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 La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca

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yanis la chouette




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MessageSujet: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:08

Le misonéisme (du grec miso- : « qui hait » et néo : « nouveau ») est l'attitude qui consiste à rejeter toute innovation. On dit aussi néophobie.

Sommaire

   1 Un double exemple de misonéisme illustré par C.G. Jung
       1.1 La résistance à la théorie jungienne
       1.2 La résistance au concept d'évolution
       1.3 La conclusion de C.G. Jung
   2 Articles connexes

Un double exemple de misonéisme illustré par C.G. Jung

Dans L'Homme et ses symboles (1964), Carl Gustav Jung nous explique la résistance à sa théorie et l'illustre d'un autre exemple, celui de la résistance au concept d'évolution.
La résistance à la théorie jungienne

Dans la perspective jungienne, questionner l'inexistence d'un concept (ou d'un autre) et refuser de discuter avec soi-même se nomment « être en résistances ». « Être en résistances », c'est en premier lieu être résistant à soi-même, à sa propre nature même.

Ces résistances, cette résistance, peu(ven)t être intellectualisée(s), sous la forme de critiques intellectuelles attaquant la théorie : par exemple, dire que la psychologie jungienne ne renvoie pas au réel, ou est une pseudo-science, ou qu'elle est machiste, ou féministe, de droite ou de gauche, etc.

En tout cas, dans la perspective jungienne, cette résistance renvoie à un conflit intérieur qui n'a pu être assumé et dépassé par de la construction mais qui donne plus qu'à voir dans cette perspective qu'un enchevêtrement de positions ou de postures intellectuelles renvoyant à un conflit : une zone où il y a de « l'autre encrypté en nous », qui ne nous est pas supportable.

Même si le réel peut donner lieu à de la pensée libre, à de la libre mise en sens du réel, ou même de la critique de cette pensée, il est, dans le cadre de la clinique, douté, en premier lieu. Car trop proche des allants de soi (entendus ici comme des allants de soi malheureux).

Finalement, quand l'autre, son propos, ses actes, nous sont insupportables, c'est que nous le sommes à nous-mêmes.
La résistance au concept d'évolution

Dans son ouvrage L'Homme et ses symboles, C.G. Jung nous explique un exemple de résistance classique face à la nouveauté (Laffont, 2002, p. 30 à 33) et en particulier à sa théorie et plus encore que l'Homme face à lui-même : le misonéisme.

Le même ouvrage (p. 33) nous donne à voir deux représentations de cette résistance. L'une sur les concepts de l'évolution, illustrée par une caricature de singe avec un panneau «I am a man and a brother », qui rappelle les résistances de l'opinion publique face aux théories darwiniennes, et une autre de 1861 issue de l'ouvrage Punch, de l'humoriste James Thurber (selon l'auteur, J. Thurber, repris par C.G. Jung pour le commentaire de cette image), dont la tante avait peur que l'électricité ne se répandît - en sortant du câblage comme de l'eau - dans toute la maison.
La conclusion de C.G. Jung

Cette même résistance existe face à la théorie de C.G. Jung car l'Homme se résiste à lui-même.

En effet, selon C.G Jung (même ouvrage p.31), « Il est facile de comprendre pourquoi les rêveurs tentent d'ignorer ou même de rejeter le message qui leur est ainsi communiqué. La conscience résiste naturellement à tout inconscient et inconnu. J'ai déjà signalé l'existence de ce que les anthropologues appellent « le misonéisme », c'est-à-dire une peur profonde, superstitieuse, de la nouveauté. Les primitifs ont la même réaction que l'animal sauvage devant des événements désagréables. Mais l'homme « civilisé » réagit devant les idées nouvelles. (...) La psychologie est une science des plus jeunes et, parce qu'elle s'efforce d'élucider ce qui se passe dans l'inconscient, elle se heurte à une forme extrême de misonéisme ».
Articles connexes

   Conservatisme
   Psychologie analytique


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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:09

Carl Gustav Jung (prononcé [ˈkarl ˈɡʊstaf ˈjʊŋ] écouter) est un médecin psychiatre suisse né le 26 juillet 1875 à Kesswil, canton de Thurgovie, et mort le 6 juin 1961 à Küsnacht, canton de Zurich, en Suisse alémanique.

Fondateur de la psychologie analytique et penseur influent, il est l'auteur de nombreux ouvrages. Son œuvre est liée à la psychanalyse de Sigmund Freud dont il a été l’un des premiers défenseurs et dont il se sépara par la suite en raison de divergences théoriques et personnelles.

Dans ses ouvrages, il mêle réflexions métapsychologiques et pratiques à propos de la cure analytique. Jung a consacré sa vie à la pratique clinique ainsi qu'à l'élaboration de théories psychologiques, mais a aussi exploré d'autres domaines des humanités : depuis l'étude comparative des religions, la philosophie et la sociologie jusqu'à la critique de l'art et de la littérature.

Carl Gustav Jung a été un pionnier de la psychologie des profondeurs : il a souligné le lien existant entre la structure de la psyché (c'est-à-dire l'« âme », dans le vocabulaire jungien) et ses productions et manifestations culturelles. Il a introduit dans sa méthode des notions de sciences humaines puisées dans des champs de connaissance aussi divers que l'anthropologie, l'alchimie, l'étude des rêves, la mythologie et la religion, ce qui lui a permis d'appréhender la « réalité de l'âme ». Si Jung n'a pas été le premier à étudier les rêves, ses contributions dans ce domaine ont été déterminantes. On lui doit également, entre autres, les concepts d'« inconscient collectif », d'« archétypes », d'« individuation », de « types psychologiques », de « complexe », d'« imagination active », de « déterminisme psychique » et de « synchronicité ».

Sommaire

1 Biographie
1.1 Sources biographiques et Ma Vie
1.2 Premières années
1.3 Enfance et adolescence
1.4 Études et rencontres formatrices
1.5 Le Burghölzli
1.5.1 Débuts
1.5.2 Confirmation
1.6 Relation avec Sigmund Freud
1.6.1 Rencontre et amitié
1.6.2 Psychanalyse et reconnaissance
1.6.3 L'inconscient collectif et la contribution de Honneger
1.7 Rupture avec Freud
1.7.1 Mésententes et divergences
1.7.2 Vers la rupture officielle
1.8 Confrontation à l'inconscient
1.9 Fondation de la psychologie analytique
1.10 Voyages, maturité et renommée internationale
1.10.1 À la découverte des peuples indiens et africains
1.10.2 Approfondissements
1.10.3 Nouveaux voyages et orientalisme
1.11 La controverse lors de la Seconde Guerre mondiale
1.11.1 L'Association générale médicale de psychothérapie
1.11.2 L'Institut Göring
1.11.3 Jung agent secret et après-guerre
1.12 Dernières années
1.12.1 Justifications
1.12.2 Derniers ouvrages
1.12.3 Retour sur soi et décès
2 Critiques
2.1 Richard Noll et la polémique de la période nazie
2.2 Autres critiques émanant de la psychanalyse
3 Son œuvre
3.1 La psychologie analytique
3.1.1 L'étude des manifestations inconscientes
3.1.2 La psychothérapie jungienne
3.2 Une œuvre mystique ou scientifique ?
3.3 Une théorie pragmatique
3.4 Le créateur de concepts
3.5 Une théorie des types psychologiques
3.6 Jung et l'alchimie
3.6.1 L'alchimie, psychologie avant l'heure
3.6.2 Critique de ses travaux
3.7 Postérité
3.7.1 Sciences humaines
3.7.2 Mysticisme et spiritualité
3.7.3 Théorie des types psychologiques
3.7.4 Influence sur la littérature et les arts
4 Ouvrages de Jung
5 Filmographie
6 Références et sources
6.1 Ouvrages de C. G. Jung utilisés
6.2 Autres ouvrages utilisés
6.3 Autres sources utilisées
6.4 Ouvrages cités mais non utilisés
6.5 Notes et précisions
7 Annexes
7.1 Articles connexes
8 Liens externes
8.1 À propos de Carl Gustav Jung
8.2 Associations de psychologie analytique
8.3 Biographies
8.4 Études sur son œuvre
8.5 Bibliographie complémentaire

Biographie
Sources biographiques et Ma Vie

La vie de Carl Gustav Jung n'est pas parfaitement connue. Carl Gustav Jung a toujours refusé de rédiger lui-même l'intégralité de ses mémoires. Sa biographie dite « officielle » a été écrite en grande partie par Aniéla Jaffé, qui a obtenu de Jung qu'il lui confie des éléments de sa vie à partir de 1957, alors qu'il était âgé de 83 ans. Il en a résulté l'ouvrage Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées (sous titré « recueillis par Aniéla Jaffé » et publié en allemand en 1961 sous le titre « Erinnerungen, Träume, Gedanken »D 1), et dans lequel au moins quatre chapitres sont de la plume de Jung lui-même. Cette œuvre profondément personnelle a été dès lors acceptée comme son autobiographie officielle par ses proches collaborateurs. Elle est célèbre par les premiers mots avec lesquels Jung l'ouvre : « Ma vie est l’histoire d'un inconscient qui a accompli sa réalisation »D 2. C'est aussi précisément en raison de son caractère personnel que Jung n'a pas voulu la faire figurer dans la liste de ses œuvres complètesD 3.

Tous les biographes de Jung insistent sur la difficulté à relier entre eux les événements de sa vie, d'autant que nombre de ses écrits, notamment sa volumineuse correspondance, sont encore inexploitésF 1. De plus, les informations fournies sont souvent contradictoires, selon les sources, notamment en ce qui concerne les relations de Jung avec le régime nazi. Plusieurs de ses collaboratrices ont publié des biographies, comme Marie-Louise von Franz (C. G. Jung son mythe en notre temps, 1972) et Barbara Hannah (Jung, sa vie et son œuvre, publié en français en 2005). D'autres auteurs, comme Charles Baudouin, dans L'Œuvre de Jung et Henri F. Ellenberger dans le chapitre consacré à Jung de son Histoire de la découverte de l'inconscientF 2, ont commenté son œuvre tout en faisant le parallèle avec les événements de sa vie. Leurs ouvrages contiennent des détails qui complètent les propos recueillis dans Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées. Ils mettent en perspective certains passages en les clarifiant et en les contextualisant.

Le travail de Deirdre Bair, traduit en français en 2007 sous le titre Jung. Une biographie, donne de nombreux détails et précisions ne figurant pas dans les ouvrages précédents. Deirdre Bair, qui n'appartient pas à une société jungienne, a en effet obtenu un accès quasi total aux archives familiales et a bénéficié de nombreux entretiens avec des personnes ayant rencontré Jung1.
Premières années

Carl (ou Karl) Gustav Jung naît en 1875, à Kesswil, en Suisse alémaniqueF 3, au sein d'une famille d'ascendance allemande et de tradition cléricale du côté paternel (son père est en effet pasteur luthérien). De son côté maternel, Jung compte parmi ses ascendants des médecins éminents. Jung explique dans Ma Vie que cette double filiation prestigieuse éclaire son attrait à la fois pour la théologie et pour la médecine, et qu'elle a modelé sa pensée. Il y voit la raison de sa passion pour l'introspection et de l'existence de ses deux personnalités. Très tôt en effet, Jung sent en lui deux attitudes qui cohabitent, qu'il nomme « personnalité no 1 » et « personnalité no 2 ». Sa mère, férue de spiritisme, est la première à parler de cet état dissocié de conscience. Plus tard, C. G. Jung, dans son autobiographie, décrit la personnalité no 1 comme « consciente et conventionnelle », « inoffensive et humaine », identifiée à son père, et la no 2 comme inconsciente, « redoutable (...) ne se manifestant que par moments mais toujours à l'improviste et faisant peur. » Cette dualité entraîne des répercussions sur de nombreux aspects de la vie de Jung, expliquant son comportement dans ses relations avec les femmes ou avec ses collègues masculins par la suiteI 1 ainsi que son intérêt pour le paranormal.

Dans Ma Vie, Jung parle de son « mythe personnel ». Il se plaît à rappeler qu'il remonte par parenté à Goethe ; son grand-père paternel et homonyme, Karl Gustav Jung, affirme en effet être le fils illégitime du poète allemand. Chirurgien d'avant-garde, franc-maçon, ce grand-père a été recteur de l'université de Bâle et titulaire d'une chaire d'anatomie. Il a aussi été le fondateur d'un établissement pour les enfants handicapés mentaux : la « Fondation de l'espérance » (Zur Hoffnung), en 1857. Très moderne, il a écrit un article préfigurant la psychothérapie, en y parlant de la « dimension psychologique de la médecine »I 2. Le père de Carl Gustav, Paul Jung, se consacre lui au sacerdoce et devient pasteur de campagne et aumônier de l'hôpital psychiatrique de Friedmatt, à Bâle.

Sa mère Émilie, née Preiswerk, est originaire de Nürtingen et appartient à une fratrie de douze enfants. Elle descend de protestants français établis en Allemagne après la révocation de l'édit de Nantes. C'est une femme passionnée d'occultisme, ce qui explique l'intérêt de Carl Gustav pour ces phénomènes au cours de sa carrière. Deirdre Bair rapporte plusieurs épisodes étranges vécus par Jung auprès de sa mère, qui se passionne pour les tables tournantes et pour le dialogue avec l'au-delà. Jeune homme, Carl Gustav participe lui-même à des séances de spiritisme. Il fera du spiritisme le sujet de sa thèse de médecine et, devenu psychiatre, sera même l'initiateur de plusieurs séancesI 3.
Enfance et adolescence
Portrait de Goethe, dont Jung est un grand lecteur et dont une légende familiale dit qu'il serait l'arrière-petit-fils du côté paternel.

Enfant introverti et solitaire, Jung est très tôt témoin de scènes violentes ou macabres, en rapport avec le métier de pasteur exercé par son père. Il raconte par exemple avoir été fasciné par le sang s'écoulant de cadavres de noyés. Sa mère dépressive fait des séjours fréquents et prolongés en maison de repos, ce qui nourrit la culpabilité de l'enfant et ébranle sa confiance envers le sexe féminin. Souvent livré à lui-même, Carl Gustav est de fait éduqué par ses servantes. Il « ne pouvait compter que sur son imagination pour se distraire et il avait fréquemment recours aux rêves et aux songes pour inventer des jeux et des rituels secrets auxquels lui seul pouvait participer » explique Deirdre BairI 4. Le jeune Jung se passionne pour les romans de chevalerie, les traités de théologie et surtout les textes fondateurs de la religion catholique et de la littérature que contient la bibliothèque paternelle. À l'âge de quatre ans, il apprend le latin, dont il se plaît par la suite, durant sa scolarité, à parsemer ses devoirs.

Son attitude renfermée lui vaut d'être stigmatisé comme un « monstre asocial » (selon le mot de son ami d'enfance Albert Oeri), mais elle lui permet de se concentrer sur sa vie intérieure. Ses rêves à cette époque ont souvent des contenus macabres ou sexuels. Le rêve dit du « phallus » notamment, première confrontation pour lui avec le complexe du Soi, est pour Jung « un message destiné au monde (…) parvenu avec une force écrasante... Et de là émergea [s]on œuvre scientifiqueD 4. »

Son enfance est marquée par une peur des églises et des curés en soutane, consécutive à une chute dans une église au cours de laquelle il s'était blessé au menton. Assimilant sa blessure à une punition pour sa curiosité, il amalgame ce souvenir négatif à « une peur secrète du sang, des chutes et des Jésuites » dit-il dans Ma vie. Souvenirs, rêves et penséesD 5. Bagarreur et agressif, il est constamment puni par ses professeurs, parfois injustement : il garde le souvenir traumatisant d'avoir été accusé à tort d'avoir copié une composition d'allemand. Ses camarades de classe le surnomment, en raison de sa vaste culture personnelle, le « patriarche Abraham ».

Son père est ensuite affecté comme aumônier à la clinique psychiatrique universitaire de Bâle, car à cette époque, en Suisse, les pasteurs sont tenus d'avoir une activité complémentaire. Carl Gustav découvre alors secrètement les lectures de son père sur les maladies mentales. Il est sujet, à cette époque, à de nombreuses syncopes inexpliquées qui perturbent sa vie quotidienne, au point que son père l'envoie chez son frère, Ernst Jung. Carl Gustav Jung raconte que, ayant entendu ses parents parler de son cas et de son incurabilité, le jeune homme réussit, par la seule force de sa volonté, à surmonter une autre crise. Cet épisode l'initie à la notion de névroseD 6. Dès lors, il intensifie ses lectures, et montre un profond intérêt pour les essais de philosophes comme Hartmann, Nietzsche (notamment Ainsi parlait Zarathoustra), mais aussi pour le sociologue Bachofen, ainsi que pour Goethe qu'il admire. Il lit également Schopenhauer et Kant, Hölderlin et les légendes du Graal qu'il connaît par cœur. « Tous les mythes – de tous les pays et de toutes les cultures – devinrent ses thèmes de prédilection » explique Deirdre BairI 5.

De cette époque, il garde une certaine déception concernant la manière avec laquelle son père aborde le sujet de la foi. Un rêve déterminant témoigne alors de sa relation au religieux : il voit Dieu déféquer sur une église. Cette image le marque à vie et explique, selon lui, sa recherche d'une spiritualité fondée avant tout sur l'homme dans son entier. Pourtant, pour son entourage, il va de soi que Carl Gustav Jung serait un jour ministre du culte. Mais, en raison des problèmes financiers de ses parents, il décide, « par opportunisme » dit-il, de s'orienter vers la médecine, décision renforcée par la mort de son père, décédé brutalement d'un cancer le 28 janvier 1896 et qui l'intronise de fait responsable de la familleI 6.
Études et rencontres formatrices

Jung s'inscrit en 1895 à la faculté de médecine de l'université de Bâle où il étudie durant les deux premières années l'anatomie et la physiologie, deux matières qui ont pour lui un attrait particulier. Mais l'anthropologie et surtout l'archéologie l'intéressent encore davantageG 1. Stimulé par le milieu universitaire, l'étudiant introverti s'épanouit progressivement. Mais sa famille, faute de moyens, le presse d'abandonner la médecine et de se tourner vers un métier plus rapidement rémunérateur. Jung, pour ne pas renoncer à son ambition, contracte alors un accord avec son oncle Ernst Jung, par lequel celui-ci lui prête de l'argent à intervalles réguliers jusqu'à l'obtention du titre universitaire de privat-DozentF 4.

Durant ses années d'études, Jung donne cinq conférences auprès de la « Zofingiaverein »2, une fraternité d'étudiants fondée en 1820. Jung en est membre et secrétaire à la section de Bâle. Ses conférences dévoilent sa parfaite assimilation de la pensée kantienne et particulièrement des textes Les rêves d'un visionnaire (qui propose une critique des thèses de Emmanuel Swedenborg), Critique de la raison pure et Critique de la raison pratique, lesquels ont profondément influencé son système de pensée, selon Luigi AurigemmaL 1. Jung suit les cours de Ludwig Wille (1834–1912) puis il obtient son diplôme le 28 septembre 1900.

Vers la fin de ses études, devant choisir une spécialité, ses lectures de Krafft-Ebing et de son livre fondateur de la sexologie, Psychopathia Sexualis (1886), le convainquent d'opter pour la médecine psychiatrique. Néanmoins ce sont peut-être deux phénomènes occultes d'alors qui orientent son choix, la psychiatrie ne s'intéressant alors pas du tout aux « phénomènes dits occultes ». La thèse de doctorat choisie par Jung porte en effet sur le cas d'une jeune médium, Hélène Preiswerk (1880–1911)E 1,3. Cet intérêt pour ce domaine méprisé est conforté par des lectures d'ouvrages spirites tels que ceux de Johann Zöllner, de Crookes ou de Swedenborg.

Jung exerce parallèlement comme généraliste un temps dans le village de Männedorf, près du lac de Zurich, ne pouvant être psychiatre qu'une fois sa thèse validée. Il fait ainsi sa première conférence, en novembre 1896, à la société de Zofingue sur « Les frontières des sciences exactes ». Cependant, son attrait pour la théologie est toujours vivace ; il donne une autre conférence sur le théologien Albrecht Ritschl qui dénie la dimension mystique dans la religion. La lecture de la Vie de Jésus de Renan amorce son intérêt pour le personnage historique de Jésus. À côté de ses activités scientifiques, il participe toujours à des séances de spiritisme organisées par la société de Zofingue et qui constituent la matière première pour sa thèse, consacrée aux « phénomènes dits occultes ». En juin 1895, il étudie le phénomène des tables tournantes au sein même de sa famille, observant le cas de sa cousine Helly, reconnue comme médium et rassemblant des matériaux qu'il utilisera durant toute sa carrière4.
Le Burghölzli
Débuts
La clinique psychiatrique universitaire de Zurich, dit « le Burghölzli », vers 1890.

Désireux de continuer sa thèse tout en pratiquant la psychiatrie, Jung s'inscrit à l'université de Zurich en 1900. Il est engagé par Eugen Bleuler comme second assistant psychiatre à la clinique psychiatrique universitaire (surnommée le « Burghölzli »), considérée à l'époque comme un établissement d'avant-garde. Des difficultés financières l'incitent à s'absorber dans son travail, à tel point qu'il ne quitte pas l'institut pendant les six premiers mois. Devenant rapidement un objet de méfiance de la part de ses collèguesI 7, Jung se retranche dans les lectures : il entreprend de lire la totalité des cinquante volumes de la prestigieuse revue Allgemeine Zeitschrift für Psychiatrie, fondée en 1836, afin de parfaire ses connaissances. Eugen Bleuler se montre intéressé par les recherches de Jung sur le cas de sa cousine Helly mais ne donne à son élève aucune orientation dans son travail. Jung accorde dans sa thèse une large part aux étrangetés psychiatriques observées chez les médiums et à l'étude des phénomènes de conscience modifiée comme la cryptomnésie dont Nietzsche a fait l'expérience. Pour le besoin de ses recherches, il entretient des liens épistolaires avec la sœur du philosophe, Elisabeth Förster-Nietzsche. Parallèlement, il effectue son service militaire et en sort en 1901 avec le grade de lieutenant de l'armée suisse.
Eugen Bleuler (1857–1939), directeur du Burghölzli de 1898 à 1927.

Sa thèse achevée, Jung collabore, de 1901 à 1904, avec son cousin Franz Riklin, à la mise au point de la méthode dite des « associations de mots » (ou « associations verbales »)note 1. L'adaptation clinique et la traduction française du test des associations a été réalisée en 2016 par le Dr. Émile Guibert à partir des travaux et statistiques de l'école de Zurich. On lui doit l'établissement du manuel du test, de la feuille de passation, d'une grille d'analyse ainsi que des feuilles graphiques pour les temps de réaction, rendant désormais possible un usage clinique du test. Avec Franz Riklin, Jung observe que les patients confrontés à des mots liés à un vécu personnel douloureux ont des temps de réaction variables5. Les deux chercheurs proposent le terme de « complexe (gefühlsbetonte Komplexe)N 1 » pour désigner ces fragments psychiques à forte charge affective, séparés du conscient et constitués « d'un élément central et d'un grand nombre d'associations secondaires constellées »D 7. Pour améliorer les résultats de la méthode des associations verbales, Jung met au point un modèle de galvanomètre6 (nommé plus tard le « psycho-galvanomètre ») permettant l'enregistrement de la réponse électrodermique du sujet aux mots inducteurs selon les « effets galvaniques », en même temps que d'autres phénomènes végétatifs comme le rythme respiratoire, le pouls et la transpiration. Leurs travaux sont publiés sous le titre de Diagnostische AssoziationsstudienG 2, préfacé par Eugen Bleuler.

Le 14 février 1903F 5, il épouse Emma Rauschenbach, avec qui il aura cinq enfants. Emma est issue d'une famille aisée de fabricants de montres du canton de Schaffhouse, ce qui met dès lors Jung à l'abri des soucis financiersF 6. Leur relation conjugale est cependant troublée par les infidélités de Jung dont la plus connue est sa liaison avec une de ses anciennes patientes, elle-même devenue analyste par la suite, Toni Wolff, et avec laquelle il entretient durant des années une relation intellectuelle fertile.

À la même époque, Jung se penche sur le phénomène du somnambulisme médiumnique, après avoir lu l'ouvrage du Genevois Théodore Flournoy consacré à ce sujet, Des Indes à la planète Mars. En 1902, le jeune psychiatre prend un congé sabbatique pour approfondir ses connaissances dans ce domaine. Il passe l'hiver 1902–1903, d'abord à Paris (où il assiste aux cours de Pierre Janet au Collège de France, participe aux activités de son laboratoire à la Salpêtrière, et prend part aux travaux du laboratoire d'Alfred Binet à la SorbonneG 3) puis à Londres. À son retour en 1904, Jung est nommé professeur adjoint à l'université de Zurich et le jeune couple emménage non loin du Burghölzli. Carl Gustav travaillant toujours davantage, les Jung n'ont pas de vie sociale. La même année naît leur première fille, Agathe Regina. À partir de ce moment, Emma Jung se consacre au foyer, délaissant ses propres travaux de recherche sur la symbolique de la légende du Graal.
Confirmation

Au Bürghölzi, Jung continue ses recherches sur les complexes, « s'efforçant de trouver dans l'esprit de chacun l'intrus responsable du blocage de la libido », une problématique souvent attribuée à Freud seul, et dont l'influence devient dès lors déterminante. Jung a en effet lu L'Interprétation des rêves paru en 1900 et sa thèse recèle des références au fondateur de la psychanalyseN 2 qui, à son tour, considère les recherches de Jung et de Riklin comme étant des constatations a posteriori des siennes. La théorie de la névrose et du refoulement lui fournit les outils conceptuels pour continuer ses recherches, même s'il ne partage pas l'opinion de Freud sur l'origine traumatique des refoulements névrotiques. La psychanalyse l'attire toujours davantage, et peu à peu, les deux hommes s'écrivent. Jung se confie à Freud dès le début. Dans une lettre du 23 octobre 1906, la deuxième de leur correspondance, Jung expose le cas d'une de ses patientes en analyse, Sabina Spielrein, hospitalisée pour des crises d'hystérie, sans toutefois mentionner son nom, ni, surtout, lui révéler qu'elle est devenue sa maîtresse. Alors que leur liaison est à son apogée, vers 1908–1909[réf. nécessaire], une lettre anonyme informe les parents de Sabina de la situation : ils exigent dès lors que Jung y mette fin. Le 7 mars 1909, pris de panique, il avoue à Freud avoir une liaison avec « une patiente » qu'il a autrefois sauvée d'une « très difficile névrose » et qui maintenant menace de déclencher un scandale. Freud minimise la gravité de l'affaire. Jung ayant compris que c'est sa femme et non Sabina Spielrein qui a ébruité le secret, il écrit le 21 juin à son mentor Freud : « Ma façon d'agir était une muflerie dictée par la peur, et je ne vous l'avoue guère volontiers, à vous que je considère comme mon père »7.

Lorsqu'en 1905, Jung accède à la Chaire de psychiatrie de l'université de Zurich, il a déjà avec Franz Riklin publié deux volumes sur les associations verbalesE 2. Mais la même année Franz Riklin quitte Zurich et Jung fait alors appel à d'autres médecins pour continuer ses recherches : Karl Abraham, Alphonse Maeder, Hans Maier et Emma Fürst. Ses premiers cours portent sur la « signification psychopathologique des expériences d'associations ». Dès lors, Jung commence à acquérir une solide réputation, recevant la visite de plusieurs collègues étrangers. Le succès de son psycho-galvanomètre le conduit à accepter également le poste d'expert-psychiatre auprès des tribunaux du canton de Zurich : l'examen des témoignages en justice selon ses méthodes permet en effet la résolution d'affaires difficiles, notamment pour détecter une voleuse parmi trois infirmières. Hugo Münsterberg, professeur de psychologie à Harvard utilise lui aussi ses expériences d'associations de mots en milieu judiciaire en s'en attribuant la primautéI 8. Lorsque Jung apprend ce détournement, il exige et obtient de Munsterberg des excuses publiques.
Le galvanomètre mis au point et utilisé par Jung au Burghölzli pour enregistrer la réponse électrodermale aux mots de l'inducteur. Les plans sont de la main de Jung.

Dans les années 1900, l'enseignement universitaire de Jung devient très populaire en raison de sa diversité et de ses qualités didactiques. Jung aborde en effet des thèmes aussi divers que l'hypnose ou le processus de création chez les écrivains (tels Conrad Ferdinand Meyer, autre personnalité de Zurichnote 2) ou chez les musiciens (avec Robert Schumann). Ses cours sont fréquentés par des femmes de la bourgeoisie surtout zurichoise, que ses détracteurs surnomment les « Zürichberg Pelzmäntel » (« les manteaux de fourrure des beaux quartiers de Zurich »), qui lui font une « renommée locale de magicien »I 9 en même temps que Sabina Spielrein rend publique leur liaison adultérine.

En 1906, malgré la réticence de Bleuler, Jung est nommé « Oberarzt » (« médecin adjoint »), et doit alors assumer des tâches administratives. Ses détracteurs fustigent son manque de considération pour ses patients qui ne sont pour lui que des matériaux de travail. La brouille avec Bleuler s'exacerbe en 1906, lorsque Jung décide d'entrer en contact avec FreudI 10, alors persona non grata dans le monde universitaire et clinique, même si les deux hommes ne se rencontrent qu'en 1907. Son implication active dans la psychanalyse naissante débute alors. Lucide, Jung est conscient des risques qu'il prend : « Quand j'ai commencé avec Freud, je savais que je risquais ma carrière »D 8 explique-t-il. En 1906, il publie, en se référant abondamment à Freud, ses Études diagnostiques sur les associations, qui font la synthèse de ses recherches depuis son entrée au Burghölzli. Il donne en même temps des cours sur l'hystérie, l'hypnose et la démence précoceF 7. Concernant l'hypnose, à l'instar de Freud, et bien que Jung lui doive ses premiers succès (avec le cas d'une femme venue le consulter et présentant une paralysie hystérique d'une jambe) il considère qu'elle appartient au phénomène du transfert et en abandonne donc la pratique8.

La correspondance entre Freud et Jung est alors intense et dure jusqu'en 1914, date de leur rupture officielle. Jung a toujours manifesté une grande émotion en évoquant Freud, en dépit de leurs différences d'âge (Freud a alors cinquante ans, Jung trente-et-un an)note 3. Peu après, Bleuler rejoint le mouvement psychanalytique, faisant de Zurich, après Vienne, le second pôle acquis aux théories de Freud. Pourtant, dès ses débuts, la divergence qui conduit les deux hommes à la rupture existe déjà de manière latente. Dans un article défendant Freud contre son détracteur Gustav Aschaffenburg, Jung se montre en effet peu enclin à admettre le « fondement sexuel » de l'hystérie et il écrit plus tard à Freud qu'« un grand nombre de cas ont une origine sexuelle, mais pas la totalité »9. Le rythme de la correspondance entre les deux hommes témoigne également de leur différence : Freud répond le jour même aux questions de Jung alors que celui-ci attend plusieurs jours voire des semaines avant d'envoyer sa réponse, étant toujours accaparé par des tâches administratives ou des travaux de recherche10.
Relation avec Sigmund Freud
Rencontre et amitié
En septembre 1909, lors de la série de conférence faite à la Clark University, à Worcester, Massachusetts. De gauche à droite en bas Sigmund Freud, G. Stanley Hall, C. G. Jung ; derrière : Abraham A. Brill, Ernest Jones, Sandor Ferenczi11.

En 1906, Jung publie sa Psychologie de la démence précocenote 4 un ouvrage dans lequel il soutient, à l'encontre de l'opinion de Bleuler, l'hypothèse de l'origine neurotoxique de la démence précoceF 8. Il fait parvenir un exemplaire de son livre à Freud qui l'accueille favorablementnote 5. Les propos de Jung en faveur de la psychanalyse provoquent l'enthousiasme de Freud qui cherche alors à établir une relation plus soutenue. Il s'ensuit une amitié intense mais « conflictuelle », selon le mot de Freud, car ce dernier remarque vite chez son correspondant des « propos équivoques » et une absence d'adhésion totale à ses vues. Freud néanmoins évite de relever les points de désaccord, conscient de l'intérêt stratégique de l'« école de Zurich » pour le développement de la psychanalyse naissante en EuropeN 3. Dans une lettre datée du 29 décembre 1906, Jung analyse la nature de leurs divergences, énumérant cinq points polémiques. Linda Donn, dans Freud et Jung. De l'amitié à la rupture, voit dans cette lettre le point de départ de la querelle entre les deux hommes.

C'est également à cette époque que les relations entre Jung et Eugène Bleuler se détériorent définitivementG 4. Emma Jung suggère alors à son mari de quitter le Burghölzli pour ouvrir un cabinet et acquérir sa propre clientèle. Pour éviter de rendre publics leurs différends, Jung et Bleuler se mettent d'accord pour ne pas précipiter le départ du jeune psychiatre. Cette ambiance conflictuelle ne l'empêche pas de continuer ses recherches sur les associations, qu'il expérimente aussi sur lui-même, avec l'assistance du médecin Ludwig Binswanger. En 1907, Jung décide de s'éloigner de Bleuler, en allant rendre visite à Freud à Vienne. Il réalise alors son intronisation à la psychanalyse ; ce faisant, il est « comme le trait d'union entre ses deux maîtres »G 5, Bleuler et Freud. Les deux hommes se rencontrent le dimanche 3 mars 1907, chez Freud, en familleI 11. La relation avec l'homme de Vienne se consolide durant l'année 1907 et cette rencontre avec le père de la psychanalyse (de 19 ans son aîné) est pour Jung déterminante. Les deux hommes échangent près de 360 lettres en l'espace de huit ans. Intégrant les postulats de la psychanalyse, Jung n'en demeure pas moins sceptique sur divers points. Il écrit par exemple : « Un coup d'œil superficiel sur mon travail suffit pour voir ce que je dois aux géniales conceptions de Freud. Je puis assurer qu'au départ, j'ai passé en revue toutes les objections qui ont été lancées par les spécialistes contre Freud. Mais je me suis dit qu'on ne pouvait réfuter Freud qu'à condition d'avoir soi-même utilisé souvent la méthode psychanalytique et d'avoir vraiment fait des recherches de la même manière que Freud, c'est-à-dire en considérant la vie quotidienne, l'hystérie et le rêve de son point de vue, sur une longue période et avec patience. Si on ne peut pas le faire, on n'a pas le droit de porter un jugement sur Freud à moins de vouloir agir comme ces fameux hommes de science qui refusaient de regarder à travers la lunette de GaliléeD 9. » D'emblée, Freud le désigne comme son « fils et héritier scientifique », comme son « dauphin » selon l'expression d'un de ses biographes, Ernest Jones, qui a suivi la relation des deux hommesG 6. En 1910, Freud écrit en parlant de Jung : « Je suis plus que jamais convaincu qu'il est l'homme de demain » alors qu'Ernest Jones dit de lui qu'il « avait cru trouver en Jung son successeur direct »12, le seul apte à soustraire « la psychanalyse au danger de devenir une affaire nationale juive »I 12 (en effet la quasi-totalité des membres de l'entourage de Freud étaient juifs comme lui13). S'ensuivent treize heures de discussions intenses qui se terminent sur une polémique. Jung veut en effet connaître l'opinion de Freud sur les phénomènes parapsychologiques. Freud dénigre cet intérêt pour un sujet qu'il considère comme appartenant au folklore. Cependant, alors qu'ils argumentent, un bruit de craquement se fait entendre à deux reprises dans la bibliothèque. Jung y voit une manifestation parapsychologique, ce qui terrifie Freud et lui inspire dès lors une certaine méfiance envers JungM 1. Plus tard, celui-ci y voit une manifestation de la synchronicitéD 10. Jung a l'intuition dès ce moment qu'il doit exister un « complexe tout à fait particulier, universel et en rapport avec les tendances prospectives des hommes ». Selon Linda Donn « Jung avait franchi un pas hors de l'orbite de Freud et avait perçu quelque chose de ses propres possibilités créatrices »M 2. L'entrevue se termine sur une supplique solennelle de l'« homme de Vienne », racontée par Jung lui-même : « J'ai encore un vif souvenir de Freud me disant : 'Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C'est le plus essentiel ! Voyez-vous, nous devons en faire un dogme, un bastion inébranlable.' Il me disait cela plein de passion et sur le ton d'un père disant : 'Promets-moi une chose, mon fils : va tous les dimanches à l'église !' Quelque peu étonné, je lui demandai : 'Un bastion - contre quoi ?' Il me répondit : 'Contre le flot de vase noir de ...' Ici il hésita un moment pour ajouter : '... de l'occultisme !' Ce qui m'alarma d'abord, c'était le 'bastion' et le 'dogme' ; un dogme c'est-à-dire une profession de foi indiscutable, on ne l'impose que là où l'on veut une fois pour toutes écraser un doute. Cela n'a plus rien d'un jugement scientifique, mais relève uniquement d'une volonté personnelle de puissance. Ce choc frappa au cœur notre amitié ». Pour Jung, ce comportement démontre la névrose de Freud, son ambition de se comporter en patriarche de la psychanalyse, et prouve son « matérialisme scientifique »D 11 qui est à la source de leur rupture à venir, en 1914M 3. Cependant, en dehors de ces divergences, la communion est totale à l'issue de cette première rencontre et il s'établit dès ce moment un pacte d'amitié entre les deux hommes. Selon Linda Donn, « Freud et Jung essaieraient ensemble de dévoiler les mystères de la psyché et défieraient l'ordre psychiatrique établi »M 4.
Psychanalyse et reconnaissance
Sigmund Freud en 1922.

Peu après cette visite, Jung devient membre de la Société psychanalytique de Vienne qui vient d'être fondée (en 1908) et qui réunit tous les partisans de Freud. Il révèle également un de ses rêves à Freud que ce dernier interprète comme antisémite et qui constitue pour nombre de ses détracteurs un des premiers éléments à l'origine de sa dissidence d'avec Freud. La même année, Jung décide de créer son propre cabinet d'analyse. Il fait construire à cet effet une solide bâtisse, à Küsnacht, en bordure du lac. Il en dessine lui-même les plans et confie la réalisation à son cousin architecte, Ernst Fiecher. Il souhaite avant tout une maison inspirant la sécurité pour favoriser le développement de sa vie intérieure et fait graver au-dessus de l'entrée un adage d'Érasme symbolisant sa pensée : « Vocatus atque non vocatus, Deus aderit », qui signifie : « Qu'on l'invoque ou non, Dieu sera présent ».

Au printemps 1908, Jung organise à Salzbourg le premier congrès international de psychanalyse. C'est au cours de ce congrès qu'est créée une revue spécialisée, destinée à faire le lien entre Vienne et ZurichN 4, la Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen (Annales de recherches psychanalytiques et psychopathologiques, abrégée en Jahrbuch, éditée chez Deuticke, à Vienne et à Leipzig). Bleuler, Freud et Jung en sont les directeurs. Jung participe ensuite à la création d'une société suisse de recherches freudiennes, réunissant psychiatres et médecins. Sa proximité avec Freud s'accroît encore lorsqu'il donne une conférence au vif succès intitulée « L'importance de la théorie de Freud en neurologie et en psychiatrie »14. En 1909, le premier numéro de la revue est édité ; Jung en est alors le rédacteur en chef. Sa notoriété internationale permet à cette revue naissante de toucher rapidement nombre de scientifiques, en particulier aux États-Unis, grâce à ses recherches sur les associations surtoutG 7. Alors que Freud souhaite que Jung mette toute son énergie et son temps dans la promotion de la psychanalyse, le psychiatre suisse nourrit d'autres préoccupations, notamment pour les phénomènes occultes. Il est ainsi élu membre honoraire de la Société américaine de recherches psychiques pour ses « mérites comme occultiste ».

Jung travaille alors au cas d'Emil Schwyzer, dit l'« homme au soleil phallique », interné au Burghölzli, où Jung continue ses travaux de recherche. Il souhaite faire de Schwyzer le cas exemplaire d'une nouvelle théorie de la démence précoce. Un autre cas pathologique, celui d'Otto Gross15,16 (fils d'Hans Gross, un célèbre magistrat autrichien) lui permet d'appliquer sa théorie des types psychologiques qu'il présente la première fois dans un article de la Jahrbuch intitulé « De l'influence du père sur la destinée de ses enfants ». Cet article mentionne aussi la possibilité d'un « inconscient collectif », une théorie en germe dès 1908 et s'appuyant sur le cas Schwyzer (voir infra). Jung a psychanalysé Otto Gross en deux semaines ce qui fait dire à Freud qu'il est étonné du « rythme juvénile » de son collègue zurichois et d'ajouter qu'avec lui, à Vienne, le traitement aurait été plus long. Gross s'est ensuite enfui du Burghölzli, ce qui fait de ce traitement un échec dont Jung s'explique longuement dans une lettre à Freud datée du 26 juin 190817.

Parallèlement, sa relation avec Sabina Spielrein tourne en un cercle vicieux dont Jung peine à sortir. Spielrein correspond également avec Freud, lui donnant sa version de sa relation. Jung se défend alors en disant que Spielrein a transféré sur lui la figure du sauveur et de l'amant. Néanmoins il n'accepte pas de parler de relation adultérine lorsque Freud lui demande de s'expliquernote 6. Voici ce qu'il écrit à Freud en guise de justification : « S. Spielrein est précisément la personne dont je vous ai parlé (…) Elle a été pour moi mon cas psychanalytique d'apprentissage, et c'est pourquoi je lui ai gardé une reconnaissance et une affection particulières »16.

À son cabinet privé, Jung se fait connaître en soignant l'Américain fortuné Joseph Medill McCormick, fils du magnat de la presse de Chicago. Dès lors, son cabinet ne cesse d'accueillir des Américains impressionnés par ses théories et sa cure. Il se rend donc aux États-Unis, accompagnant Freud, Sándor Ferenczi (présenté à Freud par Jung) et Ernest Jones, pour une série de conférences à l'université Clark à Worcester, Massachusetts, invité par son président G. Stanley Hall18. Les deux hommes se voient honorés du titre de LL. D. (docteur des deux droits)N 5. C'est durant cette période que Freud désigne explicitement Jung comme son « successeur et prince héritier »19. Freud se méfie des États-Unis, incapables pour lui d'accueillir la psychanalyse. La notoriété de Jung dans ce pays accroît encore sa méfiance. Pour Jung, la méfiance de Freud s'explique par des motifs personnels : « Au cours de toutes ces années où nous fûmes si proches, il n'y eut que des projections » explique-t-il dans Ma Vie. Réfractaire donc, Freud ne se sent pas à l'aise et, lors de leur retour, sur le port, le médecin viennois défèque dans son pantalon [réf. souhaitée]. Secouru par Jung, celui-ci lui dit vouloir l'analyser. Freud refuse, arguant ne pas vouloir risquer son autorité. Cet épisode accroît davantage la mésentente entre les deux hommes. Reclus dans sa chambre d'hôtel, Freud ne voit rien des États-Unis alors que Jung, enjoué, rencontre Stanley Hall, William Stern, Albert Michelson, Franz Boas l'anthropologue, Adolf Meyer, Ernst Neumann, John Dewey et Wilhelm Wundt ; il développe donc ses relations outre-Atlantique. Avec William James, qu'il rencontre lors d'une conférence à l'université Clark, Jung s'entretient à propos des phénomènes parapsychologiques et de leur volonté commune d'œuvrer dans leur étude, en vain puisque James meurt en 1910.
L'inconscient collectif et la contribution de Honneger
Articles détaillés : Inconscient collectif et Joahann Jakob Honneger.

Sous l'autorité de Jung depuis son entrée au Burghölzli en 1909, un jeune psychiatre en formation, Johann Jakob Honneger (1885–1911), se passionne pour la psychanalyse. Jung lui donne alors à étudier le cas d'Emil Schwyzer, pensionnaire de la clinique zurichoise depuis 1901. Un délire de ce patient intéresse particulièrement Jung : Schwyzer y voit le soleil comme un astre sexué, possédant un phallus dont le mouvement érotique produit le vent. Très vite, Honneger et Jung y reconnaissent l'expression de mythes inconnus du patient, comme celui lié à la liturgie de MithraF 9.

Un rêve de Jung l'oriente alors vers le concept d'archétype, qu'il développe formellement à partir de 1911, dans l'ouvrage fondateur de la psychologie analytique, Métamorphoses et symboles de la libido qui traite des images mythologiques dans les rêves et les hallucinations. Jung demande à Honneger de recueillir le maximum de renseignements cliniques de ce patient, dont l'observation est ensuite utilisée par le jeune assistant pour rédiger sa thèse de psychiatrie. Entrevoyant l'importance de ses découvertes, Jung impose à Honneger un rythme de travail extrême, à tel point que l'étudiant sera plus tard considéré par certains critiques de Jung comme le véritable découvreur du concept d'inconscient collectif : l'appropriation des travaux d'Honneger par Jung est par exemple un thème central dans la rhétorique de Richard Noll, son principal détracteur20. Cependant, la théorie culturelle de Jung a précédé les conclusions d'Honneger puisqu'elle est déjà formulée dans une lettre adressée à Freud, dans laquelle Jung résume sa position en ces termes : « Nous ne résoudrons pas le fond de la névrose et de la psychose sans la mythologie et l'histoire des civilisations »21

En 1910, dans une conférence intitulée « La formation du délire paranoïaque » donnée à Nuremberg, Honneger expose ses propres conclusions relatives au cas de Schwyzer. Mais souffrant de dépression, il se suicide l'année suivante, en mars 1911 et Jung récupère les notes de son élève pour terminer son travail. Ces documents ayant par la suite disparu, Jung a été accusé d'avoir repris à son propre compte le travail de Honneger. C'est cependant lui qui avait orienté son jeune assistant vers des ouvrages lui permettant de comprendre le « cas Schwyzer ». Pour Deirdre Bair, « il n'existe aucun document permettant d'élucider cette question, et l'on en est réduit aux conjectures »I 13. Il reste certain que Jung s'est penché sur le cas d'Emil Schwyzer dès 1901.
Rupture avec Freud
Mésententes et divergences

En 1911, Jung commence sa relation adultérine avec Toni Wolff, qui le fascine notamment parce qu'elle est férue de mythologie. Jung entretient alors une relation triangulaire avec elle et sa femme. Pour Deirdre Bair, « Toni Wolff devint la première d'une longue série de femmes qui gravitèrent autour de Jung parce qu'il leur permettait de mettre leurs intérêts et leurs capacités intellectuelles au service de la psychologie analytique »I 14. Cette année-là, la psychanalyse a acquis une renommée mondiale, grâce notamment au Congrès de Weimar22. Parallèlement Jung consacre de moins en moins de temps à éditer les Jahrbuch ; selon le biographe de Freud, Ernest Jones, la dégradation de leur relation commence réellement en 1911, au congrès de Weimar et à la fondation de la Société Internationale de Psychanalyse, mais elle ne porte pas sur le concept de libido ou sur l'utilisation des mythes comme souvent on a pu le penser. Selon Jones, le problème vient plutôt de ce que « Jung était si absorbé dans ses recherches, que celles-ci nuisaient gravement à ses obligations de président » de l'Association psychanalytique internationaleI 15. La critique de Freud porte sur le fait que Jung s'appuie sur trop de sources extérieures, du domaine religieux ou mythologiqueN 6. Jung réplique en expliquant qu'il trouve « trop inquiétant de laisser de côté de larges domaines du savoir humain ». La méthode dite circulaire de Jung, qui revient sans cesse sur ses écrits antérieurs, dérange également Freud. Jung est par ailleurs de plus en plus accaparé par des tâches administratives, trouvant peu de temps pour continuer ses recherches, notamment sur l'origine de la religion. Président de la Société Internationale de Psychanalyse, rédacteur en chef des Jahrbuch, il ne peut assurer une correspondance avec Freud qui le soupçonne de vouloir créer son propre mouvement psychanalytique et d'échapper à son autorité. Le psychanalyste anglais Ernest Jones, fervent défenseur de Freud, est le premier à entrevoir la future rupture entre les deux hommes, dont les causes mêlent mésententes personnelles, divergences théoriques et conflit de caractèresG 5.
Photographie du 21 septembre 1911 lors du 3e congrès de l'API à Weimar. Jung est au centre, à la gauche de Freud.v • d • m

L'étude des « imaginations créatrices subconscientes » de « Miss Miller » (dont le nom exact est Frank Miller) lui procure les matériaux nécessaires pour développer sa théorie de l'inconscient collectif dans Métamorphoses de l'âme et ses symboles23. Freud parle alors d'« hérésie », ce qui précipite leur rupture. Néanmoins celle-ci fut largement consommée par ce qui a été appelé le « geste de Kreuzlingen »M 5 : un malentendu sur l'envoi d'une lettre entre les deux hommes, et qui disparaît, renvoyant chacun sur sa position. Deirdre Bair note que « Dans les courriers échangés entre le 8 juin et la fin du mois de novembre 1912, on ne trouve plus qu'amertume, récriminations et désir de vengeance »I 16. De plus, le débat autour du concept de libido, en 1912, met le feu aux poudres, à propos du cas célèbre de Daniel Paul Schreber, auteur des Mémoires d'un névropathe. Freud y voit l'illustration de son concept exclusivement sexuel de libido, or, pour Jung : « la suppression de la fonction de réalité dans la demencia praecox ne se laisse pas réduire au refoulement de la libido (définie comme faim sexuelle), du moins, moi, je n'y arrive pas » avoue-t-ilE 3. Freud voit donc en Jung un dissident, comme le fut Alfred Adler au début du mouvement psychanalytique ; néanmoins, contrairement à ce dernier, il considère que « c'est le désir d'éliminer ce qu'il y a de choquant dans les complexes familiaux, afin de ne pas retrouver ces éléments choquants dans la religion et la morale, qui a dicté à Jung toutes les modifications qu'il a fait subir à la psychanalyse »N 7.
Vers la rupture officielle

Une série de conférences aux États-Unis, en 1912, à la Fordham University, intitulée « La Théorie psychanalytique », et le livre qu'en tire Jung, Métamorphose et symboles de la libido, envenime sérieusement la situationG 8. Jung profite de l'occasion pour expliquer en quoi ses idées diffèrent de celles de Freud. Il se grandit en prétendant avoir analysé aux États-Unis des patients noirs et même avoir rendu visite au président Theodore Roosevelt. À cela s'ajoute une fausse lettre écrite par Ernest Jones, prétendument envoyée par Jung à son père au Pays de Galles, qui discrédite l'autorité de Freud. Cela motive son bannissement officiel dès le mois d'août 1912. Dès lors, le mouvement psychanalytique se divise en deux obédiences : les partisans de Freud d'un côté, avec Karl Abraham (qui écrit une sévère critique de Jung24) et Ernest Jones en défenseurs de l'orthodoxie freudienne et ceux de Jung de l'autre (dont Leonhard Seif, Franz Riklin, Johan Van Ophuijsen, Alphonse Maeder, entre autres).

En 1913, comme pour officialiser cette rupture, Jung présente succinctement au XVIIe Congrès international de médecine organisé à Londres, en août, sa nouvelle approche qu'il nomme la « psychologie analytique », la distinguant de la psychanalyse de Freud et de la psychologie des profondeurs d'Eugène Bleuler. Jung y suggère de libérer la théorie psychanalytique de son « point de vue exclusivement sexuel » en se focalisant sur un nouveau point de vue énergétique se fondant sur celui développé par Henri BergsonI 17. Jung y fait ensuite une intervention intitulée « Contribution au problème des types psychologiques ». Cette nouvelle typologie de la personnalité est une autre façon de se démarquer de Freud. Néanmoins, Jung est réélu pour un second mandat en tant que président de l'Association psychanalytique internationale. Cette conférence porte un coup fatal à la collaboration de Jung avec Freud, qui y voit un geste de trahison. Ainsi, la lettre de Freud du 27 octobre 1913 entérine la rupture : « Votre allégation, comme quoi, je traiterais mes partisans comme des patients est évidemment fausse (…) Par conséquent, je propose que nous abandonnions nos relations personnelles complètement25. »

Les deux hommes continuent néanmoins de correspondre toute l'année 1913, mais sous le style formel de ces échanges, l'amertume est manifeste. Jung préside toujours l'Association psychanalytique internationale, et coordonne les Jahrbuch. Dans ses écrits ultérieurs, Freud considère que Jung a voulu le supplanter comme créateur de la psychanalyseN 8. Par la suite, Jung refuse de reconnaître l'importance de la psychanalyse de Freud dans sa propre conception26.

Les deux hommes ne se remettent jamais de cette rupture qui clôt une amitié certaineM 6. Elle marque surtout deux visions différentes mais complémentaires, dans une certaine mesure, de la psyché. La cause du conflit entre Freud et Jung conditionne bien plus que l'histoire des relations entre la psychanalyse et la psychologie analytique : elle exerce une profonde influence également sur les raisons du rejet médiatique et institutionnel des théories de Jung27.
Confrontation à l'inconscient
Saint Michel combattant le dragon. Jean Fouquet, livre d'heures d'Étienne Chevalier.

« Notre âme, comme notre corps, est composée d'éléments qui tous ont déjà existé dans la lignée des ancêtres. Le « nouveau » dans l'âme individuelle est une recombinaison, variée à l'infini, de composantes extrêmement anciennes »

— C. G. Jung
D 12.

L'année 1913 marque pour Jung un retour sur lui-même : la rupture avec Freud le confronte personnellement à une désorientation totale, à « l'impression de faire un terrible saut dans l'inconnu »D 13. À cette époque, Jung dit faire face à l'inconscient, et c'est à ce moment qu'il prend « conscience de [s]on Soi/la totalité de [lui]-même, au travers de [s]on travail », confrontation qui ne s'achève qu'en 1919F 10. Pour la biographe Deirdre Bair, « Tout se passa à travers des visions et des rêves qu'il était incapable de comprendre »I 18. L'interprétation de certains rêves lui donne l'idée, pour ne pas perdre sa raison, de revivre ses expériences de petit garçon afin d'en retrouver les émotions. Jung dit en effet n'avoir aucune capacité, lors de cette période, de se comporter en adulte et de mener des activités de recherche. Il démissionne alors de son poste à l'université de Zurich et se tourne vers sa famille pour savoir s'il est encore normal et pour reprendre pied dans la réalité. Il commence alors à « écrire ses rêves » et à construire des petits villages avec des éléments naturels afin de donner forme à ses visions, activités ponctuées par la visite de patients qu'il a le plus grand mal à écouter. « J'étais sur la voie qui me menait vers mon mythe »D 14 explique-t-il plus tard. En secret, il rédige spontanément (en trois nuits), dans un événement extatique, Les Sept sermons aux morts, son écrit le plus mystique dans lequel il se perçoit sous les traits du gnostique Basilide, créateur de l'abraxas28. Néanmoins, la dimension hermétique de ce livre et ses conditions de rédaction, poussent Jung à ne pas en parler, craignant d'être accusé de se considérer comme un visionnaire.

Ses expériences de régression sont compilées dans Le Livre noir, intitulé peu après Le Livre rougeG 9, qu'il garde à sa discrétion seule et qui n'est publié qu'en 200929. Sa façon de diriger la cure analytique s'en ressent ; il cherche alors chez ses patients les éléments de leurs « mythes personnels » et donne là les premiers signes d'une future théorie cohérente et distincte de celle de Freud et qu'il appelle à cette époque alternativement « psychologie analytique » ou « psychologie prospective ». Durant cette période de retour sur lui, Jung continue néanmoins de travailler à la rédaction de Types psychologiques (que de nombreux spécialistes considèrent comme sa plus importante contribution au mouvement psychanalytique). Puis il démissionne de son poste aux Jahrbuch, s'accordant ainsi du temps supplémentaire à sa recherche intérieure. Celle-ci passe par une méthode inventée par Jung, qui consiste à se laisser aller aux fantasmes et visions diurnes, ce qu'il nomme l'« imagination active » et qu'il désigne d'abord comme « fonction transcendante »30. Ces dernières sont également consignées dans Le Livre rouge, qui marque aussi le début de son intérêt pour le gnosticismeF 11. Il y narre notamment la confrontation avec trois personnages imaginaires représentant des complexes inconscients projetés : Salomé, une femme, et Elie puis Philémon31,32. Des recherches avec Toni Wolff naissent les concepts d'« anima », d'« animus » et de « persona » également.

En 1914, Jung donne une série de conférences au Bedford College de Londres, puis participe à un congrès médical à Aberdeen, en Écosse. Il doit ensuite rentrer rapidement en Suisse, à la suite de la déclaration de guerre. Il occupe alors un poste de capitaine dans l'armée, puis, de 1917 à 1918, il est commandant du camp de prisonniers de guerre anglais internés à Château-d'Œx. Il exerce ensuite à MürrenG 10.
Fondation de la psychologie analytique
Article détaillé : Fondation et développements de la psychologie analytique.
L'écrivain Hermann Hesse, patient de Jung.

Peu à peu, Jung constitue autour de lui et de sa femme Emma Jung un cercle de partisans, des couples la plupart du temps : les Maeder, les Riklin, les Sigg-Böddinghaus, Maria Moltzer et Oskar Pfister ainsi que des médecins du Burghölzli. Eugène Bleuler, réticent à l'égard de Freud, rejoint Jung et organise alors des réunions de psychologie. Jung reçoit à cette époque plusieurs fois, chez lui, le physicien Albert Einstein alors à ZurichI 19. Parallèlement, sa clientèle augmente considérablement et il en tire de formidables revenus. Nombre de ses clients fortunés sont alors américains. Il est ainsi l'analyste de David et Edith Eder qui deviennent ses premiers traducteurs en anglais et il fait la connaissance d'Edith Rockefeller qui le consulte pour une dépression nerveuse. Ses patients comptent nombre de célébrités de l'époque également : la directrice de l'école de danse Suzanne Perrottet, le maître de ballet de l'opéra de Berlin Max Pfister. À cette époque, Zurich devient le berceau de la psychologie analytique. Jung et ses partisans fondent donc le Club psychologique de Zurich33 qui réunit des personnes différentes, devenant, sous le succès des ralliements, l'Association de psychologie analytique et dont Jung est le premier président en 1916. Cette association a pour but avoué de promouvoir les théories de Jung et rassemble la plupart des analystes zurichois qui ont rompu avec Freud, parmi lesquels : Franz Riklin, Alphonse Maeder, Adolf Keller, Emma Jung, Toni Wolff, Hans Trüb (médecin et psychanalyste du Burghölzli qui devient le psychanalyste d'Emma Jung) et Herbert Oczeret. Jung réunit également chez lui des sommités du monde intellectuel comme le chimiste Eduard Fierz, ainsi que le mystique juif Siegmund HurwitzG 11.

Le Club de psychologie analytique organise dès 1916 des conférences ; la première est intitulée « L'individu et la société » et a pour but de présenter et de vulgariser les thèses de Jung. La question des types psychologiques entraîne cependant des dissidences au sein du club. Jung travaille alors lui-même avec l'analyste bâlois Hans Schmid qui l'aide à définir les fonctions psychiques mais leur collaboration cesse en 1915, après une brouille théorique relative à l'individuation et surtout aux types supplémentaires ajoutés par Jung du « conscient » et de l'« inconscient ». Ce dernier reprend ensuite sa correspondance avec Sabina Spielrein devenue psychanalyste et restée fidèle à Freud, s'axant principalement sur le thème des types psychologiques. Il publie par la suite son ouvrage de synthèse en la matière, Types psychologiques, en 1921 dans lequel il y définit plusieurs concepts capitaux de sa théorie : les types introvertis et extravertis d'une part, les quatre fonctions psychiques de l'autre, le modèle aboutissant donc à huit types psychologiques possibles. Freud lit alors l'ouvrage et le déclare comme étant « le travail d'un snob et d'un mystique ». Pour Jung, cette approche pose les fondements de son cadre théorique, le poussant vers la philosophie, la théologie, l'art, la chiromancie, l'astrologie. Par ailleurs, il offre, selon lui un « système de comparaison et d'orientation rendant possible (…) une psychologie critique ». À ce moment-là de sa vie, il est considéré comme le seul théoricien analytique capable de rivaliser avec Freud34.

Jung a comme patient entre 1921 et 1922, l'écrivain Hermann Hesse qui vient le consulter pour dépression nerveuse. En effet, la mort de son père et la maladie de sa femme et de son fils le poussent à décompenser. Il consulte d'abord chez J. B. Lang, élève de Jung, en 1916, puis est pris en charge par le psychiatre suisse. Ils se brouillent en 1934 quant à la notion de sublimation, Hesse étant du même avis que Freud35. Un autre écrivain s'adresse également à Jung à cette époque : l'Irlandais James Joyce, mais le psychiatre ne peut le recevoir et l'envoie donc vers un confrère. Dépité, Joyce retourne en Irlande sans avoir rencontré Jung, trop occupé. L'auteur se moque de la psychanalyse de Jung, en mémoire de cet événement, dans son roman Finnegans Wake.

Autour de Jung, trois femmes dont deux Américaines (Kristine Mann et Eleanor Bertine) et une Anglaise (Mary Esther Harding, qui fonde en 1922 le Club Psychanalytique de Londres) deviennent les principales militantes de son œuvre aux États-Unis et en Angleterre. Par ailleurs, le docteur Helton Godwin Baynes traduit les œuvres de Jung en langue anglaise. Au Club de Zurich, certaines dissensions aboutissent à des départs. Oskar Pfister notamment dénonce le culte de la personnalité autour de Jung. Face à ces critiques, Jung, Emma et Toni Wolff quittent un temps le Club pour n'y revenir qu'en 1924. Cette année, Jung, que l'on surnomme alors « le sage de Zurich », fait la connaissance de l'excentrique Comte Hermann von Keyserling, fondateur de la Maison de la sagesse (« Schule der Weisheit ») à Darmstadt, où il est souvent invité.
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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:10

Voyages, maturité et renommée internationale
À la découverte des peuples indiens et africains

« Certes, l'alchimie a aussi ce côté, et c'est dans cet aspect qu'elle constitua les débuts tâtonnants de la chimie exacte. Mais l'alchimie a aussi un côté vie de l'esprit qu'il faut se garder de sous-estimer, un côté psychologique dont on est loin d'avoir tiré tout ce que l'on peut tirer »

— C. G. JungE 4

En 1925, Jung et quelques amis proches se rendent de nouveau aux États-Unis, pour un séjour de découverte du pays. Ils visitent ainsi Chicago, Santa Fe et Taos, le Grand Canyon, le nord-ouest de l'Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas, puis la Nouvelle-Orléans et Washington DC. Il en profite également pour rassembler des matériaux de recherche sur la pensée indienne d'Amérique. À ce titre, il rencontre, par l'intermédiaire de Jaime de Angulo, un psychologue et linguiste travaillant sur les cultures indigènes, l'Indien Antonio Mirabal, surnommé « Lac des Montagnes », chef de la tribu Hopi36. Jung a avec ce dernier de nombreuses discussions concernant le système religieux des Hopis, fondé sur la prédominance du soleil.

À la fin de l'année 1925, en juillet, Jung, aidé de deux amis (George Beckwith et Harold McCormick), monte une expédition financée en partie par le magnat des machines agricoles McCormick, baptisée « expédition psychologique de Bugishu », en Afrique37. L'objectif pour Jung est de lui fournir un « point de repère » hors de sa propre civilisation. Il déclare ainsi vouloir recueillir les témoignages de deux tribus vivant sur le mont Elgon : les Karamojongs et les Sabéens. Grâce à son interprète, un indigène qui parle swahili, du nom d'Ephraïm, Jung peut approcher au plus près des tribus et de leurs modes de vieF 12. L'expédition part de Nairobi et se rend jusqu'en Ouganda puis Jung décide de remonter jusqu'en Égypte en suivant les sources du Nil, passage dangereux et alors peu pratiqué. Ils manquent de mourir lors de cette traversée du Soudan mais parviennent finalement à récupérer un bateau les conduisant au Caire. Cette ville le séduit beaucoup, bien qu'il admette plus tard qu'il « ne [put] jamais être en contact réel avec l'islam ». L'année 1925 marque un besoin de voyager, nécessité qui s'atténue dans le reste de la vie de Jung, qui se consacre désormais pleinement à découvrir « ce qui se passe quand on éteint la conscience »I 20. En effet, Jung a amassé une somme suffisante de matériaux ethnologiques permettant d'étudier les manifestations de l'inconscient collectif.

À partir de 1926 et de son retour d'Afrique, les interventions publiques de Jung prennent une forme davantage structurée, par la mise en place d'une série de conférences hebdomadaires, sur quatorze années (ayant lieu le mercredi matin, en anglais). La première se déroule du 26 mars au 6 juillet 1925 et est intitulée « Psychologie analytique ». Jung y donne une histoire de sa pensée, revenant aussi sur ce qu'il nomme « les années Freud »I 21. L'Association de Psychologie Analytique obtient d'Edith Rockefeller McCormick (en), riche adhérente, une somptueuse demeure qui abrite aujourd'hui l'Institut C. G. Jung de Zürich. Dès lors, Jung s'entoure d'hommes et de femmes qui le suivent jusqu'à la fin de sa vie. Aniéla Jaffé est d'abord secrétaire de l'Institut à partir de 1947 avant de devenir sa secrétaire personnelle à partir de 1955 et jusque dans ses dernières années. Barbara Hannah, Américaine, est sa continuatrice aux États-Unis alors que James Kirsch, Carl Alfred Meier, seul analyste qualifié par Jung de « disciple et de dauphin », et Jolande Jacobi (qui, subjuguée par Jung, passe son doctorat de psychologie dans le seul espoir de l'aider dans son travail) le représentent en EuropeI 22.

Le physicien, Wolfgang Ernst Pauli vient trouver Jung en 1931, pour des rêves étranges et pour son alcoolisme. Cependant, découvrant la richesse de ses matériaux archétypiques, Jung décide d'orienter Wolfgang Pauli vers une autre analyste, Erna Rosenbaum, afin de ne pas interférer avec sa vision brute de ces éléments. Jung sélectionne par la suite quarante-cinq rêves, qui prennent place dans son essai Les Symboles oniriques du processus d'individuation. S'ensuivent également une amitié indéfectible et « une extraordinaire conjonction intellectuelle, non seulement entre un physicien et un psychologue, mais entre la physique et la psychologie »I 23. En 1932, Jung reçoit de la ville de Zurich un prix de littérature qui le consacre par la même occasion « personnalité suisse incontournable »G 12.

Enfin, la véritable rencontre de cette époque est pour Jung celle de Marie-Louise von Franz, en juillet 1933, alors que la jeune fille n'a que dix-huit ansI 24. Très douée dans des matières comme les mathématiques, la médecine et les lettres classiques, Von Franz est déterminée à devenir l'associée principale de Jung. Celui-ci l'oriente donc vers une discipline où il manque et de temps et de compétence pour avancer dans ses recherches : la traduction et la philologie. Jung a en effet besoin de quelqu'un pour traduire des textes alchimiques anciens écrits en latin, en grec, ou en ancien français, domaines dans lesquels la jeune Von Franz excelle. Sa découverte de l'alchimie date alors d'une dizaine d'années, depuis sa rencontre avec le sinologue et ami Richard Wilhelm, traducteur en allemand du Yi King chinois, chez le comte Hermann von Keyserling, avec lequel il entretient une profonde amitié jusqu'à la mort de Wilhelm en 1930I 25.
Approfondissements

Revenant souvent sur ses premiers écrits scientifiques, Jung entreprend dès 1930 de se consacrer à l'étude des archétypes et de l'inconscient collectif. Il met au point également une méthode d'analyse propre, consistant à reporter les patients en cure sur des confrères et consœurs proches, tout en suivant l'évolution de l'analyse régulièrement. Cette méthode aboutit plus tard à la notion d'« analyse didactique », qui se montre dès le début couronnée de succès. Jung développe aussi la pratique de la double thérapie : les patients sont en analyse avec Jung mais aussi avec l'un de ses associés, du sexe opposé au leur, en raison des biais provoqués par l'anima chez l'homme ou par l'animus chez la femme. Ses cures analytiques sont des réussites, l'une de ses proches, Aniéla Jaffé, expliquant que Jung a le don « de mettre le doigt sur la vérité de chaque analysant ». Ces analyses sont fondées sur une relation directe avec le patient, sur l'explication psychologique de leurs troubles sans euphémisme, sur la « dépression créatrice »I 26 et l'examen approfondi de leur émotion enfin.

De 1930 à 1934, Jung analyse notamment Christiana Morgan qui met en dessin ses rêves. Le psychiatre suisse utilise ainsi ses esquisses pour illustrer sa théorie des images archétypiques. Mais le contexte politique en Europe évolue (montée des fascismes) et Jung décide de consacrer désormais ses conférences sur le Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche grâce auxquelles il publie l'étude La Structure de l'inconscient. De plus en plus, Jung s'intéresse au parapsychologique, et moins aux cas de ses patients ; selon l'analyste américain Joseph Henderson, en 1934, « les séminaires de Jung ne contenaient plus de matériaux liés à des cas individuels »I 27. Dès lors, Jung voit dans l'alchimie un terreau pertinent permettant de comparer les archétypes, et illustrant le concept d'individuation. Cette passion entraîne le départ de Toni Wolff qui ne voit dans l'alchimie que de la superstition, alors que Marie-Louise Von Franz reste à ses côtés.

De 1933 à 1937, Jung est à la tête de la Société de psychanalyse allemande. Son premier éditorial déclare : « the society expects all members who work as writers or speakers to work through Adolf Hitler's Mein Kampf with all scientific efforts and accept it as a basis », dans le respect des directives imposées par le régime nazinote 7,K 1. Jung reçoit de célèbres patients, parmi lesquels : Hugh Walpole, Herbert George Wells, Arnold Toynbee et Scott FitzgeraldI 28. En 1932, le journal Neue Zürcher Zeitung demande à Jung un article sur Pablo Picasso à l'occasion d'une exposition à la Kunsthaus. Jung accepte mais rédige un article dénué de compréhension pour l'art moderne, ce qui lui vaut de nombreuses critiques. La même année, l'analyse qu'il fait d'Ulysse de James Joyce est également un fiasco. Jung découvre réellement Joyce alors que celui-ci revient le consulter, cette fois pour sa fille Lucia, atteinte de graves troubles de la personnalité. Cependant leur relation est assez houleuse, Jung suspectant Lucia d'être la femme inspiratrice de Joyce, qui n'apprécie pas la remarque. En dépit de cet épisode, la renommée de Jung s'étend, et, en Suisse, il est bientôt vu comme le psychologue le plus doué de sa génération. Ainsi, en 1935, le Club psychologique devient une association professionnelle, la Schweizerische Gesellschaft für praktische Psychologie, groupant médecins et psychologues autour de JungG 13.
Nouveaux voyages et orientalisme
Manuscrit de la lettre de rupture que Freud envoya à Jung en 1913. Les années suivantes Freud se brouille avec d'autres analystes de renom parmi lesquels Otto Rank, Wilhelm Stekel, Victor Tausk, Sándor Ferenczi, ou encore Wilhelm Reich.

En 1933, Jung est de nouveau en voyage. Il visite la Palestine, qui lui fait une très forte impression, avec un ami, le chimiste Hans Eduard Fierz-David, précieux atout pour le psychiatre car il travaille à l'époque sur une histoire de la chimie, allant de l'alchimie à la science moderne. La même année, il assiste pour la première fois aux « journées d'Eranos », organisées par Olga Fröbe-Kapteynn, près d'Ascona, en Suisse italienne. Olga Fröbe-Kapteynn veut faire de ces journées un lieu de rencontres entre les spiritualités et les pensées de l'Est et celles de l'Ouest38. Ces rencontres sont en effet destinées à être un lieu d'échanges entre psychologues, médecins, mythologues, théologiens et scientifiques de tous bordsnote 8. Si l'idée vient de la riche héritière de la Compagnie des freins Westinghouse, en 1930, lors de leur rencontre chez le comte Hermann von Keyserling, Jung en fait très vite un haut lieu de la psychologie analytique.

En 1935, le corps médical britannique invite Jung pour une série de conférences organisées à l'Institut de psychologie médicale de la clinique Tavistock de Londres. Jung y présente sa théorie, et la notion d'inconscient collectif. Samuel Beckett et son analyste, Wilfred Bion sont dans l'assemblée. Jung évoque également l'importance de la religiosité du patient dans le cadre de la cure, avançant même que le système de la confession est une psychanalyse avant l'heure. Il conclut quant au danger de la « bête blonde », l'Allemagne nazie, qui témoigne, selon lui, du risque qui se présente lorsque « l'image archétypique que l'époque ou le moment produit prend alors vie et s'empare de tout le monde », sorte de psychose collective qu'il avait annoncée dans ses écrits dès 1918, et qu'il développe l'année suivante, dans son essai Wotan, dans lequel il annonce « le réveil de l'inconscient allemand »39.

En 1936, Jung est invité pour une autre intervention lors de la Conférence sur les Arts et les Sciences, à Harvard, où il reçoit également la distinction de docteur honoris causa. Néanmoins, sa présence est perçue de manière mitigée ; en effet, un précédent article de Jung intitulé « Différences indéniables dans la psychologie des nations et des races » est accusé de sympathies nazies. Un autre article, à son retour des États-Unis, lors d'un entretien pour le quotidien anglais The Observer, sur « La psychologie de la dictature », met le feu aux poudres. Jung y dit en effet voir dans le président Franklin Roosevelt un dirigeant semblable aux dictateurs Hitler et Mussolini. Une autre phrase envenime la situation : Jung assimile Hitler à un « médium » et affirme que « la politique allemande ne se fait pas, elle se révèle à travers Hitler. Il est le porte-parole des dieux comme jadis »I 29. Cet épisode aggrave l'image publique de Jung, considéré comme pro-nazi, opinion encore renforcée par une rumeur qui veut que Jung se soit rendu en Allemagne en 1936, invité par Joseph Goebbels, chef de la propagande nazie, qui aurait voulu son opinion sur l'état mental des dignitaires du parti national-socialiste40. C'est avant tout un proche de Jung, Wylie, qui narre cet événement, dont aucun document n'atteste cependant la véracitéI 30. Lors d'une série de conférences à New Haven (près de Yale), en octobre 1936, à l'Église unifiée de Bridegport, intitulée « La religion vue à la lumière de la science et de la philosophie », Jung évoque pour la première fois ses recherches sur l'alchimie. Il gagne à sa cause deux nouvelles personnalités : l'analyste James Whitney junior et l'écrivain Robert Grinnell.
L'université hindoue de Bénarès.

À son retour, en 1937, Jung part de nouveau pour un séjour en Inde, avec Fowler McCormick. Ils visitent Calcutta, Delhi, Bénarès (où Jung reçoit un titre honorifiqueG 14), Madras, Ceylan entre autres villes. Ce voyage est pour lui « un moment décisif de [s]a vie (…) ce dont j'ai fait l'expérience là-bas a mis fin au problème chrétien tel que je me le posais »D 15. En effet, en découvrant la spiritualité indienne il découvre également un système donnant autant de place au Bien qu'au Mal, deux concepts très liés, sans connotation morale en Inde. Jung rencontre, par ailleurs, des auteurs de traités sur le yoga et sur le culte de Kâlî à Calcutta, qu'il synthétise dans son ouvrage Psychologie et orientalismeE 5. Jung est ensuite touché par une violente dysenterie amibienne qui le cloue au lit. Il est alors assailli par des rêves pénétrants qui tous renvoient à l'image du Saint Graal. L'un de ces rêves le marque profondément comme étant l'« un des plus impressionnants qu'il ait jamais faits ». Ces visions le mettent sur le chemin du développement du concept d'« individuation ». Jung fait en effet connaissance avec l'image du Soi à travers la notion de « ātman » ; il comprend dès lors le sens de ce rêve qui lui imprime l'ordre, selon lui, d'« all[er] au-delà du monde chrétien »I 31.
La controverse lors de la Seconde Guerre mondiale
L'Association générale médicale de psychothérapie

Depuis les années 1926 et 1927, Jung est affilié à un groupe d'analystes berlinois, dirigé par Robert Sommer et Wladimir Eliasberg, nommée Association générale médicale de psychothérapie (Allgemeine Ärztliche Gesellschaft für Psychotherapie), et qui a pour but de fédérer les perspectives freudiennes, jungienne et adlérienne. Il est nommé en 1930 vice-président41. Parmi les membres, siège Matthias Heinrich Göring, cousin du leader nazi Hermann Göring, futur Reichsmarschall du parti fasciste allemand. La particularité de Jung est que, contrairement à Freud, la psychologie analytique est bien perçue par les nazis42. Cette société est ensuite, en 1933, présidée par Jung41 et récupérée par le mouvement völkisch, prônant la supériorité de la culture germanique, notamment par le moyen de la Deutsche Glaubensbewegung (le « Mouvement de la foi allemande ») fondée par Jakob Wilhelm Hauer qui fréquente très tôt les conférences et le cercle jungien des années 1930. Il utilise notamment le concept d'inconscient collectif dans un sens plus politique que scientifique, principalement pour suggérer l'existence d'un inconscient racial justifiant le lebensraum des nazis43. Matthias Göring tente alors d'utiliser la renommée de Jung, mais, selon la biographe Deirdre Bair, « Il n'existe cependant aucun document prouvant son éventuelle adhésion »[réf. nécessaire] à ce mouvement, dont il a rencontré le chef de file chez le comte Hermann von Keyserling. D'ailleurs, en 1934, Jakob Wilhelm Hauer est exclu des rencontres d'Eranos et Jung cesse toute relation avec lui.

Pourtant, la polémique sur sa collaboration avec le régime nazi est lancée44. C'est sur un essai de 1918, De l'inconscient (Über das Unbewusste) que s'appuient les premières critiques. Jung y soutient une différence d'inconscient entre les Aryens et les Juifs notamment qui procure de fait un fondement scientifique à l'idéologie allemande. Néanmoins ses propos sont décontextualisésI 32. Pour Jung en effet, les Juifs n'ont pas à voir avec la question de l'identité nationale, n'ayant pas de patrie ; de plus « ils sont civilisés à un plus haut degré, mais ils ont un rapport moins aisé à ce quelque chose en l'homme qui touche à la terre, qui puise en elle des forces nouvelles, à ce côté terrien que l'homme germanique recèle en lui-même dans une dangereuse concentration »I 33. En 1933, le président de l'époque de la Société médicale allemande générale de psychothérapie, Ernst Kretschmer, doit démissionner parce qu'il est juif et qu'il refuse d'aider les nazis à subvertir la psychothérapie. Il devient rédacteur en chef de l'organe de cette association, la Zentralblatt für Psychotherapie und ihre Grenzgebiete édité par Hirzel à LeipzigG 15. En 1933 et 1934, vingt-quatre des trente-six membres juifs de la Société se sont déjà exilés. Peu à peu, en Allemagne, la psychanalyse freudienne, stigmatisée comme une « science juive »45, disparaît.

Le 21 juin 1933, Jung devient le nouveau président de la Société médicale générale de psychothérapie, six mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. À ce moment, et en dépit de l'accord unilatéral de Jung, le psychiatre suisse est considéré en Allemagne nazie comme « le chercheur germanique le plus important de la psychologie des profondeurs dans le monde aryen anglo-saxon »46. Ainsi dans une lettre du 1er décembre 1934 jointe au Zentralblatt für Psychotherapie und ihre Grenzgebiete47, Jung invite les médecins à adhérer à titre personnel à la Société générale de psychothérapie. La même année, la polémique sur Jung sympathisant nazi commence à la suite des propos de Jung tenus dans un éditorial : « les différences qui existent, et d’ailleurs sont reconnues depuis fort longtemps par des gens clairvoyants entre la psychologie germanique et la psychologie juive ne doivent plus être effacées, la science ne peut y gagner »41. Cela entraîne une réponse par le psychanalyste allemand réfugié en Suisse Gustav Bally dans la Neue Zürcher Zeitung qui l'accuse de collusion avec le régime allemand48,41 et lui demande de préciser sa position vis-à-vis de ce qu'il nomme la « psychologie et psychothérapie de souche allemande ». Jung répond que l'alignement est obligatoire, compte tenu du régime politique allemand. Dans l'éditorial de 1935, puis dans l'avant-propos de l'éditeur, Jung explique que la psychologie médicale allemande doit demeurer exempte de tout dogmatisme. Selon Olivier Douville qui s'appuie sur la biographie de Deirdre Bair, en cette même année : « Jung va encore plus loin et troque sa perception différencialiste contre une perception inégalitariste et clairement antisémite, affirmant la supériorité de l’inconscient aryen sur l’inconscient juif, dans un article paru dans le Zentralbaltt, « sur la situation actuelle de la psychothérapie » »41. Par ailleurs, à la décharge de Jung, Walter Cimbal, psychothérapeute proche du pouvoir allemand, voit d'immenses difficultés dans le ralliement de Jung au nazisme. Pendant cette période les conférences et articles de Jung sont cependant vite récupérés par le pouvoir nazi, l'opposant toujours à la « science juive » de Freud. En réalité, beaucoup de propos de Jung sont ambivalents, c'est-à-dire qu'il tente de satisfaire le régime tout en ne se désignant pas comme un naziI 34,49. Il se voit donc contraint, lors de plusieurs allocutions et surtout au cours de son « Intervention devant le Groupe suisse de la Société médicale générale et internationale de psychothérapie » de 193650, de préciser sa position. Il y explique que la psychothérapie ne peut être inféodée à une politique nationaliste.
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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:11

Définition

Freud définit la sublimation pour la première fois en 1905 dans Trois essais sur la théorie sexuelle1,2 pour rendre compte d'un type particulier d'activité humaine (la création littéraire, artistique et intellectuelle) sans rapport apparent avec la sexualité mais tirant sa force de la pulsion sexuelle en tant qu'elle se déplace vers un but non sexuel en investissant des objets socialement valorisés3. Autrement dit, il s'agit du processus de transformation de l’énergie sexuelle (libido) en la faisant dériver vers d’autres domaines, notamment les activités artistiques.
Seconde topique

À partir de la seconde topique, la sublimation sera vue comme la transposition du but pulsionnel sexuel mais aussi agressif. Freud la définissait ainsi en se référant notamment à l'agressivité :

« La sublimation est un concept qui comprend un jugement de valeur. En fait, elle signifie une application à un autre domaine où des réalisations socialement plus valables sont possibles. [...] Toutes les activités qui organisent ou affectent des changements sont, dans une certaine mesure, destructrices et redirigent ainsi une pulsion ("trieb") loin de son but destructeur original. Même l'instinct sexuel, comme nous le savons, ne peut agir sans une certaine dose d'agression. Par conséquent, il y a dans la combinaison normale des deux instincts une sublimation partielle de l'instinct de destruction. »

— Lettre du 25 mai 1937 à Marie Bonaparte4.
Désexualisation

Le but de la pulsion est dévié : à la différence du symptôme névrotique, loin d'impliquer angoisse et culpabilité, elle est associée à une satisfaction esthétique, intellectuelle et sociale. Freud a ouvert la voie vers ce type d'analyse explicitant le contenu latent d'œuvres aussi diverses que Hamlet, ou le Moïse de Michel-Ange. À la fonction cathartique de l'acte de création s'ajoute un bénéfice narcissique. « Souvent citée, en retenant essentiellement la désexualisation de but et la valorisation sociale de l'objet, la sublimation constitue une notion indispensable pour la psychanalyse en même temps qu'un questionnement5. »
Épistémophilie

Pour Mélanie Klein et les psychanalystes kleiniens, le concept d'épistémophilie recouvre en partie celui de sublimation.
Notes et références

↑ Sigmund Freud : Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Gallimard, coll. « Folio », 1989 (ISBN 2-07-032539-3)
↑ Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », 2011 (1re éd. 1997) (ISBN 978-2-253-08854-7), p. 1503
↑ Dictionnaire de la psychanalyse. E. Roudinesco et M. Plon, p. 1038. ISBN 9782213 604244
↑ citée dans Sophie de Mijolla-Mellor, La sublimation, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2005
↑ Sophie de Mijolla-Mellor: Sublimation in "Dictionnaire international de la psychanalyse", coll. sous la direction de Alain de Mijolla, Ed.: Hachette, 2005, ISBN 2-01-279145-X

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L'Institut Göring
Article détaillé : Institut Göring.
Beatrice Ensor et Jung en 1923.

« Pour quiconque a lu n'importe lequel de mes livres, il doit être évident que je n'ai jamais été sympathisant nazi, ni antisémite et aucune liste de citations fausses, de traductions erronées ou de déformations de ce que j'ai écrit ne saurait altérer le récit de mon point de vue authentique »

— C. G. JungE 6.

En 1936, en effet, et une fois le pouvoir nazi en place, la Société médicale générale de psychothérapie devient l'Institut Göring, fer de lance de la Neue Deutsch Seelenheilkunde, la nouvelle science psychothérapeutique officielle du régime. Dès lors, Jung refuse d'y adhérer mais Göring tente de le convaincre et y parvient, faisant croire au reste de la communauté qu'il approuve son rôle. En 1936, Jung donne donc sa démission mais, peu après, une manœuvre de Göring le fait revenir à la tête de la Société. Afin de se justifier, Jung décide de publier ce qui demeure son essai le plus controversé : Wotan. Le dieu païen de la mythologie allemande Wotan représente selon lui Adolf Hitler, guide nationaliste qui déverse son agressivité sur le monde. Selon Élisabeth Roudinesco, Jung, proche du nazisme durant cette période, a cherché ensuite à le taire51.

D'après Deirdre Bair, à cette époque, Jung aurait acheminé de l'argent pour que Freud puisse se réfugier à Londres, via l'entremise de Franz Riklin. Jung apprenant que Freud est en sécurité lui aurait envoyé un télégramme de sympathieI 35. En 1939, Jung est reconduit dans sa fonction à l'Institut Göring. En effet, bien que président de la Société médicale générale de psychothérapie, il est aussi « passeur de juifs » en exil vers la Suisse. Dès la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, Jung use de son influence sur les services suisses de l'immigration, subvenant aux besoins financiers, pour faire sortir d'Allemagne des intellectuels juifs. C'est ainsi qu'il permet l'exil du Français Roland Cahen qui le traduit par la suite en français et de son amie Jolande JacobiI 36.

Plus tard poussé à se justifier, Jung argue que l'acceptation du poste de vice-président de la Société médicale générale de psychothérapie est une tentative de sa part pour sauver la psychanalyse allemande, « vouée à une totale disparition ». Jung se défend ainsi dans son Journal : « Je me suis trouvé confronté à un conflit moral. Devais-je, prudent et neutre, me retirer en sécurité de ce côté-ci de la frontière, vivre en toute innocence sans m'impliquer, ou devais-je - comme j'en étais bien conscient - risquer d'être attaqué, risquer l'inévitable incompréhension à laquelle n'échappe pas celui-qui, pour des raisons d'ordre supérieur, est entré en relation avec le pouvoir politique en Allemagne aujourd'huiI 37 ? »

N'arrivant pas à proposer sa démission à cause des manœuvres administratives de Göring, Jung profite d'un entretien pour la revue américaine Heart's International Cosmopolitan de Yale pour élaborer un « Diagnostic des dictateurs »F 13. Il y présente Hitler comme un psychopathe patent. Furieux, Göring finit donc par accepter la démission de Jung le 12 juillet 1940. Dès lors, il est inscrit sur la « Schwarze Liste », la liste noire des auteurs dont les ouvrages étaient bannis d'Allemagne, puis sur la « liste Otto » pour la France occupée. Confiné dans son pays, la Suisse, Jung est mobilisé à la frontière avec l'Allemagne, par crainte d'une invasion nazie. Beaucoup de ses amis américains proposent de l'inviter aux États-Unis ou à Londres, mais Jung répond vouloir demeurer en Suisse : « Nous sommes enracinés dans notre terre suisse », explique-t-il. Colonel dans l'armée suisse, après l'appel du général Guisan pour défendre la nation helvétique, Jung devient médecin militaire à la frontière avec l'AllemagneI 38.
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Durant la Seconde Guerre mondiale, Jung est recruté sous le nom d'« agent 488 » au service des services secrets alliésI 39. Selon Deirdre Bair, il avait été approché dans ce but en novembre 1942 par un diplomate en poste au Foreign Office, Ashton-Gwatkin, qui avait été très impressionné par l'analyse de son essai Wotan sur la psychologie des nazis. Jung communique avec le Foreign Office via un ami, Helton Godwin Baynes (surnommé « l'apprenti de Jung »52), qui écrit un livre fondé sur l'essai du psychiatre suisse : Germany Possessed, publié en 1941K 2. Baynes contribue par la suite à la diffusion de la psychologie analytique au Royaume-Uni. Cependant, le Foreign Office possède un dossier sur Jung, signalé comme scientifique nazi53, et intitulé : « Carl Jung, objet : activités subversives ».

L'opinion de Jung sur les moyens à mettre en œuvre pour abattre Hitler est jugée digne d'intérêt par les Alliés car il préconise de diriger l'attention du dictateur vers l'URSS. Un autre agent, affilié aux Allemands complotant contre Hitler et dirigé par le général Walter Schellenberg, le psychiatre Wilhelm BitterI 40, est désigné pour entrer régulièrement en contact avec Jung, en Suisse, mais, à la découverte de la conjuration de Schellenberg, le réseau est démantelé. Des psychiatres jungiens américains comme Gerald Meyer et Mary Bancroft sont également employés par les services secrets pour établir le profil psychologique des dirigeants nazis. L'agent Dulles de l'Office of Strategic Services (« OSS ») rencontre Jung en 1943, célébrant le « mariage encore expérimental de l'espionnage et de la psychanalyse »I 41. Selon leur diagnostic, Hitler devrait finir par se suicider. Son activité aux côtés des Alliés, montre une autre facette de la personnalité de Jung, celle d'un antinazi, facette qui est mise en avant par Dulles lorsque, prenant sa défense, il explique : « Le jugement qu'il portait sur eux [les chefs nazis] et sur leurs possibles réactions aux événements m'a réellement aidé à jauger la situation politique. Sa profonde antipathie pour ce que représentaient le nazisme et le fascisme est apparue clairement au cours de ces conversationsI 42 ». Toutefois, la nature ultra-confidentielle des activités de Jung comme agent secret n'a pas permis de verser ces éléments comme pièces à sa décharge dans le dossier de la polémique sur sa compromission avec le nazisme.

Par ailleurs, en 1945, le général Eisenhower, commandant suprême des forces alliées en Europe, étudie le point de vue de Jung sur la meilleure façon d'aider les civils allemands à accepter la défaite, afin de rétablir au plus vite l'économie de l'Allemagne, exsangueI 43. En 1940, Mary Mellon fait paraître au Royaume-Uni les premières Annales des Journées d'Eranos, un recueil d'essais disparates intitulé The Integration of personnality. L'année suivante, Jung se rend aux journées d'Eranos qui commémorent les quatre cents ans de la mort de Paracelse, qu'il considère comme un psychiatre avant l'heure, car confronté aux contradictions nées des mentalités de l'époque. Entre 1941 et 1954, Jung approfondit ses travaux sur l'alchimie et rédige son ouvrage majeur, point culminant de sa pensée : Mysterium Conjunctionis (deux volumes).

En 1942, les psychanalystes jungiens suisses créent la Fondation Bollingen, du nom de la Tour de Bollingen, une résidence construite par Jung non loin de sa maison de Küsnacht et dans laquelle il travaille seul. En 1944, l'université de Bâle crée pour lui une chaire de médecine psychologique dans laquelle il n'enseigne que deux ans. La même année, en effet, Jung est victime d'une embolie pulmonaire qui l'affaiblit peu à peu. Plongé dans le coma, il fait l'expérience d'intenses événements mentaux fantasmatiques et oniriques. Une fois rétabli, il a la conviction qu'il lui faut désormais exploiter les notes collectées dans son Livre rouge, en relation avec ce qu'il appelle dès lors « les visions de 1944 »D 16. Ellenberger a qualifié cette expérience de « maladie créatrice », la rapprochant de la neurasthénie et de l'hystérieF 14.
Dernières années
Justifications

Après la guerre, Jung reçoit son septième titre honorifique de l'Université de Genève, remis par le psychologue Jean Piaget. Il publie ensuite un nouvel essai, Après la catastrophe (Nach der Katastrosphe), publié en 1945 dans la Neue Schweizer Rundschau, dans lequel il s'interroge sur « le drame du génie allemand » et dans « le travail moral de reconstruction » d'après-guerre qui reste à accomplir par le peuple allemand. Cette même année, les accusations contre Jung commencentF 15 avec, notamment, un article de S. Feldman dans l’American Journal of Psychiatry intitulé « Dr. C. G. Jung and National Socialism »54, s'appuyant sur des citations hors contexte de Jung comme la phrase la plus polémique qui ait été retenue : « l'inconscient aryen a un potentiel plus important que celui des juifs » ou sur des références à la responsabilité de Jung dans la Seconde Guerre mondialeI 44. En réponse, Jung et ses proches décident de publier un recueil des textes de la période incriminée pour replacer chaque citation dans son contexte. Un ouvrage rassemblant Wotan, La psychothérapie aujourd'hui et Après la catastrophe est constitué sous le nom d'Essais sur les événements contemporains (Aufsätze zur Zeitgeschichte), contre l'avis de Jolande Jacobi qui y voit un prétexte donné aux détracteurs, en plus d'être une tentative d'auto-justification vouée à la polémique à son tourG 16.


En 1946, Ernest Harms fait son apologie dans un essai intitulé C. G. Jung, le défenseur de Freud et des JuifsK 3, contre les accusations d'Albert Parelhoff qui, dans son article « Dr. Carl G. Jung, Nazi Collaborationist », critique l'attitude de Jung pendant la guerre. Puis Philip Wylie publie An Essay on Morals (Un essai sur les mœurs) où il défend Jung55. Ce dernier déclare en effet avoir été entièrement « compris » par Wylie. Cependant, un autre scandale alimente la polémique. La Fondation Bollingen décerne en 1949 le prix Bollingen à Ezra Pound, écrivain fasciné par Mussolini, pour ses Cantos pisans. La visite de Winston Churchill en Suisse en 1946, qui rencontre Jung lors d'un banquet, n'atténue en rien la controverse56. La même année, le psychiatre apprend par l'intermédiaire de Jolande Jacobi que le FBI l'espionne depuis 1940 et a constitué un dossier sur sa personne.
Derniers ouvrages

En 1947, Jung, après deux infarctus, décide de faire la synthèse de toutes ses recherches sur l'inconscient. Il a en effet déjà publié en 1946 Psychologie du transfert qui est à l'origine une partie distincte du Mysterium Conjunctionis. En 1947 est publié un ouvrage monumental, par la somme de matériel qu'il recueille : Psychologie et Alchimie. En 1951, l'essai Aïon, études sur la phénoménologie du Soi étudie le processus d'individuation et la figure christique.

En 1952, Jung s'intéresse à la religion, d'un point de vue psychologique. Il publie le célèbre et très controversé Réponse à Job, écrit à partir des éléments des journées d'Eranos intitulées « Une approche psychologique du dogme de la Trinité ». Il y explore le concept du Mal, considéré comme une simple « privatio boni » (« une absence de Bien », une carence sans réalité intrinsèque). Dès lors, Jung diminue considérablement ses activités de thérapeute, se consacrant à ses recherches avec Marie-Louise von Franz sur les « grands rêves » et les archétypes. Il se lie d'amitié avec le père dominicain Victor White (en), spécialiste de Saint Thomas d'Aquin. White est attiré par la théorie jungienne et veut créer un pont entre foi chrétienne et psychologie. Néanmoins, les deux hommes se quittent sur la polémique née à la suite de la publication de Réponse à Job.

En 1948, l'Institut C. G. Jung, établi à Zurich, ouvre ses portes et accueille une trentaine d'élèves. Jung y joue un rôle actif jusqu'en 1950. Lors de son discours inaugural le 24 avril 1948, il prévoit de fructueux rapprochements entre la physique et la psychologie. Travaillant en effet à cette époque avec le physicien Wolfgang Pauli sur un recueil intitulé L'interprétation de la nature et de la psyché, Jung y examine les phénomènes extra-sensoriels, étudiés notamment aux États-Unis à la même époque par Joseph Banks Rhine. À l'Institut, c'est aussi le début de ce que certains comme Richard Noll ont appelé le « culte de Jung », une fascination pour le créateur de la psychologie analytique. Hans Trüb, un de ses anciens amis, s'oppose à sa théorie du Soi. Critiquant Jung quant à l'identification qu'il faisait du Soi à Dieu, Trüb se rattache dès lors à la théorie mise au point par le Suisse Dumeng Bezzola, la « psychosynthèse », et qu'il présente dans Du Soi au Monde, paru en 1947.

Jung donne sa dernière conférence aux journées d'Eranos en 1951, évoquant son nouveau concept, celui de « synchronicité », esquissé dans son essai Aïon. Il souhaite dorénavant expérimenter la notion et réunit pour cela un groupe de proches en se fondant sur le tarot de Marseille et sur l'astrologie. Avec son ami le physicien Wolfgang Pauli, il donne deux conférences relatives au concept de synchronicité, intitulées « L'influence des représentations archétypiques sur la formation des théories scientifiques de Kepler », prononcées en 194857. Jung travaille également avec Károly Kerényi, spécialiste hongrois de la mythologie, à propos de l'archétype du Fripon divin. De leur collaboration naît Introduction à l'essence de la mythologie en 1951.
La tour de Bollingen, sur la rive septentrionale du lac de Zurich, construite par Jung dès 1922, et qui constitue son refuge pour écrire.
Retour sur soi et décès

En 1953, Toni Wolff décède, ce qui cause un grand choc à Jung. Par ailleurs, sa femme, Emma Jung, atteinte d'un cancer meurt en novembre 1955. Jung se passionne dès lors pour le phénomène des soucoupes volantes et publie Un mythe moderne qui connaît un fort retentissement58. En 1956, il publie le second tome de son œuvre majeure, l'ouvrage Mysterium Conjunctionis.

La psychologie analytique s'organise : le 17 août 1957 est fondée la Société suisse de psychologie analytique, à ZurichG 17. Elle voit apparaître les continuateurs de Jung : l'économiste et sociologue suisse Eugen Böhler, auteur du Futur comme problème de l’homme moderne en 1966 applique la théorie jungienne à l'économie ; en Angleterre, Anthony Storr et Anthony Stevens diffusent ses thèses. En France, Henry Corbin, Gilles Quispel et Elie Humbert défendent son œuvre face à la prédominance du freudisme. Jung compte même des partisans en URSS, à travers la théorie de la socionique.

Vers 1956, des amis et proches de Jung le sollicitent pour qu'il écrive son autobiographie. Plusieurs tentatives ont lieu mais finalement cela aboutit au livre Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées rédigé par Aniella Jaffé, sa secrétaire d'alors, et publié en 1961. C'est surtout Kurt Wolff, l'un des fondateurs de la Fondation Bollingen et son responsable éditorialiste qui convainc Jung de réaliser une autobiographie en dépit de ses réticences. Jung opte dans un second temps pour une biographie sous forme d'entretiens spontanés intitulée Souvenirs improvisés. Les séances ont lieu chaque jour dans l'année 1957, mais le 10 janvier 1958, Aniéla Jaffé annonce à Kurt Wolff que Jung désire écrire lui-même sa biographie. Après avoir consulté ses proches, Jung décide de ne pas évoquer la période controversée de la guerre dans cette autobiographie.

En 1961, Jung parvient, malgré les maladies à répétition, à terminer un dernier ouvrage : Essai d'exploration de l'inconscient, publié dans le recueil L'Homme et ses symboles et né de l'interview accordée à John Freeman en 1959 pour la BBC. Jung confie à Marie-Louise Von Franz la poursuite de son travail (elle publie le troisième tome de Mysterium conjunctionis consacré au traité alchimique Aurora Consurgens) et traitant du processus d'individuation. Selon le vœu de Jung, elle prend en charge la responsabilité de ses titres édités. Jung continue à travailler sur son autobiographie jusqu'à sa mort, luttant contre la dégénérescence et les troubles de mémoire. Il lit également les écrits de Pierre Teilhard de Chardin59. Il fait, au crépuscule de sa vie, deux rêves interprétés par ses proches analystes comme dévoilant que l'« homme de Bollingen » est parvenu à l'unité et à la totalité.

En mai, Jung est victime d'une attaque cérébrale qui le prive de la parole. Il la recouvre quelques heures avant sa mort, assez pour parler à son fils Hans, puis il meurt paisiblement le 6 juin 1961 à l'âge de 85 ans dans sa maison de Küsnacht, au bord du lac de Zurich60,G 18. Sa famille fait confectionner deux moulages de son visage mortuaire. Les obsèques ont lieu dans le temple protestant de Küsnacht et ses cendres reposent dans le caveau familial du cimetière. À la nouvelle de sa mort, les hommages internationaux se multiplient parmi lesquels celui de Jawaharlal Nehru. Lors de la cérémonie commémorative, l'analyste jungien Edward F. Edinger, qui est le dernier à intervenir, conclut son discours par un appel solennel : « Jung n'est plus, mais les retombées de son génie ne font que commencerI 45. »
Critiques
Article détaillé : Critique de la psychologie analytique.
Richard Noll et la polémique de la période nazie

L'accusation de sympathie avec le régime nazi dont C. G. Jung a fait l'objet dès 1932 l'a poursuivi toute sa vie, alimentant une polémique quant à la place de ses théories pendant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les nombreux détracteurs de Jung, le principal est l'Américain Richard Noll, psychologue et professeur d'histoire des sciences à l'université Harvard, et qui a publié deux ouvrages : Le Culte de Jung (The Jung cult, 1994) et Le Christ aryen (The Aryan Christ, 1997). Noll y assimile Jung à un gourou aux délires de grandeurs, accumulant autour de lui une « mafia » pétrie de théories racistes et nazies. Il œuvre comme promoteur d'un christianisme intégriste et se veut un « prophète völklich »20. Néanmoins, derrière l'arrière-plan des accusations de collusion avec le nazisme, l'auteur appuie son réquisitoire sur la critique de Jung comme destructeur de la religion chrétienne : « J'ajouterai une remarque, au risque de susciter la controverse après avoir réfléchi des années à l'impact considérable de Jung sur la culture et le paysage spirituel du vingtième siècle, je suis parvenu à la conclusion qu'il a exercé une influence aussi importante que l'empereur romain Julien l'Apostat sur l'érosion du christianisme institutionnel et la restauration du polythéisme hellénistique dans la civilisation occidentale »20. Noll ne croit pas que Jung ait jamais cru à ses concepts : « je suis convaincu – et c'est l'un des arguments de cet ouvrage – que Jung a fabriqué délibérément, et quelque peu trompeusement, ce masque du vingtième siècle pour rendre sa vision du monde magique, polythéiste et païenne plus acceptable à une société laïcisée, conditionnée à ne respecter que les idées d'apparence scientifique20. » Enfin, Noll affirme également que dans sa tour de Bollingen, Jung, franc-maçon, fait représenter un certain nombre « d'outils et de symboles maçonniques et alchimiques ». Cette thèse sans fondements basée sur une simple homonymie61 avec son grand-père est reprise dans l'ouvrage de Jean-Luc Maxence, Jung et l'avenir de la Franc-maçonnerieK 4.

Néanmoins, les ouvrages de Noll sont, pour la plupart des psychologues et historiens de la psychanalyse, des attaques personnelles. Élisabeth Roudinesco, pourtant elle-même critique à l'égard de Jung, argumente dans ce sens : « Même si les thèses de Noll sont étayées par une solide connaissance du corpus jungien (…), elles méritent d'être réexaminées, tant la détestation de l'auteur vis-à-vis de son objet d'étude diminue la crédibilité de l'argumentation62. » Élisabeth Roudinesco a également consacré un article entier, « Carl Gustav Jung, De l’archétype au nazisme. Dérives d’une psychologie de la différence », à la polémique autour de Jung et de son implication dans le régime nazi63. Richard Noll fonde enfin ses attaques sur la période trouble de la biographie de Jung, dès 1932, lorsqu'il remplace Ernst Kretschmer à la présidence de Société internationale de psychothérapie. Noll argue que Jung fut alors, de sa volonté même, « Reichsführer » de la psychothérapie en Allemagne, et qu'il chapeautait également la société freudienne de psychanalyse, comme le relate le biographe de Freud, Ernest Jones, dans sa célèbre biographie, La Vie et l’œuvre de Sigmund Freud64. Néanmoins, Deirdre Bair, dans sa biographie très documentée, conclut que Jung a été manipulé par Matthias Göring, proche du pouvoir, alors qu'Henri Ellenberger résume qu'« il reste que Jung, comme bon nombre de ses contemporains, avait sous-estimé, au début, la force de pénétration du fléau nazi »F 16. Comme Friedrich Nietzsche, l'œuvre de Jung fut récupérée à son insu puis détournée. Des preuves existent que Jung a fait modifier les statuts de la société « afin de permettre aux psychothérapeutes juifs allemands – qui pouvaient encore le vouloir – une affiliation individuelle » car ceux-ci étaient en effet interdits dans toutes les sociétés savantes en Allemagne65. De plus, Jung a aidé à l'exil sur le sol suisse de nombreux intellectuels juifs, comme Roland Cahen, qui éditera ses ouvrages en France par la suite. Gérard Badou, dans son Histoire secrète de la psychanalyseK 5, chapitre « Le flirt de Jung avec le diable », explique que Jung a été « piégé » et que « Sa marge de manœuvre à la tête de la société internationale est pratiquement nulle. Il en fera la cruelle expérience dès le mois de décembre 1933 », lorsqu'il constate que sa signature accompagne celle de Göring lors de la publication de la revue de la Société. Badou montre que dès 1934 Jung a valorisé la culture juive : l'inconscient aryen encore plus proche d'un état de jeunesse barbare est opposé à l'inconscient juif dont les racines sont aussi profondes que celles de la psychologie chinoise. Dans le contexte de l'époque, l'article n'est cette fois-ci plus considéré comme une simple gaffe, mais une provocation, propos qui entraînent son statut de persona non grata au sein de la Société allemande de psychothérapie47.
Autres critiques émanant de la psychanalyse

Dès le début de la psychologie analytique, Freud et son cercle de proches psychanalystes mettent Jung à l'index. La critique prend deux formes : la protection du statut de Freud comme créateur de la psychanalyse et l'entreprise de destruction des concepts jungiens. Ainsi, dans son essai « Critique de l'essai d'une présentation de la théorie psychanalytique de C. G. Jung »66 Karl Abraham s'attaque aux postulats de Jung. Il dénonce le « délayage de l'inconscient » opéré par le psychiatre suisse. La « teinte religieuse » du concept, qui devient dès lors un « arrière-plan mystique » fait de Jung un « théologien » et non plus un psychanalyste. Cette critique est récurrente dans la littérature psychanalytique ; ainsi Yvon Brès explique que le concept jungien « témoigne également de la facilité avec laquelle on peut glisser du concept d'inconscient psychologique vers des perspectives relevant d'un univers de pensée étranger à la tradition philosophique et scientifique dans laquelle ce concept est né »67.

La seconde génération de psychanalystes freudiens, représentée par Donald Woods Winnicott ou Jacques Lacan par exemple, perpétuent la critique, faisant encore aujourd'hui de Jung une persona non grata en psychanalyse. Ainsi, Dominique Bourdin, docteur en psychopathologie et psychanalyse, stigmatise Jung dans La Psychanalyse, de Freud à aujourd'hui : « Renonçant aussi bien à l'importance de la sexualité infantile qu'au rôle organisateur de la crise œdipienne dans l'histoire singulière de chaque individu, Jung est sorti de la psychanalyse – même s'il continue à utiliser ce terme, désormais compris comme analyse de contenus psychiques généralement inconscients (...). Peut être est-ce un prophète du « retour du religieux », indépendamment des Églises traditionnelles, et en précurseur du courant spirituel du New Age, selon lequel nous entrons désormais dans « l'ère du Verseau », que nous pourrions le décrire le plus adéquatement. Ce faisant, il a délibérément quitté le terrain des sciences humaines et de la pensée rationnelle68. » Enfin, l'attitude de Jung envers Freud, et leur rupture en 1913, est pour beaucoup dans l'ostracisme du premier. La synthèse critique est réalisée par Edward Glover, continuant celle d'Ernest Jones, dans Freud ou Jung (1941). La personnalité de Jung est au centre des attaques et Glover dénonce le « culte de Jung ». La critique existe également au sein même de la psychologie analytique. Andrew Samuels dans Jung and the PostJungiansK 6 étudie les nombreuses dissensions internes autour de concepts clés de Jung ; il a également, plus récemment, collaboré avec un certain nombre d'auteurs, à une critique de la théorie jungienne, dans Controversies in Analytical Psychology de Robert WithersK 7.
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La psychologie analytique
Article connexe : Psychologie analytique.
L'étude des manifestations inconscientes

Le concept de « psychologie analytique » apparaît pour la première fois en 1913, au XVIIe Congrès International de Médecine organisé à Londres. Dans une conférence, Jung définit sa nouvelle approche comme une psychologie ayant pour but la description des manifestations de l'inconscient, c'est pourquoi il lui préfère l'expression de « psychologie complexe »G 19,69. Il la distingue des autres courants de la psychologie comme la psychanalyse de Freud, celle d'Alfred Adler, et de la « psychologie des profondeurs » (« Tiefenpsychologie ») d'Eugen Bleuler. Dans ses écrits, Jung propose de nombreuses expressions synonymes, alternant les concepts en fonction de l'objet qu'il traite. Ainsi, lorsqu'il parle des complexes psychiques, Jung emploie la locution « psychologie des complexes », en référence à ses expérimentations sur les associations lors de son passage au Burghölzli. Ses successeurs et détracteurs nomment les théories matures de Jung « psychologie jungienne », voire, par dérision, « jungisme ».
Représentation conique de la structure de la psyché selon la psychologie analytique :
1. le Moi ;
2. le conscient ;
3. l'inconscient personnel ;
4. l'inconscient collectif ;
5. la partie de l’inconscient collectif qui ne peut être connue, dite « inconscient archaïque »70.

Le postulat fondamental de la psychologie analytique est que la psyché est dans son essence « naturaliter religiosa » (en latin : « naturellement religieuse »J 1). La psychologie analytique se propose ainsi de donner du sens à la psyché, qu'elle nomme l'« âme » et propose une forme de développement de soi menant à la découverte de sa propre totalité : « La psychologie analytique nous sert seulement à trouver le chemin de l'expérience religieuse qui conduit à la complétude. Elle n'est pas cette expérience même, et elle ne la produit pas. Mais nous savons par expérience que sur ce chemin de la psychologie analytique nous apprenons l'« attitude », précisément, en réponse à laquelle une réalité transcendante peut venir à nous »E 7. Le terme d'« âme » utilisé par Jung a entraîné nombre de critiques de la part de ses pairs mais aussi venant du monde religieux. Charles Baudouin replace cependant la motivation de Jung dans son contexte : « Si Jung n'est pas toujours clair, au gré de ses lecteurs, c'est qu'il ne cède justement pas au goût prématuré de l'abstraction, qui classifie en simplifiant, en schématisant ; il traîne avec l'idée, de peur de l'appauvrir, tout un amalgame de réalité humaine, naturelle, illogique, « prélogique » à laquelle elle adhère intimement. C'est lourd peut-être, mais c'est riche et vrai (…) Il a réintégré, dans la psychanalyse matérialiste d'hier, l'« âme » naguère refoulée ; mais s'il a pu le faire efficacement, sainement, c'est bien parce que nul, plus que lui, n'a su conserver ce que Nietzsche appelait « le sens de la terre » »G 3.
La psychothérapie jungienne

La théorie jungienne redéfinit tous les composants de la cure psychanalytique. Henri Ellenberger signale que Jung était « un psychothérapeute exceptionnellement habile qui savait adapter le traitement à la personnalité et aux besoins de chacun de ses patients »F 17. Se démarquant de celle de Freud (« réductive » selon Jung) elle est selon lui un « processus dialectique entre deux individus reposant sur le concept de « compensation psychique » », ou Auseinandersetzung (« confrontation » en français). Selon Christian Delacampagne, le succès de la théorie de Jung, auprès du public, est dû au fait que celle-ci centre moins la prédominance du sexualisme au sein de l'explication psychique ; ce faisant, elle soulève moins de résistance71. De fait, « La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement » explique en effet Elizabeth Leblanc72.

Ainsi, l'analyse psychologique met en jeu des forces inconscientes qui en font un « processus initiatique », le seul « encore vivant et pratiquement appliqué dans la sphère de la culture occidentale »L 2 selon Jung. Le transfert est conseillé, et même recherché, car il permet de projeter sur l'analyste le mythe personnel du sujet. Enfin, la cure suit des phases archétypiques, déjà illustrées par l'alchimie ou les religions anciennes sous forme de paraboles qui conduisent le patient vers la recherche de sa propre totalité. « Le but du processus thérapeutique est de permettre d'assimiler les éléments inconscients de sa psyché et réussir ainsi finalement l'intégration de sa personnalité et la guérison de sa dissociation névrotique »73.
Une œuvre mystique ou scientifique ?

La critique selon laquelle la pensée de Jung est spiritualiste, voire mystique, a été émise dès les débuts de la psychologie analytique. Franck C. Ferrier en examine les conditions de production et le développement historique dans les écrits de Jung. Il y voit l'exploration d'une « troisième hypothèse », ni matérialiste ni spiritualiste, mais relevant du paradoxe épistémologique. Ferrier considère le postulat de la psyché en sympathie avec le cosmos, comme la pierre de touche du système théorique jungien74. Les références à la religion sont omniprésentes dans son œuvre, Jung s'aventurant souvent dans le domaine de la morale, de la théologie et même de la métaphysique, bien qu'il en refuse l'usage en psychologieE 8. En fait, Jung aborde souvent lui-même la question de la mystique, celle de Maître Eckhart en particulier, dont il dit qu'il est « le plus grand penseur de [son] époque »E 9. Dans l'ouvrage Jung et la mystique, Steve Melanson explique en effet que « c'est spécifiquement dans l'héritage d'Eckhart que Jung considère la possibilité d'un renouvellement de l'attitude religieuse en Occident »75. Car, pour Jung, un tel vécu de l'expérience mystique permet à l'individu de trouver son sens intérieur et, ainsi, de développer une attitude religieuse propre à lui, une plus grande force d'âme et une autonomie spirituelle. « Et de même s'est fortifié [pour Jung] l'idée que par l'addition d'un nombre suffisant de consciences ayant développé un tel sens propre, pourraient être évitées de nouvelles folies collectives modernes »76. Enfin, Jung s'est focalisé dès ses premiers travaux (avec sa thèse de psychiatrie) sur le paranormal. Son concept de synchronicité est le point culminant de cet intérêt ésotérique77, ce qui a contribué à le décrédibiliser au sein de la communauté des psychanalystes et des psychiatres.
Le mandala est selon Jung la représentation de l'archétype de la totalité.
Une théorie pragmatique

Pourtant Jung se livre aussi à des réflexions épistémologiques sur la portée de l'investigation de l'esprit en tant qu'objet dans les sciences humaines. Dès ses débuts, Jung se dit empirique et pragmatique, se revendiquant de la méthode du philosophe américain William James. Jung part toujours en effet des faits pathologiques, que son expérience de clinicien au Burghölzli lui a permis d'affiner ; ses théories sont pour lui « des propositions et des essais visant à formuler une psychologie scientifique nouvelle, fondée en premier lieu sur l'expérience directe acquise sur l'homme même »E 10. La réalité psychique n'est « pas moins réelle que le domaine physique [et] a sa propre structure, est soumise à ses propres lois »78.

En d'autres termes, la pensée de Jung est panpsychique. Sa vision de la libido, en particulier, est éclairante : il s'agit pour lui d'une force créée par une polarité psychique (conscient/inconscient), « une énergie psychique sans pulsion sexuelle : une libido originaire qui peut être sexualisée ou désexualisée »79. En ne fondant pas sa théorie sur l'origine sexuelle du psychique, Jung se démarque de la psychanalyse, pour aboutir à une méthode davantage clinique. Les tests d'associations d'idées constituent un apport en psychologie expérimentale également80 alors que le cadre psychothérapeutique qu'il édifie influence les psychothérapies d'inspiration psychanalytique.
Le créateur de concepts

Jung poursuit, tout au long de sa vie, une analyse de la psychologie humaine qui le fait s'intéresser à la psyché de la personne normale avant de s'intéresser à la psyché de la personne névrotique ou psychotique. Bien qu'objets de polémiques, les concepts qu'il a développés ont ouvert une autre voie à la psychanalyse de Freud, et à la psychologie clinique également. Denis de Rougemont dit ainsi : « Il est possible que le plus grand théologien et le plus grand psychologue de ce siècle, jusqu'ici, soient deux suisses : Karl Barth et Carl Gustav Jung »81. Cette recherche a permis à Jung de multiplier les outils d'analyse et les concepts permettant d'appréhender les manifestations psychiques. Cette différence fondamentale dans l'approche lui permet de mettre en lumière des concepts psychologiques majeurs dits « transpersonnels » car intégrés au « psychisme objectif » (celui collectif) composant la « réalité psychologique », notion centrale de sa penséeF 18.

Parmi cette réalité objective préexistent avant tout des structures mentales innées, les « archétypes psychologiques », déterminés à partir de ses études de la mythologie, de l'alchimie et à partir d'un rapprochement entre pensée orientale (le yoga Kundalinî notamment) et théorie psychanalytique. Le concept d'« inconscient » diverge de celui de Freud et Jung y adjoint une partie collective, qu'il nomme l'« inconscient collectif »82. Il déplace le fondement de la dualité pulsionnelle freudienne sur une double dualité, qu'il considère comme archétypiqueJ 2 : la dualité créativité/destructivité et la dualité instinctivité/spiritualité, ces deux dualités n'étant pas superposables (il y a, par exemple, des dynamiques spirituelles destructrices). Jung voit dans le mythe et dans les rêves des manifestations de cet inconscient collectif enfinF 19.

Au niveau personnel, le « psychisme subjectif », la psyché se compose de différentes instances jouant un rôle régulateur et dynamique, parmi lesquels : l'ombreJ 3, qui est la somme de tous les refoulements subconscients, liée aux fonctions psychiques inférieures, au caractère, et à tout ce que l'éducation et la socialisation ont repoussé dans l'inconscient personnel ; la Persona, fonction sociale d'adaptation sociale de l'individu ; les concepts sexués d'animus (pour la femme) et d'anima (pour l'homme)J 4 ont permis de comprendre la fonction de régulation et de communication de l'être avec le psychisme de l'inconscient, notamment à travers le rêve. Les concepts de « SoiJ 5 » et d'« individuationJ 6 » donnent un sens et une orientation à la démarche jungienne. Enfin, le concept de types psychologiques à travers les notions d'introversion et d'extraversion et des quatre fonctions permet une description de la personnalité consciente et inconsciente (voir infra).

Jung développe par ailleurs des concepts décrivant des réalités psychiques touchant à d'autres disciplines comme celui de synchronicitéJ 7, qui touche au domaine de la physiquenote 9. D'autres concepts, étant davantage des outils d'analyse, font de la psychologie de Jung une démarche également clinique. Jung définit ainsi les complexes, l'état psychique d'inflation, caractéristique de la psychose, la personnalité mana, les états modifiés de conscience comme le somnambulisme ou cryptomnésie, le transfert recherché, l'imagination active et le dialogue intérieur pour la psychothérapie.
Une théorie des types psychologiques
Article détaillé : Type psychologique.
Les « quatre fonctions » de la personnalité selon la typologie jungienne.

Les « types psychologiques » sont la contribution majeure de la psychologie analytique aux sciences humaines et en particulier à la caractérologie naissante lorsque Jung les a développés, dès 1913, lorsqu'il en expose les linéaments lors du congrès psychanalytique de Munich. Débordant le cadre expérimental pour développer une théorie de la personnalité prolongeant la classification traditionnelle, Jung met ensuite en évidence, dans son ouvrage fondateur Types psychologiques, en 1921, une structure schématique de la personnalité fondée sur des fonctionsJ 8. Jung distingue en effet « quatre fonctions psychiques » : le type Pensée, le type Intuition, le type Sentiment et le type Sensation, que chacun possède à des degrés différents. En effet, selon Jung, « pour s'orienter dans le champ du conscient, il faut constater que quelque chose existe (sensation), en connaître la signification (pensée), en apprécier la valeur (sentiment), et percevoir d'où cela vient et où cela va (intuition)83 ». À cette première grille de lecture, Jung y sur-ordonne deux « attitudes » qui déterminent l'utilisation faite par le psychisme du sujet de sa libido (énergie psychique). Ainsi, l'extraversion est le mouvement de la libido vers l'extérieur, qui se réfère à l'objet alors que l'introversion est elle le mouvement de la libido tournée vers l'intérieur et qui se tourne vers le sujetJ 9. Par exemple, l'extraversion domine dans l'hystérie alors que dans la démence précoce c'est l'introversion. Ainsi Jung dessine, à partir de ces quatre fonctions et de ces deux attitudes, et selon leur degré de conscience et de dominance sur le sujet (il existe ainsi une fonction principale, dite « différenciée »), un certain nombre de types psychologiques expliquant notamment les conflits de personnes ou les passions personnelles (un type Pensée a une dominance pour le scientifique par exemple)J 10. Ce modèle eut une forte influence sur les théories managériales, à travers le Myers Briggs Type Indicator et la vision socionique, mais aussi en développement personnel, en graphologie et même en astrologie. Cependant, son utilité n'est pas psychométrique. Sa prise en compte dans la cure analytique, enfin, est une étape nécessaire dans la connaissance du « monde intérieur »J 11 du sujet.
Jung et l'alchimie
Paracelse. Jung le considère comme son ancêtre spirituel, comme étant une personnalité reflétant les contradictions de son temps.
L'alchimie, psychologie avant l'heure

Dès les années 1920 Jung découvre, grâce à son ami le sinologue allemand Richard Wilhelm et sa traduction du texte ancien du Traité du Mystère de la Fleur d'Or (Das Geheimnis der goldenen Blüte), la riche tradition de l'« alchimie des souffles » et l'alchimie des taoïstes. Ses recherches l'emmènent ensuite vers la tradition alchimique européenne, de l'Antiquité tardive jusqu'à la Renaissance. Il y découvre un fondement à sa psychologie analytique : « Il nous apparaît aujourd'hui avec évidence que ce serait une impardonnable erreur de ne voir dans le courant de pensée alchimique que des opérations de cornues et de fourneaux. Certes, l'alchimie a aussi ce côté, et c'est dans cet aspect qu'elle constitua les débuts tâtonnants de la chimie exacte. Mais l'alchimie a aussi un côté vie de l'esprit qu'il faut se garder de sous-estimer, un côté psychologique dont on est loin d'avoir tiré tout ce que l'on peut tirer : il existait une « philosophie alchimique », précurseur titubant de la psychologie la plus moderne. Le secret de cette philosophie alchimique, et sa clé ignorée pendant des siècles, c'est précisément le fait, l'existence de la fonction transcendante, de la métamorphose de la personnalité, grâce au mélange et à la synthèse de ses facteurs nobles et de ses constituants grossiers, de l'alliage des fonctions différenciées et de celles qui ne le sont pas, en bref, des épousailles, dans l'être, de son conscient et de son inconscient »E 11, une mise en image et une parabole de l'évolution de l'individu sur le chemin de l'individuation : « J'ai vu très rapidement que la psychologie analytique se recoupait singulièrement avec l'alchimie. Les expériences des alchimistes étaient mes expériences et leur monde était, en un certain sens, mon monde. Pour moi, cela fut naturellement une découverte idéale, puisque, ainsi, j'avais trouvé le pendant historique de la psychologie de l'inconscient. Celle-ci reposait dorénavant sur une base historiqueD 17. »

Jung voit dans la figure de Paracelse un psychologue d'avant la psychologie, un medicine-man lui ressemblant en bien des points. Paracelse l'initie par ailleurs au rapport ténu qui existe entre l'alchimie et la religion comme problème moral de l'âme. Ses recherches sur l'alchimie aboutissent à plusieurs ouvrages : Synchronicité et Paracelsica (1929), Psychologie et alchimie (1944), Psychologie du transfert (1946) et enfin les deux tomes de Mysterium conjunctionis (1955 et 1956). C'est à partir des œuvres alchimiques du Moyen Âge et de la Renaissance (les traités de Michael Maier comme Atalante fugens, ceux de Johann Valentin Andreae, Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, et les écrits de Gérard Dorn, surtout) mais aussi des époques antérieures (Pythagore et le célèbre traité fondateur de la Table d'émeraude attribuée à Hermès Trismégiste) et contemporaines (Fulcanelli notamment) que Jung trouve la justification de ses modèles psychologiques. En effet, il voit dans la recherche de la « lapis philosophicae », la Pierre philosophale, la métaphore du cheminement de l'esprit vers davantage d'équilibre, vers une réalisation pleine et complète, le « Soi ». Pour Jung toute la recherche de la transmutation du plomb en or n'a servi, au cours de l'histoire, qu'à représenter ce besoin psychique humain, et à en préserver les règles et processus, et la connaissance des menaces de la société de l'époque (l'Inquisition notamment). Jung est ainsi connu pour être un des rares psychothérapeutes à s'être appuyé sur l'alchimie pour en déterminer les parallèles avec la psychologie, celle de la recherche de l'« anthropos » ou « homme total », auquel Jung donne le nom de « Soi »).
Critique de ses travaux

L'interprétation psychologique de l'alchimie de Jung a eu une influence considérable sur la perception de cette discipline au XXe siècle, de Gaston Bachelard à Betty Jo Teeter Dobbs84, qui étudia les travaux alchimiques de Isaac Newton. À partir des années 1980 cependant, elle a été fortement critiquée par certains historiens des sciences, parce que se fondant sur une conception anhistorique de l'alchimie, qui ne correspond pas à ce qu'elle était pour les alchimistes du Moyen Âge et de la Renaissance, mais à la vision qu'en ont eue les romantiques et les occultistes du XIXe siècle, après que la chimie moderne se fut distinguée de l'alchimie au cours du XVIIIe. Les principales critiques sont exposées dans l'ouvrage de Robert Halleux, Les textes alchimiques. Barbara Obrist85, William R. Newmann86, Lawrence Principe et William Newman87 avancent l'inexactitude de certains développements de Jung en en replaçant le contexte historique et intellectuel. Selon Lawrence Principe et William Newman, l'interprétation religieuse et symbolique des processus alchimiques, proposée par Jung, procède d'une vision réductionniste88. Les thèses de Newman et Principe ont toutefois à leur tour été critiquées par Hereward Tilton89.
Postérité
Article détaillé : Développements de la psychologie analytique.
La « conjonction des opposés », ou réunion des contraires représente la conjonction du conscient et de l'inconscient (gravure alchimique extraite du traité Aurora consurgens, environ 1500).
Sciences humaines

Les premières expérimentations des associations libres de Jung et de Franz Riklin, au Burgöhzli, ont permis la création du psycho-galvanomètre, ancêtre du détecteur de mensonges90.

Indirectement, Jung a eu une profonde influence sur la société et dans le domaine des psychothérapies. En effet, les notions jungiennes ont connu une réactualisation au sein de certaines psychothérapies, notamment à travers son idée de ce que doit être le traitement, qui se fait en face-à-face avec le patient. Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, dans leur Dictionnaire de la psychanalyse expliquent : « Les deux grandes écoles de psychothérapie du XXe siècle sont l'école de psychologie analytique fondée par Carl Gustav Jung et l'école de psychologie individuelle fondée par Alfred Adler, nées toutes deux d'une dissidence avec celle fondée par Freud »91. Les concepts d'« archétype », d'individuation et d'enfant intérieur ont ainsi eu une large diffusion. L’« enfant intérieur » a inspiré des psychothérapeutes pour qui « travailler en lien avec son enfant intérieur est alors utilisé dans une démarche psychothérapeutique », dans certains courants de la psychothérapie. Les analystes Hal Stone et Sidra Stone dans leur ouvrage Le Dialogue intérieur, en font la base de leur approche.

Par ailleurs, le mouvement des « Alcooliques anonymes » doit beaucoup à un patient de Jung, Bill W. (alias William Griffith Wilson), cofondateur du mouvement d'entraide, qui exprime sa reconnaissance envers le psychiatre suisse : Après s'être retiré de la direction du mouvement « AA » en 1961, Bill W., cofondateur des Alcooliques anonymes, s'est attaqué à une tâche qu'il souhaitait depuis longtemps entreprendre, celle de souligner la dette de reconnaissance des AA envers tous ceux qui avaient contribué à la naissance du mouvement. L'une de ces personnes était Carl Jung, à qui Bill a écrit le 23 janvier 196192,I 46,93.

L'ouvrage de Carl Gustav Jung, Psychologie et éducation (qui rassemble les articles de 1916 à 1942) et mêle psychologie analytique et éducation donna lieu par la suite à la création d'une pensée jungienne de l'éducation, continuée par des analystes pédagogues comme Clifford Mayes. David Lucas dans son article « Carl Gustav Jung et la révolution copernicienne de la pédagogie » résume ainsi cette fusion de la psychologie de Jung avec les catégories de l'éducation comme pratique qui prend le nom de archetypal pedagogy : « L’œuvre de Carl Gustav Jung conduit à considérer que la relation pédagogique ne met pas seulement en jeu des contenus ou des consignes rationnelles, mais aussi une influence tenant à la sensibilité et à la personnalité du pédagogue. L’éducation n’est alors plus de l’ordre du seul discours, mais tient également aux dispositions psychiques de l’adulte. Or ces dispositions échappent largement aux méthodes pédagogiques programmées d’avance, et dépendent au contraire de ce que l’éducateur est dans le plus intime de sa psychologie. Cette attention portée à l’équation personnelle de l’adulte constitue une véritable révolution copernicienne de la pédagogie, car si l’être de l’éducateur devient la principale détermination de l’influence qu’il exerce sur l’enfance, ce sera tout d’abord lui qui devra être éduqué »94.
Mysticisme et spiritualité

Une des hypothèses jungiennes est que la culture religieuse (spiritualité et pratiques mystiques) est le résultat de la projection dans le monde extérieur des fonctionnements cognitifs automatiques pré-conscients.

Pour approfondir cette thèse, Jung a étudié des objets tabous pour la science et adulés par les mystiques : la subjectivité, le sens et la valeur, les rêves, les pratiques spirites, les pratiques spiritualistes (symbolique, yoga, mandalas, etc.), la psycho-sociologie contemporaine du phénomène ovni95, la psycho-sociologie au Moyen Âge de l'engouement pour l'alchimie96, etc.

Ces objets d'études ont donné lieu à deux types d'interprétations qui ne résistent pas à la connaissance de la vie et de l’œuvre de Jung : une tentative de légitimation par des courants mystiques partisans de la position idéaliste, et un rejet en bloc par les adeptes du scientisme partisans de la position matérialiste.

Or, le travail de Jung vise à dépasser l'opposition entre matérialisme et idéalisme, « car la réalité vivante n'est donnée ni par le réel objectif ni par la formule dont le revêt la pensée »97, grâce à la science psychologique : « L'activité vitale particulière à la psyché permet seule à la perception sensible d'atteindre la profondeur de son impression, à l'idée, sa puissance efficace, toutes deux composantes indispensables d'une réalité vivante. »98

Par rapport au « phénomène ovni », Jung est un des premiers auteurs, dans Un mythe moderne (1958), à s'y intéresser d'un point de vue psychologique et sociologique. Il y suggère l'importance qu'il y a à étudier autant le témoin qui rapporte l'observation que l'observation per se. L'explication du phénomène se situerait dans la rencontre entre la psyché et un phénomène physique. De ce fait, il est un des précurseurs de ce que l'on nomme aujourd'hui le « modèle sociopsychologique du phénomène ovni ».

À ce sujet, voici un exemple ni mystique, ni scientiste pour illustrer les recherches psychologiques jungiennes : un Américain en 1950 voit un phénomène lumineux dans le ciel. Une idée jaillit : « C'est un OVNI conduit par des extraterrestres. »

Trois réactions sont, alors, possibles :

Soit, il rejette rapidement la pensée qu'il vient d'avoir : de l'existence et d'une rencontre possible avec une autre forme de vie intelligente. Le rejet de cette hypothèse, le conduit à prouver scientifiquement la cause physique du phénomène visuel dont il a été témoin. Ce qui est souvent possible assez aisément. Ce travail rationnel souhaitable peut aussi se transformer en une conviction pseudo-scientifique sur l'impossibilité d'existence d'autres formes de vie intelligente. Et peut aussi conduire au déni du questionnement scientifique légitime sur le fait objectif de la psycho-sociologie du phénomène ovni.

Soit il est subjugué par la conviction de l'existence d'autres formes de vie intelligente. Il deviendra alors un fervent défenseur de la réalité physique de l'apparition d'ovni extraterrestre. Il pourra même s'enfermer dans le déni des preuves scientifiques qui démontre la cause physique du phénomène dont il a été témoin.

Soit, cas le plus rare, si sa maturité psychologique est suffisante, il s'intéressera scientifiquement au phénomène psychologique (répété dans les années 1950 - 60) du jaillissement de l'hypothèse de l'existence et de la rencontre possible avec d'autres formes de vie intelligentes.

Étudier cette question pourra alors être fécond en spéculations et hypothèses scientifiques. Jung pour sa part s'est intéressé à la dimension symbolique de l'engouement pour les ovni. Il y voit une projection fantasmatique qui force la pensée rationnelle contemporaine à s'intéresser à d'autres modes cognitifs : sentiments éprouvés, sensations immédiates, intuitions. L'homme du Moyen Âge dialoguait avec Dieu. L'homme du vingtième siècle (dans l'hypothèse d'un processus physiologique d'individuation), se prépare à la rencontre - aussi étrange qu'une rencontre du troisième type - avec ses dynamismes cognitifs pré-conscients qui participent silencieusement à son existence.
Selon Jung, les apparitions d'ovni ont un sens psychologique. Gravure sur bois de Hans Glaser relatant les étranges ballets aériens du 4 avril 1561.

Le titre choc d'un article intitulé « Le Dr Jung dit que les « disques volants » suggèrent des pilotes quasi humains » publié dans le journal New York Herald Tribune, le 30 juillet 1958, a servi aux deux camps qui s'opposent quant à l'existence d'ovnis pilotés par des extraterrestres. Certains ont voulu y voir une légitimation de leur croyance aux extraterrestres, d'autres une décrédibilisation du caractère scientifique des travaux psychologiques de Jung. Peu envisagent que Jung, en ancien psychiatre, fait justement remarquer qu'il y a un intérêt pour les recherches psychologiques de remarquer que ceux qui décrivent des ovnis extraterrestres décrivent un pilotage non extraterrestre - « quasi humain ». S'agit-il, alors, d'une projection fantasmagorique99 ? Comme méthode, il propose des études de cas de rêves à thématique ovni de ses patients. Son hypothèse principale est que les ovnis ont une forme circulaire de soucoupe par analogie avec les mandalas, eux-mêmes symboles d'un désir de complétude et qu'ils sont une reconduction de l'archétype du salut, au sein d'une société où « Dieu est mort ». Une tentative pour l'humain de s'interroger au sujet de la cohabitation sous un même crâne entre une pensée consciente coutumière et un autre fonctionnement cognitif non-conscient.

L'intérêt de Jung pour le yoga notamment, et globalement pour les croyances orientales, est récupéré par le syncrétisme qui se retrouve dans le New Age100. Selon le sociologue Paul Heelas, dans The New Age Movement, Jung est l'« une des trois plus importantes figures du New Age » avec Blavatsky et Gurdjieff101.

Les Travaux de Jung à propos de la psychologie des mystiques ont conduit en partie au développement du courant dit « New Age » qui en reprend certains termes dans des acceptions plus ou moins en rapport avec la pensée jungienne : inconscient collectif, anima, synchronicité, etc. « L’impact de la pensée de Jung sur la dynamique d’émergence du New Age est fondamental » résume le sociologue Luc Mazenc102.
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Théorie des types psychologiques

La théorie des types psychologiques a une influence féconde sur une génération de psychologues : le Myers Briggs Type Indicator de Katherine Cook Briggs et d'Isabel Myers ayant abouti au questionnaire MBTI ®️ utilisé dans certaines méthodes de coaching provient de la classification en types de Jung103. La socionique est une théorie des relations entre les types de personnalités inspirée également des types psychiques, créée par Aushra Augustinavichute. Ces deux théories, l'une occidentale (le MBTI), l'autre soviétique (la socionique) sont nées durant la guerre froide ; leur portée montre la dimension internationale des recherches de Jung.

Par ailleurs, la typologie jungienne de la personnalité a nettement influencé la graphologie et la caractérologie de l'« école de Groningue ». Une élève de Jung, Ania Teillard, auteur des Types psychologiques de Jung et leur expression dans l'écriture (1946) et de L'Âme et l'écriture (1948) met en relief les correspondances graphiques et les types psychiques. Enfin, le psychiatre et neurologue suisse Hermann Rorschach s'inspira de la typologie de Jung pour bâtir son test projectif portant son nom, publié dans Psychodiagnostic (1921) et très utilisé aujourd'hui104.
Le mythologue hongrois Károly Kerényi coécrivit avec Carl Gustav Jung et Paul Radin, Le fripon divin (1958).

Gaston Bachelard, dans ses écrits comme la Psychanalyse du feu, développe une théorie de l'imagination influencée par la symbolique des archétypes. Ses méthodes d'analyse doivent beaucoup à la démarche de la psychologie analytique105. Par ailleurs, la mythanalyse de Pierre Solié et de Gilbert Durand, auteur des Structures anthropologiques de l’imaginaire. Introduction à l’archétypologie générale, se fonde sur l'« archétypologie » de tradition jungienne106. Durand a également réalisé un travail d'élargissement de l'archétypologie vers le domaine artistique, notamment dans Beaux-arts et archétypes : la religion de l'art (1989) en introduction duquel il explique que « la philosophie de l'archétype est encore sinon à illustrer (...) mais bien à défendre un quart de siècle après la disparition de l'« inventeur » de cette notion, Carl Gustav Jung »107. Le critique et spécialiste de la littérature Northrop Frye publie en 1949 Anatomy of Criticism qui se réfère directement à la théorie des archétypes de Jung, qui sont pour lui des « modèles thématiques ou purement littéraires, indifférents aux règles de la vraisemblance ». En somme, pour lui, les mythes sont « les principes structurels de la littérature »108. Le critique littéraire Georges Poulet a transposé les modèles jungiens dans l'étude des textes et des univers imaginairesK 8.
Influence sur la littérature et les arts

La psychologie analytique a eu de nombreuses répercussions sur la littérature du XXe siècle. Certains auteurs ayant été patients de Jung se sont inspirés de son approche de la psyché et de l'imaginaire mythologique. La dimension trans-personnelle et l'étude des mythes ont ainsi permis à des écrivains comme Herbert George Wells ou Hermann HesseI 47 (dans ses romans Demian et dans Le Loup des steppes notamment), analysés par Jung, de teinter leurs univers de références aux concepts jungiens. La femme de lettres Victoria Ocampo (qui a rencontré Jung en 1930), le poète américain Léonard Bacon ou Jorge Luis Borges disent enfin avoir été influencés par Jung. Certains auteurs de science-fiction se sont également reconnus comme d'inspiration jungienne, tel Frank Herbert dans Dune, Philip Wylie, Valerio Evangelisti109 ou Ursula K. Le Guin dans Le Cycle de Terremer.

Les cinéastes italiens Federico Fellini et même George Lucas (par l'intermédiaire du mythologue américain Joseph Campbell) font partie également des artistes influencés par la psychologie analytique. Au cinéma, le réalisateur et scénariste John Boorman dans Excalibur (1981) s'est inspiré de l'œuvre de Jung, en particulier dans son analyse de l'archétype du Saint Graal110. Le film de Roberto Faenza, L'âme en jeu (2004) met en scène Jung et Sabina Spielrein. De même, David Cronenberg met en scène dans son film A Dangerous Method (2011) cette liaison ainsi que la relation entre Freud et Jung. Dans Batman Begins (2005), le psychiatre Jonathan Crane justifie le fait que les patients parlent d'un épouvantail effrayant en disant que cela correspond à un archétype de Jung. Dans Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick un dialogue évoque la « dualité de l'homme », concept jungien, pour justifier la cohabitation entre un slogan pacifiste et un slogan guerrier sur un même casque. Dans les séries, Jung est évoqué dans la saison 3 de Heroes. Quand le personnage d'Usutu affirme à Matt Parkman qu'il doit trouver son totem pour le guider dans son voyage. Matt demandant s'il s'agit de fétichisme africain, se voit répondre que cela vient de la psychologie analytique de Carl Jung. Dans l'épisode des Simpson, Bart enfant modèle, un psychanalyste voit en Bart l'enfant intérieur à prendre comme modèle pour les adultes (ce qui tourne au désastre, Bart étant l'enfant le plus odieux de la ville).

En peinture, l'expressionniste américain Jackson Pollock qui a entrepris une thérapie jungienne en 1939 doit sa vocation artistique à cette cure111. Edward Hopper est lui aussi influencé par la pensée de Jung (mais aussi par celle de Freud)112.

Le manga Dreamland de Reno Lemaire s'intéresse à la dualité des mondes réel et onirique dans un cadre simplifié et purement nekketsu. Les personnages de Carl Gustav Jung (surnommé l'homme à la pipe) et Sigmund Freud sont décédés mais leurs âmes subsistent au sein de Dreamland.
Ouvrages de Jung
Article détaillé : Bibliographie sur la psychologie analytique.
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Bibliographie de Jung (liste complète)

Filmographie

A Dangerous Method est un film historique canado-britannico-germano-suisse réalisé par David Cronenberg en 2011 dans lequel Carl Gustav Jung est incarné par Michael Fassbender.

Références et sources
Ouvrages de C. G. Jung utilisés

Carl Gustav Jung, Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées [détail des éditions]

↑ p. 3.
↑ p. 20.
↑ « Seule l'essence spirituelle de sa vie était pour lui inoubliable et valait la peine d'être racontée », explique Aniéla Jaffé, p. 13.
↑ p. 143.
↑ p. 30.
↑ p. 51.
↑ Entrée « complexe » du glossaire final, p. 454.
↑ p. 176.
↑ p. 670.
↑ p. 82-183.
↑ « Cela n'a plus rien d'un jugement scientifique, mais relève uniquement d'une volonté personnelle de puissance » explique Jung à propos des opinions de Freud, p. 224.
↑ p. 373.
↑ p. 230-231.
↑ p. 203.
↑ p. 315.
↑ p. 331.
↑ Entrée « Alchimie » du glossaire final.

↑ Le titre exacte est : Psychologie et pathologie des phénomènes dits occultes. Un cas de somnambulisme chez une fille d'origine pauvre (médium spirite) (1902). Thèse de doctorat en psychiatrie reproduite dans L'Énergétique psychique, Georg, Genève, 1973.
↑ Les deux études sont réunies dans l'ouvrage Recherches expérimentales sur les associations chez les sujets sains (Experimentelle Untersuchungen über die Assoziationen Gesunder).
↑ Jung à Freud, « lettre du 11 décembre 1911 », in The Freud-Jung letters: the correspondence between Sigmund Freud and C.G. Jung, p. 124-125.
↑ C. G. Jung, Psychologie et Alchimie, Buchet/Chastel, 1970, p. 123.
↑ Ce texte est ponctué de réflexions personnelles démontrant le choc que fut pour lui le séjour dans le sous-continent indien : « En Inde il semble ne rien y avoir qui n'ait déjà existé auparavant une centaine de milliers de fois », in C. G. Jung, Psychologie et orientalisme, Albin Michel, coll. « Bibliothèque Jungienne », 1985 (ISBN 978-2226021113), p. 111.
↑ Propos de Jung en 1949, lors d'une interview reproduite in C. G. Jung parle. Rencontres et interviews, Buchet Chastel, Paris, 1985, p. 153.
↑ Lettre de Jung à Hélène Kiener, 15 juin 1955.
↑ Bien qu'intéressé par la métaphysique, Jung n'évoque ces concepts que comme des hypothèses de travail ; il affirme par exemple : « En fait le concept d'inconscient n'est qu'une simple et commode hypothèse de travail », in C. G. Jung, Psychologie et religion, Buchet-Chastel, 1958, p. 81.
↑ C. G. Jung, Types psychologiques, Geors & Cie, 1950, p. 234.
↑ Jolande Jacobi, La Psychologie de C. G. Jung, Neuchâtel, Delachaux Niestle, 1950, préface, p. 3.
↑ C. G. Jung, Psychologie et alchimie, Buchet Chaste, 2004, p. 291.

Autres ouvrages utilisés

Henri F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l'inconscient, Paris, Fayard, 2008 (ISBN 2-213-61090-Cool
Le chapitreIX est consacré à c. g. jung et à la psychologie analytique

↑ p. 681. Il existe en effet 5 tomes de correspondances, édités par Aniéla Jaffé et Gerhard Adler et intitulés Correspondance.
↑ p. 675-763. Ellenberger en fait également un portrait physique et moral précis, p. 697-701.
↑ Selon Henri F. Ellenberger la nationalité de Jung a été pour beaucoup dans sa reconnaissance internationale ; de plus, « la neutralité de la Suisse lui évita les vicissitudes qui marquèrent les vies de Freud et d'Adler », p. 675.
↑ Jung obtient le titre de privat-Dozent à l'université, p. 686. Ce titre désigne dans les pays germaniques des enseignants qui ont écrit une habilitation, mais qui n'ont pas (encore) reçu une chaire d'enseignement ou de recherche.
↑ p. 686.
↑ p. 676. Ellenberg explique que « la vie de Carl Gustav Jung offre un exemple typique d'ascension sociale. (…) Vers la fin de sa vie, il [en] était devenu une figure presque légendaire ».
↑ p. 687.
↑ p. 712.
↑ p. 726.
↑ « ces événements marquèrent le début d'une période intermédiaire de six années (fin 1913 à 1919) qui resta longtemps la plus obscure de la vie de Jung et dont la pleine signification a été révélée par son autobiographie », p. 688.
↑ Ellenberger explique que Jung « composa deux ouvrages : le Livre noir et le Livre rouge qui sont restés inédits » de son vivant, p. 690.
↑ Jung refusa toujours de rendre publics ses carnets de notes datant de cette période, ne voulant pas empiéter sur le terrain des ethnologues, selon ses termes, p. 693.
↑ Henri F. Ellenberger atteste que Jung était présent lors de la rencontre entre Hitler et Mussolini le 28 septembre 1937, à Berlin, lors de la parade et que : « À mesure que la situation internationale se dégradait, Jung, qui ne s'était jamais beaucoup préoccupé de la politique mondiale, s'y intéressa de plus en plus. Des interviews qu'il accorda à divers magazines montrent qu'il cherchait à analyser la psychologie des chefs d'État, et en particulier celle des dictateurs », p. 695.
↑ p. 241 et p. 761. Ellenberger rapproche cette expérience de Jung de celles de Gustav Fechner et de Friedrich Nietzsche. Il explique que, dans une certaine mesure, Sigmund Freud a lui aussi vécu une telle « maladie créatrice ».
↑ Ellenberger explique que la campagne d'attaques contre Jung « fut lancée depuis les milieux socialistes suisses, par Theodor Schwarz et Alex Von Muralt ; puis elle s'étendit à certains périodiques juifs », p. 695
↑ p. 695.
↑ p. 700.
↑ p. 706.
↑ p. 180.

Charles Baudouin, L'Œuvre de Carl Jung et la psychologie complexe, Paris, Petite bibliothèque Payot, coll. « numéro 133 », 2002 (ISBN 2228895709)
Introduction « Jung, homme concret », p. 7-51

↑ Charles Baudouin parle du goût de Jung pour l'archaïque, passion qui influença son œuvre, p. 10.
↑ p. 13.
↑ a et b p. 12.
↑ Jung reconnaît toujours l'importance des travaux de Bleuler dans la formation de sa pensée, notamment dans l'approche psychologique des maladies mentales, en particulier dans la schizophrénie, et dans la notion d'« ambivalence » (introduite en 1910) qui « attirait ainsi l'attention de Jung sur une fondamentale bipolarité de l'esprit », p. 63.
↑ a et b p. 14.
↑ p. 15.
↑ « c'est à la méthode des associations qu'il consacre ses conférences données devant le public américain », à Worcester, en 1908, dans le Massachusetts, p. 14.
↑ C'est dans la seconde partie de l'ouvrage que la divergence s'accuse ; Freud indique ainsi à Ernest Jones que c'est à la page 174 de l'édition d'origine (page 241 de l'édition française de 1953) que, selon lui, Jung s'est égaré. Il s'agit de la conception élargie de la libido de Jung, p. 15-16.
↑ p. 16-17.
↑ p. 18.
↑ p. 37.
↑ La Suisse a accordé à Jung deux autres distinctions : la « Schweirzerische Akademie der Medizinischen Wissenschaften » en qualité de membre d'honneur en 1943 et le doctorat honoris causa de l'université de Genève.
↑ p. 34.
↑ Jung reçoit trois titres honorifiques en Inde, alors qu'il est invité par le comité d'organisation des fêtes de l'université de Calcutta : celui de Docteur en Littérature à l'université hindoue de Bénarès et à l'université mahométane d'Allababad et celui de Docteur en Sciences de l'université de Calcutta, p. 22.
↑ p. 32.
↑ p. 38-40.
↑ p. 45.
↑ p. 47.
↑ p. 17.

Deirdre Bair (trad. Martine Devillers-Argouarc'h), Jung. Une biographie, Paris, Flammarion, coll. « Grandes Biographies », 2007 (ISBN 2082103641), p. 1312

↑ p. 22.
↑ p. 27.
↑ p. 30-32.
↑ p. 44.
↑ p. 63.
↑ p. 80-92.
↑ p. 152. Jung était réputé égocentrique et agressif ; de plus il passait pour désirer la place de Bleuler.
↑ p. 151.
↑ p. 145.
↑ p. 156-157 : Bleuler était déjà en contact épistolier avec Freud, qu'il admirait beaucoup, dès 1890 ou 1904 explique Deirdre Bair. Quand Jung écrivit à Freud pour le rencontrer, il « vola la vedette » à Bleuler en somme, d'où leur brouille.
↑ p. 180.
↑ p. 181.
↑ p. 290.
↑ p. 305.
↑ p. 317.
↑ p. 344.
↑ p. 359 et 373 notamment.
↑ p. 365.
↑ p. 178.
↑ p. 539.
↑ p. 540.
↑ p. 542.
↑ p. 552.
↑ p. 553.
↑ p. 554.
↑ p. 577.
↑ p. 597.
↑ p. 451-459.
↑ p. 639.
↑ p. 641.
↑ p. 649.
↑ p. 657.
↑ Jung cité p. 658.
↑ p. 652.
↑ p. 692.
↑ p. 695-697.
↑ Propos du journal de Jung rapportés par Deirdre Bair, chapitre « En collusion avec l'histoire ». Lire aussi la lettre du 22 janvier 1934 de Jung au psychothérapeute suédois Bjerre dans laquelle il explique que « l'essentiel [est] de sauver la psychothérapie actuellement très menacée en Allemagne et de lui permettre de franchir cette période très difficile ». Son but, en adhérant à l'Institut Göring était ainsi de permettre aux Allemands de garder « quelques liens avec le monde extérieur en dépit de leur isolement moral actuel » selon Deidre Bair, p. 185.
↑ p. 705-712.
↑ Chapitres « En collusion avec l'histoire » et « Agent 488 », en particulier, p. 745.
↑ p. 730.
↑ Propos rapporté p. 713.
↑ p. 745.
↑ p. 747.
↑ p. 171.
↑ Chapitre « Dernières années ».
↑ p. 570.
↑ p. 908-909.

Aimé Agnel, Michel Cazenave, Claire Dorly et al., Le Vocabulaire de Jung, Paris, Ellipses, coll. « Vocabulaire de... », 2005, 106 p. (ISBN 2-7298-2599-1)
Pour les entrées conceptuelles

↑ D'abord introduit par Freud, le terme d'« âme » désigne chez Jung l'ensemble des constituants psychiques formant la réalité psychique, p. 12.
↑ p. 17.
↑ p. 62.
↑ p. 15-16.
↑ p. 82.
↑ p. 52.
↑ La synchronicité est la « survenue fortuite et concomitante de deux événements sans lien de cause à effet », p. 87.
↑ p. 96.
↑ p. 156.
↑ p. 158.
↑ p. 98.

Luigi Aurigemma, L'Éveil de la conscience, Paris, L'Herne, coll. « Carnets », 2009 (ISBN 978-2-85197-446-4)

↑ p. 54.
↑ Note 49, p. 123.

Linda Donn, Freud et Jung. De l'amitié à la rupture, Paris, Presses universitaires de France, 1995, 260 p. (ISBN 2-13045559X)
Traduction de Pierre-Emmanuel Dauzat

↑ p. 185.
↑ p. 187-119.
↑ « Au cours des mois passés, diverses actions, liées les unes aux autres et bien intentionnées, pourtant, avaient fait de l'échange obstiné et orgueilleux entre Freud et Jung quelque chose de tangible au point d'en être devenu incontournable. Chaque acte avait rendu le désaccord plus réel et lui avait donné plus de profondeur », p. 185.
↑ « Ils étaient des révolutionnaires engagés sur une voie audacieuse et imaginative et leur personnalité était à la hauteur de la tâche », p. 8.
↑ Ce geste, devenu célèbre au sein de l'histoire de la psychanalyse, se déroule en mai 1912. Il s'agit d'un quiproquo entre les deux hommes qui devaient se rencontrer à Kreuzlingen. Freud devait y rendre visite à un collègue mourant dans les environs de Zurich mais il dit n'avoir jamais reçu la lettre de Jung qui a du décommander au dernier moment. Aucun des deux hommes n'a voulu reconnaître sa faute, p. 191.
↑ Linda Donn cite Freud qui, dans une de ses lettres, exprime son regret : « Jung fut une grande perte », p. 89.

Sigmund Freud (trad. Serge Jankélévitch), Cinq leçons sur la psychanalyse : Contributions à l'histoire du mouvement psychanalytique, Payot, coll. « Petite bibliothèque Payot », 1966 (ISBN 2-228-88126-0), p. 69-149

↑ « Le mot « complexe », terme commode, souvent indispensable pour la description d'ensemble de situations psychologiques, s'est acquis droit de cité dans la psychanalyse », p. 99.
↑ « Dans le travail sur les phénomènes occultes, paru en 1902, on trouve une première référence à l'interprétation des rêves », p. 97.
↑ « J'ai souvent proclamé avec reconnaissance les grands mérites que s'est acquis l'école psychiatrique de Zurich, et plus particulièrement Bleuler et Jung, par leur contribution à la diffusion de la psychanalyse », p. 24
↑ p. 96.
↑ p. 101-102.
↑ « Je me rappelle l'impression profonde que ressentirent les membres d'un congrès psychanalytique en entendant un élève de Jung faire ressortir les analogies qui existent entre les formations imaginaires des schizophrènes et les cosmogonies des peuples et des époques primitifs. Les matériaux fournis par la mythologie ont trouvé plus tard une élaboration intéressante, bien que plus contestable, dans les travaux de Jung », p. 109.
↑ p. 143-144.
↑ « la psychanalyse de Jung ressemble au fameux couteau de Lichtenberg : après avoir changé le manche et, remplacé la lame, il veut nous faire croire qu'il possède le même instrument, parce qu'il porte la même marque que l'ancien », p. 55.

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Autres sources utilisées

↑ Christian Gaillard, psychanalyste et ancien président de la SFPA explique : « Deirdre Bair s'appuie sur un nombre impressionnant de documents qu'elle cite très précisément dans les notes », in « Présentation de Jung. Une biographie de Deirdre Bair » [archive], sur cgjungfrance.com (consulté le 17 mars 2011).
↑ Retrouvées dans les années 1970 ces conférences ont été publiées en 1983 par William Mc Guire à Princeton, avec une introduction de Marie-Louise Von Franz, in Marie-Laure Grivet-Shillito, « Quand Carl Gustav n'était pas encore Jung », Cahiers jungiens de psychanalyse, no 86,‎ 1996, p. 7-20.
↑ « La thèse de Jung était en réalité une autobiographie masquée qui contenait une généalogie familiale », in Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Entrée « Hélène Preiswerk », p. 830.
↑ Henri F. Ellenberger, « Carl Gustav Jung et Hélène Preiswerk. Étude critique avec documents nouveaux », dans Médecine de l'âme. Essai d'histoire de la folie et des guérisons psychiques, Paris, Fayard, 1995, p. 375-388.
↑ « The Association Method (discours de Jung à l'université Clark) », American Journal of Psychology, no 31,‎ 1909, p. 219-69 (lire en ligne [archive]).
↑ « Recherches expérimentales (publications de Jung concernant le test des associations de mots) » [archive], sur cgjungfrance.com (consulté le 17 mars 2011).
↑ Yosef Hayim Yerushalmi, Le Moïse de Freud, Gallimard, coll. « NRF Essais », 1993 (ISBN 2-07-073021-2), p. 96.
↑ Édouard Collot (Docteur), « Influence de l'hypnosuggestion dans les pratiques de Freud et Jung » [archive], sur edouardcollot.eu, 6e Congrès de l'Association Européenne pour l'histoire de la Psychiatrie, organisé par le Groupement d'Études sur l'Histoire de la Psychiatrie,‎ 2005 (consulté le 17 mars 2011).
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↑ En 1933, dans une lettre à Christian Jensen, il renie en effet toute filiation : « Je voudrais profiter de l'occasion pour rectifier l'erreur selon laquelle je serai issu de l'école de Freud. Je suis un élève de Bleuler et je m'étais déjà fait un nom dans la science par mes études de psychologie expérimentale lorsque j'ai pris le parti de Freud et au fond ouvert à la discussion, c'était en 1905. Ma conscience scientifique n'a pas permis ni de laisser disparaître ce qui est bon chez Freud, ni de laisser subsister l'absurde dénaturation que cette théorie a fait subir à l'âme humaine. J'ai tout de suite pressenti que cette théorie de la sexualité en partie diabolique ferait tourner la tête aux gens, et finalement j'ai sacrifié ma carrière scientifique pour combattre de toutes mes forces cet avilissement absolu de l'âme », cité in Alain De Mijolla, « Le temps qui passe », Le Carnet/PSY, no 144,‎ mai 2010.
↑ « Après leur rupture tragique Freud et Jung s'étaient chacun focalisés sur deux aspects différents de la psyché, cependant liés et complémentaires. Freud s'intéressait au passé personnel du patient (Jung parle de la méthode réductive de la psychanalyse), pour étudier et élaborer des contenus de l'inconscient, structurés par les événements psychosexuels, tel qu'ils se révèlent dans le présent de la cure – conception renforcée par les concepts du retour du refoulé et de la compulsion de répétition. Donc, comme l'avait décrit Jung, le traitement sera basé sur la méthode réductive. De l'autre côté, avec son intérêt sur les images et les symboles de l'inconscient collectif, Jung s'était concentré sur le niveau le plus primitif chez l'être humain, ce qui cependant constitue son avenir, son devenir », in Hester Mcfarland Solomon, « Freud et Jung : une rencontre inachevée », Topique, no 79,‎ 2002, p. 139-151.
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↑ « La tâche spéciale de Jung au sein de cet organisme était d'établir une ligne « scientifique » de partage entre la psychologie aryenne et la psychologie juive, autrement dit entre la doctrine de l'« inconscient collectif » et la psychanalyse de Freud, contre laquelle la revanche était maintenant facile », in Marthe Robert, La Révolution psychanalytique, t. 2, PBP, 1964, p. 249.
↑ (de) Petteri Pietikanen, « The Volk and Its Unconscious : Jung, Hauer and the German Revolution », Journal of Contemporary History, vol. 35, no 9,‎ 2000, p. 523-539.
↑ « Il est peu d'auteurs, dans l'histoire du mouvement psychanalytique, qui aient suscité des controverses aussi passionnées que Jung. Il en est peu qui aient fait l'objet de jugements aussi outranciers, que ce soit dans l'éloge ou le blâme », chapitre « La dissidence jungienne » de Christian Delacampagne, in Histoire de la psychanalyse (sous la direction de Roland Jaccard, Hachette, 1982, p. 215 (ISBN 2-01-008414-4).
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↑ a et b Lettre-circulaire datée du 1er décembre 1934 et jointe au Zentralblatt für Psychothérapie und ihre Grenzgebiete, VII/6, 1934, in Cahiers jungiens de psychanalyse, no 82, 1995 : « Jung et l'histoire, les années 1930 ».
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↑ « Jung manifeste un antisémitisme et une proximité avec le nazisme qu'il taira par la suite et qui alimentera le conflit entre freudiens et jungiens, jusque dans les débats les plus récents au sein de Société française de psychologie analytique (1995) », dans : L'Infini, 1998, no 63, p. 73-94, Gallimard, Paris.
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↑ (en) « Dr. C. G. Jung and National Socialism », American Journal of Psychiatry, no 102,‎ septembre 1945, p. 263.
↑ « S'il [Jung] est vrai qu'il favorisa les nazis au début de leur carrière, alors, une fois de plus, il aura mal évalué ses propres conclusions, écrites de sa main, ou se sera mépris sur ses propres postulats, ou les deux. Il est certain qu'il savait que les nazis étaient fous avant que la guerre ne commence, il me l'a expliqué lui-même en détail et avec brio. » (« If he favored the Nazis in their early career, then, again, he misevaluated the very conclusions he has written down, or mistook his own premises, or both. Certainly he knew the Nazis were mad before the war began, because he said so, himself, to me, and with a brilliant detail »), in (en) Philip Wylie, An essay on morals : A science of philosophy and a philosophy of the sciences, Toronto, Rinehart & Company, Inc, 1951, p. 20.
↑ Barbara Hannah, p. 328.
↑ Les deux hommes entretiennent une amitié durable et une vaste correspondance. Leurs recherches sont synthétisées dans (en) Atom and Archetype : The Pauli/Jung Letters, 1932-1958, Princeton University Press, 2001 (ISBN 978-0691012070, présentation en ligne [archive]).
↑ « L'ouvrage [Un mythe moderne] apporte à la question de l'existence des soucoupes volantes un point de vue, pour la première fois, psychologique », in « Note technique no 3 du Groupe d'Études des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés (GEPAN) » [archive], sur ldi5.com,‎ 1981 (consulté le 24 mars 2011).
↑ Christian Delacampagne (dir.), Histoire de la psychanalyse', Hachette, 1982 (ISBN 2-01-008414-4), « La dissidence jungienne », p. 218.
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↑ Jung n'était pas franc-maçon, il s'agit d'une homonymie: son grand-père Karl Gustav Jung l'avait été et avait été le deuxième Grand Maître de la Grande Loge suisse Alpina
↑ Propos tenus dans le journal Libération, rapportés in « Jung, le Christ aryen » [archive], sur psychologies.com (consulté le 24 mars 2011).
↑ Élisabeth Roudinesco, « Carl Gustav Jung. De l'archétype au nazisme : Dérives d'une psychologie de la différence », L'Infini, no 63,‎ automne 1998, p. 73-94.
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↑ La formule « psychologie complexe » s'emploie plus volontiers actuellement, celle de « psychologie analytique » prêtant à confusion avec l'approche du psychologue George Frederick Stout qui est le premier à l'employer, in Frieda Fordham, p. 107.
↑ Illustration no 10, in Pioton-Cimetti et E. Graciela, Aspects psychosociaux de C. Gustav Jung, Paris, 1995, p. 255.
↑ Christian Delacampagne (dir.), Histoire de la psychanalyse, Hachette, 1982 (ISBN 2-01-008414-4), « La dissidence jungienne », p. 224.
↑ Élizabeth Leblanc, p. 12. Elle ajoute : « Comme Jung ne cesse de le dire : la rencontre de la psyché est une expérience, elle passe à la fois par le mental et par le cœur, par l'intellect et par l'émotionnel. Cela demande une lecture circulaire, à l'image de la spirale : la compréhension intellectuelle s'enrichit de la résonance émotionnelle, confrontation intérieure qui, à son tour, mène à l'approfondissement de la compréhension. »
↑ « Volume 16 des Œuvres complètes de Jung, « La pratique de la psychothérapie » » [archive], sur cgjungfrance.com (consulté le 25 mars 2011).
↑ « Jung pensait que l'activité spontanée de la psyché nous permettait dans une certaine mesure, de dépasser le paradoxe de la pensée réflexive. (…) La psyché est l'« organe » par lequel nous sommes assurés d'un certain accès en conscience à l'univers », in Franck C. Ferrier, p. 30-31.
↑ Jung et la mystique, p. 79.
↑ Jung et la mystique, p. 15.
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↑ Frieda Fordham, p. 12.
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↑ « Grâce à ses brillantes capacités scientifiques et aux recherches faites avec ses collègues à l'hôpital du Burghölzli, Jung a pu démontrer les premières preuves de la valeur scientifique des concepts à la base de la psychanalyse. Il a montré par ses expériences faites avec le test des associations : premièrement, l'existence même de l'inconscient ; deuxièmement, le mécanisme de refoulement qui domine la dynamique entre le conscient et l'inconscient ainsi que les relations entre le ça, le moi et le surmoi ; et troisièmement, la notion de complexe selon laquelle les expériences internes se regroupent dans la mémoire inconsciente autour des grands thèmes universaux », in Hester Mcfarland Solomon, « Freud et Jung : une rencontre inachevée », Topique, no 79,‎ 2002, p. 139-151.
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↑ Le sociologue américain Philipp Rieff dit ainsi : « Alors que pour Jung l'inconscient est tout ce que le conscient peut devenir, pour Freud il est, plus simplement, tout ce que le conscient n'est pas », traduction libre depuis Geoffrey Cocks, 1997, p. 12.
↑ Alain Nègre, Entre science et astrologie, éd. S.P.M., 1994, ISBN 9-782901-952183, page 83.
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↑ D'après Le Journal du management le test du MBTI est réalisé chaque jour par environ 20 000 personnes dont 10 000 aux États-Unis, ce qui en fait l'indicateur le plus utilisé au monde (particulièrement dans les domaines de la finance, de la banque et de l'ingénierie). Le consultant Gilles Azzopardi explique que « c'est sans doute le test qui donne le plus d'informations sur la personnalité du candidat », in « Se préparer aux tests de personnalité » [archive], sur Le Journal du net (consulté le 24 mars 2011).
↑ Pierre Debroux, Jacqueline Richelle, Lisa De Noose et Marc Malempré, Manuel du Test de Rorschach : Approche psychanalytique et psychodynamique', De Boeck Université, coll. « Série LMD », 2009 (ISBN 9782804159023), p. 14.
↑ « Influence de Jung sur la pensée de Gaston Bachelard » [archive], sur philonet (consulté le 24 mars 2011).
↑ « (...) il [Gilbert Durand] s’engage activement aux côtés de courants de réflexions spirituelles comme scientifiques à contre-courant des modes intellectuelles d’une part en animant les sessions de l’université libre Saint-Jean de Jérusalem (fondée par Henry Corbin) et des Eranos Tagungen à Ascona (Suisse), marquées par l’empreinte de la pensée de C. G. Jung », in Jean-François Mattéi (dir.), « Gilbert Durand », dans Encyclopédie philosophique universelle, vol. 2 : les œuvres philosophiques, Paris, Presses universitaires de France, 1992.
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↑ Northrop Frye, Anatomie de la critique, Paris, Gallimard, 1969, p. 49.
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↑ (en) Gail Levin, Edward Hopper: an intimate biography, University of California Press, 1998 (ISBN 9780520214750), p. 272-275.
↑ (de) [PDF] Voir le document « C. G. Jung Manuskripte - Katalog » [archive] édité par l'ETH et recensant les travaux non encore publiés.
↑ « Lire Jung aujourd’hui. Entretien avec Michel Cazenave » [archive] sur le site jung.asso.fr [PDF].
↑ Juliette Vieljeux, Christian Gaillard, Axel Capriles, Michel Cazenave et Beverley Zabriskie, Jung, catalogue chronologique des écrits, Cahiers jungiens de psychanalyse, coll. Confrontations, (ISBN 2915781001), site des Cahiers jungiens de psychanalyse [archive].

Ouvrages cités mais non utilisés

↑ Aryeh Maidenbaum et Stephen A. Martin, 1991.
↑ (en) Helton Godwin Baynes, Germany Possessed, J. Cap, 1941 (ISBN 978-0404561062).
↑ (en) Ernest Harms, « Carl Gustav Jung - Defender of Freud and the Jews : A Chapter of European Psychiatric History Under the Nazi Yoke », Psychiatric Quaterly, New York, no 20,‎ avril 1946, p. 199–230.
↑ Jean-Luc Maxence, 2004.
↑ Gérard Badou, Histoire secrète de la psychanalyse, Albin Michel, 1998.
↑ Andrew Samuels, 1985.
↑ Robert Withers, 2003.
↑ Georges Poulet, Les Métamorphoses du cercle, Paris, Flammarion, coll. « Champs Flammarion Sciences », 1999 (ISBN 978-2080810762).

Notes et précisions

↑ Ce test est à distinguer de celui des associations libres inventé par Sigmund Freud. Le test de Jung et de Riklin repose sur le fait que l'expérimentateur invite le sujet à réagir à chaque mot inducteur aussi rapidement que possible en prononçant seulement le premier mot qui lui vient à l'esprit. Le temps et le type de réaction varient ainsi selon le mot induit et trahissent l'existence de complexes inconscients.
↑ Jung lui consacre un Compte rendu de l'ouvrage de Sadger, Konrad Ferdinand Meyer : une étude psychologique et psychographique datant de 1909.
↑ Dans le dernier chapitre de la Potière jalouse l'anthropologue Claude Lévi-Strauss se livre à un parallèle humoristique des personnalités et des théories de Freud et Jung.
↑ Le terme de « schizophrénie », qui remplace celui de « démence précoce », a été créé par Eugène Bleuler ; la formulation latine de demencia praecox, qui avait été introduite auparavant par Emil Kraepelin, était alors l'expression consacrée.
↑ La correspondance entre Freud et Jung débute exactement le 11 mars 1906 par une lettre de Freud qui remercie Jung de son envoi d'un livre sur ses travaux à la clinique du Burghölzli. Freud lui fait parvenir en retour un recueil de petits écrits sur la théorie des névroses, qu'il vient juste de publier à Vienne.
↑ Le film de 2004 L'âme en jeu (The Soul Keeper) du réalisateur italien Roberto Faenza retrace l'histoire adultérine entre Jung et Spielrein.
↑ « La société [de psychanalyse allemande] s'attend à ce que chacun de ses membres travaille dans l'optique du livre d'Adolf Hitler, Mein Kampf, et avec tous les efforts scientifiques possibles, sur cette base théorique », éditorial paru dans l'édition internationale et pas seulement dans l'édition allemande de décembre 1933.
↑ (en) « Liste des conférenciers des journées d'Eranos, de 1933 à 1988 » [archive], sur Eranos Foundation (consulté le 18 mars 2011).
↑ Jung coécrit l'ouvrage The Interpretation of Nature and the Psyche en 1952, aux côtés des physiciens Wolfgang Pauli, Markus Fierz et Pascual Jordan.
↑ Les titres et sommaires des volumes des Collected Works sont disponibles sur le site de la Société française de psychologie analytique, consultable en ligne [archive].

Annexes
Articles connexes

Association internationale de psychologie analytique
Psychologie analytique
Inconscient collectif
Inconscient (psychologie analytique)
Histoire de la psychologie analytique
Socionique
Sabina Spielrein
A Dangerous Method, film de David Cronenberg
Institut Göring
Sigmund Freud
Psychanalyse
Psychanalyse des enfants
Psychiatrie dynamique
psychothérapie
International Psychoanalytical Association

Liens externes

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Publications de et sur Carl Gustav Jung dans le catalogue Helveticat de la Bibliothèque nationale suisse

À propos de Carl Gustav Jung

Article d'Étienne Perrot publié dans l'Encyclopedia Universalis ©️ sur le site de La Fontaine de pierre
Association Jung France. Reproduction d'un article d’Actua-Psy avec Norbert Chatillon sur « En quoi Jung est-il actuel ? »
Angela Graf-Nold, « Jung, Carl Gustav » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du 19 février 2009.
C. G Jung en langue française : articles, résumés des œuvres, documents
(en) « Carl Jung—Matter of Heart », document vidéo de Whitney, Mark (1985). Film documentaire de 1h45 sur la vie de C. G. Jung, contenant des témoignages de première main

Associations de psychologie analytique

(en) Association internationale de psychologie analytique (AIPA)
Association de psychanalystes et psychothérapeutes jungiens (APPJ)
Société française de psychologie analytique (SFPA-Institut C. G. Jung)
Société belge de psychologie analytique (SBPA)
Site des Association jungiennes en France
Les Éditions de La Fontaine de Pierre publient des ouvrages de continuateurs de C. G. Jung
le GERPA : Groupe d'Études et de Réflexion de Psychologie Analytique
(en) L'Association Philémon a pour but de traduire et de publier les manuscrits de Jung

Biographies

Marie-Louise von Franz, C. G. Jung son mythe en notre temps, Éditions Buchet/Chastel, 1994 (ISBN 2702013198)
Barbara Hannah, Jung, sa vie et son œuvre, Paris, La Fontaine de Pierre, 2005 (ISBN 2902707460)
Colin Wilson, Jung, le seigneur de l'inconscient, Éditions du Rocher, 1985 (ISBN 226800371X)
Michel Cazenave (ill. Flora Boboli), Jung, l'expérience intérieure, Éditions du Rocher, coll. « Sciences Humaines », 1997 (ISBN 2268024903)
(en) Ferne Jensen, C. G. Jung, Emma Jung and Toni Wolff : A Collection of Remembrances, Analytical Psychology Club (ISBN 0961123206)
Aimé Agnel, Jung, la passion de l'autre, Paris, Les Éditions Milan, coll. « Les Essentiels Milan », 2004 (ISBN 2745907980)
Élie G. Humbert (préf. Christian Gaillard), Jung, Paris, Hachette, coll. « Pluriel Psychanalyse », 2004 (ISBN 978-2-0127-9201-2)
Christian Gaillard, Jung, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2001, 2e éd. (ISBN 2130514006)
(en) Claire Dunne, Carl Gustav Jung guérisseur blessé de l'âme : [biographie illustrée, Paris, Éd. Dervy, 2012 (ISBN 9782844549426, OCLC 819626864)

Études sur son œuvre

Michel Cazenave, Claude Mettra (dir.), Cahier Jung, Éditions de l'Herne, Cahiers de l'Herne, no 46, Paris, 1984, 518 p. (ISBN 9782851970503)
Michel Cazenave, Jung revisité ; tome I, La réalité de l'âme, 2011 ; tome II, Jung et le religieux, 2012 ; Médicis Entrelacs
Charles Baudouin, L’Œuvre de Jung, Paris, Payot, 1963.
Steve Melanson, Jung et la mystique, Vannes Cedex (France), Sully, 2009 (ISBN 9782354320386), p. 183
Frieda Fordham, Introduction à la psychologie de Jung, Imago, 2003 (ISBN 2902702299)
Christian Gaillard, Le Musée imaginaire de Carl Gustav Jung, Paris, Stock, 2008 (ISBN 2234050243)
Georges Bertin et Véronique Liard, Les Grandes Images, lecture de CG Jung, Québec, Presses universitaires de Laval, coll. « Lectures », 2005 (ISBN 2-7637-8267-1, présentation en ligne)
Véronique Liard, Carl Gustav Jung, Kulturphilosoph, Presses Paris Sorbonne, 2007 (ISBN 9782840504146)
Kaj Noschis, Carl Gustav Jung. Vie et psychologie, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2004 (ISBN 2880745829)
Sophie Moreaux Carré, La Philosophie de l'imaginaire chez Carl Gustav Jung, Presses universitaires du Septentrion, 2002, pdf (ISBN 9782729541668, présentation en ligne)
Franck C. Ferrier, Jung et la troisième hypothèse, Paris, Georg, coll. « Études jungiennes », 2002 (ISBN 2-8257-0803-Cool, p. 163
Elysabeth Leblanc, La psychanalyse jungienne, Bernet-Danilot, coll. « Essentialis » (no 11), 2003 (ISBN 2-912663-36-9), p. 62
Michel Weber, Petite philosophie de l’Art Royal. Analyse de l’alchimie franc-maçonne, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2015.
Bruno Traversi (préf. Michel Cazenave, postface Baldine Saint Girons), Le corps inconscient et l'Âme du monde selon C.G. Jung et W. Pauli, France, L'Harmattan, coll. « Ouverture Philosophique », 2016, 266 p. (ISBN 2343085293)

Bibliographie complémentaire

Karl Abraham, « Critique de l'essai d'une présentation de la théorie psychanalytique de C. G. Jung », dans Psychanalyse et culture, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot, Sciences de l'homme », 1966 (lire en ligne), p. 207-224
(en) Dominique Bourdin et Sabina Lambertucci-Mann, La Psychanalyse de Freud à aujourd'hui histoire, concepts, pratiques, Bréal, coll. « Théories » (ISBN 2749507464)
(en) George-Florin Calian, « Alkimia Operativa and Alkimia Speculativa. Some Modern Controversies on the Historiography of Alchemy », Annual of Medieval Studies at CEU, vol. 16,‎ 2010 (lire en ligne)
(en) Geoffrey Cocks, Psychotherapy in the Third Reich : the Göring Institute, Transaction Publishers, 1997 (ISBN 9781560009047)
(en) Sigmund Freud, William McGuire, Carl Gustav Jung, Ralph Manheim et Alan McGlashan, The Freud-Jung letters: the correspondence between Sigmund Freud and C.G. Jung, vol. 94, Princeton University Press, coll. « Bollingen series », 1994 (ISBN 9780691036434)
Sigmund Freud et Dalibor Frioux (édit. critique), L'Avenir d'une illusion, vol. 23, Éditions Bréal, coll. « La Philothèque », 2005 (ISBN 9782749505596)
Ernest Jones, La Vie et l'œuvre de Sigmund Freud, t. I, II et III, Paris, Presses universitaires de France, 1961
(en) Aryeh Maidenbaum et Stephen A. Martin, Lingering shadows : Jungians, Freudians, and anti-semitism, Boston et Londres, Shambhala; 1st edition, 1991 (ISBN 978-0877736004)
Jean-Luc Maxence, Jung et l'avenir de la Franc-maçonnerie, Dervy, 2004 (ISBN 2844542646).
Jacques Le Rider, Révolution sur le divan, Solin, 1988 (ISBN 9782853760638, OCLC 19935679)
Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 1997 (réimpr. 2000), 1213 p. (ISBN 2-213-60424-X, LCCN 00431048)
(en) Andrew Samuels, Jung and the PostJungians, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1985, p. 0-7100-9958-4
(en) Robert Withers, Controversies in Analytical Psychology, Psychology Press, 2003 (ISBN 9780415233057)
Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars: étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, F. Alcan, 1900 (OCLC 12173517, lire en ligne)
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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:16

La résistance, en tant que concept propre à la psychologie analytique ( jungienne), désigne le fait de ne pas être ouvert à soi, à sa réalité et à la réalité extérieure. Et finalement de rester en lutte d'abord contre soi même mais aussi finalement contre le reste du monde. Il s'agit pour le sujet, de rester dans une forme d'aliénation, fut elle légère, à l'exemple de la névrose.

Sommaire

1 Avant propos
2 La perspective jungienne s'origine dans la pensée freudienne
3 La perspective Jungienne
4 Un exemple : La résistance au concept d'inconscient "personnel et collectif".
5 Voir aussi

Avant propos

« La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement » in La Psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, avril 2002
La perspective jungienne s'origine dans la pensée freudienne

C'est dans son ouvrage L'homme et ses symboles que C.G. Jung illustre ce qu'est une résistance, d'ailleurs, il rend hommage, dans cet ouvrage, à Freud pour son travail.

Dans la perspective jungienne questionner l'inexistence de ce concept (ou d'un autre) et refuser de discuter avec soi-même se nomment "être en résistances,". "Être en résistances" c'est en premier lieu être résistant à soi-même, à sa propre nature même.

Cette résistance peut être "intellectualisée", elle se présente alors sous la forme de critiques intellectuelles attaquant la théorie. Car finalement cette fixation intellectuelle, comme dans le contexte de clinique de la psychanalyse, une force qui s'oppose au retour dans le conscient, de pensées inconscientes, qui pourraient participer à la guérison du patient. Quitter la lutte intellectuelle et déjà un chemin vers la guérison.

Par exemple quelqu'un de névrosé qui dira "la psychologie jungienne ne renvoie pas au réel ou est une pseudo-science ou elle est machiste ou féministe, de droite ou de gauche etc.". ne fera que révéler les objets mentaux avec lesquels il est "douloureusement" aux prises mais aussi avec lesquels il est sous emprise. En l'espèce : Les hommes, les femmes, le politique.

Mais d'un point de vue intime ou plus exactement dit sur le plan psycho-affectif, le rapport qu'il entretient avec son masculin, son féminin, et son investissement dans la vie sociale et économique et le "pouvoir" (capacité d'action, capacité d'agir) qu'il peut exercer dans la sphère publique.
La perspective Jungienne

En tout cas, dans la perspective jungienne, cette résistance renvoie à un conflit intérieur qui n'a pu être assumé et dépassé par de la construction mais qui donne plus qu'à voir dans cette perspective qu'un enchevêtrement de positions ou de postures intellectuelles renvoyant à un conflit. Une zone, où il y a de "l'autre encrypté en nous", qui ne nous est pas supportable. Même si le réel peut donner lieu à de la pensée libre, à de la libre mise en sens du réel, ou même de la critique, cette pensée est, dans le cadre de la clinique, doutée en premier lieu. Car trop proche des allants de soi(entendus ici comme des allants du soi malheureux).

Dans son ouvrage l'homme et ses symboles, C.G. Jung nous explique un exemple de résistance classique face à la nouveauté (P.30 à 33) et en particulier a sa théorie et plus encore que l'Homme a face à lui-même : Le misonéisme.

Cette résistance se nomme un misonéisme. L'ouvrage, (Même ouvrage page 33), nous donne à voir deux représentations de cette résistance. L'une sur les concepts de l'évolution illustré par une caricature de singe avec un panneau "ma i a man and a brothers" qui rappelle les résistances de l'opinion publique face aux théories Darwinniennes, et une autre de 1861 issu de l'ouvrage Punch de l'humoriste James Thurbert, (Selon l'auteur J. Thurbet et repris par C.G. Jung pour le commentaire de cette image), dont la tante avait peur que 'électricité ne se répandit - en sortant du câblage comme de l'eau- dans toute la maison.

Cette même résistance existe face à la théorie de C.G. JUNG car l'Homme se résiste à lui-même.

En effet, selon C.G Jung (même ouvrage p.31), "Il est facile de comprendre pourquoi les rêveurs tendent d'ignorer ou même de rejeter le message qui leur est ainsi communiqué. La conscience résiste naturellement à tout inconscient et inconnu. J'ai déjà signalé l'existence de ce que les anthropologues appellent "le misonéisme", c'est-à-dire une peur profonde, superstitieuse, de la nouveauté. Les primitifs ont la même réactions que l'animal sauvage devant des événements désagréables. Mais l'homme "civilisé" réagit devant les idées nouvelles (...) La psychologie est une science des plus jeunes et parce qu'elle s'efforce d'élucider ce qui se passe dans l'inconscient, elle se heurte a une forme extrême de misonéisme".
Un exemple : La résistance au concept d'inconscient "personnel et collectif".

C.G. Jung avait remarqué que le concept d'inconscient était une résistance importante pour beaucoup de monde.

« Celui qui nie l'existence de l'inconscient suppose en fait que nous connaissons aujourd'hui totalement la psyché. Et cette supposition est d'une fausseté aussi évidente que la supposition que nous connaissons tout ce qu'il y a à connaître de l'univers physique.

Notre psyché fait partie de la nature et son énigme est aussi dépourvue de limites. Il en résulte que nous ne pouvons définir ni la psyché, ni la nature. » in C.G. Jung " L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 23.

Bon nombre de personnes ne croient pas que l'inconscient existe ou qu'ils possèdent une vie intérieure. On dit alors qu'ils sont en résistance, cette résistance à eux-mêmes se manifeste aussi dans les prise de position anti-analytique ou anti-psychologique de certains, c'est ce que l'on nomme le misonéisme.

« La psychologie est une science des plus jeunes et parce qu'elle s'efforce d'élucider ce qui se passe dans l'inconscient, elle se heurte à une forme extrême de misonéisme. » in C.G. Jung " L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 31.
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Métamorphoses de l'âme et ses symboles est un livre du psychanalyste Carl Gustav Jung dont la première édition est parue en 1912.
Titre

Le titre original en allemand est Symbole der Wandlung (Symboles de la métamorphose). Le sous-titre est Analyse des prodromes d'une schizophrénie, les prodromes étant les signes avant-coureur ou les symptômes précédant une crise.
Contexte

Ce livre marque la rupture de Jung avec Freud. Dès sa parution, il est discuté. Jung ne cesse par la suite de l'enrichir en trois éditions ultérieures (1924, 1937 et 1950).

Jung est parti d'un cas individuel pour élargir le champ de la psychanalyse à des perspectives radicalement neuves.

Introversion et extraversion

Ces deux termes furent proposés par C G Jung dans son ouvrage Types Psychologiques 1,2 (1920) pour distinguer les deux types d’attitudes observables chez les individus selon leur tendance à s’intéresser aux objets externes (les autres, le monde) ou à leur propre univers intérieur ou subjectivité. À ce propos, compte tenu de la tendance à considérer le ‘subjectif’ comme ayant moins de validité que ce qui est ‘objectif’, Jung tient à clarifier ce qu’il signifie par subjectivité dans ce contexte : « Par le facteur subjectif j’entends l’action ou réaction psychologique qui fusionne avec l’effet produit par l’objet donnant lieu à une nouvelle donnée psychique. »3.

Dans les mots du psychiatre suisse :

« … deux personnes voient un même objet mais jamais elles ne le voient de façon à ce que les images qu’elles reçoivent soient identiques. Au-delà de l’acuité variable des organes sensoriels et de l’équation personnelle [tendance à voir seulement ce que l’on ‘peut’ voir, manque d’impartialité], il existe souvent une différence radicale, de genre et de degré, dans l’assimilation psychique de l’image perçue. Tandis que l’extraverti fait constamment appel à ce qui lui parvient à partir de l’objet, l’introverti s’appuie principalement sur ce que l’impression sensorielle constelle à l’intérieur du sujet. » 4

À partir de cette première distinction, Jung approfondit son étude en déclinant à l'intérieur de ces deux catégories une typologie basée sur les fonctions psychologiques suivantes : pensée, sentiment, sensation et intuition (voir article Typologie Jungienne).

Les notions d'extraversion et introversion deviennent les traits de personnalité qui ressortent le plus dans l'approche empirique du modèle des Big Five, de l'outil Myers-Briggs Type Indicator (MBTI) développé dans les années 60 et inspiré par le modèle des Types Psychologiques de Jung, ainsi que plus récemment, dans le modèle HEXACO.

Sommaire

1 Deux mécanismes
1.1 Extraversion
1.2 Introversion
1.3 Enjeux relationnels
2 Une typologie et non pas un classement
3 Evolution des concepts
4 Notes et références
4.1 Articles connexes
4.2 Liens externes

Deux mécanismes

L’extraversion et l’introversion gagnent à être comprises comme mécanismes psychiques au service de la personnalité consciente. Ces deux fonctionnements ou attitudes coexistent chez chaque individu ; dans l’idéal une heureuse et harmonieuse alternance semblerait « correspondre au cours naturel de la vie. » 5 En réalité, en fonction des contextes de vie et de la constitution psychique de chaque individu, un mécanisme prédomine sur l’autre et c’est à ce moment-là que Jung parlera de type extraverti et type introverti.

Il est important d'ajouter comme nous le rappelle Claude Bourrelle, analyste et auteur, que ces deux notions - et cela s'applique également aux quatre fonctions ci-dessus - découlent d'une étude minutieuse et approfondie de ce que Jung considère comme :

[...] des mécanismes essentiels de l'esprit humain que les noms et les concepts les plus divers ont servi à exprimer [...] A travers l'analyse d'œuvres de philosophes, de poètes, de connaisseurs d'hommes, de médecins, d'esthéticiens, il montre la distinction faite par les uns et les autres entre deux familles d'esprit, correspondant à ce que lui-même appelle les introvertis et les extravertis. 6

Extraversion

L’attitude extravertie se caractérise par une libido (chez Jung libido signifie énergie psychique) tournée vers l’extérieur : « un intérêt pour les événements, les personnes et les objets, une relation avec eux, [voire] une dépendance à ceux-ci. » Quand cette attitude prédomine, la personne est sociable et à l’aise dans toute situation qu’elle soit familière ou non. Sa relation au monde, aux autres est bonne, ses réactions rapides et spontanées et « même en cas de désaccord, il reste en lien, car au lieu de se retirer il préfère argumenter ou chercher à refaçonner [l’autre, le monde] ... »7

L'extraversion définit l'« état, l'acte ou l'habitude, orientée par une gratification externe à la personnalité8. » Les individus extravertis tendent à se satisfaire des interactions sociales et à être enthousiastes, bavards, et assertifs notamment. Ils prennent plaisir à participer à des activités en groupe, comme des fêtes, des manifestations publiques, entre autres. La politique, l'enseignement, le management, les activités commerciales favorisent l'extraversion. Un individu extraverti préfère interagir socialement plutôt que de rester seul.

Les traits moins positifs du type extraverti ont à voir avec la volatilité de leur intérêt et enthousiasme qui peuvent être rapidement captés par un nouveau stimuli; une certaine superficialité en découle. Il y a aussi la dépendance à ce qui leur est renvoyé par les autres, le besoin d'avoir un public. La solitude est mal vécue, ils ont peu de goût pour la réflexion prolongée d'où le danger d'adopter facilement les opinions et croyances collectives.
Introversion

L’attitude introvertie en revanche réachemine la libido de l’objet vers le sujet : l’intérêt se porte sur des considérations subjectives. Quelle que soit la situation extérieure « le sujet est et reste le centre d’intérêt. »9 Ainsi, celui chez qui l’introversion prédomine est hésitant face au monde extérieur, préférant se concentrer sur ses propres impressions de ce qui se passe à l’extérieur. Il se 'retire', pour ainsi dire, vers sa subjectivité pour, et avant de, éventuellement réagir. De ce fait, l’introverti peut sembler renfermé et timide en comparaison à l’extraverti perçu comme sociable et réactif. 7

L'introversion désigne l'« état, ou la tendance, orienté par une gratification interne et le bien-être mental de l'individu concerné8. » Certains romanciers caractérisent les introvertis comme des individus dont l'énergie psychologique se concentre à travers la réflexion et qui diminue durant une interaction sociale10. Les individus introvertis seraient plus réservés et moins bavards en groupe. Ils prennent plaisir lors d'activités solitaires comme la lecture, les écrits, l'utilisation d'un ordinateur, ou la balade. L'art, la musique, l'ingénierie, la sculpture et autres activités artistiques sont des professions hautement introverties. L'individu introverti prend plaisir seul plutôt qu'en groupe, bien qu'il puisse apprécier des activités entre amis. Il préfère se concentrer sur une activité simple et observe les situations avant d'y participer : ceci est particulièrement observée dans le développement de l'enfant et l'adolescent11. Les individus introvertis prennent le temps d'analyser avant d'agir12.

Plus problématique pour les introvertis est leur difficulté à être naturels en société : souvent hyper-sensibles et craignant le ridicule, ils peuvent se rendre maladroits dans leurs rapports aux autres. Leurs qualités restent souvent méconnues et ils sont souvent incompris7.

L'introversion n'est pas identique à la timidité ou à l'isolement social. Ces individus préfèrent généralement des activités solitaires plutôt que sociales, tandis que les individus timides (extravertis dans le cœur) évitent les interactions sociales à cause de la peur et de l'anxiété13.
Enjeux relationnels

En analysant de manière caricaturale, il est facile d'imaginer les difficultés posées par les différences entre ces deux types: "malheureusement les deux types se comprennent mal mutuellement et ont tendance à voir seulement les faiblesses de l'autre de sorte que pour l'extraverti l'introverti est égotiste et terne tandis que l'introverti considère l'extraverti superficiel et insincère."7

On remarque que d'un côté les différences les aimantent l'un vers l'autre rien que pour déléguer les aspects de la vie quotidienne qu'ils trouvent désagréables. "Les deux types semblent destinés à la symbiose."14 Mais par ailleurs, la critique et l'opposition rendent les rapports difficiles. Seule une démarche d'évolution personnelle profonde peut donner lieu à une reconnaissance de la valeur du fonctionnement du type opposé et à ce stade la tolérance s'installe, voire une transformation vers un fonctionnement moins typé.
Une typologie et non pas un classement

En guise de mise en garde, et afin d'éviter les récupérations mal comprises de ces travaux, Jung écrit dans l'appendice qu'il ajoute aux Types en 1936 :

Il n'est pas la vocation d'une typologie psychologique de classer les êtres humains dans des catégories - ceci serait assez futile. Son objet est plutôt celui de fournir une psychologie critique qui rend possible une investigation méthodique ainsi que la présentation du matériau empirique. 15

Dans "100% Jung", l'analyste et auteur Viviane Thibaudier écrit qu'il "serait une erreur de considérer la typologie jungienne comme une sorte de caractérologie dont le but serait de classifier les êtres schématiquement, selon de catégories pré-établies." 16 En effet, si l'on considère l'extraversion et l'introversion comme des mécanismes que, clarifie Bourreille, " l'on peut à volonté mettre en, ou hors circuit [...] la disposition innée à se servir de tel ou tel mécanisme n'a donc pas un caractère déterminant..." 17 et cette typologie devient un modèle dynamique qui tient compte du fait que dans certaines conditions, un extraverti peut s'introvertir et réciproquement l'introverti doit pouvoir s'extravertir.

Les différences d'un individu à l'autre tiennent par conséquent à la capacité d'équilibrer les attitudes dans leurs rapports réciproques, non pas à la prédominance de l'une ou de l'autre qui définit l'appartenance à tel ou tel type. Les écueils de l'attitude unilatérale sont, nous le verrons, tout aussi désastreux, pour l'un que pour l'autre18.

Evolution des concepts

Au-dèla du MBTI, les concepts d'extraversion et introversion ont notamment été étudiés par Hans Eysenck dont le test de personnalité Eysenck Personality Questionnaire reprend cette dimension.

Le comportement de l'un et l'autre devient intelligible dans la relation entre autonomie et hétéronomie étendue à travers Marx, Erich Fromm et Ivan Illich.
Notes et références

↑ Carl Gustav Jung, Types Psychologiques, Georg Editeur, 1997, 505 p. (ISBN 978-2825704677)
↑ (en) Carl Gustav Jung, Psychological Types, The Collected Works, Vol 6, Princeton, NJ, Princeton University Press, 1971, 608 p. (ISBN 0-691-01813-Cool
↑ (en) C G Jung, Psychologycal Types, p. 375
↑ (en) C G Jung, Psychological Types, p. 374
↑ (en) C G Jung, ibid, p. 5
↑ Claude Bourreille, Types psychologiques et processus d'individuation, Paris, Le Martin-Pêcheur, 2013, 147 p. (ISBN 978-2-9545096-0-0), p. 106
↑ a, b, c et d Will Nichols, « Introduction to Jung's Psychology » [archive], sur www.cgjungpage.org (consulté le 10 septembre 2016)
↑ a et b Merriam Webster Dictionary.
↑ (en) C G Jung, Ibid, p. 4
↑ (en) Helgoe, Laurie (2008). "Introvert Power: Why Your Inner Life is Your Hidden Strength". Naperville, Illinois: Sourcebooks, Inc.
↑ (en) Introversion [archive] Gale Encyclopedia of Childhood & Adolescence. Gale Research, 1998.
↑ (en) Laney, Marti Olsen (2002). The Introvert Advantage: How to Thrive in an Extrovert World. Workman Publishing. ISBN 0-7611-2369-5.
↑ (en) All About Shyness [archive] Meredith Whitten, Psych Central, 21 Aug 2001; Consulté le 7 février 2007.
↑ (en) Carl Gustav Jung, Two Essays on Analytical Psychology, Collected Works Vol 7, Princeton, NJ, Princeton University Press, 1977, 349 p. (ISBN 978-0-691-01782-2), p. 55
↑ (en) C G Jung, Psychological Types, p. 554-555
↑ Viviane Thibaudier, 100% Jung, Paris, Editions Eyrolles, 2011 (ISBN 978-2-212- 54990-4), p. 69-70
↑ Claude Bourreille, ibid, p. 109
↑ Claude Bourreille, ibid, p. 110

Articles connexes

typologie jungienne
modèle des Big Five

Liens externes

(fr) description des caractères extraverti et introverti

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Histoire Œuvres Critiques

Concepts

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Langue des oiseaux

La langue des oiseaux, considérée par certains comme une langue secrète, consiste à donner un sens autre à des mots ou à une phrase, soit par un jeu de sonorités, soit par des jeux de mots (verlan, anagrammes, fragments de mots…), soit enfin par le recours à la symbolique des lettres. Autrement dit, la langue des oiseaux est une langue tenant de la cryptographie, qui se fonde sur trois niveaux :

La correspondance sonore des mots énoncés avec d’autres non dits permet un rapprochement sémantique qui constitue un codage volontaire, soit pour masquer une information, soit pour amplifier le sens du mot premier ;
Les jeux de mots utilisés permettent un codage davantage subtil et ésotérique, les mots se reflètent ad libitum : verlan, anagrammes, fragments de mots, etc. ;
La graphie enfin, fondée sur la symbolique mystique des lettres des mots énoncés, peut renvoyer à un codage iconique renforçant le sens des mots, comme dans les hiéroglyphes.

Les plus anciens documents dont nous disposons aujourd'hui théorisant la langue des oiseaux sont signés Grasset d'Orcet et Fulcanelli, et remontent à la seconde moitié du XIXe siècle. Ils attribuent néanmoins à la langue des oiseaux des origines immémoriales : elle aurait longtemps été une langue d’initiés, un système de codage occulte lié à l’alchimie et à la poésie hermétique (de Hermès, dieu patron des phénomènes cachés). Elle acquiert une dimension psychologique au XXe siècle, avec les travaux de Carl Gustav Jung ou de Jacques Lacan, qui y voient un codage inconscient permettant d’amplifier le sens des mots et des idées.

Le Dictionnaire des langues imaginaires recense plusieurs entrées en lien avec la langue des oiseaux : langage des animaux, langue des corbeaux, langage de l'extase (mystique), langage ludique, langage du rossignol, langue secrète... Néanmoins il existe des langues farfelues (comme la langue des corbeaux) sans fondements historiques, sûrement inventions de cas pathologiques1. Il faut ainsi différencier les « langues secrètes » des langues farfelues, des langues inventées (la langue des grenouilles, d'Aristophane), des jargons et dialectes et des imitations (« langue des animaux » dont Mircea Eliade dit qu'elle consiste à « imiter leurs cris, surtout les cris d'oiseaux »). Finalement, c'est l'existence d'un code caché qui permet de départager ces registres et de repérer l'originalité de la langue des oiseaux.

Sommaire

1 Principe
2 Origine de l’expression
2.1 Le symbole
2.2 Dimension transculturelle de la langue des oiseaux
3 Fondements historiques
3.1 La divination et les auspices
3.2 Les troubadours et la poésie médiévale
3.3 Le soufisme et la langue siryanîte
3.4 L'alchimie
4 XIXe et XXe siècle
4.1 Grasset d'Orcet
4.2 Fulcanelli
4.3 Le père Boudet
4.4 René Guénon
5 Un système de codage occulte
6 Le tarot de Marseille et la langue des oiseaux
7 Langue des oiseaux et psychologie
7.1 Les jeux de mots : fenêtre sur l’inconscient
7.2 Le rêve « parle » la langue des oiseaux
8 Niveaux d'interprétation
8.1 Un jeu de lettres
8.2 Un jeu de mots
8.3 Néologismes et fausses étymologies
8.4 Anagrammes
9 Thèmes de la langue des oiseaux
9.1 Noms de lieux
9.2 Noms anatomiques ou médicaux
9.3 Dans les comptines
10 Linguistique et langue des oiseaux
11 En littérature
12 Pseudonymes
13 Isotopies littéraires
14 Notes et références
15 Voir aussi
15.1 Articles connexes
15.2 Liens externes
15.3 Bibliographie

Principe

Il n'est pas interdit de voir dans l'expression de « langue des oiseaux » une analogie avec sa dimension aérienne puisque finalement elle consiste à faire « décoller » le son, à l'entendre plutôt qu'à le lire. Il s'agit donc de ne plus se fier à « l’écrit », mais d'entendre « les cris », ceux des oiseaux, des mots chantés.

L'exemple suivant permet d'en comprendre le principe2 :

phrase codée : « Vois si un mets sage se crée, dit sans les mots »
phrase décodée : « Voici un message secret disant les mots »

Le message codé comporte un ensemble d'éléments à interpréter : « vois si », « un mets sage », « se crée », « dit sans les mots ». À la différence de l'amphibologie (phrase qui peut avoir deux sens comme dans « J'ai tué un éléphant en pyjama » : « je l'ai tué alors que j'étais en pyjama ou « j'ai tué un éléphant qui avait un pyjama »), exemple qui ne prend pas en compte la logique bien entendu, la phrase en langue des oiseaux joue sur l'homophonie des mots la composant. Quant à l'interprétation, elle dépend du contexte et des récepteurs. Le chapitre Fondements historiques livrera les interprétations qui pouvaient exister au sein des groupes usant de la langue des oiseaux. Cet exemple peut être interprété comme une explication codée de ce qu'est la langue des oiseaux : elle nous encourage à dépasser les lettres, mais à privilégier bien plutôt la vision (« vois ») car s'y cache un secret, un savoir : « se crée » (au sens de : un message en naît ou en est, ici le mot premier « secret » peut être conservé), un savoir intangible car « dit sans les mots ».

Dans cette langue où prime le « double sens », permis par l'homophonie (et d'autres mécanismes que nous analyserons plus loin) ; le son, en somme, « résonne » et « raisonne ». L 'analogie avec les oiseaux est avant tout physique : les sons volent a contrario des lettres, qui restent fixes, même les « L » Le proverbe populaire « Les écrits restent les paroles s'envolent » témoigne également de cette symbolique. La langue des oiseaux nous invite à trouver le sens profond, caché, de la phrase.
Origine de l’expression

L’expression « langue des oiseaux » (on emploie également l’expression synonyme de « langue des anges ») a une origine confuse et plurielle :

une première interprétation possible est qu’elle renvoie au fait que les oiseaux sifflent des mélodies, des musiques pour l’oreille humaine, mais dont on ne réalise pas le sens caché. C’est l’idée d’une langue sacrée, cachée, que l’homme n’« entend pas » (dans le sens de comprendre). Grasset d'Orcet reprend ce point de vue (voir ci-après). Cette interprétation renvoie également au mythe grec de Tirésias qui, apercevant un jour deux serpents s'accouplant sur le mont Cithéron (ou sur le mont Cyllène), de peur tua la femelle d'un coup de bâton. Tirésias fut alors transformé en femme. Sept ans plus tard, il revit des serpents accouplés. Il tua alors le mâle pour redevenir un homme. Tirésias fut ensuite confronté aux dieux Zeus et Héra qui se disputaient pour savoir si l'homme éprouve un plus grand plaisir dans l'amour que la femme. Consultant Tirésias en sa qualité d’initié aux deux sexes, ayant connu les deux situations, le jeune homme répondit que selon lui le plaisir des femmes est neuf fois plus intense que celui des hommes. Héra, outragée, le frappa alors de cécité. Zeus compensa ensuite le châtiment infligé en accordant à Tirésias le don de prophéties infaillibles et celui de comprendre le langage des oiseaux.

On peut voir également dans le dieu Hermès, Mercure chez les alchimistes, le créateur de la langue des oiseaux. Ailé, il représente le principe volatil et ésotérique du mystère de la Nature.
Zeuxis peignant les papillons, Hermès à ses côtés, l'inspirant

l’expression pourrait être également une déformation phonétique historique (« synchronique ») du nom d’une confrérie secrète appelée : « langue des oisons » (en référence au petit de l’oie, terme devenu archaïque), nommée ainsi en raison de la patte d’oie que portent sur l’épaule les constructeurs de cathédrales. Ceux-ci utilisaient sur les chantiers un jargon permettant de conserver les techniques ancestrales de la « Fabrique ». Cependant, après la « Grève des Cathédrales » (à la suite de la proclamation des Templiers comme non grata en France le 19 mars 1314), la majeure partie des ouvriers initiés fuient l’Inquisition française, pour l’Italie du Nord (où ils prépareront la Renaissance) et le Moyen-Orient. Après le relâchement de l’Inquisition, ces initiés, de retour en France, surnommés « sarrasins », diffusent leurs connaissances au moyen de systèmes de codages secrets assimilés rapidement à des sciences occultes, en premier lieu : le tarot de Marseille, l’« art goth » (art de la lumière, qui deviendra l’art gothique), l’alchimie et la langue des oiseaux.

Dès lors la langue des oisons, réceptacle du savoir traditionnel des constructeurs de cathédrales, se mue en langue des oiseaux, qui de ce fait entre dans la clandestinité et devient langue d’initiés. Elle gagne en complexité afin de ne pas attirer la censure et l’anathème du clergé, recourant même aux langues anciennes comme le grec. Les mots se chargent ainsi de sens doubles au moins, permettant de communiquer des informations tout en n'éveillant pas de soupçons et tout en utilisant les moyens de communication de l’époque (poésie, inscriptions, chants, comptines…).
Le symbole

En jouant sur les lettres, les sons ou les sens, la langue des oiseaux a trait au symbole. Le symbole, du grec « seumbolon » (soulever le couvercle, découvrir), selon la tradition hermétique et gnostique ne peut être saisi que dans une image (analogie, parabole) ou une correspondance (métaphore). En effet, le discours herméneutique détruit la dimension symbolique, expliquant une réalité qui échappe à la raison. En soi, le jeu de mots est la meilleure façon d’approcher la dualité paradoxale du symbole.

La langue des oiseaux est donc intimement liée au « langage des symboles ». La différence des termes exploite en effet toute la nature de l’opération de transformation entre les deux plans : si la langue renvoie à un système codifié (phonétique, linguistique...), le langage lui est une faculté qui ne répond à aucun système.

Néanmoins les analogies, qu’exploite la langue des oiseaux, existent :

Comme les mots, les symboles ont un sens, voire plusieurs sens.
Comme les mots, les symboles ont un passé. L’étymologie du mot renvoie à sa valeur première ; le symbole également possède une lignée d’images.
Comme le mot, dont on connaît le caractère arbitraire depuis Ferdinand de Saussure (il ne représente pas la chose qu’il désigne), le symbole décrit, lui, une réalité émotionnelle avant tout ; de même que le mot, qui a une charge affective.

Finalement, les mots sont des symboles dans la langue des oiseaux, qui mènent vers des enseignements occultes. L’alchimie, qui est une mise en images et en textes du Grand Œuvre, utilise ainsi le symbolisme des mots pour tisser des correspondances entre les concepts. Tout comme le symbole (qui est un raccourci par l’image), ce langage des mots fait prendre des raccourcis de pensée. La langue des oiseaux fonctionne de la même manière que les signes en mathématiques ou en physique. Ce codage assure la pérennité des concepts et images, car seule l’initiation peut fournir la clé des rapports entre les mots.

Tout comme le symbole (qui est un raccourci par l’image), ce langage des mots fait prendre des raccourcis de pensée. La langue des oiseaux fonctionne de la même manière que les signes en mathématiques ou en physique, les équations par exemple. La formule E = mc2 est très significative : si tout le monde en voit la portée (la relativité générale, seuls les « initiés » (les physiciens) peuvent l’interpréter et, davantage même, la manipuler.
Dimension transculturelle de la langue des oiseaux

La langue des oiseaux n’est pas dépendante d’une langue précise ; en réalité chaque langue possède un système de codification analogue fondé sur : le lexique, la syntaxe, la phonétique et la sémantique.

Les koans japonais par exemple sont des jeux sur le double sens, à la limite de l’absurde. C’est bien ce que cherchent les auteurs de la langue des oiseaux : donner l’apparence de l’absurde afin de dissimuler le message. Aujourd'hui encore, le kōan est utilisé dans l'enseignement oral de la tradition Rinzai pour suggérer « ce qui ne peut être dit avec des mots ».

Par exemple : un disciple ayant demandé au maître Joshu : « Un chien a-t-il la nature de Bouddha ? », Maître Joshu répondit : « Mu ! » – Mu ! est le wato (expression désignant l’absence de sens d’une question) de ce kōan.

Néanmoins les jeux de mots d’une langue donnée ne peuvent être compris que par ceux la maîtrisant. Aucune catégorie linguistique ne peut pénétrer dans la symbolique verbale d’une autre ; la traduction est en effet inefficace à restituer le double codage. Nous ne donnerons donc dans cet article que des exemples tirés de la langue française.
Fondements historiques
La divination et les auspices
La divination au moyen des oiseaux.
la divination au moyen des oiseaux

Dans l'Antiquité latine, les oiseaux passaient pour messagers des dieux. L'auspicie, divination par le vol des oiseaux dans un carré magique projeté sur le sol (ou « templum ») permettait de comprendre les intentions divines. Les « auspices » (de aves spicere : « observer les oiseaux ») étaient une méthode avant tout visuelle qui prenait en compte également le cri des oiseaux observés. Depuis les temps immémoriaux, les cris des oiseaux sont une métaphore adéquate pour l'esprit humain, dans sa tentative de cerner les messages codés de la Nature. Sous l'influence chrétienne, la langue des oiseaux deviendra « langue des anges », gardant ainsi toute la dimension de communication entre le monde visible et invisible qu'elle avait à l'origine.

Dès lors, certains auteurs attestent, dès l'Antiquité, de l'existence d'une langue secrète réservée aux « divium » (« devins »), initiés au messages divins. Diodore de Sicile, dans sa Bibliothèque historique, (Livre V, 31) explique qu'il existe un langage des dieux :

« Ils disent, en effet, que … ces hommes [les druides] qui connaissent la nature divine et parlent, pour ainsi dire, la même langue que les dieux … »

Virgile dans l'Énéide (livre III, 360) nous apprend que le « langage des oiseaux » est une des compétences du devin :

« Fils de Troie, interprète des dieux, toi qui entends les volontés de Phébus, les trépieds, les lauriers de Claros, toi qui comprends les astres et le langage des oiseaux et les présages qu'annonce leur vol rapide, allons, parle »

Très tôt cette langue est attestée, comme à part des langues humaines :

« Ceux qui affirment que la philosophie a commencé chez les Barbares expliquent que celle-ci a pris chez chacun une forme particulière. Ainsi ils disent que les gymnosophistes et les druides philosophaient en énonçant des sentences énigmatiques (Diogène Laërce, Vies et doctrine des philosophes célèbres, Livre I, prologue, 6). »

Néanmoins, cette langue peut avoir une origine linguistique réelle. Iambule, écrivain grec (Ier siècle av. J.-C.) dans un ouvrage fantastique disparu, écrit que les habitants d'une île de l'Océan Indien ont une langue bifide (coupée en deux) permettant de tenir en même temps deux conversations, chaque lettre renvoie a un son (28 sons/lettres) de 7 caractères qui peut être formé de manières différentes. Diodore de Sicile, dans le livre II de sa Bibliotheca3, résume ses propos :

« Leur langue a aussi quelque chose de particulier qui leur vient en partie de la nature et en partie d'une opération qu'ils y font. Elle est fendue dans sa longueur et paraît double jusqu'à la racine. Cela leur donne la faculté, non seulement de prononcer et d'articuler tous les mots et toutes les syllabes qui peuvent être en usage dans toutes les langues du monde mais encore d'imiter le chant ou le cri de tous les oiseaux et de tous les animaux, en un mot tous les sons imaginables. Ce qu'il y a de plus merveilleux est que le même homme entretient deux personnes à la fois par le moyen de ses deux langues et leur répond en même temps sur des matières très différentes sans se confondre. »

Enfin, Platon dans le Cratyle évoque une langue du double sens et pense que le mot reflète la chose qu'il représente. Il explique alors qu'entre les mots et les choses existe une relation d’immédiateté.
Les troubadours et la poésie médiévale

Néanmoins, hormis l'existence des auspices, aucun texte antique n'établit un parallèle entre langue des dieux et langue des oiseaux ; ce n'est qu'au Moyen Âge qu'apparaît le premier jeu de mot :
bas relief représentant un chevalier tuant le dragon, ou un cabalier à la recherche du secret de la Pierre Philosophale

Fulcanelli, dans son ouvrage majeur Les Demeures Philosophales4 note : « Employée au Moyen Âge par les philosophes, les savants, les littérateurs, les diplomates. Chevaliers d’ordre et chevaliers errants, troubadours, trouvères et ménestrels […] discutaient entre eux dans la langue des dieux, dite encore gaye-science ou gay-scavoir, notre cabale hermétique. Elle porte, d’ailleurs, le nom et l’esprit de la Chevalerie, dont les ouvrages mystiques de Dante nous ont révélé le véritable caractère. […] C’était la langue secrète des cabaliers, cavaliers ou chevaliers. Initiés et intellectuels de l’antiquité en avaient tous la connaissance. ».

Fulcanelli pense que la langue des oiseaux doit son origine à une certaine confrérie chevaleresque passionnée d'occultisme, d'où leur nom de « cabaliers », paronyme du mot « cavalier » et homophone imparfait du mot « chevalier ». Néanmoins rien n'est dit sur sa nature, sinon cette correspondance phonétique entre « cabalier » et « chevalier ».

La langue des oiseaux apparaît surtout à travers le système médiéval de codage inventé par les trouvères et troubadours afin de faire passer des messages qui déjouaient la censure des autorités, notamment ecclésiastiques. De nos jours encore, les jeux de mots et surtout les calembours sont des résidus populaires de cette langue poétique. Par exemple le mot « maladie » pouvait contenir un sens codé : c’est le « Mal qui dit » et cela pouvait renvoyer à une institution ou une pratique visée. À l’inverse, la « Bénédiction », c’est « la Bonne Diction » qui renvoyait peut-être à l’art poétique. Autre exemple : les expressions de « Bonne Heure » (= Bonheur) et de « Mauvaise Heure » (= Malheur).
Le soufisme et la langue siryanîte

La poésie mystique des soufis emploie également souvent la langue des oiseaux, de la même manière qu’en Occident. Le poète soufi Farîd al-Dîn Attâr - persan (aujourd'hui l'Iran) a vécu de 1119 à 1190 ; il appartient à la tradition spirituelle Soufi de l’École d’al-Hallâd- dans son ouvrage La Conférence des oiseaux raconte une épopée mystique ou 30 000 oiseaux sont à la recherche de leur Roi. Le récit commence par un discours de bienvenue qui constitue une fonction rituelle et magique de la « Huppe », un oiseau assimilé à la fonction initiatique. Ces oiseaux représentent l’humanité des fidèles cherchant un sens au monde. La huppe, figure du maître soufi, appelle les oiseaux à partir pour un voyage difficile qui les conduira à la cour de leur Roi où ils rencontreront un oiseau fabuleux, le Simurgh. Certains suivent la huppe, d’autres refusent, se contentant de leurs sorts terrestres. Attâr fait ici une parabole de la quête initiatique soufie où certains sont initiés car ils accèdent au sens profond des mots, d’autres s’y refusent et restent dans un langage commun.

La thèse d'Attâr est que les hommes comme les oiseaux ont des langues différentes : aucun oiseau n’a le même chant que l’autre. Or, les initiés partagent le même langage : le langage du bons sens et de la mystique.
pages du Coran

Ahmed Moubarek, dit 'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, grand soufi illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIe et au début du XVIIe, dans le Kitab-Al-Ibriz (traduction : le livre d'or pur), qui contient l’enseignement de son maître cheikh Dabbagh, évoque l'existence d'une langue originelle, employée par les anges et nommée langue siryanîte. Selon le poète soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation et non dans son écriture. C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine. Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman n'a donné d'explication à ce jour, par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara).

Les exégèses ont été nombreuses ; pour Ar-Rabî‘ ibn Anas : « Ces lettres proviennent des 29 lettres autour desquelles tournent toutes les langues », et à chacune il y a une vocalisation. Pour Abdel ‘Azîz ad-Dabbâgh par ailleurs : « À chaque lettre des lettres siryânites, il y a un secret, et chaque secret se divise en sept autres secrets. Ils naissent des significations divines des mots, qui est l’origine du premier secret. À chaque lettre il y a sept autres secrets qui se rapportent à la parole arabe. En ce qui concerne les langues non-arabes, d'autres secrets s'y rapportent. ». La calligraphie arabe se veut en effet une mise en symbole de la Création divine5. Enfin, à la fin du XIVe, en Iran, Fazlullâh (fondateur de la religion des Hurufiyya (de « huruf »=lettres), après un rêve prophétique, entend et comprend le chant des oiseaux.
L'alchimie

La science occulte de l’alchimie, provenant d’Égypte a donné à la langue des oiseaux ses lettres de noblesse. L'existence d'une langue secrète, dite « langue alchimique », est avérée, notamment par les alchimistes :
allégorie de l'alchimie

Artéphius qui sous-entend que cette langue codée est avant tout fondées sur des métaphores :

« Ne sait-on pas que notre art est un art cabalistique ? Je veux dire, qui ne se révèle que de bouche, et qui est rempli de mystères ; Et toi, pauvre sot que tu es, serais-tu assez simple pour croire que nous enseignons ouvertement et clairement le plus grand et le plus important de tous les secrets, et pour prendre nos paroles à la lettres ? »

Synésios (au IVe siècle) complète la révélation d'Artéphius en évoquant un code méthodique :

« Ils [les alchimistes] s'expriment seulement par symboles, métaphores et images, afin de n'être compris que par des saints, des sages, et des âmes douées d'intelligence. Ils ont, pour cette raison, observé dans leurs œuvres une certaine méthode et une certaine règle, de sorte que l'homme sensé pût comprendre et, peut-être après quelques tâtonnements, parvenir à tout ce qui est secrètement décrit. »

Nicolas Flamel, célèbre alchimiste, évoque un type de traités curieux dans son Livre des figures hiéroglyphiques en 1612 :

« Il n'était point de papier ou de parchemin, comme sont les autres, mais il était fait de déliées écorces de tendres Arbrisseaux. Sa couverture était de cuivre bien délié, toute gravée de lettres ou figures étranges ; et quant à moi je crois qu'elles pouvoient bien être des caractères Grecs ou d'autre semblable Langue ancienne. Tant y a que je ne les sçavois pas lire, et que je sçai bien qu'elles n'étaient point notes ni lettres latines ou gauloises ; car j'y entends un peu »

Cette langue secrète -synonyme de « cabale » (avec un c pour la différencier de la Kabbale judaïque) consiste le plus souvent dans l’utilisation de rébus ou de jeux de mots, dans l’objectif de coder des œuvres interdites, via un code cryptographique fondé sur les sons, afin d’en faire passer le contenu, soit comme incompréhensible, soit comme d’un tout autre contenu. L’œuvre codée apparaît soit absurde, soit hors sujet.

Ainsi on a pu voir dans la phrase de Synésios une phrase parallèle recelant quelques clés de cette langue : le passage « n'être compris que par des saints » peut s'entendre : « n'être compris que par dessins ou par desseins » par homonymie du mot « saint » ; de même le passage : « secrètement décrit » comme « secret te ment d'écrit », allusion au mensonge de la phrase prise au pied de la lettre. L’expression apparaît comme une métaphore d’une certaine manière de porter son regard sur les choses et événements qui appelle à faire fi de la logique de raisonnement dans le sens des phrases.certains auteurs occultes du Grand Œuvre parlent également de la « cabale phonétique », méthode identique jouant sur les correspondances phonétiques et sémantiques.

Les sons en effet jouent un rôle prépondérant en alchimie. D’une part cette science, à ses débuts, se faisait appeler « art de musique ». Michel Maïer, auteur de Atalante Fugens, traité alchimique de première ampleur, joint à ses textes des fugues accompagnant les métamorphoses de l’Œuvre.

Cette analogie est à mettre en parallèle avec la parole de Saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens : « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. ». Il y a donc une constante analogie, dans chaque allusion à la langue secrète, à la musique.

La « langue de l'extase », souvent employée de manière synonyme à celle de langue des oiseaux est prétendue se manifester pendant la sortie de l'âme, lors d'un contact temporaire avec le divin. Thomas de Celano pense que le saint, pendant l'extase, croit entendre une musique très douce, d'une sonorité semblable au français.

L'iconographie alchimique, quand elle représente le laboratoire de l'alchimiste, montre souvent des instruments de musique exprimant l'harmonie et la musique céleste (venant de Platon : la « musique des sphères ») accompagnant l'aboutissement du Grand Œuvre.
XIXe et XXe siècle
Grasset d'Orcet

Grasset d'Orcet (1828-1900) étudie les traces des systèmes cryptographiques de la Grèce archaïque. Fort de cette expérience il publie des articles sur la Langue des Oiseaux parus dans la Revue Britannique. Ami de Fulcanelli, ayant eu une puissante influence sur l'abbé Henri Boudet (voir ci-après), Grasset d'Orcet va se consacrer à l’étude des « Matériaux Cryptographiques » c’est-à-dire aux règles de décodage des textes en langue des oiseaux. Il se focalise surtout sur l’héraldique, autre science aux origines occultes usant du double langage. Les devises hiéroglyphiques du blason obéissent en effet à des règles permettant leur « lecture » (autre qu’iconique) :

1) la devise se compose de vers de six à huit syllabes, terminées par une syllabe où entre la lettre L,
2) Tout dessin blasonné doit se déchiffrer en commençant par les pieds (de bas en haut).

Fulcanelli

Fulcanelli, dont la véritable identité demeure inconnue6, dans Les Demeures Philosophales, ouvrage d’alchimie moderne où il montre que les maîtres spagyriques ont fixé dans la pierre des cathédrales leur savoir ancestral, fut l'un des premiers à révéler clairement le sens de la langue des oiseaux :

« Les vieux maîtres, dans la rédaction de leurs traités, utilisèrent surtout la cabale hermétique, qu’ils appelaient encore langue des oiseaux, des dieux, gaye science ou gay savoir. De cette manière, ils purent dérober au vulgaire les principes de leur science, en les enveloppant d’une couverture cabalistique. […] Mais ce qui est généralement ignoré, c’est que l’idiome auquel les auteurs empruntèrent leurs termes est le grec archaïque, langue mère d’après la pluralité des disciples d’Hermès. La raison pour laquelle on ne s’aperçoit pas de l’intervention cabalistique tient précisément dans ce fait que le français provient directement du grec7. »

La dimension cryptographique de cette langue est donc avérée selon lui ; néanmoins, elle reposerait sur le grec ancien. Puis Fulcanelli va définir la méthode fondant la langue des oiseaux comme étant phonétique :

« La langue des oiseaux est un idiome phonétique basé uniquement sur l’assonance. On n’y tient donc aucun compte de l’orthographe, dont la rigueur même sert de frein aux esprits curieux […]8. »

Il continue, insistant sur le double sens de cette langue :

« les anciens écrivains l’appelaient langua general (« langue universelle »), et lengua cortesana (« langue de cour »), c’est-à-dire langue diplomatique, parce qu’elle recèle une double signification correspondant à une double science, l’une apparente, l’autre profonde9. »

Puis il en fait la langue originelle de l’humanité, celle d’avant Babel (voir chapitre « origine ») :

« Les rares auteurs qui ont parlé de la langue des oiseaux lui attribuent la première place à l’origine des langues. Son antiquité remonterait à Adam, qui l’aurait utilisée pour imposer, selon l’ordre de Dieu, les noms convenables, propres à définir les caractéristiques des êtres et des choses créées. »

Les symboles des cathédrales, témoignages de l’iconographie alchimique et occultiste, sont souvent compréhensibles par le recours au rébus ou par la lecture à haute voix. L’exemple que prend Fulcanelli à propos du cheval ornant le mur sud de l’église de Saint-Grégoire-du-Vièvre, « et dont le message se lit d’abord en rébus ou langue des chevaliers pour se terminer en symboles, beaucoup moins évidents à comprendre10. »
le code secret des Templiers

Pour Fulcanelli, chaque nom alchimique contient, dans la langue des oiseaux, une correspondance symbolique que la phonétique exprime : l’antimoine par exemple fait référence à l’âne initiatique.

« Sachez donc, frères, afin de ne plus errer, que notre terme d'antimoine... désigne, par un jeu de mots familier aux philosophes, l'âne-timon, le guide qui conduit11... » Dans Le Mystère des cathédrales, l’art gothique est un langage lui-même interprétable par la langue des oiseaux. Cette hypothèse, propre à Fulcanelli, jamais évoquée au Moyen Âge nous permet d’étudier le fonctionnement symbolique à l’œuvre dans la langue des oiseaux. Tout d’abord, phonétiquement l’expression « art gothique », par raccourci : « art goth » (prononcez [go]) est proche de celle d’ « argotique » ; il y a homophonie parfaite :

« Pour nous, art gothique n’est qu’une déformation orthographique du mot argotique, dont l’homophonie parfaite, conformément à la loi phonétique qui régit, dans toutes les langues et sans tenir aucun compte de l’orthographe, la cabale traditionnelle. La cathédrale est une œuvre d’art goth ou d’argot. Or, les dictionnaires définissent l’argot comme étant un « langage particulier à tous les individus qui ont intérêt à communiquer leurs pensées sans être compris de ceux qui les entourent ». C’est donc bien une cabale parlée12. »

L’art gothique renvoie à un langage codé donc. L’amplification symbolique peut ensuite être proposée au moyen d’une seconde mise en correspondance phonétique : « Les argotiers, ceux qui utilisent ce langage, sont descendants hermétiques des argo-nautes, lesquels montaient le navire Argo [...] pour conquérir la fameuse Toison d’Or. [...] Tous les Initiés s’exprimaient en argot, aussi bien les truands de la Cour des Miracles, - le poète Villon à leur tête,- que les Frimasons, ou francs-maçons du Moyen Âge, « logeurs du bon Dieu », qui édifièrent les chefs-d'œuvre argotiques que nous admirons aujourd’hui. »

Il existerait donc une correspondance entre l’art gothique, le langage codé dit argotique et le mythe des Argonautes, largement évoqué par les auteurs alchimistes. Cette relation pourrait être synthétisée en une phrase reprenant tous les termes : l’art gothique est un langage codé utilisé par un groupe d’initiés à cette langue et recherchant la Toison d'or (sous-entendu, par métaphore : la pierre philosophale). La destination spirituelle de cet art est renforcée par la racine grecque de l’adjectif « gothique » :

« L’art gothique est, en effet, l’art got ou cot (Co en grec), l’art de la Lumière ou de l’Esprit13. »

Par ailleurs, les lettres elles-mêmes renverraient à un sens caché ; un auteur alchimique inconnu, Cyliani, signe son traité Hermès dévoilé : Ci, ce qui indique la conjonction du principe féminin figuré par le croissant du C avec l' i rouge, mâle, la plus petite des lettres et la plus proche du point central et créateur. Le nom de Cyliani, nom d'emprunt, renferme une correspondance avec le nom de Cyllène, montagne natale d'Hermès ; ani enfin est le « je » hébreu. « Cyliani » signifierait donc « Moi, la montagne d'Hermès ».

La langue des oiseaux peut se décliner enfin jusqu’à l’étude de la lettre et de sa forme, le O symbolisant la totalité universelle, la perfection (le cercle), et le C l’éclair de lumière enflammant le cosmos.
Le père Boudet

Le père Boudet, curé de Rennes-les-Bains, écrit en 1886 La Vraie Langue celtique, ouvrage fondé sur les jeux de mots anglais (« pun » en anglais) ; il y tente de dévoiler la dimension internationale et sociale de la langue des oiseaux. Il s’intéresse surtout aux langues puniques (africaines), demeurées les plus primitives pour lui. Il en fait ainsi remonter l’usage d’avant Babel (comme Fulcanelli dont il est influencé)14

« Les exemples cités sont assez nombreux pour montrer dans la langue punique une dérivation parfaite du langage qui a précédé Babel. »

15

Boudet rapproche (toujours dans une démarche d’amplification phonético-symbolique) le nom Babel de l’anglais « Babble » qui signifie « babiller » (parler comme un enfant) ; par extension, il envisage que cette proximité signifie que la langue des oiseaux est à l’image du babillage : un langage paradoxal que l’on entend mais ne comprend pas, sauf les initiés.

Par ailleurs, le mot, pour Boudet, recèle tout le savoir ancestral d’un phénomène, comme une condensation d’expériences :

« les mots nouveaux n’ont plus la même simplicité ; ils expriment par l’association des termes primitifs, des propositions tantôt figurées, tantôt relatant un fait historique et réel16. »

La langue kabyle, parmi celles puniques, est celle la plus révélatrice de la coexistence actuelle de la langue des oiseaux ; par ailleurs, la dénomination de « punique » elle-même identifie la nature de ces langues qui détiennent encore le code symbolique :

« En examinant de près le langage actuel des Kabyles, on s’assurera qu’il est fait de jeux de mots et par conséquent le seul punique – to pun (peun) faire des jeux de mots17. »

Il existe en effet dans cette langue, gardée intacte, une architecture de renvois et de correspondances : « Ces combinaisons nouvelles sont aussi faciles à observer dans la langue Kabyle [...], celle-ci les reproduit dans une plus grande pureté et permet de saisir, pour ainsi dire au passage, des pensées de grande pureté, des pensées philosophiques surprenantes, des peintures de mœurs qui ne laissent rien à désirer16. »

Boudet aime même à croire que le rapprochement phonétique Kabyle / Cabale (autre nom de l'art des alchimistes, à distinguer de l’homonyme Kabbale, qui est l’exégèse judaïque) est significatif. Rappelons que l’on nomme également la langue des oiseaux : « Cabale des philosophes » (des alchimistes, synonyme de philosophe au Moyen Âge)
René Guénon

Métaphysicien majeur de la première moitié du XXe siècle René Guénon, dans Symboles de la Science sacrée pense que la langue des oiseaux regroupe les formules et incantations ésotériques fondamentales. Il considère qu’elle est la métaphore de la communication de l’humain avec les « êtres supérieurs » que sont les anges : « les oiseaux sont pris fréquemment comme symbole des anges, c’est-à-dire précisément des états supérieurs ». Il montre que c’est dans la tradition islamique qu’apparaît la langue des oiseaux, avec la figure de Salomon :

« Et Salomon fut l’héritier de David ; et il dit : O hommes ! nous avons été instruits du langage des oiseaux [‘ullimna mantiqat-tayri] et comblés de toutes choses »

18
Les anges sont souvent représentés comme des oiseaux.

Le terme aç-çāffāt est considéré comme désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) par proximité phonétique. La langue des oiseaux serait donc une expression pour désigner la langue des anges. (Guénon cite notamment l’étude sur le symbolisme de l’« oiseau de paradis » de M. L. Charbonneau-Lassay fondée sur une sculpture où cet oiseau est figuré avec seulement une tête et des ailes, forme sous laquelle sont souvent représentés les anges).

Pour Guénon, cette langue est avant tout fondée sur le rythme universel, sur le vers et la poésie. La tradition islamique considère d’ailleurs » qu’Adam, dans le Paradis terrestre, parlait en vers, c’est-à-dire en langage rythmé ; il s’agit ici de cette langue syriaque ».

La poésie, même moderne aurait ainsi gardé cette part mystique, primordiale, ce qui explique que tous les textes sacrés soient écrits en vers.
Un système de codage occulte

Depuis le 13 octobre 1307 et l’arrestation des templiers sur ordre du roi de France Philippe le Bel, la langue des constructeurs de cathédrales devient interdite car suspecte et entre donc dans la clandestinité. Elle devient un système de cryptage plus ou moins intuitif car basé sur la phonétique et la proximité de sens des mots ; à l’inverse des autres systèmes, davantage mathématiques, mettant en œuvre des clés et des tables de correspondances, comme le célèbre code Enigma de la Seconde Guerre mondiale par exemple. La langue des oiseaux demeure un système de codage dans lequel ne préexiste pas, à proprement parler de méthode écrite, de clé de décryptage en somme.

Il faut ici la distinguer des autres langues secrètes, tribales et ethniques notamment (du domaine de l'ethnologie, comme la langue des Dogons, étudiée par Michel Leiris ou comme le « machaj juyai » qui est encore parlé par quelques familles de médecins herboristes traditionnels, les Kallawaya, qui vivent dans les Andes boliviennes) et des jargons et argots régionaux ou sectoriels (de métiers) comme l'Argot des nomades en Basse-Bretagne ( la langue secrète des couvreurs, chiffonniers et mendiants) ou des langages créés ad hoc, comme le Polari, langue des homosexuels.

La langue des oiseaux demeure un système de codage dans lequel ne préexiste pas, à proprement parler de méthode écrite, de clé de décryptage en somme.

Ce système se forme en définitive sur quelques principes simples, qui peuvent constituer les clés, même si elles ne sont jamais fixées par écrit, ce qui en fait une cryptographie :

les mots et les phrases homonymes. Quand on utilise la langue des oiseaux, on peut découvrir dans certaines expressions anciennes d'autres expressions tout à fait différentes, aux sens différents :

Par exemple les mots : « silence » (= « si lance »), « larme » (= « l'arme »), « mots » (= « maux »), « François » (= « franc avec soi »), « mer » (= « mère »), « métamorphose » (= « mets ta mort et ose »), etc.

Il s’agit là d’un système assez rudimentaire pour faire passer des informations via des textes : poèmes, traités alchimiques etc., de la même façon que, pendant la Résistance française, les hommes « de l’armée des ombres » ont communiqué les plans de sabotage de l’armée allemande via des poèmes de la littérature française, poèmes codés.

Les images et analogies : certains sens codés ne sont compréhensibles qu'en usant de métaphores et analogies, sans quoi le terme figuré ne peut permettre d'interpréter le message.
La langue des oiseaux fonctionne sur le registre de la spontanéité et de la compréhension.

La cryptographie, ou « écriture chiffrée », est de trois types (d'après l'entrée « cryptographie » du Dictionnaire des langues imaginaires) : 1) substitution de chaque lettre, syllabe mot ou phrase par des lettres, chiffres ou mots différents selon un code 2) transposition : les lettres du texte, en clair, sont déplacées selon une clé 3) mixte. Des auteurs ont su employer des codes cryptographiques tels Goethe, Pouchkine, John Wallis, Francis Bacon.

Pour certains auteurs, la langue des oiseaux tiendrait davantage à la glossolalie ou langue des prophètes : CG Jung pense qu'« il est possible que l'étrangeté et l'extériorité des contenus inconscients qui n'ont pas encore été intégrés dans la conscience exigent un langage qui soit, lui aussi étranger ». Néanmoins cet état de fait n'enlève rien à l'originalité de la langue des oiseaux, qui, bien qu'inconscient dans son aspect glossolalique, n'en demeure pas moins « motivée ». L'entrée langue glossolalique du Dictionnaire des langues imaginaires pose que la glossolalie emploie trois mécanismes linguistiques qui en font un langage sensé : la répétition, la réduplication et le balbutiement.
Le tarot de Marseille et la langue des oiseaux
lame du pendu, tarot de Marseille

Le tarot de Marseille, méthode de divination médiévale obéissant à la transmission orale (on ne l’apprend que par initiation), semble fonctionner sur les possibilités de la langue des oiseaux, que ce soit par les anagrammes, les rébus ou l’homonymie. Les initiés du tarot ont l’habitude de résumer son but par l’expression : « le tarot contient de 22 lames ses leçons ». Si on y applique le principe de la langue des oiseaux, on peut entendre (et non plus lire) : « le tarot qu'on tient, devin de l'âme, c'est le son », sorte de maxime élucidant la méthode à l’œuvre dans cette méthode de divination.

Néanmoins, ce sont les images qui sont surtout à décrypter dans le tarot de Marseille2.

Ces Arcanes semblent tous contenir, par l’image ou le texte, un sens double, caché. La « lame » intitulée Tempérance renvoie en effet à l’expression développée : « Temps errance », qui correspond dans l’astrologie aux sources du tarot à l’ère du Verseau, figure qui apparaît sur la même Arcane.

Par ailleurs, les oiseaux ne sont pas absents des dessins du tarot. En effet, quatre « lames » mettent en scène les volatiles. Ces apparitions sont pour certains un code en soi permettant l’utilisation de la langue des oiseaux, nécessaire à la pleine compréhension des arcanes.

La lame dite de la Papesse (2e arcane), paraphrasée en « lame air du Tarot » semble contenir l’idée même de la langue des oiseaux comme seule clé de compréhension du tarot ; on peut en effet la faire correspondre à l’expression homophonique : « la mère du tarot ». Le symbole de l’air (domaine des oiseaux) comme source d'inspiration serait un signe conseillant de lire le tarot de Marseille avec le son. Cette correspondance fait écho à la symbolique alchimique de l’air comme univers du « volatile » (par opposition au « fixe »), du secret dissimulé qu’il faut rendre visible (terrestre) par l’Œuvre.

On peut également voir dans le nom de « tarot » une correspondance avec la forme phonétique « taraud » renvoyant au verbe « tarauder », qui signifie creuser, percer une matière dure, et qui s’emploie aussi dans une acception figurée (cette question me taraude par exemple). Le tarot serait en somme un art du « creusement du sens ». De même, chaque arcane peut également correspondre phonétiquement à un autre sens que son nom inscrit sur la carte, désignant finalement des étapes dans l’initiation : « le Bas te leurre » (Bateleur), « l'air mythe » (Ermite), « Temps errance » (Tempérance), « L'âme est son Dieu » (La Maison-Dieu). Néanmoins, les significations appartenant à ceux ayant créé ce code, la langue des oiseaux nous permet de dresser des correspondances de sons, mais elle ne nous permet pas d’accéder au sens premier, sinon par analogie.

À noter que beaucoup de séminaires et de « coaching » interviennent sur le tarot et ses correspondances en langue des oiseaux19.
Langue des oiseaux et psychologie
Les jeux de mots : fenêtre sur l’inconscient

Pour la psychanalyse, l’inconscient utilise un langage codé permettant d’exprimer un sens dit « latent ». Jacques Lacan20, notamment, a démontré que sous les jeux de mots s'exprime l'inconscient qui choisit de passer des messages, suivant son expression selon laquelle « l’inconscient est structuré comme un langage ». Néanmoins, le complexe psychique va faire correspondre des états, symbolisés par des mots, agglomérés par leur proximité phonétique.

L’analyse doit pour Lacan se fonder sur la détermination de ces correspondances phonétiques et symboliques afin de « dénouer effectivement ce en quoi le symptôme consiste, à savoir un nœud de signifiants ».

Sigmund Freud déjà affirmait que « c’est par la langue que l’essentiel se révèle » (il emploie le mot allemand de « zurückführen », littéralement « conduire en arrière », soit ramener la langue vers son fondement). Dans La Science des rêves, Freud parle du rêve comme d'un rébus qui s'entend au pied de la lettre ; un rébus formé des lettres comme signifiant graphiques et des sons comme signifiants phoniques ajoute Lacan.

Pour Lacan, en effet, le signifiant prime sur le signifié, via un jeu constant entre ces deux réalités, au moyen des « lois du langage de l'inconscient » : la métonymie et la métaphore. La première « rend compte du déplacement dans l’inconscient » alors que la seconde « rend compte de la condensation dans l’inconscient ».

Néanmoins, Jacques Lacan, s'il pose l'hypothèse de l'inconscient comme un langage, ne repère pas la dimension phonique de celui-ci. Expliquant que « l’inconscient ne connaît que les éléments du signifiant (...) [étant] une chaîne de signifiants qui se répète et insiste », il précise qu'il opère cependant « sans tenir compte du signifié ou des limites acoustiques des syllabes ».

Finalement, Lacan a su montrer que psychiquement « Le mot n’est pas signe mais nœud de signification », que l'analyse doit dénouer. Il refuse par ailleurs qu'il puisse exister dans l'inconscient, dans le domaine du prélangage, une signification de la lettre en elle-même, ce qui forme le fondement de la langue des oiseaux : « Si toute séquence signifiante est une séquence de lettres, en revanche, toute séquence de lettres n'est pas une séquence signifiante ». Avec Lacan, la psychanalyse se refuse à explorer les jeux de mots et les phénomènes des champs sémantiques et phonétiques.
Le rêve « parle » la langue des oiseaux

Le sens des mots dans les rêves est exploré la première fois par le psychiatre Carl Gustav Jung qui, en fondant la mythanalyse, pose que « Si abstrait qu’il soit, un système philosophique ne représente donc, dans ses moyens et ses fins, qu’une combinaison ingénieuse de sons primitifs ». Le mot, en plus d'avoir un sens abstrait est chargé émotionnellement.
le rêve selon Goya

Étienne Perrot, continuateur de Jung, fait de la langue des oiseaux et des jeux de sonorités une capacité du rêve d'exprimer de manière parallèle une réalité psychique21 :

« Cette synchronicité, ces écoutes extérieures et intérieures, ces doubles lectures, nous les apprenons donc d'abord dans les rêves. Les rêves nous apprennent à décrypter la réalité. Les rêves, c'est bien connu, prennent très souvent des matériaux de la vie diurne, mais c'est pour nous apprendre à les lire autrement_ Cette lecture renferme un élément très important, qui est le décryptage des mots suivant des lois qui ne sont pas des lois causales, mais des lois phonétiques, suivant le mode de formation des calembours. C'est ce qu'on appelle « la langue des oiseaux », et c'est cela, d'une façon précise, ce que les alchimistes appelaient « la gaie science »22. »

Il justifie le double sens phonétique des textes alchimiques par cette citation de l'auteur ésotérique Michel Maïer qui explique :

« À propos de tout ce que tu entends, raisonne pour savoir s'il peut en être ainsi ou non. Nul en effet n'est incité à croire ou à accomplir des choses impossibles, car les mots (des livres hermétiques) existent à cause des choses et non les choses à cause des mots23. »

Perrot reconnaît au rêve une certaine motivation, indépendante de la conscience, un certain humour qui transparaît par la langue des oiseaux. En déstructurant le mot, par les sonorités qu'il contient, le rêve (l'inconscient en somme) donne à entendre un autre sens. Perrot voit dans le mot onirique une capacité à se « dilater » par une mise en correspondance de symboles. Il y voit également une correspondance constante avec la musique de l'alchimie dans laquelle « toute cuisson s'accompagne d'une musique : un four gronde, un feu crépite, l'eau sur le feu chante et, si l'on y plonge un métal porté au rouge, il siffle24. »

Cette capacité du rêve à générer des sens à plusieurs niveaux correspond à la règle d'interprétation alchimique obscurum per obscurius qui prône l'explication, paradoxale, de ce qui est obscur par ce qui est plus obscur encore. Il s'agit bien du contenu latent du rêve, qui tend à se symboliser par la condensation, proche des koans et des haï kaï zens.

Par exemple, un rêve évoquant un « parchemin », contre toute logique, pourrait s'interpréter par l'expression « par le chemin » suivant la langue des oiseaux, expression qui renvoie aux symboles de liberté, d'ouverture d'esprit, de développement personnel. En latin, un romain rêvant d'un livre (« liber ») aboutirait à la même conclusion : « liber » renvoie également à liberté ; et cette racine a été conservée en français.

Des personnages, par leurs patronymes, peuvent ainsi correspondre à des symboles. Le nom de Pierre par exemple, dans un rêve, renvoie non à une personne réelle ou historique (l'apôtre) mais à la pierre au sens d'autel ou de pierre philosophale. Pour Jung, l'existence de ce double langage prouve la continuité des symboles alchimiques dans le psychisme contemporain. Rêver d'un « sceau » au sens de clé renverrait ainsi au « scel », mot d'ancien français désignant le « sel », composé alchimique, et fonction psychique régulatrice.

Par ailleurs, l'étymologie demeure dans le rêve, en dépit de la culture du rêveur. Elle semble encore signifiante, comme si elle stratifiait dans l'inconscient tous les sens d'un mot, et toute son évolution linguistique. Le mot « laboratoire » par exemple, en rêve, continue à contenir les deux sens de « laborare » (travailler) lui-même provenant du verbe latin « orare » (oraison, prier). En somme, le rêveur pourrait être appelé à « travailler sur sa conscience spirituelle » en voyant lors d'un songe un laboratoire. Pour Perrot et les psychologues analytiques, en effet, l'inconscient « connaît » l'étymologie et joue avec. Par exemple, rêver de « graisse » renvoie à sa racine latine : adeps qui évoque le substantif « adepte », celui entré en possession de la pierre philosophale. De même, « Luxembourg » renvoie à la « ville de lumière » (lux en latin), la forteresse du Soi.

Les jeux de mots sont également à la source d'interprétation des rêves, et en premier lieu les anagrammes et calembours, combinés au savoir inconscient de l'étymologie. Rêver d'un « gnome » par exemple pointerait vers la racine grecque « gnomon » qui désigne l'être surnaturel synonyme de nain et qui est l'anagramme de « mon gon ». L'expression de « mon gond » (rendue intelligible, décodée, en graphie conventionnelle) pourrait alors mettre en lumière le côté fermé, clos, du rêveur face à un problème, et la nécessité pour lui de s'ouvrir au monde. Les phases de la transformation spirituelle intérieure sont en effet, dans toutes les cultures, symbolisées par des seuils de porte ou des dispositifs d'ouverture (les rêves de maisons sont significatifs : de là, rêver de « restaurant » peut inclure le sens de « restauration » psychique, de reconstruction personnelle). Les jeux de mots sonores sont souvent très évidents : rêver de « corbeau » peut évoquer le « corps beau », c'est-à-dire le corps qu'une personne complexée doit apprendre à respecter notamment.
symbolique de la lettre M

Assez proche de la numérologie, l'interprétation de lettres entendues ou vues dans un rêve peut recevoir un éclairage particulier grâce à la langue des oiseaux. Rêver de la lettre « M » pourrait signifier phonétiquement « aime » alors que, inversement rêver de la lettre « N » correspondrait au concept de « haine ». Plus symboliquement, les noms pourraient renfermer dans leur structure l'essence des choses qu'ils désignent. Perrot donne l'exemple du « merle » alchimique qui peut s'expliquer ainsi :

« le vase hermétique (athanor) est la mère de la Pierre. « Merle » est formé de « mère » où est venu se ficher en quelque sorte le l, verticale symbolisant la foudre divine, le feu du sacrifice qui pénètre la substance terrestre et la consacre à la divinité. Le merle est donc l'athanor allumé et sanctifié par le feu du ciel25. »

Étienne Perrot considère également que le double sens est appréhendable également par le recours à la kabbale qui utilise la permutation des lettres. Par exemple, la lettre aleph est l'Esprit.

Enfin, le double sens peut être levé facilement, par une lecture au premier degré : rêver de l'expression d' « antimoine », sans se référer au composé alchimique, devenu archaïque de nos jours, peut signifier simplement : « anti-moine » : se méfier des clercs, de la religion par exemple ; le prénom « Renée » signifie « re-naît ». Néanmoins, Jung comme Perrot, insistent sur la nécessité, pour interpréter efficacement ce double sens, de comprendre la situation du rêveur, ainsi que son langage personnel, sans quoi les interprétations ne seraient que fantaisistes ou trop analysées.

Cependant, Perrot ne cherche pas l'interprétation systématique : « le seul plan qui nous intéresse est celui des analogies signifiantes de la langue des oiseaux26. »
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yanis la chouette




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Niveaux d'interprétation

« (..) la Langue des Oiseaux ne peut s’apprendre avec les Sens, la mémorisation. Elle ne se laisse pas dévoiler non plus avec la logique limitée du connu actuel. Le mot, la lettre, sont des « koans » déployant, et basés sur, une logique plus logique que la logique officielle ! » : Yves Monin dans son livre Hiéroglyphes Français et Langue des Oiseaux pointe là un autre niveau d'interprétation de la langue des oiseaux correspondant à la symbolique graphique et non plus phonétique. En somme la lettre, sa forme en elle-même et dans le mot, combinée avec le sens du mot, recevrait une signification souvent cosmogonique ou ésotérique.

Monin remarque à ce propos que le mot « O.I.s.E.A.U » a la particularité de faire appel à toutes les voyelles. Or, pour les kabalistes, les voyelles sont les lettres du fondement de la création (voir ci-après pour l'explication), comme si en soi il résumait l'essence du cosmos, de là une hypothèse de l'origine de l'expression « langue des oiseaux », non en référence aux volatiles mais au fait qu'elle prend part au plan gnostique.
Un jeu de lettres
Beham, (Hans) Sebald (1500-1550), Grammatica

La « langue des oiseaux » donne une signification particulière aux lettres ; elle s'apparente en cela à la Kabbale qui voit dans chaque lettre une représentation iconique et graphique d'un concept existentiel ou divin, de l'ordre du « cosmos » : le a est la loi, le e le monde. Dante Alighieri, dans son Enfer cite :

« Avant ma descente au deuil infernal / I s'appelait sur la terre le Bien (Suprême) »

Cette conception est à l'origine de certaine lecture occultiste de textes fondateurs comme l'œuvre de Rabelais Pantagruel, dite fondée sur la langue des oiseaux. Les personnages de Grand Gousier, Gargamel, Gargantuas, etc. tireraient leurs initiales de la lettre G représentant la recherche intérieure en langue des oiseaux. En effet, la lettre G est comme retournée sur elle-même. Le P de Pantagruel représenterait alors la quintessence, c'est-à-dire le cinquième élément, en plus des éléments terre eau feu et air, symbole alchimique de la Totalité.

Le S par exemple représente, lui, la recherche « dans tous les sens », sans axe (au contraire du P, qui possède un axe, symbole de l'axis mundi).

Le A symboliserait la création alors que le Z relie les plans céleste et terrestre.

Quant au V il représente une sorte d'entonnoir, la figure symbolique du verre, du vase (le Saint Graal est une des figures possibles) ou encore de l'athanor, ce contenant mystique des alchimistes. De là l'interprétation que les noms données aux eaux minérales commencent toutes par la lettre V telles : Vichy, Vittel, Volvic, Évian ; le dicton latin « In vino veritas » enfin renforce la symbolique comme le souligne Christian Dufour dans son livre Entendre les mots qui disent les maux (2001).

W. John Weilgart a repris cette symbolique des lettres dans la constitution de la langue AUI, langage crée pour communiquer avec les extra-terrestres.
Un jeu de mots

La langue des oiseaux fonctionne sur le registre de la spontanéité et de la compréhension directe.

Un exemple classique des jeux de mots permis par la langue des oiseaux est le nom des auberges : « au lion d'or », nom très fréquent dans le métier. Cette pratique tirerait son origine de l'analphabétisme des voyageurs de l'époque qui, afin de savoir où trouver l'auberge, se contentaient de lire phonétiquement l'enseigne (ce qui donne, si l'on décode les syllabes de façon plus lente : « au lit on dort »)

Luc Bige, dans son Petit dictionnaire en langue des oiseaux. Prénoms, Pathologies Et Quelques Autres dresse une liste de ces expressions courantes tenant du double sens. Il montre également qu'à chaque mot les possibilités augmentent, et qu'à partir d'une phrase simple on peut, selon diverses méthodes (déconstruction des syllabes, homographes, homophonie, champs sémantiques...), obtenir à chaque fois des phrases d'autres sens. Il prend notamment l'exemple du syntagme simple : « Ma chandelle » qui peut donner :

ma chan d'elle > elle m'a chanté > mon chant qui vient d'elle >

mon chandail

ma champ d'elle > mon champ qui vient d'elle

mâ(che) champ d'elle > mâche (laboure, etc.) son champ

mâ(che) chant d'ailes > le chant de ceux qui ont des ailes

À chaque mot, les possibilités de sens sont innombrables, constat renforcé par la nature de la langue française.
Néologismes et fausses étymologies

La langue des oiseaux peut également se reposer sur des éléments latins et grecs, utilisés dans les néologismes scientifiques notamment (technique de la « composition », par opposition à l'étymologie naturelle). Le mot codé acquiert ainsi une interprétation davantage mystique et abstraite :

Par exemple, pour le mot « chandelle », on peut le décomposer en « chan-dele » renvoyant aux morphèmes :

« chan » connoté au substantif « chant »,
« dèle » du grec dêlos qui signifie « apparent ».

On obtient ainsi un sens créé de toutes pièces à la signification propre (« chant apparent »), partagée et réceptionnée que par ceux connaissant le procédé. Cette technique accroît encore le nombre de possibilités de la langue de voir du sens codé dans chaque mot. Elle est à rapprocher du phénomène populaire de la « fausse étymologie ».

Ce procédé est connu des alchimistes ; Paracelse notamment enrichit ses traités de nombre de concepts inventés sur des racines grecques et latines, renvoyant à des sonorités de la langue française, et donc à des mots aux sens précis, non référencés dans le lexique.
Anagrammes

La langue des oiseaux, en plus des possibilités phonétiques, de la forme des lettres et des racines des langues étrangères, use de la permutation des lettres du mot. Les anagrammes sont monnaie courante dans les textes codés. Le patronyme « Rachel » par exemple renvoie au nom de « Charles » dans le cas d'anagramme simple. Mais on peut aussi étendre l'extension du mot à un inventaire de lexiques proches, par la méthode anagrammique du scrabble : le mot « chandelle » renvoie alors à « chaldeen », « allèche », « chenal », « nacelle», etc.

Les permutations étant innombrables, le codage ne peut se faire sans une clé de cryptographie.
Thèmes de la langue des oiseaux
Noms de lieux

La ville de Lyon est au centre de la France, c'est par ses routes que nous (re)« lions » le pays.
Noms anatomiques ou médicaux

Nombreux dont les homonymes et faux-amis complémentaires. Par exemple « dent » (du latin dens) est l'outil qui rentre « dans » (du latin intus) la nourriture pour qu'elle soit digérée « dans » le corps. L'ouvrage de Michel Odoul regorge de ce genre d'analogies entre « mots » & « maux ». Par exemple, les problèmes de « genoux » seraient liés à la sociabilité, c'est-à-dire aux liens entre le « je » et le « nous »27.
Dans les comptines
Pierrot selon Watteau

Les comptines, comme les contes, ont une origine ésotérique certaine. À l'origine, ils ne s'adressaient pas aux enfants mais aux initiés ou aux apprentis. Nombre de références à l'alchimie sont codées au sein des comptines qui sont des mises en histoire dramatique des phases de la quête d'initiation. On peut ainsi voir la célèbre comptine « Au clair de la lune / Mon ami Pierrot » comme un texte codant un autre texte sous-jacent. Le texte originel est :

Au clair de la lune
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot
Ma chandelle est morte
Je n'ai plus de Feu
Ouvre-moi ta porte
Pour l'amour de Dieu

On peut voir alors un autre texte, lu selon la langue des oiseaux :

Au clerc de la lune
Mon ami pie héraut
Prête mots à ta plume.
Pour écrire un mot :
Mâche chant d'ailes, et mots heurte.
Jeu n'est plus de feu,
Ouvre mots à ta porte.
Pour l'âme, hourde d'yeux.

Ce texte contient un message codé et ésotérique qui peut se décomposer comme ci-après :

« Au clerc de la lune » fait référence au messager de l'ombre, le « clerc » étant habillé d'une soutane noire, proche de la nuit. Les versions très anciennes de cette chanson indiquent le mot « lume » et pas « lune », c'est-à-dire « lumière » en français moderne. Le « clerc de la lume » deviendrait alors « le gardien de la lumière », entendu comme « lumière intérieure ». « Mon ami pie héraut » : le clerc est le porteur du message qui est la « pie hérault » qui peut s'entendre comme la source d'inspiration : l'oiseau qui annonce une vérité. « Prête mots à ta plume » fait référence symboliquement aux mots comme des sens volatiles, à interpréter dans un sens figuré, aérien comme les oiseaux. « Mâche chant d'aile, et mots heurte» enjoint à briser la structure des mots pour en faire ressortir le sens phonétique, but de la langue des oiseaux. « Jeu n'est plus de feu » : il existe un sens caché dessous, une autre lumière, « defeü » signifiant en ancien français « misérable » (« je n'est plus misérable »). « Ouvre mots à ta porte » appelle à accepter les mots comme ils sont. Enfin, « Pour l'âme, hourde d'yeux » s'entend : si l'on veut connaître l'initiation, il faut ouvrir les yeux, savoir regarder, ce qui renvoie à la condition de spontanéité nécessaire au décodage de la langue des oiseaux.
Linguistique et langue des oiseaux

Les mécanismes linguistiques mis en œuvre dans la langue des oiseaux sont nombreux ; on peut citer :

La connotation et les champs sémantiques : le mot renvoie à tout un tissu de synonymes proches ou éloignés, ou, au-delà, vers des concepts ou mots par analogie proches.
La permutation des lettres : anagrammes, palindromes surtout, verlan également.

palindrome fondé sur le carré Sator

L'homophonie (le mot a le même son qu'un autre).
L’étymologie dans une certaine mesure, pour le cas des néologismes ou des mots à racines étrangères.
La correspondance, au niveau graphique : la lettre cherche à ressembler à la chose évoquée (dans « éclair » par exemple on peut voir le l comme l'éclair s'abattant).
L’harmonie imitative via le jeu des sonorités : par assonance et allitération le mot cherche à imiter le son réel (comme dans : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » avec le son /s/ évoquant le serpent, de Jean Racine, Andromaque,acte V, sc.5).
L'association d'idées et la synesthésie (association de sens perceptifs).

Ces différents critères en font un outil d'interprétation de sens, notamment employé en mythanalyse, dans la démarche dite d'amplification d'un texte.

L'ouvrage de Bige, Petit dictionnaire en langue des oiseaux. Prénoms, Pathologies Et Quelques Autres dévoile les méthodes créatives pour constituer des jeux de mots symboliques, méthodes qui tiennent indéniablement de la grammaire et de la syntaxe combinatoires. Il propose d'abord de commencer par écrire le mot ou de constituer une périphrase, puis, syllabe par syllabe, d'écrire toutes les possibilités et « dans tous les sens » afin de dévoiler l'ensemble des connotations. Bige donne également comme possibilité d'utiliser le « verlan » (écrire les syllabes dans l'ordre inverse) ou le palindrome (lecture dans les deux sens du mot, avec deux significations différentes). La phase suivante est celle de la suggestion d'autres mots qui ressemblent, ou de les compléter au besoin et selon la symbolique que l'on souhaite suggérer. Enfin, la langue des oiseaux étant avant tout phonétique, Bige conseille de lire à voix haute les mots construits afin de favoriser les échos phoniques et les significations cachées.
En littérature
Jonathan Swift, maître des jeux de mots

Les recours de la littérature à la langue des oiseaux sont divers et variés. Pour Fulcanelli28 : « Les œuvres de François Rabelais et celles de Cyrano de Bergerac, le Don Quichotte de Miguel de Cervantes, les Voyages de Gulliver de Swift, le Songe de Poliphile de Francesco Colonna, les Contes de ma mère l'Oye, de Charles Perrault » sont fondés sur les jeux de mots de cette langue secrète. Cyrano de Bergerac dans Les États et empires du soleil rencontre un oiseau merveilleux qui lui parle en chantant et qui cite certains poètes ayant réussi à parler la langue des oiseaux comme Apollonios de Tyane, Anaximandre ou encore Ésope.

Pour Richard Khaitzine, dans La langue des oiseaux, les poèmes d’amour courtois sont écrits en langue des oiseaux, qui est une langue avant tout positive, heureuse, « qui chante » le Gai Savoir.

Les contes philosophiques dissimulent également un double sens, par le jeu des sonorités et des patronymes, par les fausses étymologies aussi. Jonathan Swift, auteur des Voyages de Gulliver , a d’ailleurs publié un livre sur le « pun », ou art anglais de faire des jeux de mots, ce qui témoigne de sa connaissance de la langue des oiseaux, en 1719, intitulé l’ Ars punicat, the Art of punning or the Flower of languages in 79 rules (l'art punique art du calembour, ou la fleur des langues en 79 règles) , qui peut se traduire par « l’Art du Calembour ». Swift serait ainsi, pour Gérard de Sède, le créateur de la langue « punique » (de « pun » : calembour, non de « punique « ), langue qui « par ses jeux de mots, savait créer les noms propres d’hommes ». L'abbé Boudet s'en serait ainsi inspiré pour coder les noms de lieux mystérieux de son traité. À la suite de Swift, sur son modèle, le comte Joseph de Maistre code ses ouvrages et ses références toponymiques.

Les contes pour enfant ont également recours aux jeux de mots. Roald Dahl dans Le Bon Gros Géant lui fait ainsi dire : « savouricieux, exécrignobles, sanglier et singulier, autruche et Autriche, goût volatile », bon exemple de langue des oiseaux.
Pseudonymes
le Sator forme des anagrammes

De pratique courante en littérature, l'usage d'un pseudonyme permet de contourner la censure ou de protéger sa vie privée. Certains voient dans les pseudonymes des codes permettant d'en dire davantage sur la personnalité ou l'influence de l'auteur. Ainsi le pseudonyme de Jean-Marie Arouet dit « Voltaire » s'expliquerait soit par une anagramme phonétique d'Airvault, nom d'un bourg poitevin d'où est originaire sa famille, ou de « révolté » : révolté devient re-vol-tai, qui donne Voltaire, soit enfin en référence à la locution en ancien français signifiant « celui que l'on voulait-faire-taire » (vol-taire) à cause de sa pensée novatrice.

Le pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin « Molière » a donné lieu également à nombre d'hypothèses ésotériques. On peut y voir l'expression ironique « Mots lient air » renvoyant à la symbolique du tarot et au sens de la langue des oiseaux. Sa pièce Les Femmes savantes semble mettre en scène, en effet, des personnages dont le nom est directement inspiré par la langue des oiseaux : « Trissotin » peut signifier « trois fois sot comme l'abbé Cotin », l'abbé Cotin incarnant à l'époque la Préciosité. Autre exemple, le personnage de « Bélise » pourrait s'entendre comme « bêtise » en raison de sa naïveté et de sa sophistication de langage.

Ainsi, les pseudonymes sont souvent formés sur des anagrammes apportant un sens nouveau à la personnalité de l'auteur, qui ainsi se dissimule tout en révélant une face cachée.
Isotopies littéraires

On a souvent cherché les « clés » de certaines œuvres littéraires dont les personnages représentent des personnalités historiques, critiquées par l'auteur. C'est le cas des portraits de Jean de La Bruyère ou des personnages des romans fleuve de la Préciosité ou des Lumières. En plus de cela, des auteurs construisent le nom de leurs personnages au moyen d'un codage général témoignant de leurs visions du monde.

Ainsi a-t-on pu voir dans les personnages dont le nom se termine par le son /er/ en référence à l'élément « air » dans l'œuvre de Marcel Proust (Cambremer, Albert, Pierre, Robert, Gilberte, entre autres) une résurgence inconsciente de l'asthme de l'auteur. Une telle présence de lexiques se rapportant à un domaine ou à un champ sémantique se nomme, lorsqu'elle est structurée subtilement, isotopie. Elle peut être néanmoins perçue comme une faute de l'auteur ; Gérard de Nerval par exemple ne cesse de commettre la même erreur de graphie en dupliquant la lettre R29

Les surréalistes font également usage de cette possibilité de la langue des oiseaux : induire et suggérer inconsciemment (de manière subliminale) un sentiment ou une impression par l'emploi de sonorités ou de mots symboliques, codés au moyen d'un réseau de renvois et d'échos. L'utilisation en poésie des assonances et allitérations et d'autres figures de style permet des jeux de mots complexes. André Breton dans La clé des champs (1953) parle d'un langage des oiseaux, « idiome phonétique fondé uniquement sur l'assonance » utilisé dans la Kabbale. Nul doute que les surréalistes ont su réutiliser le « langage alchimique » du Moyen Âge : « le tout pour le Surréalisme a été de se convaincre qu'on avait mis la main sur la « matière première » (au sens alchimique) du langage30. »

C'est le cas d'écrivains comme Raymond Roussel, Alfred Jarry (avec son Ubu roi), Maurice Leblanc, le poète Pierre Albert-Birot et Gaston Leroux.

Bien au-delà de la simple isotopie, certains auteurs se plaisent à bâtir une langue propre à leur univers. 'Jennifer Hatte dans La langue secrète de Jean Cocteau. La mythologie personnelle du poète et l'histoire cachée des Enfants terribles, montre que le poète moderne a construit consciemment ou pas une langue secrète, faite d'images et d'échos phoniques qui n'est pas sans rappeler les poèmes codés de la Résistance française sous l'Occupation, dont le poème Les Yeux d'Elsa de Louis Aragon donne un bon exemple des possibilités interprétatives. Certains messages radiodiffusés à la BBC, la radio anglaise pendant la Seconde Guerre mondiale, en dépit de l'existence a priori d'un code convenu entre les résistants français et le commandement, usent de la langue des oiseaux ; par exemple la phrase « Les noix sont sèches » fait référence au Bombardement de la gare de triage de Noisy-le-sec31.

Signalons la conversation avec des oiseaux qui a lieu dans le film de Pier Paolo Pasolini Uccellacci e Uccellini (des oiseaux petits et grands) de 1966 et enfin le travail sur le langage du plasticien Jean Daviot qui enregistre l'envers de l'envers de la voix et dont l'une de ses vidéos « Les cris de mésanges » parle de la langue des oiseaux.
Notes et références

↑ « Langue des corbeaux » in Dictionnaire des langues imaginaires.
↑ a et b « La Langue des oiseaux » [archive], Cript Kabbale (consulté le 29 décembre 2010), p. 1.
↑ Siculus Diodorus, Histoire universelle de Diodore de Sicile (MDCCXXXVII-MDCCXLIV [1737-1744]) [archive].
↑ Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, t. II, p. 267.
↑ « Toute la création peut se résumer dans le seul tracé du nom d'Allah » [archive] sur soufisme.org.
↑ « L’Affaire Fulcanelli » [archive], sur fulcanelli.info (consulté le 15 juin 2016)
↑ Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, t. I, p. 159.
↑ Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, t. I, p. 164.
↑ Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, t. I, p. 167.
↑ « Le rébus de l'église de saint Grégoire-du-Vièvre » [archive], sur hdelboy.club.fr.
↑ « Blasons alchimiques &site=hdelboy.club.fr » [archive].
↑ Le Mystère des cathédrales, t. I, p. 55.
↑ Le Mystère des cathédrales, t. I, p. 56.
↑ Chapitre III : « La langue punique » (au sujet des langues africaines).
↑ La vraie langue celtique, p. 105.
↑ a et b p. 112.
↑ p. 92.
↑ Coran, XXVII, 15.
↑ Voir notamment : L'Université du symbole [archive] et l'Association Hestia Falcignel [archive].
↑ Écrits, éditions du seuil, 2 vol., Paris, 1966, réed. 1999.
↑ www.cgjung.net[réf. incomplète]
↑ Coran teint, souriate XXIII, "gazouillis", p. 191.
↑ Atalante fugitive, p. 309.
↑ La Voie de la Transformation, p. 299.
↑ La Voie de la Transformation, p. 300.
↑ La Voie de la Transformation, p. 325.
↑ Michel Odoul, Dis-moi où tu as mal : le lexique, Paris, Albin Michel, 2003
↑ Les Demeures Philosophales, t. II, p. 269.
↑ Richard Khaitzine, « Le rebis... de Gérard de Nerval à Raymond Roussel » [archive], sur triplov.com.
↑ José Pierre, André Breton et la peinture, L'Âge de l'homme, coll. « Cahiers des Avant-Gardes », 1987 (lire en ligne [archive]), p. 279.
↑ « Ici Londres - Les messages personnels de la BBC » [archive], sur doctsf.com.

Voir aussi
Articles connexes

énochien
linguistique
liste de langues
langues par famille
langues construites
Cabale graphique
Cryptolecte
Cryptophasie
Cryptologie
Cryptographie
Dag le Sage
Glossolalie
Histoire de la cryptographie
Poème holorime
Cratylisme

Liens externes

Un site web généraliste sur la langue des oiseaux
Articles du site de Emmanuel-Yves Monin, auteur et formateur
L’alphabet des oiseaux (pdf) de Robert-Régor Mougeot

Bibliographie

Grasset d'Orcet, Matériaux cryptographiques, Tome Premier, recueillis et assemblés par B. Allieu et A. Barthélémy, 1983
Fulcanelli, Les demeures philosophales et Le Mystère des Cathédrales, Ed. Jean-Jacques Pauvert, 1979
Yves Emmanuel Monin, Hiéroglyphes français et Langue des Oiseaux, 1re édition, Le Point d'Eau édit., 1982. 6e édition, Y.Monin édit., 2006.
Yves Monin (Emmanuel), Traité de Réintégration des Structures de l'Existence (commentaires de Hiéroglyphie, de Langue des Oiseaux et de Grammaire), Auto-édition, 1993. (ISBN 2-910097-00-5)
Attar (Farîd-ud-Dîn), Le langage des oiseaux, Paris, Albin Michel, traduit du persan par Garcin de Tassy, 1996
Henry Boudet, La vraie langue celtique, Ed. Belisane, facsimilé de 1886.
Luc Bige, Petit dictionnaire en langue des oiseaux.Prénoms, Pathologies Et Quelques Autres, (ISBN 978-2912668-31-Cool, Éditeur : Janus, Collection : Systèmes Du Monde, 2006
Richard Khaitzine, La langue des oiseaux : Quand ésotérisme et littérature se rencontrent, Poche, Dervy 2007, (ISBN 2-84454-507-6)
Baudouin Burger, La langue des oiseaux - le sens caché des mots, éd. LE DAUPHIN BLANC, 2003, (ISBN 2-89436-097-5) et La langue des oiseaux - à la recherche du sens perdu des mots, éd. L.Courteau (Québec), 2010, (ISBN 978-2-89239-334-7)
René Guénon, Symboles de la Science sacrée, coll. « Tradition », Éditions Gallimard, 1962
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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 9:21

Processus de Paix des secouristes de la république de l'Olivier.

Je crois qu'à l'avenir, plus personne ne pourra recréer des bulles d'exclusions...
Pour cela, je ne peux me permettre de mettre à l'écart tout individu(e) et "État".

Je ne suis qu'une femme ou un homme humble qui en vous adressant ces ces vers,
espère qu'il puisse vous conduire vers l'expérience, le travail et la communauté...
La solitude augmente ou diminue le nervosité... Cela s'appelle le malheur...

Alors par décision, on recherche à se tranquilliser et remettre la balance sur le zéro;
alors par construction, on décèle la notion d'une fragile tolérance:
Celle d'insulter !

Par Yahvé, cela est une horreur et une erreur...

La République de l'Olivier dit :
"Oui à la gréve, Non à l'Esclavage..."
la constitution rajoute :
"Oui à la Bibliothèque et Non à la Faim."
et le peuple doit rajouter :
"Oui à l'écoute et Non aux viols physiques et moraux."

Alors le Novice du Secourisme prends en charge sa nouvelle fonction autre qu'un service
militaire mais basé aussi sur la protection du Bien et du Corps.

"Je suis Y'becca"

Ecrit de
TAY
La chouette effraie.

--------------------------------------------------------------------------------------------------

Y'becca ou murmure de l'Arbre-Olivier.
http://leclandesmouettes.bbflash.net/t41-y-becca-ou-murmure-de-l-arbre-olivier

Profils des Juges du Secourisme et
la république de l'Olivier.

Chére Minouska, Féline de Pierre et Yvette et toutes les bonnes volonté(e)s

Je regarde le temps différemment après la mort de Athéna la chatte Bleue.
De longues années à voyager; à travailler et à écrire... Tel un Spartiate, je me suis emprunt à une apogée sur la compréhension du monde qui m'entourai de ses richesses; J' y ai rencontré des lueurs, des affronts et des forces.

Je regarde celle qui a su réveiller la force de réveiller ces écrits que j'ai voulu sauvegarder par le fait que après
tout, aide toi et le ciel te répondra: Et je dois dire que ma volonté fut exaucer... Alors je regarde Minouska, une chatte qui a recueilli mon cœur en lambeau lors de la guerre ou intifada, si vous préférez:

Le Juge Suprême de la république de l'Olivier est un personnage
qui doit s'informer et accueillir la Parole de l'un et de l'Autre. Il se doit d'écrire des vers, des proverbes, des espoirs, des fables car notre peuple aime cela: Ni fouet, ni chaines ! être sérieux devant les nuages gris !
Car l'arbre peur garantir notre fraternité et la justice de l'eau propager la diversités des écritures des forets donc vers la connaissance et Yahvé... La République est le pilier de l’Âme dans le sens où il s’inclut dans le peuple et ne cherche pas à devenir idole, idolâtre ou idolâtré. Être humble doit être la qualité première du Juge Suprême de la République de l'olivier.

Dans la vallée du Nil à la plaine des cèdres; le juge suprême doit présenter ses hontes et ses espoirs... je vous fait part de mon expérience... Nuls réponses dans un premiers temps ne se fit entendre alors j'envoyai des mouettes, des chouettes et des canaris sous forme de lettre tel un oiseau qui apprends son premier envol.

Alors sous forme de mirage pour certains et pour d'autres, cela s'appelle un message. Je me fis ce constat et que la volonté en soit ainsi si il ne veulent pas entendre;

"Propage la Connaissance des serments car ce sont les hommes qui s'entretuent par leur entreprise, leur volonté et leur désir! Car certains vomissent sur la fraternité voilà un maillon de haine du trois en un délivré par le vieux coq... Rétablit l'apprentissage de l'Espérance sur l'apprentissage de marcher ! La canne de l'age n'est pas un spectre; elle est une source d'eau ! Tu apprendra à entendre ta douleur devant la faim ! Nous sommes des étapes et en cela cherche le fait d'exister ! La République est le pilier de l’Âme dans le sens où elle s’inclut dans le peuple et ne cherche pas à devenir idole, idolâtre ou idolâtré. Être humble doit être la qualité première !

Ecrit de
TAY
La chouette Effraie.

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King Crimson - larks tongues in aspic (full album live compilation)

https://www.youtube.com/watch?v=HILONGc-KvI

« Le voilà, votre scarabée », dit Jung à sa patiente en lui tendant un insecte apparu alors qu'elle racontait son rêve d'un scarabée d'or.

Dans la psychologie analytique développée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, la synchronicité est l'occurrence simultanée d'au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Cette notion s'articule avec d'autres notions de la psychologie jungienne, comme ceux d'archétype et d'inconscient collectif.
« Le voilà, votre scarabée », dit Jung à sa patiente en lui tendant un insecte apparu alors qu'elle racontait son rêve d'un scarabée d'or.

La notion de synchronicité gagne à être comprise dans le contexte d'un inconscient collectif constitué d'archétypes.1 En effet, Jung s'intéressait aux "thèmes" ou motifs archetypiques qui s'activaient chez ses patients. Il observait que s'organisaient dans la vie des personnes des événements autour d'un thème - générant des forts affects, conflits, souffrances de toute genre - de manière à ce que la personne se sente "prise" là-dedans. Avec ce regard attentif à la dimension archétypique de toute vie, Jung constata l'occurrence parfois de symétries ou correspondances entre ce que vit et éprouve un individu et des événement externes de la réalité concrète. Et plus précisément, ces soi-disant coïncidences frappaeint l'individu car elles étaient profondément porteuses de sens. Ce qui est commun entre l'éprouvé personnel et l'événement externe - et en apparence sans rapport - est justement le "thème" ou motif archétypique qui se dévoile de cette manière.

Il est parfaitement possible que l'inconscient ou un archétype prenne possession complète d'un homme et determine son destin jusqu'au moindre détail. Simultanément, des phénomènes parallèles non-psychiques peuvent avoir lieu et ceux-ci représentent également l'archétype. Il est avéré que l'archétype se fait réalité non-seuelement psychiquement chez l'individu, mais objectivement à l'extérieur de celui-ci. 2

Sur le plan de l'expérience, la rencontre avec un événement synchronistique a un tel degré de signifiance pour la personne, mais surtout apparaît d'une manière si fortuite et choquante pour le sens commun (malgré le sens qu'il revêt, ou à cause du sens qu'il revêt, pourrait-on tout autant dire), que la personne s'en trouve transformée. L'exemple que Jung choisit comme « paradigme » est celui d'une patiente très éduquée, au « rationalisme cartésien » si développé, ayant une vision du monde qui était si « géométrique », qu'il était devenu impossible pour son médecin, Jung, de la faire progresser vers une « compréhension un peu plus humaine » du monde. C'est ce simple scarabée qui, enfin, « perfora son rationalisme et brisa la glace de sa résistance intellectuelle ». (Voir infra pour les implications en termes d'archétypes.)

Sur le plan théorique, les synchronicités (si du moins on en accepte l'existence) remplissent un tel rôle. Elles posent un défi à la notion de causalité telle qu'on l'entend habituellement et à l'idée du monde et de la place du sujet dans celui-ci (dans l'Occident moderne à tout le moins). Jung tentera de comprendre ce phénomène en dialoguant avec, notamment, Wolfgang Pauli, un physicien aux prises avec des paradoxes semblables à l'échelle subatomique, ainsi qu'en étudiant de nombreuses pratiques traditionnelles violant également le principe de causalité.

Pour Michel Cazenave, l’un des principaux éditeurs des travaux de Jung en France, la synchronicité est un concept épistémologique « limite », celui où « Jung est, de prime abord, le plus facilement suspect de mysticisme, quand on ne parle pas franchement de magie. ». D'autre part Isé Tardan Masquelier, dirigeante de la Fédération française de yoga et auteur de Jung et la question du sacré3, reproche au psychiatre suisse son imprécision en ayant volontairement quitté avec ce concept le terrain du pragmatisme et de la psychologie clinique ; Jung, en effet, « n’a pas assez formalisé sa théorie, la laissant à l’état d’hypothèse flottante », explique-t-elle. Pour Hubert Reeves, astrophysicien, le « plan acausal sous-jacent à l'existence des lois de la nature [...] serait celui où s'inscrirait la question du « sens » ou de l'« intention » dans la nature [et où] la conscience de l'homme [s'inscrirait] dans son évolution » : les événements synchronistiques seraient significatifs de l'unité de l'univers, et la notion de synchronicité serait de ces intuitions exprimées par des balbutiements maladroits parce que « les mots mêmes nous font défaut ».

Sommaire

1 Définition, classification, exemple, analyse de la synchronicité
2 Méthode d'approche de la synchronicité
3 Historique de la notion
4 Domaines de la synchronicité
4.1 Synchronicité et psychologie de l'inconscient
4.2 Écouter les rêves
4.3 Synchronicité et pratiques divinatoires
4.4 Les expériences extra-sensorielles
4.5 Synchronicité et découvertes scientifiques
4.6 A-causalité
5 L'hypothèse du savoir absolu : le savoir issu de l'inconscient
6 Après Jung
6.1 Les trois plans du phénomène synchronistique
6.2 L'hypothèse d'un Tout psycho-physique
6.3 Des expériences d'a-causalité
6.3.1 1. La désintégration des atomes
6.3.2 2. Le paradoxe Einstein-Podolsky-Rosen
6.3.3 3. La lueur fossile
6.3.4 4. Le pendule de Foucault
6.3.5 5. La relation corps-esprit
6.4 Développements ultérieurs
6.4.1 Favoriser la synchronicité
6.4.2 Favoriser l'intuition
6.5 Domaines du littéraire et du paranormal
6.6 Domaines de l'art
6.7 Domaines des traditions spirituelles
7 Critiques de la notion
7.1 Causalité vs. acausalité
7.2 Un mauvais usage de la statistique
7.3 Des coïncidences non espérées
7.4 La synchronicité au jour des théories psychiatriques
8 Bibliographie
8.1 Jung
8.2 Études
8.3 Notes
9 Voir aussi
9.1 Articles connexes
9.2 Liens externes

Définition, classification, exemple, analyse de la synchronicité

Le mot « synchronicité » vient des racines grecques sun (« avec », qui marque l'idée de réunion) et khronos (« temps ») : réunion dans le temps, simultanéité4.

Jung la définit ainsi :

« Les événements synchronistiques reposent sur la simultanéité des deux états psychiques différents. »

« J'emploie donc ici le concept général de synchronicité dans le sens particulier de coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue. Le terme s'oppose à 'synchronisme', qui désigne la simple simultanéité de deux événements. La synchronicité signifie donc d'abord la simultanéité d'un certain état psychique avec un ou plusieurs événements parallèles signifiants par rapport à l’état subjectif du moment, et - éventuellement - vice-versa. »

« J’entends par synchronicité les coïncidences, qui ne sont pas rares, d’états de fait subjectifs et objectifs qui ne peuvent être expliquées de façon causale, tout au moins à l’aide de nos moyens actuels »5.

On peut, par analyse, trouver, dans la notion de synchronicité, les éléments suivants :

- a) acausalité : l'événement ne s'explique pas par la causalité
- b) atemporalité : l'événement semble annuler le temps, il est aussi imprévisible
- c) sens subjectif : l'événement revêt pour l'observateur une signification
- d) archétypes :

Article détaillé : Archétype (psychanalyse).

L'événement repose « sur des fondements archétypiques ». L'archétype est un complexe psychique autonome siégeant dans l'inconscient des civilisations, à la base de toute représentation de l'homme sur son univers, tant intérieur qu'extérieur. Les archétypes sont « les fondements de la part collective d'une conception »6. L'archétype se démarque par une intense charge émotionnelle et instinctuelle dont la rencontre teinte la vie de l'homme qui y est confronté de manière existentielle. La notion de synchronicité fait couple avec celle d'archétype, qui dans les limites de la psychologie analytique, explique son processus :

« Une synchronicité apparaît lorsque notre psychisme se focalise sur une image archétypale dans l'univers extérieur, lequel comme un miroir nous renvoie une sorte de reflet de nos soucis sous la forme d'un événement marqué de symboles afin que nous puissions les utiliser. Nous nous trouvons face à un 'hasard' signifiant et créateur. ».

Dans l'exemple que Jung donne, relatif à sa séance avec une patiente, qu'il nomme le rêve du scarabée d'or, la synchronicité lui a permis de faire la corrélation entre la présence d'un archétype, symbolisé par l'insecte, et la présence simultanée, réelle, du coléoptère. Cette corrélation lui permit ainsi de relancer la thérapie, qui stagnait alors. L'archétype excité était, selon Jung, en lien avec le thème de la renaissance, le scarabée signifiant le renaître de l'âme dans nombre de civilisations, dont l'Égypte des Pharaons, à travers le dieu Kephrî.

- e) sens objectif : l'événement semble s'inscrire dans un monde un, signifiant. Voir plus bas : l'hypothèse d'un Tout.

L'exemple canonique est le suivant :

« Une jeune patiente eut à un moment décisif du traitement un rêve dans lequel elle recevait en cadeau un scarabée doré. Pendant qu’elle me rapportait le rêve, j’étais assis le dos à la fenêtre fermée. Tout à coup, j’entendis derrière moi un bruit, comme si l’on frappait légèrement à la fenêtre. Je me retournais et vis qu’un insecte, en volant, heurtait la fenêtre à l’extérieur. J’ouvris la fenêtre et capturai l’insecte au vol. Il offrait la plus étroite analogie que l’on puisse trouver à notre latitude avec le scarabée doré. C’était un hanneton scarabéide, Cetonia aurata, qui s’était manifestement amené, contre toutes ses habitudes, à pénétrer dans une pièce obscure juste à ce moment. Je dois dire tout de suite qu’un tel cas ne s’est jamais produit pour moi, ni avant ni après, de même que le rêve de ma patiente est demeuré unique dans mon expérience. »

Jung interprète ce phénomène aussi bien comme une coïncidence signifiante (la patiente parle de scarabée, un scarabée paraît) que comme un cas de rêve prémonitoire (la patiente a rêvé la veille à un scarabée doré, ce jour un scarabée paraît).

La synchronicité présente trois cas :

- 1) la coïncidence signifiante pour au moins un observateur. Exemple : au début de leur rencontre, le 25 mars 1909, Freud et Jung se retrouvent seuls pour évoquer l'intérêt des phénomènes parapsychologiques en psychanalyse. Freud n'y voit guère de matériau à exploiter, distant quant à cet intérêt de Jung. Des craquements se produisent alors dans la bibliothèque de Jung, qui, peu surpris, annonça à Freud qu'il s'en produirait de nouveau. Peu de temps après, un nouveau craquement se fait entendre ; Selon Jung, « Il est certain que cette aventure éveilla sa méfiance à mon égard ; j’eus le sentiment que je lui avais fait un affront. Nous n’en avons jamais plus parlé ensemble. »[réf. souhaitée]
- 2) la télépathie, la télesthésie, la clairvoyance
- 3) la divination, la prédiction, la précognition, le rêve prémonitoire.

« Cette hypothèse de synchronicité, Jung l'a formulée avec une prudence extrême. Basée sur son expérience clinique, elle n'est pas une théorie métaphysique et, en nous la proposant, Jung n'a fait que nous donner à penser »7.
Méthode d'approche de la synchronicité

On ne peut expérimenter le champ de la synchronicité par des méthodes classiques.

Marie-Louise von Franz a mis le doigt sur une difficulté : « Il existe des chaînes de causalité qui nous semblent n'avoir aucun sens (comme les machines de Tinguely), et il existe aussi des coïncidences aléatoires qui n'ont aucun sens. Il faut donc se garder - Jung y a insisté - de voir des coïncidences significatives là où il n'y en a pas réellement. »8.

Dans ses écrits, Jung montre que la statistique ne fonctionne pas dans ce domaine, car elle semble truquée par la synchronicité qui intègre la subjectivité et le sens donné à l'événement par celui qui constate la coïncidence, alors que la statistique (mais non les méthodes bayesiennes) raisonne sur des séries étendues et sans qualité. La notion de synchronicité ne s'entendrait donc qu'en psychologie, car elle comporte une estimation qualitative difficile à quantifier.

Jung a néanmoins tenté, avant de mourir, de mettre au point une méthode expérimentale pour cerner la synchronicité. Il voulait assembler un groupe d'élèves qui devaient trouver des individus dans une situation critique du point de vue personnel (après un accident, un divorce ou la mort d'un proche), et dans laquelle un archétype est suspecté activé. Les élèves auraient ensuite fait passer à ces personnes une série de moyens traditionnels de divination (horoscope de transit, Yi King, Tarot, calendrier mexicain, oracle géomantique, rêves, etc.) et auraient alors recherché si les résultats de ces techniques convergeaient ou non.

Étant lié à l'arrière-plan inconscient, le phénomène synchronistique est, de ce fait, objectif, car il ne s'agit pas d'abstractions ou d'a priori religieux. Le phénomène est mesurable (il a une intensité dans l'observation) dans une certaine mesure. On reprocha ainsi à Jung et à ses continuateurs de mélanger les plans9 épistémologiques, et de réaliser ainsi un syncrétisme douteux.
Historique de la notion

Jung cite Schopenhauer, Kammerer, Rhine.

Schopenhauer, dans son traité L’intentionnalité apparente dans le destin de l’individu, inclus dans Parerga und Paralipoména (1850), évoque : une « simultanéité sans lien causal, que l'on nomme hasard ». La Volonté serait la première cause d'où irradient toutes les chaînes causales, comme « simultanéité significative », expression que reprend Jung.

Paul Kammerer, un zoologiste autrichien, fut le premier scientifique moderne (avant Jung) à considérer les coïncidences sous un angle non mécaniste, celui de la "répétition de cas", d'une loi de sérialité, à côté de la causalité et de la finalité10. Dès 1900, et pendant plusieurs années, il note des observations de coïncidences. Il décrit l'univers comme un « monde mosaïque, qui, malgré de constants mouvements et réarrangements, vise à réunir les choses semblables »11. Il a découvert (ou inventé) la fameuse "loi des séries", qui donne le titre de son livre : Das Gesetz der Serie (1919)12. "Il existe dans l'univers, dit Kammerer, un principe fondamental, une force qui tend vers l'unité. Cette force universelle agit sélectivement pour grouper les semblables dans l'espace et le temps." Par exemple, en 1915, deux soldats furent admis séparément à l'hôpital militaire de Katowitz, en Bohême (paramètre 1). Tous deux avaient 19 ans (2), souffraient de pneumonie (3), étaient nés en Silésie (4), étaient volontaires dans le train des équipages (5) et s'appelaient Franz Richter (6).

Le concept de synchronicité apparaît pour la première fois le 18 novembre 1928 dans le compte rendu du séminaire sur l'analyse des rêves13. En 1934, un de ses patients avait vu dans un rêve un aigle qui mangeait ses propres plumes, or, quelque temps après, Jung, au British Museum, découvrit un manuscrit alchimique attribué à Ripley, qui représentait un aigle mangeant ses propres plumes. Le mot apparaît dans une lettre au physicien Pascual Jordan, le 10 novembre 193414.

Jung approfondit les travaux de Kammerer, avec l'aide du physicien Wolfgang Ernst Pauli, un des fondateurs de la mécanique quantique entre 1923 et 1929, prix Nobel de physique 194515. Pauli a suivi de 1931 à 1934, une cure analytique avec l'un des élèves de Jung. Dès 1932, il voyait Jung tous les lundis pour discuter de ses rêves, étudiés par Jung dans Psychologie et Alchimie.
Wolfgang Ernst Pauli

Joseph Banks Rhine, le fondateur de la parapsychologie, avait posé la notion de perception extra-sensorielle (E.S.P. : extra-sensory perception), sur bases statistiques. En 1940, il envoya une copie de son livre Extra-Sensory Perception (1934) à Carl Jung et commença une correspondance régulière avec lui16.

En 1948, il écrivit une préface à l'édition anglaise du Yi king (Le Livre des mutations). Il connaissait ce livre par son ami Richard Wilhem depuis 1920 et pratiquait lui-même "cette technique oraculaire" fondée sur l'interprétation de 64 hexagrammes.
Le Yi King se fonderait sur la synchronicité

En 1950, il choisit quatre femmes astrologues, dont sa fille, Gret Baumann-Jung, pour examiner les synchronicités entre état du ciel et événement, plus précisément entre les conjonctions Soleil/Lune ou Mars/Vénus et les mariages.

Jung tient une conférence sur la synchronicité en 1950, à Ascona : "De la synchronicité". Il consacre un ouvrage entier à la notion : La Synchronicité, principe de relations acausales (1952), paru dans son livre Naturerklärung und Psyche (1952), avec une étude de Pauli sur Kepler. Cette étude est traduite en français dans Synchronicité et Paracelsica (1988).
Domaines de la synchronicité
Synchronicité et psychologie de l'inconscient

Le phénomène synchronistique établit une corrélation qualitative (symbolique le plus souvent) d'un fait psychique et d'un fait matériel. Il s'agit donc, dans le cadre psychologique d'une perception simultanée qualitative. C'est à partir de l'observation de certains événements que Jung s'interroge quant aux phénomènes de coïncidence a-causales. Dans Ma Vie17:
Carl Gustav Jung a créé, développé et théorisé la notion de synchronicité

« Une fréquentation de la psychologie des phénomènes inconscients m’a forcé, depuis un grand nombre d'années déjà, à me mettre à la recherche d'un autre principe d'explication, puisque le principe de causalité me paraissait insuffisant pour éclairer certains phénomènes remarquables de la psychologie inconsciente. Je découvris en effet l'existence de phénomènes psychologiques parallèles entre lesquels il n'est absolument pas possible d'établir une relation causale mais qui doivent être dans un autre ordre de connexions. Une telle connexion me parut consister essentiellement dans la simultanéité relative, d'où le nom de 'synchronicité'. On dirait, en effet, que le temps n'est rien moins qu'une abstraction, mais bien plutôt un continuum concret renfermant des qualités ou des conditions fondamentales qui peuvent se manifester dans une autre relative simultanéité en différents endroits, selon un parallélisme dénué d'explications causales : c'est le cas par exemple de l'apparition simultanée de pensées, de symboles ou d'états psychiques identiques. ».

La notion a une portée épistémologique qui déborde de l'ordre du psychique. Dans Mysterium Conjunctionis, Jung parlera d'une unité des phénomènes implicite dans le principe de synchronicité : « [Le principe de synchronicité], défini comme coïncidence signifiante suggère un rapport entre des phénomènes non reliés par la causalité, voire une unité de ces phénomènes et représente donc un aspect d’unité de l’être que l’on peut à bon droit désigner comme « unus mundus » »18. C'est dans cette optique que Jung travaillera avec le physicien Wolfgang Pauli.
Écouter les rêves
Article détaillé : Rêve (psychologie analytique).

Selon les analystes jungiens, les rêves fournissent des images et des scénarios qui sont fondamentaux dans l'investigation de l'inconscient. Accorder de l'attention aux rêves, c'est encourager son mental à prêter attention aux détails de son existence, et cela aide à intégrer les messages inconscients à son vécu conscient19, et d'être ainsi plus à l'écoute des coïncidences et des synchronicités. C'est un travail de conscientisation, lié à la notion jungienne d'individuation.

En 1916 Carl Gustav Jung publie Allgemeine Gesichtspunkte zur Psychologie des Traumes (Points de vue généraux de la psychologie du rêve) où il développe sa propre compréhension des rêves qui diffère beaucoup de celle de Freud. Pour lui, les rêves sont aussi une porte ouverte sur l'inconscient, mais il élargit leurs fonctions par rapport à Freud. Selon Jung, une des principales fonctions du rêve est de contribuer à l'équilibre psychique.

Un travail sur ses rêves permettrait donc de favoriser les synchronicités.
Synchronicité et pratiques divinatoires

Pour Jung, le phénomène de synchronicité explique des pratiques rituelles ou mantiques (divinatoires) ancestrales comme, en premier lieu, l’astrologie et la méthode de consultation du Yi King qui reposent sur ce postulat d’une correspondance entre intérieur et extérieur, entre psyché et matière. Néanmoins il ne s'agit pas, pour Jung, de réelles prédictions ; l'utilisation de la synchronicité en divination prétend simplement prédire la qualité générale des phases temporelles dans lesquelles des événements synchronisistiques peuvent arriver. La synchronicité repose, en effet, sur l'activation dans l'inconscient du sujet d'un archétype qui induit une qualité. La consultation d'une méthode divinatoire permet de faire « s'exprimer », par analogie, cet archétype.

Un exemple de synchronicité, que chacun a pu expérimenter, est de recevoir un appel téléphonique d'une personne à laquelle on était justement en train de penser. Jung intégra cette notion à sa théorie du fonctionnement psychique, au sens où cette occurrence surprenante pour le sujet le faisait aller dans une autre voie de réflexion, permettant à certains de connaître un changement d'état important. On retrouve ce phénomène à l'inverse, c'est-à-dire vers un état de dégradation, quand par exemple deux personnes se fâchent et que l'une d'elles a par la suite un accident grave. Le sujet qui a souhaité du mal à l'autre peut se trouver alors très affecté.
Les expériences extra-sensorielles

Les expériences parapsychologiques comme la télékinésie ou la télépathie forment pour Jung une classe de phénomènes prouvant la synchronicité. Jung explique à leur sujet : « Ne devrions-nous pas quitter tout à fait les catégories spatio-temporelles quand il s'agit de la psyché? Peut être devrions-nous définir la psyché comme une intensité sans étendue et non point comme un corps qui se meut dans le temps ». Jung reconnaît en ces phénomènes dits Psy le caractère non statistique, et le fait que la science n'en a aucune explication ; en somme ils forment une exception qui mérite de s'y interroger. Jung ne croit pas en la surnature de ces phénomènes, il les ramène à des capacités psychiques permises par la synchronicité.
Synchronicité et découvertes scientifiques

Dans Un Mythe moderne (1958), où Jung tente de démontrer que le phénomène des soucoupes volantes est un produit de l'inconscient face à un déracinement spirituel de l'individu, il reconnaît néanmoins la matérialité de certains événements. Il voit donc dans les OVNI une synchronicité à l'échelle mondiale : il n'existe aucune causalité entre le fait de voir des soucoupes volantes, supposées réelles, et le fait que l'inconscient collectif use de ces images de mondes extraterrestres pour alerter l'individu.

Pour Pauli et Jung, les découvertes scientifiques sont souvent dues à des synchronicités ; il n'est en effet pas rare qu'un même fait soit découvert par plusieurs scientifiques à la même période. Arthur Koestler en décrit ainsi un certain nombre dans son ouvrage, à l'origine des plus grandes théories scientifiques, Les somnambules. Darwin explique ainsi, alors sur l'archipel de Galápagos en train de mettre au point la théorie de l'évolution :

« J’en étais presque à la moitié de mon travail, écrit Darwin à propos de sa théorie de l’évolution des nouvelles espèces. Mais mes plans furent bouleversés, car au début de l’été 1858, Mr Wallace, qui se trouvait alors dans l’archipel malais, m’envoya une étude (qui) contenait exactement la même théorie que la mienne. »

A-causalité
Les quatre lois fondamentales de l'unus mundus, dont la synchronicité. D'après Wolfgang Ernst Pauli

Dans leur ouvrage commun, Synchronicité comme principe de connexions a-causales (1952), Wolfgang Pauli et Jung aboutissent à schématiser les quatre lois fondamentales de l'unus mundus sous une forme quaternaire (voir image ci-contre) ; la synchronicité est selon eux la dimension manquante pour aboutir à une vision totale de l'implication physique-psychique. Sur proposition de Pauli, la figure est bâtie de telle manière que les postulats de la psychologie analytique et ceux de la physique se trouvent satisfaits.
L'hypothèse du savoir absolu : le savoir issu de l'inconscient
Article détaillé : inconscient (psychologie analytique).

Pour Carl Gustav Jung, l'inconscient est une réalité objective : il est collectif et trans-personnel :

« la psychologie n’est pas uniquement un fait personnel. L’inconscient, qui possède ses propres lois et des mécanismes autonomes, exerce sur nous une influence importante, que l’on pourrait comparer à une perturbation cosmique. L’inconscient a le pouvoir de nous transporter ou de nous blesser de la même façon qu’une catastrophe cosmique ou météorologique »20.

Carl Gustav Jung envisage l'existence d'un « savoir absolu » constitué par un inconscient collectif formé d'archétypes, et lié notamment à la doctrine platonicienne de la Réminiscence (ou anamnèse). Pour prouver cette notion, Jung prend ainsi l'exemple de comportements innés ou de calculs impossibles comme ceux des rêves prophétiques. Le savoir absolu semble ainsi, selon lui, une propriété qu'a l'inconscient, de prévoir statistiquement l'occurrence de phénomènes réels. Certaines abstractions de la métaphysique ou de la science s'expliquent ainsi par ce savoir absolu ; Pauli a d'ailleurs montré dans son ouvrage que les représentations scientifiques (ou modèles), comme ceux de Kepler, de Kekulé ou d'Einstein, naissent d'images intérieures spontanées. Les expériences parapsychologiques comme la télépathie, ainsi que le montrent les investigations de Zener au moyen de cartes comportant des symboles à deviner, témoignent, pour Jung, de l'existence d'une capacité de calcul illimité de l'inconscient, en situation d'excitation (ce qui explique selon lui l'impossibilité de reproduire les cas).
Les cartes de Zener

Jung donne ainsi, entre maints exemples, celui de l'envoi d'une lettre contenant le récit d'un rêve d'un patient, inculte sur ce sujet, où celui-ci relatait l'intervention onirique de soucoupes volantes, alors que Jung faisait au même moment des recherches sur ce thème. Jung et Pauli considèrent ainsi qu'il existe de nombreux cas similaires au sein de la recherche scientifique : de nombreuses découvertes sont souvent en simultanéité de par le monde. Néanmoins, Jung se défend d'y voir un plan divin, un destin ou un karma.
Après Jung
Les trois plans du phénomène synchronistique

Michel Cazenave propose de voir dans la notion de synchronicité trois plans distincts :

un niveau événementiel où c'est l'événement lui-même qui crée un sens pour le sujet car a-causal,
un niveau ordonnanciel qui renvoie à un ordre supérieur où l'événement est le signe,
un niveau métaphysique, lié à la réalité physique, à l'ombre de la synchronicité, renvoyant à la notion d'unus mundus (monde un).

L'hypothèse d'un Tout psycho-physique

À la suite de Jung, Marie-Louise Von Franz postule l'existence d'un univers virtuel à la fois psychique et matériel nommé unus mundus (en latin : le Monde-Un) : « [Le principe de synchronicité] que j’ai défini comme coïncidence signifiante [écrit Jung dans Mysterium Conjunctionis] suggère un rapport entre des phénomènes non reliés par la causalité, voire une unité de ces phénomènes et représente donc un aspect d’unité de l’être que l’on peut à bon droit désigner comme « unus mundus » »18.

Selon elle, « le physicien et le psychologue observeraient en fait un même monde par deux canaux différents »21.Von Franz se fonde sur ce point sur les découvertes récentes de la science, qui tend à montrer de plus en plus la relativité de la dimension spatio-temporelle. Pour expliquer cette hypothèse, Von Franz propose de ne plus considérer la psyché comme un corps qui se meut dans le temps mais comme une « intensité sans étendue », renvoyant à l'énergie, tant psychique (démontrée par Jung pour qui la libido est énergétique) que physique (les quanta notamment). Les phénomènes assez fréquents dits de télépathie prouvent, par leur existence en tant que phénomène, non par reproduction scientifique que l’espace et le temps n’ont pour la psyché qu’une valeur relative. Jung se fonde ainsi sur les expériences de Rhine qui, statistiquement, attestent une certaine fréquence de reproduction de la clairvoyance.

L'hypothèse de l'unus mundus est donc celle d'une unité de l'énergie psychique et de l'énergie physique, via un corps intermédiaire, au sens d'univers ou de champ d'une autre réalité que celle du physique ou du psychique, que Jung nomme psychoïde ; domaine de transgression du clivage traditionnel :

« Comme psyché et matière sont contenues dans un seul et même monde, qu’elles sont en outre en contact continuel l’une avec l’autre …, il n’est pas seulement possible, mais, dans une certaine mesure vraisemblable, que matière et psyché soient deux aspects différents d’une seule et même chose. Les phénomènes de synchronicité indiquent, me semble-t-il, une telle direction, puisque, sans lien causal, le non-psychique peut se comporter comme le psychique, et vice versa »22.

Von Franz cite ainsi des théories et conjectures scientifiques modernes pointant cette possibilité : celle de David Bohm d'une part, et son modèle du holomouvement, exposé dans La plénitude de l'univers (en) et dans Science et conscience, chapitre Ordre involué-évolué de l'univers et de la conscience. Von Franz considère que ce monde intermédiaire se fonde sur la série des nombres naturels, considérés comme des « configurations rythmiques de l'énergie psychique ». Von Franz cite ainsi les dernières recherches du mathématicien Olivier Costa de Beauregard qui, en 1963, prenant comme point de départ les théories de l'information, postule l'existence d'un infrapsychisme coextensif avec le monde quadridimensionnel d'Einstein-Minkowski, dans son ouvrage Le Second principe de la science du temps. Von Franz, comme Hubert Reeves, prend ainsi comme exemple le paradoxe EPR (pour Einstein-Podolski-Rosen) dans lequel deux particules se comportent de manière coordonnée entre elles mais aléatoire par rapport aux conditions initiales, alors que leurs positions leur interdisent de s'échanger des signaux (ou alors supraluminiques voire rétrochrones, selon les variantes de l'expérience). De même, dans la loi de la désintégration radioactive, où chaque atome se comporte de manière aléatoire, mais leur ensemble se comporte de manière prévisible23.

Hubert Reeves dans sa contribution à l'ouvrage collectif La synchronicité, l’âme et la science résume ainsi l'ambition de la notion jungienne de synchronicité, tout en en remarquant l'imprécision, que la science future devrait soulever :

« Ces événements, selon Jung, ne sont pas isolés mais appartiennent à « un facteur universel existant de toute éternité » (…) Le facteur psychique que Jung associe aux événements dits « synchronistiques » n’est pas surajouté à une nature impersonnelle. Il est significatif de la très grande unité, sur tous les plans, de notre univers. Ces spéculations sont-elles futiles et creuses ? Je ne le crois pas. Il s’agit plutôt d’intuitions exprimées par des balbutiements maladroits. Les mots mêmes nous font défaut. »

Des expériences d'a-causalité

Les continuateurs de Jung, en dépit d'une formation de psychologue, vont voir dans de célèbres expériences limites de la physique moderne des preuves de l'opérabilité de la synchronicité. Ces expériences, dont les quatre premières sont citées par Hubert Reeves24, sont également sujettes à polémiques en science ; elles sont par ailleurs « récupérées » à des fins d'irréfutabilité par des sectes ou des courants de pensée illuminés.[évasif]
1. La désintégration des atomes

Le fait que certains atomes se désintègrent spontanément (ou radioactivité) est perçu comme une preuve de synchronicité. Hubert Reeves explique ainsi la nature a-causale de ce phénomène :

« Jusqu'ici nous sommes en pleine causalité. Une cause : la charge excessive, un effet : la cassure [de l'atome]. Mais si nous demandons pourquoi tel atome se casse en premier et tel atome ensuite, il semble bien que nous plongions dans l'acausalité. La très grande majorité des physiciens s'accordent aujourd'hui pour dire qu'il n'y a là aucune raison de quelque nature qu'elle soit (…) Nous savons pourquoi les atomes éclatent, mais pas pourquoi ils éclatent à un instant donné25. »

2. Le paradoxe Einstein-Podolsky-Rosen

Le paradoxe EPR26 où deux particules restent coordonnées entre elles malgré la distance les séparant, mais surtout l'expérience d'Aspect qui le confirme expérimentalement, se traduit par un réexamen d'hypothèses : renoncement à la localité ou à la causalité, univers ou consciences multiples, etc. Un colloque est organisé à Cordoue en 1979 pour faire le point entre physiciens, psychologues et philosophes. Hubert Reeves pense ainsi que cette expérience montre l'existence d'un plan d'informations consistant en « une présence continuelle de toutes les particules dans tout le système, qui ne s'interrompt pas une fois qu'elle a été établie. (…) Ce paradoxe trouve sa solution quand on reconnaît que la notion de localisation des propriétés n'est pas applicable à l'échelle atomique »27.

Olivier Costa de Beauregard, physicien intéressé par les phénomènes dits parapsychologique, travaillant notamment sur le paradoxe EPR va ainsi proposer[Quand ?] une vision à rebours des modèles scientifiques déterminants ; Von Franz y verra une tentative scientifique, parallèle à celle de la psychologie, pour constituer une définition de l'unus mundus. Costa de Beauregard constate qu'il n'existe que « quatre portes de sortie » pour expliquer le paradoxe EPR ; il cite ainsi28 : «

la première, est que l'on calcule parce que cela marche, mais on ne réfléchit pas. C'est la position de la grande majorité des physiciens quantiques opérationnels.
La deuxième est que la mécanique quantique se trompe, et que la corrélation EPR disparaîtrait aux grandes distances : C'était la position de Schrodinger en 1935.
La troisième est que la relativité se trompe, Telle est l'idée caressée par d'Espagnat et Schimony.
La quatrième porte de sortie est celle que je propose. Il faut changer notre conception de la causalité et accepter le principe d'une causalité rétrograde. »

(la première porte de sortie est une allusion, formulée de manière assez sarcastique, à l'interprétation de Copenhague).

Cette énumération ne contient pas l'hypothèse des univers multiples, que la theorie M remet en selle en 1995, et qui selon David Deutsch est la plus économe pour expliquer le phénomène.
3. La lueur fossile

"Les atomes qui, il y a quinze milliards d'années, ont émis ce rayonnement étaient tous à la même température. (Pourtant), ces atomes n'avaient pas et n'avaient jamais eu de relations causales."
4. Le pendule de Foucault

"Si je lance le pendule dans la direction d'une galaxie lointaine bien déterminée, il gardera, par la suite, cette orientation. Plus précisément, si une galaxie lointaine se trouve au départ dans le plan d'oscillation, elle y restera. Tout se passe comme si le pendule en mouvement choisissait d'ignorer la présence, près de lui, de notre planète, pour orienter sa course sur les galaxies lointaines. Quelle est la force mystérieuse qui véhicule cette influence ? Le physicien Mach a proposé d'y voir une sorte d'action du 'global'de l'univers sur le 'local'du pendule."
5. La relation corps-esprit

Michel Cazenave a été le premier à lancer l'idée que la synchronicité serait à l'origine de la somatisation, et plus généralement de la symbiose corps-esprit, visible lors de certains états maladifs ou pathologiques. Le Docteur Bernard Long29 y voit ainsi la loi de l'homéopathie.
Développements ultérieurs

La notion jungienne va ensuite intéresser le développement personnel comme une certaine littérature du paranormal, disciplines qui ne vont en retenir que la coïncidence signifiante et non l'origine psychique étudiée par Jung et ses successeurs.
Favoriser la synchronicité

Les psychothérapies modernes d'inspiration en partie jungienne utilisent la notion de synchronicité dans le domaine du développement personnel: l'apparition de synchronicités peut ainsi être favorisée par l'intuition et par les rêves. Néanmoins, jamais C.G. Jung n'a exposé ces considérations thérapeutiques ; la notion a toujours été chez lui une hypothèse de transgression des mondes physiques et psychiques, suite à l'activation d'un archétype, entraînant une simultanéité temporelle et qualitative (analogie) d'une situation mentale avec une situation réelle. Le courant de la psychologie transpersonnelle, né dans les années 1970 en Californie, proche des préoccupations du courant New Age originel, est ainsi marqué par l'influence importante de Jung et attache une grande importance à la synchronicité.

Dans le même esprit, la répétition de synchronicités à des dates similaires peut être perçue comme des indices d'événements traumatiques ayant eu lieu aux générations précédentes, et qui ne sont toujours pas intégrés par la famille en question. Nicolas Abraham et son épouse Mária Török, ont notamment développé les notions de "crypte" et de "fantôme" dans les inconscients familiaux pour décrire ces phénomènes et cet héritage. Ainsi, les dates auxquelles ont lieu ces synchronicités permettent, dans un cadre thérapeutique, de retrouver des événements traumatiques pour libérer les individus héritiers de leur poids inconscient. C'est le syndrome d'anniversaire. Ce type de travail a été popularisé par le livre d'Anne Ancelin Schützenberger intitulé Aïe, mes aïeux. Elle a été l'initiatrice de la psychogénéalogie.
Favoriser l'intuition

L'intuition nous permettrait de nous diriger vers des évènements chargés de sens d'après la théorie de la psychologie transpersonnelle qui fusionne divers courants dont la perspective jungienne de la synchronicité30. Sous la gouverne du mental, le meilleur chemin vers lequel un être tend est le chemin le plus court, le plus efficace, le moins risqué pour cet être, bref le plus logique. Sous la gouverne de l'intuition, le meilleur chemin vers lequel un être tend est le chemin le plus chargé de sens. En suivant son intuition, l'être marche vers la synchronicité. L'intuition peut alors être utilisée de deux façons :

À partir d'une intention. Il faut alors formuler une intention, lâcher prise et écouter son intuition : Le suivi de l'intuition pourrait être soit une étape subséquente à une autre, soit celle de la formulation d'une intention, d'un souhait. Dans bien des cas, cette première étape est souvent inconsciente. Voici un exemple, recensé dans le livre d'Erik Pigani qui illustre ces hypothèses :

'« 'Lise, auteur de chansons, raconte une expérience particulièrement significative. Alors qu’elle était encore étudiante, elle décide d’investir toutes ses économies pour ouvrir un bar à chansons à Québec. Pour l’inauguration, elle aimerait faire venir des journalistes, mais tous lui répondent qu’elle doit créer un événement en faisant parrainer son bar par une personnalité. Le chanteur Félix Leclerc, par exemple. [Ici, elle formule une intention : contacter Félix Leclerc] Alors, elle cherche à contacter celui-ci, en vain. " C’était terrible. J’avais vraiment besoin de sa présence pour l’ouverture, raconte Lise. Sans lui, pas de presse. Mais je ne me suis pas découragée, j’ai eu confiance en la vie, sachant qu’elle apporte souvent des réponses à nos besoins fondamentaux. [Ici, elle lâche prise et s'ouvre] Le soir même, la jeune femme éprouve l’envie de faire un tour en voiture, poursuit Erik Pigani. Pourtant, c’est l’hiver, il fait nuit et froid. Elle roule donc. [Ici, elle suit son intuition]Tout à coup, devant elle une voiture fait une embardée et se fiche dans un banc de neige. Lise s’arrête, le conducteur sort de son véhicule… " et qui croyez-vous se trouvait devant elle ? Pour ceux qui ne l’auraient pas deviné, il s’agissait de Félix Leclerc, bien sûr. " Quinze jours plus tard, relate le journaliste, le chanteur faisait l’ouverture du bar de Lise. " Il y a plusieurs exemples comme celui-là. »19

À partir d'une question : il faut alors poser une question, lâcher prise et écouter son intuition. On peut utiliser le principe de synchronicité également pour obtenir un conseil ou une aide éclairante en posant la question claire et honnête avec l'intention de connaître la réponse, en lâchant prise et en s'ouvrant à son environnement : en écoutant son intuition

Domaines du littéraire et du paranormal

La synchronicité suscite un certain intérêt dans le courant qui aborde souvent le thème des pouvoirs « psi » : télépathie, les prémonitions, la médiumnité et le spiritisme31.

Le best-seller de James Redfield La Prophétie des Andes et ses nombreuses suites est basé entièrement sur l'hypothèse que les synchronicités et les coincidences ouvrent de nouvelles voies spirituelles et représentent un éclairage de la destinée. Il en va de même pour le roman L'Alchimiste, de Paulo Coelho. L'observation des synchronicités est une pratique qui est devenue commune ces dernières années à un certain nombre de personnes qui sont sur un chemin ou une voie spirituelle de conscientisation et mettent l'accent sur l'attention dans la vie quotidienne.

En 2007, Louise Tremblay, conférencière québécoise, publie un CD intitulé « La Sagesse du pic-bois » dans laquelle elle présente une interprétation facile à comprendre du phénomène de synchronicité dans la vie de tous les jours et ceci en dehors de tout principe religieux32
Domaines de l'art

En 1983, le groupe de rock The Police a sorti un album intitulé Synchronicity ; dont la chanson éponyme disait : Effect without a cause / Sub-atomic laws / scientific pause / Synchronicity.
Domaines des traditions spirituelles

Dans certaines traditions spirituelles, comme la spiritualité hindoue, l'Univers n'étant qu'un miroir de la conscience individuelle, les synchronicités sont des interactions entre la conscience et le réel. Ainsi que l'affirme le Yoga Vasishtha : " Le monde est comme une ville immense, reflétée dans un miroir. De même, l'Univers est un gigantesque reflet de vous-même dans votre propre conscience. " Dans cette vision, les synchronicités seraient provoquées par l'individu lui-même, en écho à son intérieur. On retrouve cette même idée dans les doctrines gnostiques d'origine néo-platoniciennes qui ont, notamment, inspiré Carl Jung.

Dans la Bible, Gédéon utilise les synchronicités concernant une peau de mouton imbibée de rosée pour prendre la décision de se battre pour libérer Israël (Juges 6, 36-40). Celles-ci sont, pour lui, des "signes" de la volonté divine. Les catholiques voient dans les synchronicités des "dons" de Dieu, mais ne se prononcent pas sur l'idée de "signes" de la volonté de Dieu. Ils préfèrent mettre en avant le libre-arbitre de l'individu, celui-ci demeurant prépondérant.
Critiques de la notion
Causalité vs. acausalité

La causalité fait partie des lois naturelles connues, or, la synchronicité est, par définition, acausale. Son existence réelle est donc mise en doute, du moins selon une vision uniquement déterministe du monde.

L'astrophysicien Hubert Reeves qualifie de « risquée » l'exploration de l'acausalité puisqu'un « événement est dit acausal jusqu’à ce qu’on ait découvert sa cause. C’est-à-dire son appartenance au monde des causes et des effets. » Il conclut alors : « L’histoire des sciences c’est, en définitive, la liste des relations causales découvertes successivement entre des objets apparemment sans relation. »33 C'est cependant aussi celle de l'abandon de relations supposées causales et ne se révélant après analyse que de pure superstition (voir culte du cargo).
Un mauvais usage de la statistique

Un évènement statistiquement improbable n'a, par définition, que très peu de chances de se produire. Mais si on analyse une large quantité d'évènements improbables, il y a toutes les chances qu'il puisse s'en produire un (dans la mesure où la quantité d'évènements est inversement proportionnelle à la probabilité de chaque évènement). Les coïncidences acausales sont elles aussi fortement improbables, mais en raison même de la variété et de la quantité de ces coïncidences, la probabilité que l'une d'elle au moins se produise est très forte. Par extension, il est fortement improbable que jamais n'apparaisse une de ces coïncidences34.
Richard Feynman

Richard Feynman cite un moment où il eut un pressentiment que sa grand-mère venait de mourir. À ce moment, le téléphone sonne, et c'était un appel de ses parents. Il s'enquiert immédiatement de la santé de sa grand-mère : il se trouve que celle-ci se portait très bien. Or qui pense à compter le nombre de coïncidences non réalisées ?

Bertrand Russell suggère en mathématicien que des affirmations très improbables ont besoin pour être confirmées de constatations encore plus improbables et ne s'expliquant pas aussi bien sans elles35
Des coïncidences non espérées

Dans le cadre de la synchronicité, le biais est double puisque les évènements improbables ne sont pas attendus. Il ne s'agit pas d'attendre un évènement donné mais un signe. La fiabilité du résultat ne dépend donc que de l'interprétation de l'expérimentateur, ce qui n'est pas admissible dans un cadre scientifique. De plus, il ne s'agit plus d'attendre un évènement fortement improbable, mais bien de tirer un évènement qui s'est produit (une coïncidence dans le cas de la synchronicité) et de constater qu'il était en effet tout à fait improbable. L'ensemble des coïncidences admissibles et acausales est extrêmement large face à la probabilité de chaque coïncidence. Il est donc très probable qu'un de ces évènements se produise.

« Si vous allez voir un nombre gigantesque d'endroits et considérez comme une preuve tout ce sur quoi vous tombez, vous êtes sûr de découvrir du sens là ou il n'y en a pas. »36(voir Paradoxe de Hempel)

En psychologie, le processus tendant à considérer comme des choix personnels dictés par une attitude rationnelle ce qui est souvent le résultat de concours de circonstances s'appelle la rationalisation. Le processus de reconnaître des symboles ou des motifs dans des données aléatoires ou sans sens particulier s'appelle apophénie.

Umberto Eco a raillé cette propension à la recherche de coïncidences dans un de ses romans :

Il ouvrit tout grands et théâtralement les battants, nous invita à venir voir et nous montra, au loin, à l’angle de la ruelle et des avenues, un petit kiosque de bois où se vendaient probablement les billets de la loterie de Merano.
« Messieurs, dit-il, je vous invite à aller mesurer ce kiosque. Vous verrez que la longueur de l’éventaire est de 149 centimètres, c’est-à-dire un cent-milliardième de la distance Terre-Soleil. La hauteur postérieure divisée par la largeur de l’ouverture fait 176 : 56 = 3,14. La hauteur antérieure est de 19 décimètres, c’est-à-dire égale au nombre d’années du cycle lunaire grec. La somme des hauteurs des deux arêtes antérieures et des deux arêtes postérieures fait 190 × 2 + 176 × 2 = 732, qui est la date de la victoire de Poitiers. L’épaisseur de l’éventaire est de 3,10 centimètres et la largeur de l’encadrement de l’ouverture de 8,8 centimètres. En remplaçant les nombres entiers par la lettre alphabétique correspondante, nous aurons C10H8, qui est la formule de la naphtaline. »37

Le paradoxe des anniversaires est un exemple de paradoxe probabiliste qui montre comment l'esprit humain peut voir une coïncidence surprenante là où les lois des probabilités prédisaient que la collision était en fait très vraisemblable.
La synchronicité au jour des théories psychiatriques

La psychiatrie actuelle va plus loin dans la négation de la théorie de la synchronicité ébauchée par Jung, en considérant comme symptôme d'une pathologie le fait de rester alerte quant aux éventuels messages que des éléments extérieurs (journaux, affiches, horaires, télévision, dialogue environnant, etc) pourraient apporter. On appelle cela des Idées de référence, voire des Délire d'interprétation38.
Bibliographie
Jung

Carl Gustav Jung, Synchronicité et Paracelsica, Paris, Albin Michel, coll. « Œuvres inédites de C. G. Jung », 1988 (ISBN 2-226-02820-X) Comprend : "La synchronicité, principe de relations acausales" (1952) p. 19-119 ; "Sur la synchronicité" (1951) p. 263-277 ; "Une expérience astrologique" (1958) p. 279-290 ; "Lettres sur la synchronicité" (1950-1955) p. 291-301 ; préface au Yi king (1948) p. 309-332.

Études

David Bohm, Wholeness and the Implicate Order, London, 1980
David Bohm, Science et conscience
Marie-Louise von Franz, Nombre et temps. Psychologie des profondeurs et physique moderne, Paris, Editions de la Fontaine de Pierre, 1978
Hubert Reeves, Michel Cazenave, Pierre Solié, Karl H. Pribram, Hansueli Etter, Marie-Louise von Franz, La Synchronicité, l'âme et la science, Poiesis 1984 réédition Albin Michel, 1995
Olivier Costa de Beauregard, Le Second principe de la science du temps, Paris, Le Seuil, 1963
Cahiers de Psychologie jungienne, coll. « no 28 », 1er trimestre 1981
Yuasa Yasuo (ja), Overcoming Modernity: Synchronicity and Image-Thinking, London, State University of New York Press,‎ 2009
Bruno Traversi (préf. Michel Cazenave, postface Baldine Saint Girons), Le corps inconscient et l'Âme du monde selon C.G. Jung et W. Pauli, France, L'Harmattan, coll. « Ouverture Philosophique », 2016, 266 p.

Notes

↑ Michel Cazenave, Synchronicité, Physique et Biologie in "La synchronicité, l'âme et la science", Albin Michel, 1995, p 21 "...la synchronicité dans son essence s'appuie sur des activations d'archétypes"; p 34 "De quelque manière qu'on s'y prenne, tout tourne donc en fin de compte, quand on parle de synchronicité, autour de la question de l'archétype et du psychoïde."
↑ (en) Carl Gustav Jung, Answer to Job, Princeton, JN, Princeton University Press, 2010 (avec préface écrite en 2011), 121 p. (ISBN 978-0-691-15047-5), p. 47
↑ Albin Michel, 2000.
↑ Dictionnaire Le Petit Robert, édition 2002
↑ C. G. Jung, Les Racines de la conscience (1954), p. 528
↑ C. G. Jung, Ma Vie, p. 394.
↑ Alain Nègre, Entre science et astrologie, éd. S.P.M., 1994, ISBN 9-782901-952183, pages 100 et 101.
↑ Marie-Louise von Franz, "Quelques réflexions sur la synchronicité", apud La Synchronicité, l'âme et la science (1984), Albin Michel, coll. "Espaces libres", 1995, p. 176.
↑ Voir à ce sujet : La totalité par Christian Godin [archive], p. 132, sur Jung
↑ Jung, "La synchronicité, principe de relations acausales", p. 27.
↑ La synchronicité selon Jung, http://www.alliancespirite.org/dossier-4.html [archive].
↑ Jean Moisset, La loi des séries dans notre vie et les jeux de hasard, JMG Éditions, 2000.
↑ Jung, Dream Analysis, p. 44-45.
↑ Deirdre Bair, Jung. Une biographie, Flammarion, p. 559, 1155. Jung, Correspondance 1906-1940, Albin Michel, 1992.
↑ W. Pauli, C. G. Jung, Correspondance 1932-1958, trad. Françoise Périgault, Albin Michel, 2000.
↑ Victor Mansfield, Sally Rhine-Feather et James Hall, The Rhine-Jung Letters: Distinguishing Parapsychological From Synchronistic Events, lire en ligne [archive]
↑ C. G. Jung, Ma vie (1961), Glossaire, coll. "Folio", p. 463.
↑ a et b Gesammelte Werke 14/2, Walter Verlag, p. 232-33, traduit par Anna Griève
↑ a et b Erik Pigani, Provoquer des hasards heureux, c’est possible ! [archive], Psychologies, septembre 1999.
↑ in Carl Gustav Jung, Sur l’Interprétation des rêves, Albin Michel, 1998 p 218.
↑ Marie-Louise von Franz, apud La synchronicité, l'âme et la science, p. 163.
↑ Les Racines de la conscience, p. 540
↑ La Synchronicité, l'âme et la science (1984), chapitre Incursion dans le monde acausal par Hubert Reeves, pp. 11 et 12 : « La charge électrique fixe le comportement général mais pas le comportement individuel »
↑ Hubert Reeves, "Incursion dans le monde acausal", apud La synchronicité, l'âme et la science (1984), p. 11-19.
↑ opcit, p. 12
↑ pour Einstein-Podolski-Rosen
↑ La Synchronicité, l'âme et la science, p. 14.
↑ Interview de C. De Beauregard [archive]
↑ SYNCHRONICITE - Dr Bernard Long [archive]
↑ La synchronicité et la psychologie transpersonnelle [archive]
↑ Voir ainsi : La synchronicité selon Jung [archive] par l'Alliance Spirite
↑ éditeur Coffragants, 2007. ISBN 978-2-89558-287-8.
↑ Hubert Reeves, Incursion dans le monde acausal La Synchronicité, l’Âme et la Science, Éd. Poiesis, Diff. Payot, 1984.
↑ Broch & Charpak réservent une partie de leur livre pour détailler ce point, en commentant une photographie réalisée par l'un d'entre eux, photographie troublante puisque faisant apparaître un phénomène tout à fait improbable. Lire Georges Charpak et Henri Broch, Devenez sorciers, devenez savants !, Odile Jacob, Sciences, 2002.
↑ Bertrand Russell, Science et religion
↑ John Ruscio. The Perils of Post-Hockery, Skeptical Inquirer, November/December 1998 in Statistiques de l'occulte [archive]
↑ Umberto Eco. Le pendule de Foucault
↑ American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996.

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MessageSujet: Re: La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca   La Corée du Nord, La Réunion, Je M'en Occupe et Y'becca EmptyLun 14 Nov à 10:00

http://poesie.webnet.fr/vospoemes/poemes/etienne_champollion/etienne_champollion.html

Un cri s'échappe de Nagaliew qui porte en l'espérance d'une liberté d'être dans les éléments que donne l'aspect des cieux et des éléments. L'égalité des chances devant le chaos qu'engendre une guerre et le passage d'un tourbillon Tsunami. On parle d'une peur que pourrai engendrer le passage d'une force et qui finalement provoque tourmente et trouble au cœur de ceux que l'on souhaite libérer ou de ceux que l'on veut secourir après le passage de la secousse et le rire du Tourment.

On parle d'espérance mais nous devons nous inclure dans une feuille de route et ne pas imposer des impératifs selon le gouvernant et le statut du Personnage; L'égalité des soins devra être Nomades et Établis, être trouvable et être à l'encontre pour éviter les troubles que peut provoquer la Guerre et les Belliqueux. La Sagesse sera l'ombre de la Prudence et la Prudence sera le pilier de la Raison où certains se déguiseront en civils pour provoquer le trouble et la discorde dans nos rangs militaires et diplomates. Ils joueront sur notre aspect de l'Âme et de la Conscience; Et jetterons leurs avocats à nos pieds en exprimant leurs points de vues sur le Jugement et en nous crachant à notre face que nous sommes l'aspect de Satan et du Corrompu. Mossoul.

Y'becca devra être mathématique et prévoyante: Anticiper les mouvements de foules et éviter les piétinements de la crainte et du désordre. Cela n'est plus l'exercice d'un pèlerinage et il s'agit de secourir un navire en détresse sous l'emprise de maitres chanteurs; nous sommes dans un champs de guerre où la réalité des balles perdues existent. Y'becca entre dans son champs action militaires et secouristes; cela n'est plus un pèlerinage.
Et Tel Seth le Chacal; je lève la tête vers le ciel et pointe mes yeux vers le sol.

Cet appel doit être perçu à travers tous les désert de Terre et des cieux, cela n'est plus un pèlerinage et nous entrons dans une action de Guerre; Et la Mouette Nagaliew ne rie plus et pointe ses larmes vers le temps, La Laïcité et l’Éternel. Et c'est une Mauvaise Légende de croire que les Corbeaux se préparent au festin de la guerre car il figure au cœur des libérateurs et pressentent à célébrer leurs martyrs devant le terrorisme. Sous le soleil de la soif, il s’apprêtent tel des fremens à se ruer sur le mauvais empereur ou Calife qui rejoindra la mort ou l'aspect de la frayeur. Pourtant dans cette soif de sang, les rangs de Y'becca devra faire en sorte que les habitants ne sois pas achever sous les mines enfouie s et Laches. La Sagesse sera l'ombre de la Prudence et la Prudence sera le pilier de la Raison dans notre espérance et notre liberté de rendre le gout de l'eau et du partage dans les villes martyrs des Guerres d'Irak, de Syrie, De Indonésie, Du Yémen, De Libye, De France et de tous endroits où résident les Sbires de L'Esclavage, du Viol, de la Torture et de la Censure de l'Esprit. Ceux qui préfèrent le fouet et la mutilation répondront de leurs actes devant l'Honneur, La Mort et Y'becca. Nous verrons leurs réelles visions de la Justices quand ils se retrouveront au banc des accusé"e"s de La Justice des Hommes et de leurs Visions sur le Souverain Divin. La République de L'Olivier est prête à témoigner sur les actes et les siens pour définir une réelle vision sur la Barbarie et l'Existence. Allah, Dieu et Yahvé... Elohim et la Laïque....
Nuremberg et Khartoum... Y'becca devra être mathématique et prévoyante: L'égalité des soins devra être Nomades et Établis, être trouvable et être à l'encontre pour éviter les troubles que peut provoquer la Guerre et les Belliqueux. La Sagesse sera l'ombre de la Prudence et la Prudence sera le pilier de la Raison où certains se déguiseront en civils pour provoquer le trouble et la discorde dans nos rangs militaires et diplomates. Nous, Y'becca, gagnerons la guerre des Armes et des Écritures... Force, Réalité et Honneur sont les piliers de Gordon Pacha... Appliquer la Loi du Désert, de la Glace et des Forets devant l'irréparable et le respect des victimes face aux lois des coutumes et des viols: Les Victimes, Les adoptés et les Orphelins. Nous, Y'becca, gagnerons la guerre des Armes et des Écritures... Non Aux Viols Moraux et Physiques, Non aux Tortures Physiques et Morales et Non aux Esclaves Morales et physiques. Oui à la Gréve, Oui aux Manifestations et Oui à la Lecture Laïque, Athée et Religieuse

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TAY
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