nouvelle-Orléans. Le 14 mars 1814, en attente de renforts, l'amiral Cochrane avait envoyé un navire pour prendre contact avec les indiens Creeks réfugiés en Floride à la suite de la guerre qui les opposent avec les États-Unis. Le 10 mai, le capitaine Hugh Pigot débarquait en Floride à l'embouchure de l'Apalachicola. Celui-ci, après deux semaines en Floride, rapporta à Cochrane que 2 800 indiens Creeks étaient prêts à se battre et leur donna l'ordre de se regrouper à Pensacola. Le major Edward Nicholls fut alors envoyé à Pensacola avec pour objectif d'entraîner les Indiens aux techniques de combat européennes. Le gouverneur espagnol n'opposa aucune résistance à l'arrivée des Anglais bien que, depuis la fin de la guerre d'Espagne, l'Espagne soit devenue un pays officiellement neutre dans ce conflit. Nicholls avait aussi pour objectif de se renseigner sur les faiblesses de la défense de La Nouvelle-Orléans. Il envoya ainsi un navire pour entrer en contact avec Jean Lafitte. Le plan d'attaque de Cochrane prévoyait que pendant qu'il mènerait une offensive à partir des côtes, les indiens prendraient le contrôle Ide Mobile puis attaqueraient La Nouvelle-Orléans depuis le nord15.

Andrew Jackson, de l'Alabama à La Nouvelle-Orléans
Buste d'Andrew Jackson à Pensacola.

Andrew Jackson, général de l'US army à la tête de la milice du Tennessee est le principal vainqueur de la guerre Creek qui prend fin le 9 août 1814 avec le traité de Fort Jackson. Grâce à sa victoire, le général Jackson obtient le commandement des forces armées de Mobile. Le 15 août, il arrive à Fort Bowyer et trouve le fort abandonné alors que celui-ci revêt une importance stratégique puisque celui qui le possède est capable de bloquer l'accès à la baie de Mobile. Il laisse une garnison de 158 hommes commandée par le major William Lawrence16 pour y organiser sa défense puis se rend à Mobile. Le 24 août, Jackson envoie une lettre au gouverneur espagnol de Pensacola, Gonzalez Manrique, dans laquelle il l'accuse d'abriter des bandits indiens Creek dont il demande l'arrestation. Mais Jackson ne peut pas prendre la décision d'attaquer Pensacola car cela reviendrait à attaquer un pays officiellement neutre dans le conflit.
Nicholls planifie une offensive sur Fort Boyer. En cas de victoire, il contrôlerait une position clef pour attaquer Mobile et cela aurait pour suite de doper le moral des troupes indiennes17. Le 12 septembre, quatre navires britanniques, les HMS Hermes, Carron, Sophie et Childers, se positionnent aux abords du fort18. Le 14 septembre, une troupe composée de 72 marines britanniques et de 180 guerriers indiens atteint le fort par voie terrestre. L'assaut est lancé et la première bataille de fort Bowyer est engagée. Après plusieurs tentatives infructueuses, les forces britanniques se retirent. Les pertes sont de 4 morts et 4 blessés côté américain et de 32 morts et 40 blessés côté britannique19.
Après la bataille de fort Bowyer, Jackson est décidé à se débarrasser de la menace britannique à Pensacola. Le 7 novembre, il fait fuir les troupes britanniques de Pensacola après avoir tenté une ultime communication avec le gouverneur espagnol. Son attaque sans l'aval du gouvernement met la diplomatie américaine dans une situation précaire et le président lui écrit : « retirez vos troupes du territoire espagnol, en déclarant que vous y êtes entrés dans le seul but de les libérer de la violation britannique »20. Malgré les appels de Claiborne pour que Jackson rejoigne au plus vite La Nouvelle-Orléans, celui-ci prend soin de bien organiser la défense de Mobile et arrive à La Nouvelle-Orléans seulement le 2 décembre.

Campagne précédant la bataille
Bataille du Lac Borgne
Vue d'artiste de la bataille du lac Borgne.

Le 12 décembre 1814, une flotte britannique sous le commandement de Sir Alexander Cochrane avec plus de 8 000 soldats et marins à bord, jette l'ancre dans le golfe du Mexique à l'est du lac Pontchartrain et du lac Borgne au niveau de Cat Island21. L'accès aux lacs est bloqué par une flottille américaine composée de huit navires et commandée par le lieutenant Thomas ap Catesby Jones (en) (5 canonnières, une petite goélette l'USS Seahorse et deux sloops de guerre l'USS Alligator et l'USS Tickler)22. Le matin du 13 décembre, environ 1 200 marins britanniques et Royal Marines sous le commandement du capitaine Nicholas Lockyer23 répartis dans 45 chaloupes, dont 42 armées chacune d'une petite caronade arrivent dans la baie de Saint Louis. Les Anglais sont obligés d'utiliser des chaloupes pour naviguer sur le lac Borgne ainsi que dans les bayous en raison de la faible profondeur de ceux-ci. Trois chaloupes sont détachées pour capturer l'USS Seahorse qui est venu dans la baie pour se ravitailler à un dépôt sur la berge. Le Seahorse ouvre le feu sur les chaloupes, plusieurs sont touchées et comptent plusieurs blessés. Les trois chaloupes battent alors en retraite pour attendre la totalité des troupes de Lockyer. Une fois le reste de flottille arrivée l'assaut est relancé. Le capitaine du Seahorse, voyant sa situation désespérée, sabote le navire et incendie les ressources stockées sur la berge24. Patterson ordonne à Jones de se replier aux abords d'un fort proche de La Nouvelle-Orléans mais le courant du détroit des Rigolets est trop fort, la manœuvre s'avère impossible et les navires se retrouvent en partie pris dans la vase. Le lendemain s'engage un affrontement entre les forces de Jones et les Britanniques connu sous le nom de la bataille du lac Borgne, les Britanniques capturèrent l'USS Alligator ainsi que les cinq canonnières américaines25. Le capitaine du Tickles resté en retrait sur ordre de Jones incendie le navire lorsque tout espoir de victoire est perdu. Lors de l'affrontement, dix-sept marins britanniques sont tués et 77 blessés, tandis que 6 Américains sont tués, 35 blessés, et 86 capturés26. Parmi les blessés figurent Jones et Lockyer. Maintenant libres de naviguer sur le lac Borgne, des milliers de soldats britanniques débarquent sur l'île de Poix27,28 à environ 48 km (30 miles) à l'est de La Nouvelle-Orléans, où ils établissent une garnison, sous le commandement du général John Keane.

Affrontement de la nuit du 23 décembre
Carte du sud de la Louisiane au xviiie siècle.

Plan du déroulement de la Bataille au soir du 23 décembre.
Le 22 décembre, le général John Keane et le lieutenant colonel Thortorn avec une avant-garde britannique de 1 800 soldats aidés par des pêcheurs espagnols embarquent de Pea Island en direction de la Rive Est du Mississippi sous la bruine qui persistera toute la journée29. Le même jour, l'escadron de dragons légers du colonel Thomas Hinds, une unité de milice du territoire du Mississippi (les dragons de Hind deviendront le 155e régiment d'infanterie de la Garde du Mississippi de l'Armée nationale) arrive à La Nouvelle-Orléans30. Jackson avait fait positionner un petit groupe d'éclaireurs à l'embouchure du bayou Bienvenu dans un village de pêcheurs, mais tous sont capturés par les Britanniques à l'exception d'un qui mettra trois jours à traverser les marais en bravant une multitude de dangers. Keane essaye en vain d'obtenir des informations sur les défenses de la ville. Les prisonniers avancent un chiffre de 12 000 à 15 000 hommes qui défendraient La Nouvelle-Orléans, ce que ne confirment pas les informateurs de Keane31.
Dans la matinée du 23 décembre, les Britanniques atteignent la rive Est du fleuve Mississippi, exténués et trempés par une journée de navigation sous un temps médiocre après avoir franchi le lac Borgne et le bayou Bienvenu. Ils débarquent au sud de La Nouvelle-Orléans, à 14 km (9 miles), sur les terres de la plantation de Jacques Phillippe Villeré32. Le fils du Général Villeré, le major Gabriel Villeré, parvient à échapper aux Britanniques et va se réfugier dans la plantation voisine du Colonel De la Ronde qui met à sa disposition un cheval pour en informer Jackson au plus vite33. Keane aurait pu marcher sur la ville en quelques heures en empruntant le chemin le long de la rivière menant à La Nouvelle-Orléans, qui n'était alors pas encore défendu, mais il prit la mauvaise décision de camper à la plantation Lacoste34 et d'attendre l'arrivée de renforts35. Au cours de l'après-midi du 23 décembre, Andrew Jackson, après avoir appris la position du campement britannique, aurait déclaré : « Par l'Éternel, ils ne doivent pas dormir sur notre sol. »36. Les hommes de Hinds sont envoyés en reconnaissance. Quelques brefs coups de feu sont échangés avec l'avant garde britannique mais Keane ne prend pas la menace au sérieux, Hinds donne une estimation à Jackson de 1 600 à 1 800 soldats ennemis. Dans la journée, des hommes de couleur distribuent des tracts signés de Keane et de Thortorn écrits en français et en espagnol dans lesquels ils appellent les habitants à rester chez eux et affirment que leur seuls ennemis sont les Américains. Toutes les unités armées disponibles sont appelées à se regrouper au niveau de la plantation Montreuil en amont du camp britannique. À 6 h 30 de l'après-midi, Jackson donne l'ordre à Patterson de descendre le fleuve à bord de l' USS Carolina jusqu'au campement ennemi et d'ouvrir le feu. Le soir venu Jackson attaque par le nord à la tête de 2 131 hommes37, il mène un assaut en trois volets sur les troupes britanniques, qui sans méfiance se reposaient dans leur camp. L' USS Carolina dissimulé par le brouillard sur le fleuve procède à un tir en enfilade sur le campement britannique à 7 h 30, c'est le signal que les Américains attendaient pour lancer l'assaut. Sous l'effet de surprise les hommes de Keane sont dans un premier temps totalement désorganisés et comptent de nombreux blessés en quelques minutes seulement. Jackson mène l'assaut principal le long du fleuve avec 1 399 hommes tandis que le général John Coffee attaque par la rive du lac Borgne à la tête de 732 hommes38. L'effet de surprise passé et l'obscurité s'accroissant ainsi que le brouillard, les Britanniques repoussent leurs assaillants et Jackson ordonne à ses forces de revenir aux abords du Canal Rodriguez, à environ 6,4 km (4 miles) au sud de la ville. Lors de l'assaut 24 Américains sont tués, 115 blessés, et 74 portés disparus39, tandis que les pertes britanniques s'élèvent à 46 tués, 167 blessés, et 64 disparus40.
L'historien Robert Quimby dit, « les Britanniques ont certainement remporté une victoire tactique, qui leur a permis de maintenir leur position »41. Cependant, Quimby poursuit en disant, « Il n'est pas exagéré de dire que c'était la bataille du 23 décembre qui a sauvé La Nouvelle-Orléans. Les Britanniques ont été désappointés dans leurs espoirs d'une conquête facile. L'attaque inattendue et lourde en pertes humaines fera devenir Keane encore plus prudent… » D'autant plus qu'il a estimé les troupes américaines au double de leur effectif réel à cause du brouillard et de la confusion régnant lors de l'attaque. Il accorde alors plus de crédit aux chiffres avancés par les Américains qu'il a capturés sur le lac Borgne. Keane ne fait aucun effort pour avancer le 24 et le 25 décembre42. En conséquence, les Américains ont le temps de commencer des travaux de terrassement du canal Rodriguez à Chalmette pour éviter que la flotte anglaise ne le traverse et accède ainsi au fleuve Mississippi43. Le jour de Noël, le général Edward Pakenham arrive sur le théâtre des opérations. Ce soir-là, le général Pakenham, en colère à cause de la situation d'enlisement dans laquelle se trouvent ses hommes, rencontre le général Keane et l'amiral Cochrane pour faire un point sur la situation et élaborer un nouveau plan de bataille. Le général Pakenham veut utiliser la passe du Chef menteur pour envahir et déborder leur adversaire, mais l'amiral Cochrane ne partage pas ce point de vue et insiste pour que ses bateaux fournissent tout le soutien qui pourrait leur être nécessaire à partir des rives du fleuve où il compte accéder par l'édification d'un canal entre le lac Borgne et le fleuve44. L'amiral Cochrane estime que l'armée britannique serait capable de détruire une armée délabrée américaine et aurait déclaré que si l'armée ne le faisait pas, ses matelots le feraient. Quelle que soit la pensée de Pakenham sur la question, la réunion a réglé le mode et le lieu de l'attaque45. Le 28 décembre, Pakenham ordonne l'envoi d'une force de reconnaissance (constituée de plusieurs bataillons britanniques) contre les travaux de terrassement américains, elle engage un bref assaut contre ceux-ci.
Lorsque les troupes britanniques se retirent, les Américains commencent la construction d'un parapet sur lequel ils placent plusieurs batteries d'artillerie pour protéger les travaux de terrassement. Ces fortifications seront ensuite baptisées « Ligne Jackson ». Les Américains installent huit batteries d'artillerie, qui comprennent un canon de 32 livres, trois canons de 24 livres, un canon de 18 livres, trois canons de 12 livres, trois de 6 livres, et un obusier de 6 pouces (150 mm). Jackson a également envoyé un détachement d'hommes sur la rive ouest du Mississippi qui dispose de deux canons de 24 livres et deux de 12 livres à bord du navire de guerre USS Louisiana.
L'armée principale britannique est arrivée au Jour de l'An et a attaqué les travaux de terrassement en utilisant son artillerie. Un échange de tirs d'artillerie débuta au cours duquel plusieurs canons américains furent détruits, y compris le 32, un de 24, et un de 12, et des dommages furent causés au travaux de terrassement. Les Américains sur la gauche de la ligne Jackson près du marais avaient abandonné leurs postes et coururent alors reprendre leurs positions, mais Pakenham n'en a rien su. Après 3 heures d'échanges de tirs, les canons britanniques arrivèrent à court de munitions, ce qui conduisit Pakenham à suspendre l'attaque. Il décide alors d'attendre que sa force entière de plus de 8 000 hommes se rassemble avant de lancer l'assaut46.

Bataille du 8 janvier
Peinture de 1815 par Jean Hyacinthe de Laclotte qui a combattu lors de la bataille au sein de la milice de Louisiane.
Plan de la bataille de La Nouvelle-Orléans.
Vue d'artiste illustrant la mort du Général Edward Pakenham

Au petit matin du 8 janvier, Pakenham ordonne un assaut sur deux fronts contre la ligne Jackson. Le colonel William Thornton (du 85e régiment) avait traversé le Mississippi pendant la nuit avec sa 780e brigade, ils se déplacèrent rapidement vers l'amont sous le feu des batteries commandées par le commodore Daniel Patterson et situées sur le flanc des retranchements principaux américains, puis il fit ouvrir un feu d'enfilade sur la ligne Jackson avec des obusiers et des fusées Congreve47. Ensuite, l'attaque principale fut lancée en deux colonnes (une le long du fleuve dirigée par Keane et l'autre le long du marais ligne dirigée par le major général Samuel Gibbs), directement à l'encontre des travaux de terrassement tenus par la grande majorité des troupes américaines48. La brigade commandée par le major général John Lambert reste à l'écart des combats en réserve.
Les préparatifs pour l'attaque échouèrent, le canal creusé par les marins de Cochrane visant à relier le lac Borgne au fleuve Mississippi s'est effondré et le barrage construit pour détourner le flux du fleuve dans le canal céda, laissant les marins pris dans la boue que les bateaux du colonel Thornton vinrent récupérer. L'échec de la construction du canal contraint la flotte à un long détour prenant ainsi plusieurs heures de retard49.
Le 8 janvier 1815, l'attaque commença dans les ténèbres et un épais brouillard. Le Lt-Col. Thomas Mullins, commandant du 44e régiment (East Essex) à pied britannique, avait oublié les échelles et les fascines nécessaires pour traverser le canal asséché par les travaux de terrassement américains et escalader les fortifications de la ligne Jackson, les Britanniques tentèrent de profiter de la confusion liée à l'obscurité et au brouillard, mais lorsqu'ils approchèrent de la principale ligne ennemie le brouillard se leva, les exposant à des tirs d'artillerie foudroyants. La plupart des officiers supérieurs furent tués ou blessés, y compris le général Gibbs, pendant qu'il menait l'attaque à la tête de la colonne principale sur la droite comprenant les 4e, 21e, 44e et 5e régiments des Indes occidentales. Le colonel Rennie à la tête d'un détachement de compagnies légères de la 7e, 43e, et 93e mènent un assaut simultané sur la gauche de la rivière.
Peut-être en raison du retard de Thornton lors de la traversée de la rivière et au feu de l'artillerie qui pouvait les frapper, les 93e Highlanders ont été sommés de quitter la colonne d'assaut de Keane qui avance le long de la rivière, ils se déplacent alors à découvert à travers le champ de bataille pour rejoindre la colonne principale sur la droite du champ. Keane tomba blessé alors qu'il traversait le champ de bataille avec le 93e. Les hommes de Rennie réussirent à attaquer et envahir une redoute américaine à côté de la rivière, mais sans renfort ils ne pouvaient ni occuper le poste, ni continuer l'assaut de la ligne principale américaine. Quelques minutes plus tard, le septième d'infanterie américain arriva, et ouvrit le feu sur les Britanniques dans la redoute capturée : en une demi-heure, Rennie et la plupart de ses hommes étaient morts. Dans l'attaque principale sur la droite, les fantassins britanniques se sont soit jetés sur le sol, soit blottis dans le canal, ou ont été fauchés par la combinaison des coups de mousquet et de la mitraille des Américains. Une poignée d'hommes ont franchi la partie supérieure du parapet sur la droite, mais ont été tués ou capturés. Le 95e régiment de fusiliers avait avancé afin de tendre une escarmouche grâce à la voie ouverte devant par la colonne d'assaut principale mais ils durent se cacher dans le fossé en dessous du parapet, incapable d'aller plus loin sans soutien. Les deux grands assauts principaux sur les positions américaines sont finalement repoussés.
Pakenham et son second, le général Gibbs, sont mortellement blessés. Avec la plupart de leurs officiers supérieurs morts ou blessés, les soldats britanniques, n'ayant plus de chaîne de commandement pour leur ordonner d'aller plus loin ou de battre en retraite, sont totalement désorganisés sur le champ de bataille. Après environ 20 minutes de plus d'effusion de sang, le général Lambert prit le commandement et ordonna de battre en retraite. Le seul succès britannique fut sur la rive ouest du fleuve Mississippi, où la brigade de Thornton, comprenant le 85e régiment, des détachements de la Royal Navy et des Royal Marines50, ont attaqué et dépassé la ligne américaine51. Le général Lambert ordonna à son chef de l'artillerie, le colonel Alexander Dickson, d'évaluer la position. Dickson rendit compte que pas moins de 2 000 hommes seraient nécessaires pour occuper ce poste. Le général Lambert a alors émis l'ordre de se retirer après la défaite de leur armée principale sur la rive est, ils se retirèrent en prenant quelques prisonniers américains et des canons avec eux52.
À la fin de la journée, les Britanniques dénombraient 2 042 victimes : 291 tués (y compris les généraux Pakenham et Gibbs), 1 267 blessés (dont le général Keane) et 484 capturés ou portés disparus53. Les Américains avaient eu 71 victimes : 13 morts, 39 blessés et 19 disparus54.
Conséquences et bilan
Le champ de bataille de Chalmette de nos jours, avec le monument commémoratif sur la droite.
Les Britanniques se retirèrent avec plus de 2 000 hommes morts ou blessés, contre 71 pour les États-Unis. L'ironie de l'histoire est que, à l'insu des deux parties, la guerre était déjà officiellement terminée, un traité ayant été signé à Gand le 24 décembre 1814.
Le 4 février 1815, la flotte britannique, avec toutes ces troupes à bord, mit voile vers la baie de Mobile, en Alabama. L'armée britannique attaqua et captura Fort Bowyer à l'embouchure de la baie de Mobile, le 12 février. Elle se prépare à attaquer Mobile lorsque leur parvient la nouvelle de la signature d'un traité de paix. Le traité a été ratifié par le Parlement britannique, mais ne serait pas ratifié par le Congrès et le président avant la mi-Février. Cependant les hostilités doivent cesser, les Britanniques abandonnent Fort Bowyer et reprenne la mer en direction de leur base dans les Antilles.
Même si la bataille a été de dimension relativement mineure, ses conséquences historiques ont été importantes. L'issue de la bataille n'a pas affecté les termes du traité de Gand, puisque celui-ci était déjà signé, mais on peut supposer que si les Britanniques avaient pris le contrôle du port clé de La Nouvelle-Orléans, ils auraient pu obtenir des concessions additionnelles. Cependant, il aurait été difficile pour les Britanniques de poursuivre la guerre en Amérique du Nord, en raison de l'évasion de Napoléon de l'île d'Elbe le 26 février 1815, qui démontre aux Britanniques l'intérêt de maintenir un contingent armé important en Europe.
Les conséquences symboliques de la victoire ont été très importantes aux États-Unis, où elle fut célébrée comme une fête nationale de nombreuses années, et continue d'être commémoré dans le sud de la Louisiane. Elle donna également une grande aura au général Jackson, qui finira par devenir président des États-Unis en 1829. Quatre régiments actuellement actifs de l'armée régulière (1-5 FA, FA 1-6, 1-1 et 2-1 Inf Inf) et un de la garde nationale des États-Unis du Mississippi (155e Inf) sont dérivés des unités américaines qui ont combattu à la bataille La Nouvelle-Orléans. Un parc fédéral a été créé en 1907 pour préserver le champ de bataille, aujourd'hui, il dispose d'un monument et fait partie du parc historique national et réserve Jean Lafitte.
Notes et références[modifier | modifier le code]
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of New Orleans » (voir la liste des auteurs).


Carte récapitulative des événements de l'année 1814 en Louisiane et Floride.
↑ Pickles 1993, p. 10
↑ Muir 2001, p. 90
↑ Pickles 1993, p. 11
↑ Marquis de Barbé-Marbois 1829, p. 409
↑ Davis 2006, p. 182
↑ Saby, p. 113
↑ De Bow et al. 1855, p. 152
↑ de La Croix 1995, p. 236
↑ Davis 2006, p. 184-185
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↑ Saxon et Suydam 1989, p. 154.
↑ Patterson 2008, p. 187
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↑ Remini 1977, p. 238
↑ Cocker 49-50
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↑ James 1818, p. 344
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↑ Ce référer à une carte de Louisiane.
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↑ l'île de Poix, ou l'île Perle, est située à l'embouchure de la Rivière aux Perles.
↑ Harper & Brothers p. 1028
↑ Harper & Brothers p. 1029
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↑ Patterson 2008, p. 215-216.
↑ Les troupes régulière britanniques incluent le 4e, 7e, 21e, 43e, 44e, 85e, 93e (Highland) régiments, 500 hommes « un demi-bataillon » du 95e de fusiliers, 14e de dragons légers, et 1er et 5e régiment des indes occidentales provenant des British West Indies colonies. D'autres troupes incluant des Natifs Américains de la tribu Hitchiti.
↑ Quimby 1997, p. 892-893.
↑ Les forces américaines (entre 3 500 et 4 500 hommes) étaient composées de U.S. Army ; de patriotes venant du Tennessee, Kentucky, Mississippi, et de Louisiane ; U.S. Marines ; U.S. Navy ; des pirates de la baie de Barataria ; des indiens Choctaw ; des hommes libres de « couleur », et d'esclaves afro-américains (dont la majorité étaient des esclaves locaux qui ont servi aux travaux d'édification du parapet). Le Major Gabriel Villeré commandant de la milice de Louisiane, et le Major Jean Baptiste Plauché à la tête la milice de La Nouvelle-Orléans.
↑ Patterson 2008, p. 236.
↑ Patterson 2008, p. 230.
↑ Reilly 1974, p. 296.
↑ Patterson 2008, p. 253.
↑ Quimby 1997, p. 906.
↑ James 1818, p. 563
Bibliographie[modifier | modifier le code]
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